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EAN : 9782818042977
528 pages
P.O.L. (17/08/2017)
3.89/5   113 notes
Résumé :
Tilliers, petite ville de France, à la fin des années soixante.Dans la famille Farkas, Claire (la mère) soutient et transmet, Luciane (la fille) se révolte et s'émancipe ; Abraham (le père) écoute et soigne ; Franz (le fils) observe et (s') écrit.Ensemble et séparément, ils vivent et racontent les séquelles de la guerre d'Algérie et les conséquences de mai 68 ; la cause des femmes et les silences des hommes ; l'acné juvénile et les cicatrices du colonialisme ; les m... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Suite des aventures de Franz, avec pas mal de flash-backs sur sa vie et celle de ses proches, et sur les événements dont la maison a été témoin au cours des décennies précédentes. Donc des redites par rapport au premier volet, 'Abraham & fils'.
Nous sommes à la fin des années 60, Franz est au lycée et doit choisir son orientation. Pour certains, il va de soi qu'il sera médecin, comme papa. Mais grand lecteur, il se verrait bien devenir écrivain, lui. Dilemme !

On retrouve dans cette série et cet opus en particulier les thèmes de prédilection de Martin Winckler : cinéma, séries TV, littérature (SF et BD notamment), amour filial/parental et amitié, approches éducative et thérapeutique respectueuses basées sur l'écoute, tolérance, lutte contre les préjugés racistes et homophobes... Et bien sûr : gynécologie, droit des femmes, contraception, avortement.

Le récit est foisonnant, la construction foutraque (on se demande fréquemment qui est le narrateur), on ne voit pas très bien pourquoi tous ces témoignages sont compilés, et la surprise finale n'apporte pas grand chose, mais ça n'en était pas vraiment une pour moi, 'grâce' à un spoil sur Amaz*n, dès les premiers mots d'un billet - merci encore, p***** de b***** de m****... 😒
Le ton est souvent mièvre et les personnages sont trop manichéens - défauts que je n'avais pas constatés dans les autres textes de l'auteur, ou bien que j'ai oubliés.
Un peu trop d'effets de manche aussi pour ménager artificiellement un suspense et nous inciter à poursuivre cette lecture et celle des ouvrages suivants. Ça m'agace d'être tirée par la manche comme ça.

