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(01/01/1900)
4/5   8 notes
Résumé :
Les Héraclides est une tragédie d’Euripide, qui raconte l’exil des enfants d’Hercule à Marathon.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
J'ai comme une impression de déjà-vu.

Cette pièce me fait furieusement penser à un repompage des Suppliantes. On a de pauvres hères qui se mettent en position de suppliants devant l'autel d'un dieu, un héraut de ceux qui les pourchassent cherchent à les en déloger, le roi du cru les défend, c'est la guerre, les hères sont sauvés, les pourchasseurs punis.
Vous voulez des noms je suppose. Les hères sont les enfants d'Héraclès, leur grand-mère Alcmène et le compagnon de jeu du demi-dieu, Iolaos. le dieu devant l'autel duquel ils supplient est Zeus. Les pourchasseurs sont les soldats d'Argos et leur roi Eurysthée – celui qui a imposé les fameux travaux à Héraclès. le cru est Athènes et son roi est Démophon, fils de Thésée. Ces Suppliantes-le-retour concernent donc les Héraclides quand l'épisode 1 traitait des Labdacides (la famille d'Oedipe).

A l'appui du sentiment de déjà-vu, l'analyse de Victor-Henry Debidour qui flingue bien la pièce encore pire qu'il ne l'avait fait pour les Suppliantes « Cette pièce-ci est sans doute la plus mal venue que nous ayons conservée d'Euripide », dit-il. Evidemment, lire cela avant la pièce influence la grille de lecture. Et comme pour les Suppliantes, je la trouve moins désastreuse qu'annoncée.
La raison principale est que je ne connaissais pas l'histoire racontée. Ainsi, non content d'avoir éprouvé Héraclès durant toute sa vie, Eurysthée roi d'Argos s'est acharné sur sa famille, poussant les villes où ces derniers cherchaient asile à les chasser sous peine de représailles. Mais Athènes et le fils de Thésée ne se laissent pas intimider comme ça et Eurysthée trouvera sa fin dans cette aventure.

Plusieurs choses m'ont gêné cependant. D'abord au niveau du mythe lui-même. Les Athéniens demandent un oracle avant d'engager le combat contre Argos. La victoire ne leur sera assurée que s'ils sacrifient « une vierge issue d'une noble origine » (encore du déjà-vu, cf. Iphigénie). Et c'est apparemment la déesse Coré – également dénommée Perséphone – qui réclame ce prix élevé.
J'aimerais bien qu'on m'explique pourquoi une cité si moderne par certains égards – je pense à certaines valeurs qu'elle représente comme l'idéal de démocratie – accepte d'obéir à une demande aussi barbare et apparemment gratuite, même venant d'une déesse. Les dieux tutélaires de la cité ne sont-ils pas là pour la soutenir et la protéger au lieu de lui mettre des bâtons dans les roues ? Ces dieux sont vraiment incompréhensibles parfois.
Démophon refusant de sacrifier une athénienne (faut pas pousser le dévouement non plus), c'est Marcarie, la fille d'Héraclès, qui va s'y coller, de sa propre volonté. Un sacrifice qui d'ailleurs semble bien arranger Iolaos dont on sent le soulagement sous le discours admiratif. Marcarie, de son côté, en rajoute sur l'espoir de postérité qu'elle porte ; il y a une forme de narcissisme même dans ce sacrifice.

En deuxième lieu, je suis d'accord avec Victor-Henry Debidour pour dire que la pièce elle-même multiplie les comportements bizarroïdes. Eurysthée, qui se comporte en couard pendant la bataille, fait face à sa mort debout et sans regret, avec une certaine forme d'honneur. Il va même aller jusqu'à proposer aux Athéniens de reposer sur place, son âme les protégeant dorénavant (mais pourquoi fait-il cela alors qu'il voulait les punir d'avoir donné asile aux suppliants ?). Alcmène porte le fardeau d'une vieille grand-mère pourchassée mais devant son ennemi vaincu devient âpre et revancharde, ne voulant plus qu'une chose : qu'il soit réduit en charpie.
Il faut dire qu'Euripide ne perd pas de vue la politique contemporaine. Et si Argos est l'ennemi dans la pièce, elle est l'alliée dans la vie. Sûrement, cela méritait de redonner un peu de grandeur à Eurysthée et de réduire l'aura des Héraclides dont descendent les Spartiates honnis.
C'est peut-être ce qui nuit le plus à la pièce.
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On pourrait ne voir dans cette pièce qu'une reprise moins réussie des Suppliantes d'Eschyle. Mais j'ai été frappé dès le prologue par les paroles du vieil Iolaos, ancien écuyer d'Héraclès, qui pourrait alors porter la parole d'Euripide sur la notion de l'engagement citoyen et qui donne à cette tragédie une dimension politique indéniable. Que serait une cité si chacun suivait son intérêt particulier ? Cette question ne peut pas, immanquablement, ne pas résonner dans la conscience d'un lecteur du XXIe siècle qui, entre le réchauffement climatique, les crises sanitaire ou migratoire et la guerre russo-ukrainienne, est bien obligé de constater que l'individualisme, la "préférence nationale"et le repli sur soi mènent à la catastrophe. Enfin, dans cette pièce, le rôle social des femmes de la Grèce antique est condensé dans le personnage de la jeune Macarie, l'une des enfants d'Héraclès, qui va se sacrifier pour la cause de ses frères et soeurs, mais aussi pour celle de la cité athénienne qui a fait le choix de les accueillir. Les femmes y sont en effet toujours présentées comme les premières victimes des décisions irraisonnées et stupides des hommes. Cela n'a, semble-t-il, pas beaucoup changé ?




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Une pièce très moyenne d'Euripide. Hormis le passage avec Macarie et son sacrifice cette pièce est assez indigeste. La faute en est peut-être en grande partie au sujet qui est mal connu. La tragédie n'arrive pas à nous toucher véritablement. Les personnages restent indistincts et confus.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
(Démophon, fils de Thésée et roi d'Athènes, parle à Iolaos qui demande asile avec les enfants d'Héraclès, pourchassés par Argos)

Il y a trois voies pour une, Iolaos, aux scrupules de conscience qui m’imposent de ne pas rejeter ta demande. D'abord et avant tout Zeus, dont tu occupes l'autel avec cette jeune couvée rassemblée sous ton aile. Puis le lien de parenté et la vieille dette de bienfaisance dont j'ai à m'acquitter envers eux pour l’amour de leur père. Enfin la crainte du déshonneur, qu'il convient d'avoir pour souci majeur. Si je permets que cet autel soit le théâtre d'une rafle exercée par un étranger, mon royaume perdra son renom de terre de liberté, et j'aurai, moi, celui d'avoir livré, par faiblesse de caractère, des suppliants aux Argiens. Il y aurait de quoi me livrer au bourreau.
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(Macarie, fille d'Héraclès, accepte d'être le sacrifice qui, selon l'oracle, donnera la victoire à Athènes)

Si jamais vous obtenez, les dieux aidant, d'être délivrés de vos peines et de rentrer au pays, souvenez-vous que vous devez à celle qui vous aura sauvés les honneurs de la sépulture. Qu'ils soient grandioses : j'y ai droit, car je n'ai pas marchandé à vous donner mon assistance : je suis morte pour l'amour de notre lignée.
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Les Héraclides ,
Le Coryphée ,

J'ai pitié de leur sort en les entendant , ô roi . Jamais comme aujourd'hui je n'ai vu la naissance vaincu par la fortune .
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