L'auteur s'est inspiré d'un épisode fameux de l'histoire coloniale américaine, l'histoire de Mary Rowlandson, épouse puritaine d'un pasteur, capturée en 1675 avec ses trois enfants lors d'un raid extrêmement violent d'Amérindiens Wanpanoag et Narranganssett. Gardée en captivité durant onze semaines, elle est finalement relâchée contre une rançon. Son récit est ( Narrative of the Captivity and Restoration of Mrs. Mary Rowlandson ) un jalon important de la littérature américaine, considéré comme le premier récit de captivité du pays, un gros succès aussi.
Ce terreau historique est formidablement romanesque . La relecture de cet épisode démarre très bien.Les premiers chapitres décrivent de façon très méticuleuse la vie des premiers colons, leur quotidien mais également leur morale religieuse puritaniste qui guide constamment leurs actes. On découvre Mary, épouse dévouée mais dont on sent poindre la capacité à s'indigner et à penser par elle-même . L'auteur a la très belle idée de l'imaginer au chevet d'une jeune fille pauvre, inféodée, enceinte d'un esclave noir, en train d'accoucher seule car la société blanche refuse de se « souiller » avec cette pécheresse. le lien entre esclavage et domination masculine de l'époque est très pertinent avant de décrire la captivité de Mary auprès des Amérindiens.
Pertinent aussi le questionnement de Mary qui observe les moeurs amérindiennes, surprise que les captives comme elles ne soient pas violées, étonnée par la tendresse ostensible des parents pour leurs enfants élevées sans la discipline sévère qu'elle connait, décontenancée de voir des femmes puissantes commandaient des hommes.
J'ai cependant trouvé que ce bouillonnement intérieur, ce questionnement introspectif, pendant la captivité et après, cette révolution mentale que connait Mary, manquait de profondeur pour atteindre les sommets promis. Bien sûr qu'on comprend qu'à sa réintégration dans le monde des blancs, Mary, la douce rebelle, a changé, qu'elle est tiraillée entre la vie qu'elle veut et la vie qu'elle doit mener, imposée par son mari et les normes puritaines. Mais la relecture abolitionniste, féministe et quasi laïque que fait l'auteur du personnage de Mary, m'a presque semblé anachronique, trop contemporaine, et cela m'a gênée.
Mais ce qui m'a le plus gênée, c'est le choix de la « romance » platonique entre Mary et un Amérindien humaniste anglophone. Les clichés romantiques s'enchaînent. Je comprends parfaitement que cela plaise, mais moi ça m'a agacé de voir cette femme élevée dans une religion prude, cette mère qui a vu ses amis massacrés lors du raid, sa fille mourir dans ses bras en captivité, avoir une telle capacité de résilience qu'elle parvient à éprouver ce type de sentiment amoureux en si peu de temps.
Bref, une lecture fluide et plaisante, avec de bons passages, mais en-dessous de mes attentes. L'histoire est passionnante et aurait pu faire naître un roman très fort avec une écriture moins fade et se concentrant sur l'intensité naturellement extraordinaire de la situation.
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Voici un ouvrage historique inspiré de faits réels , une lecture passionnante sans aucun temps mort , pas seulement un roman d'aventures mais le portrait romanesque , parfaitement documenté d'une époque, d'une femme et de son combat ....en ces temps lointains .
L'histoire débute en 1652, au coeur de l'Amérique ô combien puritaine , à Lancaster, où vit Mary Rowlandson, son mari Joseph , pasteur, et leurs enfants Sarah, Marie et Joss.....
Mary , fille d'un riche propriétaire terrien du Lancaster , chez les Puritains, vit sous la surveillance étroite de son mari, une surveillance constante ....
On attend d'elle qu'elle travaille sans relâche du lever au coucher.
On lui a appris que l'oisiveté est un lourd péché .
La religion est au centre de tout, Dieu a tout prévu , Dieu sait tout ....c'est la volonté de Dieu
On ne discute pas sa volonté.
Mary étouffe sous les dogmes, l'autoritarisme de Joseph,voire son joug .... la rigueur morale et l' intransigeance ... qui imprègnent son milieu et toute action entreprise.
Suite à une attaque indienne de son village, Mary est capturée.
Elle va épouser les longues marches et le quotidien en « esclavage » des indiens sous les ordres de Weetamoo, sa maîtresse , souffrira de la faim, perdra Sarah, une de ses filles grièvement blessée, fera la connaissance d'un indien converti Wowaus dit James de son nom anglais .
