Comme les derniers romans d'
Harald Gilbers, ce deuxième roman de
Fabiano Massimi s'inscrit dans la tradition de "
La trilogie berlinoise" du regretté
Philip Kerr, décédé il y a malheureusement bientôt déjà 5 ans.
Son premier roman, "
L'Ange de Munich", était situé dans la capitale bavaroise, théâtre d'une première tentative de putsch par le petit caporal autrichien.
En soi, rien d'étonnant que la période historique marquée par la montée du nazisme et la prélude au second conflit mondial, n'attire d
es auteurs de romans policiers et thrillers, car la situation a été en effet dramatiquement confuse à Berlin, la capitale mondiale du vice, vers la fin des années 1920 et le début des années 1930.
Puis, il y a eu cet inoubliable personnage de Bernie Gunther, le fidèle (anti-)héros de Kerr. À ce point que
Fabiano Massimi nous présente dans son roman un Bernie Gross.
La grande différence c'est que Massimi n'hésite pas à faire défiler dans son intrigue des démons de Berlin quelques figures de "l'élite" nazie, à commencer par l'horrible Reinhard Heydrich, liquidé par la résistance à Prague en juin 1942, Hermann Goering, Rudolf Diels et l'énigmatique
Ernst Hanfstaengl (1887-1975), surnommé "Putzi" malgré son 1,93 mètre, le financier d'Hitler à ses débuts.
Un personnage haut en couleur, "Le joueur de piano d'Hitler" pour reprendre le titre d'une biographie par
Peter Conradi de Hanfstaengl, un confident d'Adolf qui est devenu ensuite un allié de Roosevelt.
Nous rencontrons Putzi dans l'enquête que mène l'ancien commissaire de Munich, Sigfried Sauer, après la disparition à Berlin de son ex-compagne et ex-amour, Rosa Weiss, une résistante aux nazis de la première heure.
Commence alors une chasse à la femme, qui se complique considérablement par la découverte des corps de plusieurs jeunes femmes, droguées, tuées, méconnaissablement abîmé
es au visage, mais blondes, élancées et qui ressemblent plus ou moins à la volatilisée Rosa et qui ont manifestement été jetées comme du détritus dans le Landwehrkanal, un canal qui traverse Berlin comme la Seine Paris et la Tamise Londres.
L'auteur c'est sans doute inspiré du triste sort de
Rosa Luxemburg, la théoricienne communiste, et de
Karl Liebknecht, le député socialiste, tous deux assassinés et retrouvés dans le même canal en janvier 1919. Ils avaient tous les deux 47 ans.
Pour Siggi Sauer et l'équipe d'investigation, sous les ordres du commissaire Mutti Forster, et constituée de l'inspecteur Karl Julian, le sergent Walther Mann et la perspicace jeune et belle inspectrice Johanna Tegel, l'affaire risque de se gâter complètement lorsqu'une défection se fait jour parmi l'équipe d'enquête même...
Et pendant ce temps, le lundi 27 février 1933, le Reichstag (parlement) brûle, ce qui a permis à
Adolf Hitler de liquider définitivement la gauche en Allemagne et d'imposer son Parti nazi à l'intérieur du pays et sa politique belliqueuse à l'extérieur !
Le récit compte tout juste 460 pages, subdivisé en 84 brefs chapitres qui facilitent la lecture, et est suivi d'une note historique de 2 pages ainsi qu'une note de l'auteur de 4 pages, une courte biographie des personnages et une brève bibliographie.
L'intrigue conçue par
Fabiano Massimi est originale, les personnages, surtout Sigfried Sauer et Johanna Tegel, sont attachants et le contexte géographique et historique respectueusement reconstitué.
L'auteur a par ailleurs des dons de raconteur captivant, mais le roman manque, à mon avis, ce quelque plus de génial d'un
Philip Kerr.