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EAN : 9782330081775
368 pages
Actes Sud (16/08/2017)
3.62/5   562 notes
Résumé :
Ils se nomment Bourgeois et leur patronyme est aussi un mode de vie. Ils sont huit frères et deux soeurs, nés à Paris entre 1920 et 1940. Ils grandissent dans la trace de la Grande Guerre et les prémices de la seconde. Aux places favorites de la société bourgeoise – l’armée, la marine, la médecine, le barreau, les affaires -, ils sont partie prenante des événements historiques et des évolutions sociales. De la décolonisation à l’après-Mai 68, leurs existences embras... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (118) Voir plus Ajouter une critique
3,62

sur 562 notes
Conteuse hors-pair, Alice Ferney nous revient dans son dernier roman, avec la saga d'une famille, Les Bourgeois, des bourgeois et l'entame avec un décès, le décès de Jérôme Bourgeois, quatre-vingt ans, qui "fut résolument français et provincial", "né chez les nantis et soignant les pauvres". Donc pas "méchant bourgeois".
Né en 1933, il était le fils d'Henri et Mathilde et frère de sept garçons et deux filles: Jules, Jean, Nicolas, André, Joseph, Louise, Claude, Guy, Marie, "Être dix, c'était avancer dans la vie comme une étrave avec derrière soi le tonnage d'une énorme famille".
Sous forme d'un journal, dont les nombreux feuillets auraient été dispersés, et regroupés sans chronologie, Ferney ( probablement la narratrice, une Zelig qui nous interpelle directement dans le récit) suit la trajectoire de cette famille conservatrice de la droite chrétienne, embrassant tout un siècle d'histoire de France et celle européenne. Je dis conteuse hors pair car raconter sur un siècle, aussi clairement, sans ordre chronologique, l'histoire intime dans la grande histoire, relevée d'une multitude de réflexions intelligentes et profondes sur les liens entre les évènements et les émotions, avec un regard critique déroutant, c'est indéniablement du talent.
La famille, le couple étant ses sujets de prédilection, elle nous décortique ici l'évolution des rapports sur trois générations; rien de nouveau mais romancé par Ferney c'est toujours innovative. Elle a presque l'air d'avoir la nostalgie du temps où le mariage était l'unique solution pour une vie commune entre les deux sexes; apparemment il avait plus de valeur et de poids qu'aujourd'hui (".....mariage, qui n'était pas –comme il arrive que le ressentent aujourd'hui les jeunes mariés –la fin de quelque chose, l'aboutissement ou le point final du temps de la passion libre, mais son commencement et celui de la vie commune, la découverte de la sensualité partagée et la création de sa propre existence."). Aussi une certaine nostalgie de l'éducation bourgeoise d'antan, mais l'écrivaine, coquine, après l'avoir vantée, ajoute : "On n'était pas malheureux ! dit Claude aujourd'hui, sans songer une seconde que cette affirmation pourrait bien signifier le contraire de ce qu'elle prétend dire". Elle titille d'autres sujets, comme les droits des femmes, ont-ils vraiment avancé, ou juste changé de perspective ? ou les privilèges acquis de la bourgeoisie du début du siècle, que d'autres classes sociales ne pourront y accéder que tardivement, comme les vacances payés (1936).
Deux autres thèmes récurants,
Le thème de la guerre, toutes ces vies perdus pour rien avec des slogans du genre du général Lattre en Indochine, "Je vous apporte la guerre et la fierté de cette guerre. Notre combat est désintéressé. Nous ne combattons pas pour la domination mais pour la libération".....révoltants,
Le thème de la mort, la fin inévitable pour tous sans aucun échappatoire qui semble beaucoup l'occuper,vu le nombre de fois qu'elle y revient avec des réflexions nuancées, "une abstraction.....un souvenir. Voilà ce que fait de nous la mort."

J'ai trouvé les personnages peu attachants, figés dans leur cadre bourgeois et catho, une rigidité, une perfection ( celle des hommes presque tous vertueux, et surtout celle des femmes, avec au moins un contingent de 9 à 10 mômes, toujours impeccables, super serviables au mari ...., les maris qui les aiment follement après 9 enfants, un conte d'Andersen ....) qui m'a un peu exaspérée. Une rigueur morale qui bien qu'étant leur force fut aussi leur faiblesse. D'autre part la vie d'une famille bourgeoise, de surplus profondément catho sur fond d'histoire de France et d'Europe n'est pas un sujet qui me passionne vraiment, surtout qu'ici c'est un peu long. Donc si ce n'était la plume grandiose d'Alice Ferney et son faux regard impartial qui donne encore plus de pep à son sens critique, je ne l'aurais probablement pas lu.