Il lui vient en aide, lui procure un précieux réconfort, lui offre une petite bible .
Elle apaisera son esprit tandis qu’elle travaille , elle ne s'en séparera plus....
Au bout de quelques mois , Sarah finit par s'habituer au mode de vie itinérant des indiens , la liberté dont ils jouissent , le partage de leur nourriture, autant elle craignait les indiens avant. ...
Même si elle a souffert de nombreuses privations et maints épreuves elle jouit de la même Liberté .Son esprit s'affute à mesure qu'elle se défait de son chagrin ....
Elle les admire et éprouve , à sa grande surprise , de l'attrait pour leurs danses et leurs chants étranges, les libertés dont jouissent les femmes et le sang - froid dont font preuve les hommes...
Il y a beaucoup de choses chez eux qui la surprennent ....Je n'en dirai pas plus ...
C'est un regard neuf sur un épisode fameux de la nouvelle Angleterre au XVII ° siècle, une description vivante au jour le jour d'une époque , moeurs et coutumes , une vue large incroyablement documentée de l'esclavage et de l'asservissement, de la Foi, des droits des femmes, et surtout de la lente évolution de l'esprit de Mary qui change du tout au tout .
On y ressent toutes sortes d'émotions, instructive et mouvementée , addictive et rythmée, il n'y a aucun temps mort au coeur de cette épopée de la première à la dernière page ..
Un récit terrible , poignant vibrant , grandiose où une femme devra se battre et luttera contre les ragots et les rumeurs , les commérages, les mensonges et les idées reçues dans une société puritaine blanche si peu éclairée..où l'hypocrisie règne en maître ....
Je remercie les éditions du Cherche Midi et Babelio pour l'envoi de ce bel ouvrage doté d'une couverture magnifique ...
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L’écrivaine américaine Amy Belding Brown s’est inspirée de l’histoire vraie de Mary Rowlandson, une puritaine enlevée et retenue captive dans une tribu autochtone du nord-est des États-Unis, au 17e siècle, pour écrire L’Envol du moineau
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
L’écrivaine américaine porte un regard neuf sur un épisode fameux de la colonisation de la Nouvelle-Angleterre, au XVIIe siècle.
Lire la critique sur le site : LeMonde
"Tu ne dois pas rendre visite à cette fille tant qu'elle n'a pas retrouvé son honneur."
[...]
"Tu as pris de grands risques en accouchant cette femme. Un contact supplémentaire te souillera. Nous souillera tous."
[...]
"N'y a-t-il donc en ce lieu aucune place pour la charité chrétienne ? demande-t-elle d'une voix basse et posée afin de ne pas menacer son autorité. La gentillesse n'est-elle pas un des fruits de l'esprit, après tout ?"
Le regard de son mari se durcit et sa mâchoire se raidit ; elle comprend qu'elle est allée trop loin. "Une femme n'a pas à décider de telles choses, déclare-t-il. Tu as une opinion bien trop élevée de toi-même. Ta fierté causera ta perte."
Elle sait que son mari a tous les droits de la corriger, mais cela lui déplaît, lui a toujours déplu.
Elle est frappée par l'étrangeté de sa situation. Bien qu'elle soit captive, elle jouit d'une incroyable liberté de mouvement. Elle se souvient de l'époque où, à Lancaster, elle rêvait de franchir la porte de sa maison et traverser le champ toute seule. Rêvait de la liberté de se promener où et quand elle le souhaitait, affranchie des regards méprisants de ses voisins et des paroles réprobatrices de ses sœurs. Pourtant, elle s'était rarement aventurée seule au-delà de la cour, hormis lors de ses quelques visites secrètes à Bess Parker. Bien qu'aucune chaîne ni entrave ne la retînt prisonnière, elle avait tout d'une captive.
Face à l'adversité, elle a choisi l'espoir, la curiosité et le courage :
la feuille assoiffée volant vers la pluie, le papillon de nuit guettant le monde à sa fenêtre, la fleur ne se refermant pas lorsque tombe le jour ....
« Le ciel est d’un bleu impie. Le vent a chassé les nuages lestés de neige, et le soleil levant flambe au- dessus du temple. L’odeur âcre de la poudre remplit l’air. Festonnée de neige fraîche, la palissade brisée est grande ouverte .. »
Les rumeurs n'ont pas besoin de preuves pour enfler, lui rappelle-t-elle. Tout ce dont elles ont besoin, c'est d'une langue mauvaise et d'une oreille pour l'écouter.