J'ai passé malgré tout de bons moments de lecture parce que Martin Winckler a toujours plein de choses à nous dire pour nous ouvrir l'esprit et il le fait très bien, même s'il dilue trop.
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Cher monsieur Winckler,
Je viens de finir votre roman et encore une fois, toute l'humanité et la générosité qui s'en dégagent m'ont rempli le coeur de bonheur. Que demander de plus à la littérature ? me direz-vous.
J'ai retrouvé avec un immense plaisir les personnages que j'avais rencontrés dans Abraham et fils : Abraham, le père, homme de pure bonté, de pure générosité, magnifique personnage qui porte un regard toujours bienveillant sur le monde, lui dont le souci est de savoir s'il a bien fait, entendez s'il a fait du bien.
J'aime aussi beaucoup sa nouvelle femme Claire qui lui ressemble : elle a les pieds sur terre, est à l'écoute des autres et s'occupe bien de Franz.
Ah, Franz … il a tout pour lui ce garçon mais il ne le sait pas (encore), quel amour ! Tiens, je lui présenterais bien ma fille et je le prendrais volontiers comme gendre (d'ailleurs, monsieur Winckler, il faudra que je vous reparle de tout ça, je veux dire de l'avenir de Franz, ça me préoccupe un peu vos histoires d'Amérique…)
Ah, Franz et ses histoires : on ne s'ennuie pas une seconde avec lui, c'est pour cela que je l'adore, il a toujours quelque chose à raconter, on a l'impression qu'il connaît toutes les histoires, celles de la littérature, du cinéma ou bien celles de la vie, des gens… Et puis, il a tellement d'humour, d'autodérision… (oui, décidément, il conviendrait très bien à ma fille qui adore se marrer...)
Il y a aussi Luciane : elle m'a sidérée, la gamine qui veut vivre sa vie et voler de ses propres ailes… Elle a du caractère, c'est bien, il faut savoir s'affirmer dans l'existence !
Oui, vraiment, je les aime beaucoup, vos personnages, monsieur Winckler (au point d'oublier un peu, parfois, qu'ils n'existent pas en vrai…) Les retrouver un peu tous les soirs (je lis au lit), le temps si court d'un roman, me donne le sentiment de retrouver des amis.
Si vous saviez le plaisir que j'ai eu à retourner dans la rue du/des crocus à Tilliers, de me balader dans la maison-personnage (je la visualise très bien maintenant, j'en connais toutes les pièces, parfaitement meublées par moi-même. Peut-être aviez-vous fait l'effort de les décrire, c'est vrai, c'est votre boulot, mais je suis désolée de vous dire que c'est MOI qui l'ai meublée, à l'aide de MON imagination... Vous pourrez toujours changer les papiers peints, je referai les peintures quand bon me semblera. Déjà que pour les raisons que vous savez, il a fallu remettre à neuf le bureau d'Abraham. Triste épisode. J'ai eu tellement peur pour lui, c'est égoïste mais je n'imagine même pas une seule seconde perdre Abraham. Ça aussi, monsieur Winckler, on en reparlera, si vous le voulez bien, parce qu'il ne faut pas vous imaginer tout puissant ! Et puis quoi encore !)
Les Farkas ont changé depuis le premier volume, les temps aussi (et c'est toute une époque que vous évoquez si justement ici, la France des années 60/70) que vous découpez en cinq parties : de la Préhistoire (présentation des personnages) aux Temps modernes (les projets d'avenir) en passant par Antiquité et Moyen Âge où l'on apprend que notre Abraham devient médecin responsable de la maternité de Tilliers (quelle chance pour les femmes de la région!) et nous découvrons que Soeur Evangéline se lancerait bien avec Claire dans des séances d'éducation à une sexualité sans risques (magnifique Cercle des sorcières!) - nous sommes avant 68… beaucoup de choses restent à faire dans ce domaine, n'est-ce pas ?
Il sera question aussi de la guerre d'Algérie (là-bas et ici puisque dans les deux pays des hommes et des femmes ont beaucoup souffert), de mai 68 : ma grande copine, qui doit avoir à un chouia près votre âge, s'est complètement reconnue dans vos histoires, elle n'a pas cessé de crier en brandissant votre livre : « oui, oui, c'était exactement ça - elle était dans un établissement privé de Nantes - et lorsqu'elle est tombée sur le programme de cinéma des pages 358 à 361, elle a jubilé « oui, nous aussi, du jour au lendemain, on nous a emmenés au cinéma ! » Elle était folle de joie (quand je vous dis que vos textes rendent heureux !) Elle était prête à écrire au ministre de l'Éducation Nationale pour qu'il rende cette liste de films obligatoire…
Et je repense soudain (excusez-moi mais je saute un peu du coq à l'âne, c'est à cause de mon enthousiasme) à la description génialissime du spectacle de fin d'année - et dire qu'il n'aura pas lieu – vous auriez pu faire venir les gens du ministère pendant les grandes vacances, ils n'auraient vu personne et c'eût été parfait !
Mais, dites-moi, monsieur Winckler, où vous allez chercher toutes ces idées ? Votre cerveau est-il un volcan en éruption pour que ça fuse comme ça de tous les côtés ? Car c'est exactement ça, on pourrait développer chaque histoire et l'emmener jusqu'au bout et l'on aurait plein de romans... Cent mille milliards de romans...