"L'esprit occidental aime tant les causalités, les explications rationnelles, les fondements."




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Les Bourgeois, une famille suivie sur plusieurs générations de la fin du XIXe siècle à nos jours, ont les caractéristiques de leur nom. Les plus anciens vont connaître les deux guerres mondiales, certains y mourir prématurément, d'autres les pleurer. Tous auront à coeur de perpétuer la tradition : une manière de vivre avec naturel ce qui est culturel et hérité.

Ces Bourgeois bourgeois, catholiques, de droite, qui pensent qu'il vaut mieux accepter qui l'on est plutôt que prétendre se créer, Alice Ferney les décrit comme : " les représentants d'une époque et d'un milieu typiquement bourgeois, parisien, catholique, très " Action française " comme on le dit maintenant, avec la sévérité de ceux qui viennent après et n'ont guère de mérite, puisqu'ils savent où mènent certaines idées et que l'Histoire a jugé. " Alice Ferney le dit et le répète, il faut se garder de juger les gens qui ont vécu dans un autre temps : « Le présent est lourd et opaque, la teneur des jours n’est pas historique. »

Une famille (la sienne ?) dont l'histoire indissociable de l'Histoire inspire à Alice Ferney de belles et justes phrases sur la mort, la maternité, la transmission des valeurs bourgeoises. Mais elles ne doivent pas cacher le revers de la médaille, ce que ne fait pas Alice Ferney avec une certaine honnêteté, car si elle évoque longuement les aspects positifs de la bourgeoisie, justifie ses choix, comprend ses erreurs, parfois aussi elle se demande dans quelle mesure ce milieu est fermé, obtus, non progressiste.
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Voila un curieux roman, qui se démarque des sagas familiales par son ancrage historique fort et très bien intégré. C'est toute l'histoire du vingtième siècle, revue à l'aune de quatre générations d'une famille aisée, appartenant à la bourgeoisie, bien que le titre se réfère simplement à leur nom de famille.

Outre une analyse intéressante de l'histoire des conflits qui ont marqué ce siècle passé, de la grande boucherie de 14-18, à la guerre d'Algérie longtemps pudiquement évoquée comme « les événements » , en passant par la seconde guerre mondiale et la guerre d'Indochine, on mesure l'impact de ces événements sur les vies individuelles et l'évolution de la vie familiale.

C'est aussi une fresque chronologique qui illustre le processus lent d'une métamorphose de la condition féminine avec ses conséquences sur la cellule familiale. Avec cette impression de courbe exponentielle, avec une progression lente au départ puis extrêmement rapide. Avec cependant dans le milieu étudié, une résistance forte aux changements, et un maintien obstiné des traditions, étayées par la religion, malgré l ‘évolution importante des valeurs traditionnelles

Témoin de la succession des naissances et des décès , qui alternent avec les mariages , le lecteur assiste en une sorte de de diaporama accéléré au déroulé du destin de cette famille. Et bien entendu, la mort y est très présente, naturelle, ou induite par la folie des hommes, mais de toute façon inéluctable et seul réelle égalité entre les humains.

C'est sans doute la mise à distance, l'observation minutieuse mais désaffectée , à la manière d'un entomologiste scrutant une colonie de fourmis, qui donne un ton particulier à ce roman. Ce n'est donc pas un roman qui induit un attachement aux personnages, d'autant qu'ils défilent génération après génération.

Belle chronique d'un milieu social particulier , dans la tourmente d'un siècle mis à mal par la haine ordinaire et la mégalomanie des dirigeants peu enclin à tenir compte des malheurs individuels qu'ils créent.


Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Tout a été dit déjà et en plus je suis une admiratrice de l'auteur depuis "-LElegance-des-veuves " et "Grâce et dénuement".........
Je n'écrirai rien d'original , simplement qu'Alice F .réalise une fresque vertigineuse longue à lire vu le déploiement d'une famille et ses complexités généalogiques , un récit narratif riche d'anecdotes familiales. Il imbrique nombre de destins individuels ,en construisant avec maestria un siécle d'engagements - de la grande guerre à la seconde, -de la Décolonisation à l'après mai 68 ---
En allant du singulier au collectif , elle tisse une mosaïque géante différente à mon sens d'une simple saga familiale., plutôt un essai déguisé en roman rythmé par l'apparition et la disparition des personnages, leurs engagements et leurs aspirations . Elle se fait historienne et conteuse !
Les "Bourgeois , cette grande famille qui a le goût de la transmission et de la continuité vit avec naturel ce qui est culturel et hérité : de Jules l'aîné "le magnifique" , André "le simple" , Nicolas le "héros discret", Louise "la passionnée", Jean "le bon", Joseph " l'ambitieux ", Guy " le chevalier " , Jérôme le "brave ", Claude " l'impétueux," à Marie "nourricière" , la petite dernière qui n'a pas connu sa mère, : son décès , une Blessure Invisible " pour les dix enfants de la fratrie jusqu'à leur disparition !

