L'aspect historique est passionnant, ces hallucinantes pérégrinations des Druzes emprisonnés au coeur des Balkans, puis le retour des hordes de pèlerins.
Rabee Jaber a une grande capacité à mener les foules de figurants dans des tableaux fourmillants de détails, de mouvements, d'odeurs. Aucune concession n'est faite à l'inculture du lecteur qui doit se débrouiller, et si cela a gêné mon besoin de maîtrise des situations (j'aurais bien aimé une petite carte représentant le périple des voyageurs) , cela fait aussi que le récit s'apparente vite à un conte intemporel.
j'ai cependant été gênée par le caractère hagiographique du récit : ces hommes pleins de droiture, de sens de l'honneur et du travail, toujours courageux et allant de l'avant, ont quand même, avant que ne commence le roman, massacré des chrétiens à la pelle, et ça,
Rabee Jaber ne s'y intéresse guère. Quant à l'aventure individuelle, elle est assez négligée: nombreux destins sont abandonnés en cours de route, et les personnages sont totalement désincarnés, le seul trait de personnalité identifiable du héros, Hanna, étant sa propension aux larmes.
Résultat mitigé pour moi, donc.