Bien sûr, mieux vaut être intéressé par le sujet. Mais pour qui l'est, cet ouvrage est passionnant. D'abord par ce que la thèse atomiste est largement passée en dessous du radar de l'humanité durant plus de vingt siècles. Ensuite par ce que c'est la première à oser déloger les dieux de leur autel. Et enfin, par la volonté des Epicuriens de mettre la philosophie au service de tout un chacun et de la rendre utile, en quelque sorte.
Pour les atomistes, nous ne sommes "que" des atomes agrégés au bon vent de la nécessité. A notre mort, cet amalgame se désagrège, notre sensibilité s'arrête et "nos" atomes s'en vont s'agréger ailleurs. Rien ne se crée, rien ne se perd et c'est comme cela depuis une éternité. La question des origines n'intéresse pas les atomistes, l'important est la rupture totale entre la création et les Dieux. S'ils existent, ils n'ont rien à voir avec les humains, ils sont aux mieux retirés dans un intermonde, pas concerné par notre monde. Ils ne s'occupent pas de nous, on ne leur doit rien. En conséquence, il ne faut craindre ni les dieux ni la mort, les premiers maux qui s'opposent au bonheur.
Car une fois cette hypothèse posée, il convient de s'y adapter. Et que faire de sa vie atomique ? Sinon atteindre le bonheur ! Et c'est possible pour les Epicuriens. Non par un plaisir démesuré qui mènerait à une souffrance sans nom, mais par une modération des plaisirs. Car seuls les plaisirs naturels et nécessaires sont à prendre en considération, les autres, non naturels et non nécessaires, tels que la gloire, le luxe, la richesse, sont vains et inutiles. Ainsi
Epicure vit calmement, simplement et avec ses amis dans le Jardin, à l'ombre du monde. Il atteint l'ataraxie, la paix du corps et de l'âme.
Cet ouvrage est extrêmement bien documenté, l'auteur est sans contexte un spécialiste mais malgré son niveau de précision, il ne se perd jamais. L'ouvrage est accessible à tout un chacun qui est intéressé...