Une autre chose me trotte dans la tête - décidément, tout ça est un peu décousu mais c'est la vie, n'est ce pas… Vous parlez de l'acné de Franz - vous auriez pu le faire quand même un peu moins souffrir , monsieur l'auteur, et lui trouver un moyen d'atténuer tout ça (on dit que le mélange miel/cannelle marche très bien, dites-lui d'essayer…), pauvre garçon, juste au moment où il découvre l'amour et toutes les transformations du corps…
Ah Franz, comme il est attachant, c'est vraiment mon chouchou, comme il est drôle, comme il est gentil, dirait ma vieille voisine que j'aime tant ! Quelle chance aura celle qui tombera amoureuse de lui, il faut qu'elle soit bien, monsieur Winckler (c'est pour ça que je vous parlais de ma fille, elle pourrait devenir personnage de roman, je lui poserai la question ce soir, il vaut mieux que je lui en parle avant, ce n'est pas rien de décider de devenir personnage de roman… je vous tiens au courant...), il faut, disais-je une fille à sa hauteur, autrement, je vous le dis tout net : je serais contrariée ! Après tout, les lecteurs ont bien un peu leur mot à dire, non ? Vous aurez la gentillesse de me la présenter avant. Si elle me plaît, feu vert, sinon, vous m'en trouverez une autre ! Non mais, on ne va pas lui donner n'importe qui à cet ange. Déjà que vous lui avez collé une acné monstrueuse (même dans le dos, je n'en reviens pas! Ce n'est plus de l'imagination, c'est du vice!) Je refuse que vous lui mettiez dans les pattes une harpie. Je veux qu'il soit HEUREUX cet enfant !
Voilà monsieur Winckler ce que je souhaitais vous dire avec d'autres choses que j'ai oubliées mais ce n'est pas grave.
Vous savez j'ai commencé votre roman par la fin car je voulais être sûre qu'il y allait y avoir une suite et quand j'ai lu « Franz en Amérique » j'ai été soulagée et j'ai pu commencer tranquillement les premières pages. Je suis d'un naturel anxieux et ces personnages sont comme de la famille maintenant alors, puisque vous êtes un peu Dieu en tant que romancier, je vous envoie ma prière, enfin mes souhaits si vous préférez :
- faites que Franz n'ait plus d'acné DU TOUT (si le mélange miel-citron ne marche pas, essayez en infusion : 5 g de fleurs de violette, 10 g d'écorces de bourdaine, 20 g de feuilles de noyer, 20 g de fleurs de souci, 30 gr de racine de bardane, 30 g de sommité de pensée et 30 g de feuilles et de racines de pissenlit. Il faut mettre 20 g de cette préparation dans un litre d'eau bouillante, laisser infuser dix minutes. En boire une tasse, trois fois par jour après les repas. C'était la recette de ma grand-mère. Elle aurait adoré Franz, vous savez… Alors ? Si elle peut lui être utile...
- Qu'il évite impérativement la bouffe américaine, autrement, la tisane, elle ne sert à rien !
- SVP, SVP : pas de mauvaises rencontres. S'il lui arrive quelque chose, on est loin, enfin… Abraham est loin et … Il aurait pu aller en Angleterre ou en Suisse, non ? Quelle idée de l'envoyer de l'autre côté de l'Atlantique !
- Trouvez-lui des logeurs gentils (ça m'inquiète de le voir débarquer comme ça chez des gens qu'on ne connaît pas). Je vais cet été à New-York, je ne sais pas où vous pensez l'envoyer mais je peux déjà aller voir si le quartier où vous imaginez le parachuter est sympa et pas trop risqué. (Il va réussir à dormir là-bas?) Par contre, si vous optez pour la côte ouest, je ne peux plus rien pour lui…
- Ça serait bien qu'Abraham, Claire et Luciane lui rendent visite, j'ai besoin de les retrouver eux aussi.
- Enfin, (et c'est le plus important), je ne veux EN AUCUN CAS mais EN AUCUN CAS qu'il arrive quelque chose de grave à un membre de la famille Farkas et surtout qu'ils ne meurent JAMAIS. Dé-brouil-lez-vous !!! Il faut que ce soit bien clair entre nous, cher monsieur, je ne suis plus toute jeune maintenant et s'il m'arrivait quelque chose vous en auriez lourd sur la conscience. Et ma fille (future personnage de roman) ne manquerait pas de vous le faire savoir, croyez-moi !
Allez, je vous laisse monsieur Winckler, je vous ai assez embêté comme ça et je vous remercie d'avoir eu la patience de me lire..
Vous êtes une belle personne, monsieur Winckler, et vous écrivez de belles histoires. Vous rendez les gens heureux et vous leur permettez de faire de magnifiques rencontres.
Merci monsieur Winckler.
MERCI.
Prenez bien soin de vous.
PS : ma fille veut bien tenter l'expérience mais elle a un peu la trouille… Faudra que je la rassure… Enfin rien n'est fait !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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On est en plein mai 1968. On retrouve toute la petite famille FARKAS. Chaque membre de la famille est raconté par Franz ainsi que l'âme de la Maison de Tilliers. Franz, Jeune ado, complexé par son acné, continue à observer les uns et les autres, ainsi que lui-même.