Comment s'exprimait leur conscience d'être des privilégiés et des catholiques ?
La matrice culturelle qui avait vu naitre leur père en 1895, avait traversé une incroyable série d'évolutions .
Il connut une belle collection de premières fois !
Toutes les évolutions sociales et les grandes réformes furent de son époque. Henri verrait le monde changer au point d'être méconnaissable ! de son vivant , on privilégiait les sujets convenables aux sujets intéressants ! Sous pretexte de tenue , on ne déballait pas ses états d'âme..
"Les-Bourgeois "sont sérieux comme la pluie, droits, dignes, élégants et volontaires, conservateurs, peut - être un peu raides , dévoués aux autres.
Ils portent haut le sens du devoir , une valeur partagée par tous !
Au sein de ce puzzle temporel , cet album au souffle romanesque , ample et captivant nous passons du 28 avril 1869 , naissance de la "racine de l'arbre de Valentine" , veuve à 40 ans de Jules Bourgeois jusqu'en 2013 !
L'auteur compose une oeuvre à la fois intimiste , universelle , une intéressante réflexion sociologique sur l'emmêlement cruel de la mort et de la vie, l'évolution des moeurs , les valeurs , le statut et la "place" des femmes, le deuil, le rôle du père, la religion, les progrès sociaux , les évènements porteurs de tragédies comme les guerres , les mutations essentielles .......
Là où le temps s'en mêle , elle donne à voir sans jugement ni concession , avec délicatesse , bienveillance et profondeur , l'éternel recommencement des choses , ses multiples personnages sont des "caractères" .........
L'écriture est d'une grande beauté, précise et colorée, incisive .
Une saga que je n'aurais certainement pas lue si elle n'avait été écrite par Alice F , c'est une conteuse hors- pair , remarquable ! Mais ce n'est que mon avis , bien sûr .
Je n'ai pas lâché ce livre depuis deux jours ,même la nuit........
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Voilà 20 ans qu'après « L'élégance des veuves », je suis une inconditionnelle d'A.Ferney .
Cette fois c'est une chronique familiale qui nous est contée , et ce sur plus d' un siècle .
le patronyme de cette famille est Bourgeois , et ça tombe bien , ce sont des bourgeois.
Peut -être sous couvert de cette famille, A.Ferney nous parle t 'elle de la sienne, car les grandes fratries lui sont familières.
C'est à partir de l'enterrement de l'un de ses membres et en compagnie d'un des survivants de la première fratrie Bourgeois, que revient en mémoire le destin de chacun .
Et c'est avec énormément de délicatesse et un infini respect que l'auteur dessine tous les destins individuels de ces bourgeois catholiques , conservateurs, toujours en écho avec L Histoire , des prémices de la Grande Guerre à nos jours.
Henri et Mathilde Bourgeois ont eu 10 enfants , et 40 petits enfants.
Ce qui peut paraître déraisonnable de nos jours , pour certains, en général ne l'était pas pour l'époque, et c'est là toute l'intelligence d'A.Ferney, c'est qu'elle est toujours dans le temps des événements et non avec le regard actuel.
Il en est ainsi des guerres, de la Résistance, de l'Algérie plus tard, jamais revues a l'aune du futur mais de l'instant, ce qui éclaire les évènements d'une manière différente de celle imposée par les livres d'Histoire.
Le sens du devoir, est une valeur partagée par tous les Bourgeois, ils font de belles carrières dans l'armée, la marine, les affaires, la médecine , la justice.Ils sont bien vivants , acteurs de l'Histoire.Ils font le lien entre les époques et les esprits avec une adaptation (parfois relative pour certains). Les femmes ont beaucoup d'importance dans cette saga familiale, on y voit tout doucement leur émancipation , chacun jugera selon son propre parcours si ces femmes qui ne faisaient qu'enfanter et s'occuper de leur famille étaient des malheureuses.
Le maillage du roman est une mosaïque de souvenirs , de vies multiples immortalisées sur photos. Un très grand roman ; A. Ferney semble de plus en plus talentueuse au fil des années .

