Les Enragés

Paola Nicolas est une dame au pédigrée philosophique impressionnant (elle s'occupe de bioéthique aux US), et elle frappe fort avec son premier roman : Les enragés.
À la fin du XIX° siècle, alors que la rivalité croissante avec l'Allemagne ne présage rien de bon, le chimiste Louis Pasteur repose en Italie son coeur à bout de course. À Paris, ses collègues et les médecins de son Institut sont en pleine campagne de vaccination antirabique et injectent à marche forcée le sérum miracle tout en poursuivant les tests sur les chiens et les lapins.
Toute ressemblance avec ce que nous avons connu récemment ne serait pas fortuite puisque l'auteur a écrit son récit pendant la pandémie; joli coup.
Las en novembre 1886, le jeune Jules Rouyer, récemment soigné après avoir été mordu par un chien, vient à décéder.
Les adversaires de Pasteur sont nombreux. Les partisans "enragés" de la théorie de la spontanéité morbide (les antivax d'alors) et ceux de la nouvelle doctrine microbienne s'affrontent à couteaux tirés dans les coulisses des ministères, dans les amphithéâtres des académies et dans les journaux de l'époque (le livre est émaillé de fac-similés), l'équivalent de nos réseaux sociaux actuels.
❤ Après les années que nous venons de vivre, le débat (clairement exposé) résonne d'échos vraiment passionnants et l'auteure, philosophe spécialiste de bioéthique, distille intelligemment de troublantes réflexions jusqu'à même esquisser quelques ombres sur les travaux du "maître", véritable Héros de la Science, qu'était devenu Pasteur.
En dépit du sujet et du bagage philosophique de l'auteure, le ton n'est ni trop pédant ni trop didactique : Paola Nicolas nous livre le récit documenté d'un fait divers historique et laisse intelligemment au lecteur le soin de s'interroger sur les indices semés ici et là au fil des pages.
Indices, oui, car ce récit est quasiment un thriller scientifique ! Un thriller dont on connaît bien sûr le dénouement puisque chacun sait que ce sont les vainqueurs qui écrivent l'histoire ...
Pour le clin d'oeil littéraire, on croisera dans les labos de l'Institut Pasteur, le jeune Alexandre Yersin, le futur découvreur du vaccin contre la peste, dont Patrick Deville tirera un autre excellent bouquin (Peste et choléra) pour celles et ceux qui veulent poursuivre la visite médicale.
Pour celles et ceux qui aiment jouer au docteur.

A la fin du 19éme siècle, la rage crée la panique. Les chiens errants terrorisent la population et les familles de chaque mordus tremblent d'effrois pour leur proche. On dit que Pasteur peut les sauver. Viennent des quatre coins de France, des blessés désespérés. Quand Jules Rouyer, un garçon âgé de douze ans, se fait mordre au visage, sa mère n'hésite pas et le confie au bon soin du laboratoire Pasteur. Ce dernier meurt quelques jours après avoir reçu le sérum. le débat s'enflamme alors entre pro et anti-vaccination. Les adversaires de Pasteur saisissent l'occasion pour pousser la mère éplorée à porter plainte. Paola Nicolas raconte un combat farouche entre deux conceptions de la médecine, un lutte où tout les coups sont permis et où la presse attise le feu.

Par un récit très documenté, l'autrice nous entraîne dans un moment de l'histoire de la médecine qui résonne fortement avec notre époque. Les deux camps se livrent à une bataille sans merci et avancent leurs arguments avec virulence. Nous assistons à leur joutes verbales violentes et à leur tentative de masquer certains résultats. A travers leurs échanges, des questions d'éthique et de morale se posent. le débat sur la cause des maladie divise les médecins et m'a passionné. En nous ramenant au début de la vaccination, l'autrice nous rappelle que les polémiques ont toujours eu lieu. Elles fondent la naissance de la vaccination et n'étaient pas moins violentes que maintenant. L'événement que raconte Paola Nicolas a faillit faire basculer Pasteur dans le camps des charlatans.

L'autrice dresse un portrait de Pasteur en fin de vie, malade et affaiblie par une vie de lutte. Au moment du décès de Jules Rouyer sa carrière et son nom sont respectés mais il est conscient qu'un scandale pourrait tout compromettre. Il est entouré d'hommes fidèles et dévoués mais peine à leur laisser pleinement la main sur ses travaux. Il sent bien qu'entre eux des rivalités demeurent, qu'une certaine méfiance mutuelle couve. Il reste celui qui maintient l'unité dans son équipe, il peine donc à prendre réellement sa retraite.

En documentant précisément son récit et en donnant une place égale au discours des deux camps, Paola Nicolas nous propose un livre passionnant aux échos actuels très forts.
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Une mise en scène clinique, journalistique et politique du combat des pasteuriens et de la ligue des anti-vaccinateurs en 1886-87, sous le regard attentif de l'Académie de médecine. le ton est vif, précis, mais cette fiction romanesque n'apporte rien d'important à la vie littéraire et ne devrait guère retenir l'attention après l'abondante production du bicentenaire de la naissance de Pasteur.

Ce livre a été écrit par une tête manifestement bien faite, bardée de diplômes. Elle raconte les affres et vicissitudes de la mise en place du vaccin antirabique et des accidents que cela a pu occasionner. On y croise Pasteur bien sûr, à la santé chancelante en cette année 1886 et surtout ses deux acolytes, médecins pour leur part, Eugène Granger et Emile Roux, dont l'opposition crée l'émulation au sein de ce qui deviendra l'Institut Pasteur.

Suite à la morsure d'un chien, un enfant Jules Royer a été vacciné et est mort…est ce la rage qui a causé sa mort ? Ou bien le vaccin ? le médecin Peter, opposé aux théories microbiennes de Pasteur, en profite pour tenter d'abattre la statue du Commandeur. Paola suggère que c'était bien le vaccin qui a été responsable de la mort de l'enfant et que le rapport, au nom des risques vaccinaux et de l'intérêt général, aurait été falsifié par les Drs Granger et Roux…

Paola Nicolas raconte cette histoire de manière enlevée et intéressante, peut être un peu trop sage. Cela en fait un livre qui se lit vite, pour lequel on ne perd pas le fil, mais pour lequel il ne reste pas grand chose au final…