Comme pour le premier opus, j'ai aimé cette histoire, qui me rend nostalgique, bien que je sois trop petite à l'époque de mai 68. Mais le contexte, l'ambiance, les questionnements, tout me reporte à ma jeunesse. D'accord, la vie n'était pas facile à l'époque mais il y avait tellement d'espérance, de possibilité. Les gens étaient moins déprimés et savaient profiter du moindre moment de plaisir. Ils étaient beaucoup plus insouciants.

Martin WINCKLER réussit à décrire cette époque avec brio, sans rien cacher des problèmes de l'époque, notamment les rapports avec l'Algérie. Cependant, j'ai trouvé des redites En cela, je rejoins la critique de Canel. Notamment, en ce qui concerne le coma de Franz. Et je trouve Franz un peu trop mature et trop sage. Bien sûr Martin WINCKLER est plein d'humanité envers tous ses personnages et notamment les femmes.

Un bon moment tendre que je vous recommande.
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Le scenario imaginé par Martin Winckler pour raconter les Histoires de Franz est particulièrement original, il faut parvenir à la fin de la lecture pour découvrir qui est cette Alice Asher qui doit assembler les dossiers jaunes et les bleus, parmi lesquels celui que Franz a constitué , mais à quelles fins ?
L'intrigue s'est quelque peu essoufflée ce qui rend la lecture un peu moins captivante mais les personnages attachants sont animés et donnent vie au récit .
Il y a beaucoup d'éléments autobiographiques dans ce roman, comme d'ailleurs le précédent. L'Algérie est prégnante, floue par rapport aux souvenirs de Franz qui ne conserve de ce pays que des bribes éparses, mais on sent la souffrance mordante ressentie par le père Abraham , taiseux sur ce pan de vie, pour tenter , sans succès bien sûr, l'oubli , pour préserver son fils des atrocités vues, subies…
le docteur Marc Zaffran, alias l'écrivain Martin Winckler , s'est longuement préoccupé de la contraception féminine et du sort et du drame des femmes ayant dû assumer trop longtemps des grossesses non désirées . Cet intérêt majeur dans sa carrière médicale est mis en exergue dans ce roman.
Par ailleurs, c'est l'Histoire qui se décline au fil des pages et on retrouve avec plaisir et une certaine nostalgie ce qui faisait le quotidien de cette décennie 60-70 : l'actualité cinématographique, les chansons en vogue, les livres …
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Certains livres sont des cadeaux.
De purs objets de sincérité, de pureté, de spontanéité. Des textes qui font l'effet d'un enchantement, d'un ajout soudain à son existence dont on ne réalise qu'après-coup combien il a toujours été nécessaire.
Les Histoires de Franz est de ceux-là.

Martin Winckler avait déjà su créer une galerie de personnages infiniment précieux et infiniment touchants dans son très réussi Abraham et fils, mais il parvient ici à transformer l'essai avec une justesse à laquelle on n'est tout simplement pas préparé. Abraham et fils pouvait en effet parfois faire preuve d'une certaine lenteur, et était jalonné de passages peut-être plus poussif (mais là, c'est vraiment du chipotage, dans les faits ce roman était déjà fabuleux), mais avec Les Histoires de Franz, on passe à un tout autre niveau.
C'est renversant.