Il faut nous rendre à l'évidence, le passé est derrière nos yeux, notre mémoire est nécessaire
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critiques presse (3)
LeFigaro
08 septembre 2017
À la faveur d'une construction virtuose et polyphonique, la romancière livre la chronique d'une famille prise dans les catastrophes du XXe siècle. Bouleversant.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LaCroix
01 septembre 2017
Alice Ferney explore avec talent, à travers le temps, la logique d’une classe sociale.
Lire la critique sur le site : LaCroix
LaLibreBelgique
24 août 2017
Alice Ferney observe, dans une grande famille, les traditions qui se perpétuent en dépit des bouleversements du monde.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (141) Voir plus Ajouter une citation
—Papa adorait le cinéma, dit Claude. Il avait vu tous les films de Brigitte Bardot. Il avait vu Et Dieu créa la femme.
J’entends dans cette phrase la stupéfaction qu’elle recèle : Henri, le catholique rigide, était allé voir Brigitte Bardot qui danse sauvagement devant la convoitise des hommes ! Claude s’émerveille-t-il du pouvoir de Bardot ? Ou bien s’amuse-t-il de l’idée du face-à-face Henri-Brigitte ? Ou bien se réjouit-il que son père fût malgré tout capable de se détendre ?
-Et que pensait-il de Bardot ? dis-je.
-Ah ! dit Claude en rigolant, il pensait qu’elle était la preuve qu’on peut avoir reçu une bonne éducation et mal tourner !
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Debout à côté des valises, ils attendaient la voiture. Jules et Jean partaient en vacances au bord de la mer avec leur mère Mathilde, leur grand-mère Valentine et leur jeune oncle Pierre. Cela saute aux yeux quand on s'attarde sur la photographie : ils étaient riches, privilégiés et éduqués. Qui parmi eux avait conscience que les classes laborieuses n'avaient pas droit à un repos annuel ? Qui imaginait que cette iniquité disparaîtrait et que les congés payés seraient institués pour tout le monde ? Y pensaient-ils ? Étaient-ils capable de juger justes et nécessaires des réformes dont ils n'avaient pas besoin eux-mêmes et qui bouleversaient les pratiques usuelles ? Je me le demande sans connaître la réponse. Les Bourgeois n'avaient pas besoin du progrès social : ils partaient en vacances, ils possédaient des maisons de famille, ils louaient ce qu'ils voulaient où ils voulaient. La famille allait à Blanville ou Bénerville, là où se rendaient aussi les duchesses amies de Marcel Proust qui ne s'y montrerait jamais plus. Étaient-ils amusés d'être en vacances à côté de la villégiature qui servit de modèle à Balbec ? En tout cas l'habitude était prise : Valentine, Gabrielle, Mathilde et leurs enfants commençaient l'été sur la côte normande... L'épiscopat français n'avait pas encore publié son code de l'habillement féminin, en réaction aux maillots de bain, robes courtes et autres exhibitions, mais Mathilde et Gabrielle se montraient plus que décentes, elles étaient carrément élégantes, assises dans le sable avec leurs blouses et leurs chapeaux... Aucune ne se serait baignée. Était-ce même une activité imaginable pour ces dames ? ... pour une fois Mathilde n'était pas enceinte. Elle donnait la main à Jules, remettait droit son bonnet de coton, avant de le regarder jouer avec le sable, sa pelle et son seau. Nicolas se réveillait, elle recommençait de prendre, de câliner et de rajuster, tandis que Gabrielle faisait de même avec ses enfants. Elles étaient deux vies dévolues à fabriquer des vies et rien ne semblait pouvoir interrompre  cette vaste fabrique de chair, rien sauf la disparition d'un des deux géniteurs..."
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Je me demande toujours si vraiment l’on se prépare à la mort. Il paraît que cette idée répandue est un leurre : la mort serait si étrangère à la vie qu’on ne pourrait en réalité la penser et qu’il ne servirait à rien de l’apprivoiser, ce que l’on apprivoise d’elle n’étant jamais elle. Y penser serait peut-être même une véritable idiotie : une obsession qui nous ferait souffrir pendant la vie sans pour autant nous faire accepter la fin de la vie quand elle vient.