L'auteur est toujours particulièrement doué pour cumuler/alterner/enchaîner les points de vue, et permettre à tous ses personnages et à tous ses narrateurs de se répondre et de se compléter les uns les autres. On a ici les voix d'une administratrice, de Franz lui-même, de son père, de sa belle-mère, de la maison, des voisins, des amis, des inconnus et des camarades d'école. Ces voix sont belles, discrètes, lancinantes, chargées de tous les souvenirs que le jeune garçon distingue sans encore comprendre, toujours ancrées dans une bienveillance inouïe. Il y a des voix d'hommes qui font attention et s'éduquent pour mieux comprendre ce à côté de quoi ils peuvent passer, de femmes qui s'organisent et se soutiennent, d'enfants qui tentent de grandir et d'artistes qui se découvrent. Il y a des voix d'objets, de ceux qui retiennent sans capturer, témoins attendris de l'adolescence de Franz : le miroir dans lequel il contemple l'acné qui le désole, le lit dans lequel il lit plus qu'il ne dort, les murs qui laissent résonner tout un tas d'histoires qui le bercent tout autant qu'elles l'interrogent.

Le roman défile dans un seul et unique souffle, plus encore qu'Abraham et fils, et avec une cohérence de ton et de propos absolument hallucinante. Cette histoire est un cadeau, je le répète, un ensemble si bien pensé et construit qu'on en perd de vue le fait qu'il s'agit d'un récit et qu'on le suit avec tout juste ce qu'il faut de recul pour réaliser sa qualité et son ambition, et la dose de surprise et d'enthousiasme nécessaire pour s'abandonner aux événements décrits, et surtout à la magnifique maturation des personnages. Entre Franz qui cultive sa vocation d'écriture, Abraham qui s'élève au rang de médecin de village aimé et dévoué, Claire qui se lie aux autres femmes autour d'elle et Luciane qui décide de vivre sa vie comme elle l'entendra, sans parler de tous les personnages secondaires infiniment réussis, on peut dire qu'on est servi niveau attachement.

C'est un livre précieux, parce que c'est l'histoire de personnages qui apprennent à être heureux. Je suis la première à aimer les livres glauques, les livres tristes, les livres dramatiques, mais force est d'admettre qu'on a besoin d'histoires comme celle de Franz, de familles qui se (re)construisent, de parents qui apprennent et ne font que rendre leur présence plus douce et plus apaisante pour leurs enfants, d'adolescences un peu solitaires qui finissent par trouver un sens, d'amitiés sublimes qui éclosent sans que rien ni personne n'ait été en capacité de les voir venir, de professeurs passionnés et passionnants qui révèlent des dizaines d'élèves à eux-mêmes. Les Histoires de Franz procure un sentiment inouï de confiance, cette envie d'aller se plonger dans son existence à soi pour mieux en savourer les beautés, et éveille un élan sincère de reconnaissance envers tous et toutes les médecins, professeurs et professeures, pères et mères, écrivaines et écrivains, artistes, amoureux et vivants en général qui ont contribué à rendre le monde un peu plus doux en acceptant de s'écouter et de se porter les uns les autres vers des projets enthousiasmants.