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Jean-Émile Gugenheim ne voyait pas le visage sévère d’Henri Bourgeois mais il écouta. Une manière de parler, c’est tout un monde. Vocabulaire, syntaxe, accentuation, comparaisons, références, et le fond du propos, tout chez Henri trahissait la grande bourgeoisie catholique de Paris. Austérité, exigence et sévérité, un orgueil démesuré aussi se révélaient dans le portrait que le père fit du fils, sans complaisance ni indulgence paternelles.
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« Quelle est la meilleure place au sein d’une fratrie ? Cette question anime beaucoup les enfants lorsqu’ils sont jeunes et pas d’accord sur la réponse. Chacun préfère la place des autres.
— L’aîné ouvre toutes les routes, il se bat contre l’autorité restrictive, tandis que les suivants trouvent les portes enfoncées. La meilleure place, c’est celle de cadet, assurent les aînés.
— Le cadet supporte les quolibets et le dirigisme de son aîné, rétorquent les suivants, il a trois parents ! La meilleure place, c’est celle de dernier.
À quoi le benjamin répond :
— Le petit dernier regarde partir les aînés et reste seul avec ses parents, merci ! »
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Découvrez l'émission intégrale ici : https://www.web-tv-culture.com/emission/alice-ferney-deux-innocents-53711.html Depuis son premier roman en 1993, « le ventre des fées », Alice Ferney s'est discrètement mais résolument installé dans l'univers littéraire français. Depuis, chacun de ses titres est attendu par un lectorat fidèle qui apprécie à la fois les sujets qu'elle traite mais aussi la qualité de son écriture, classique, allant à l'essentiel, sans artifice et néanmoins sensible et pudique, chargée d'émotion.
La maternité, la place de la femme, la famille, l'engagement, le sentiment amoureux et ses déchirements font partie des thème de prédilection de l'auteur qui signe aussi quelques chroniques dans Le Figaro littéraire.
Avec ce 13ème titre, « Deux innocents », publié chez Actes Sud, maison à laquelle Alice Ferney est fidèle, l'auteure nous emmène en septembre 2018. C'est jour de rentrée des classes, à l'Embellie, un établissement scolaire spécialisé qui accueille des enfants en difficulté, notamment des jeunes atteint d'un handicap mental mais dont on sait aussi que le coeur est deux fois plus gros et la sensibilité est exacerbée.
Et voici Gabriel Noblet, il a 16 ans. Il est nouveau dans l'établissement. Il va intégrer la classe de Claire Bodin, qui donne des cours de bureautique à ses jeunes à qui il faut bien dessiner un avenir.
Claire Bodin est la bonté même. Mère et épouse accomplie, le sourire aux lèvres, elle cherche à faire le bien. C'est ce qu'on lui recommande chaque dimanche, à l'église où elle est assidue. Claire ne cherche pas la lumière mais si elle peut apporter du réconfort, elle est heureuse. Et face au jeune Gabriel, en manque d'attention et de repère dans cette nouvelle école, Claire va faire ce qu'elle croit être utile. Lui donner de l'affection, de la tendresse. Oui, elle va le prendre dans ses bras, oui elle va lui donner son numéro de téléphone et répondre à ses messages. Quel mal y a-t-il ? Ces enfants ont tellement besoin d'affection… Oui mais voilà, jusqu'où est-elle allée ? Et l'ensaignante qu'elle est n'a-t-elle pas été trop loin ? Bien vite, la mère du jeune Gabriel s'invente une histoire, l'histoire se transforme en rumeur, la rumeur en vague, la vague en procès. La fatalité, l'inconséquence, le malentendu deviennent un crime. Claire est alors face à la justice. Sa vie s'écroule, les failles s'entrouvrent.
Choisissant une écriture résolument clinique, froide, insistant sur les dates, les lieux, les moindres détails, Alice Ferney nous raconte cette histoire, inspiré d'un fait authentique, comme une enquête, sans pathos, de façon très factuelle. Ainsi, chaque lecteur vit l'intrigue avec son propre regard, analyse lui-même les personnages, se forge sa propre opinion, tel un juré d'assise. Et c'est glaçant.
Par les sujets qu'il traite, par la fragilité des protagonistes, embarqués dans une histoire qui les dépasse, ce roman touche au coeur, interpelle, émeut et nous redit une fois encore combien Alice Ferney est une grande romancière, combien elle sait manier les mots pour aller au coeur de son histoire.
Ce livre est un coup de coeur
« Les innocents » d'Alice Ferney est publié chez Actes Sud.
+ Lire la suite
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