Les mots me manquent pour exprimer combien ce roman m'a rendue heureuse, et combien il a su m'insuffler cette confiance dont je parlais plus haut. Je l'ai lu exactement au bon moment, à un stade de ma vie où j'ai besoin de ça, de projets un peu fous qui fonctionnent, de petites vies en apparence anodines qui parviennent à devenir extraordinaires en prenant tout simplement l'habitude de se construire dans l'honnêteté et l'enthousiasme. C'est peut-être naïf dit comme ça, mais en refermant Les Histoires de Franz, on se sent capable de croire en "un monde meilleur", on n'a même plus envie d'utiliser de guillemets pour en parler, en fait, on veut le construire, ce monde meilleur. On décide qu'il sera là, maintenant, tout de suite, ce monde meilleur. Et on décide d'y faire venir ceux qu'on aime.
Lien : http://mademoisellebouquine...
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Au cours des années soixante, il y avait à Tilliers une demi-douzaine de médecins pour soigner ses douze mille habitants et les quelques milliers qui vivaient alentour. Les praticiens n'étaient pas plus nombreux qu'aujourd'hui, mais ils n'étaient pas surchargés pour autant. Car dans les petites villes de Beauce, on n'allait pas consulter comme ça, à tout bout de champ, pour le premier mal venu. D'abord, tout le monde n'avait pas la sécurité sociale. Certains, qui auraient pu en bénéficier, ne savaient pas comment la demander. D'autres, qui se blessaient au travail, ne savaient pas remplir les papiers. Bref, pour beaucoup de gens, c'était compliqué. 'Parce que, de toute manière, qu'est-ce qu'il va me faire, le médecin ? Un mal de dos, ça tue pas, et faut bien continuer à s'occuper des bêtes !' [...] Pour aller consulter, il fallait une raison sérieuse, quelque chose qui vous rongeait depuis longtemps, qui vous empêchait de travailler ou vous faisait suffisamment peur pour vous faire toquer à sa porte. Quelque chose qui justifiait - dans l'esprit des patients, du moins - de DÉRANGER le Docteur.
[...]
Parfois c'était une boule si monstrueuse sur le ventre ou dans le sein ou sur le côté du cou qu'on avait fait de son mieux pour la cacher tant on avait honte. 'Mais là c'est plus possible vous allez me gronder de pas être venue plus tôt, Docteur, mais ça m'a fait peur'...
(p. 94-95)
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[ fin des 60's - classe de Première D ]
A présent, elle inscrit au tableau les mots 'Reproduction sexuée'. Toutes les têtes se baissent religieusement pour noter.
[...]
- Bon, qui peut me dire à quoi sert la sexualité ?
La classe pouffe et murmure.
- A faire des enfants ! lance une voix.
- Pas seulement, mais oui. Le sexe est la méthode de reproduction de la majorité des êtres vivants y compris des humains. Qui peut me dire COMMENT on fait des enfants ?
- Vous savez pas, alors vous voulez qu'on vous explique, M'dame ? demande la même voix.
Plusieurs garçons éclatent d'un rire tonitruant. L'enseignante s'approche de l'un d'eux.
- Comment t'appelles-tu ?
- Qui, moi ?
- Oui, toi. La prochaine fois, ne mets pas la main devant ta bouche avant de faire le malin. Ça se remarque. Comment t'appelles-tu ?
- J... Jean-Claude Aumont.
- Eh bien, Jean-Claude, toi qui sais si bien comment faire les enfants, sais-tu comment NE PAS en faire ?
Jean-Claude rougit comme une pivoine.
(p. 330-331)
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[ mai 68 ]
Au début, la télévision a montré les affrontements entre les étudiants et les CRS, puis les usines qui fermaient les unes après les autres parce que les ouvriers se mettaient en grève, et puis au bout de trois semaines la télé a fait grève elle aussi et seules les radios privées continuaient à donner des informations. J'ai entendu papa dire que le gouvernement avait interdit à Europe 1 et à RTL de faire circuler les voitures émettrices, et qu'elles n'avaient pas le droit de raconter ce qui se passait, ni même d'aller interroger les gens dans la rue. Les 'événements', fallait surtout pas qu'on en parle.
(p. 295)
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[Il] savait que les 'romans' de Claire étaient inspirés par des histoires réelles, anciennes ou récentes, et qu'elle les lui racontait pour saisir sur son visage ou dans ses commentaires les échos de ses propres sentiments.
(p. 59-60)
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" Tiens ça me fait furieusement penser à une petite phrase de Frantz Fanon. Qu'est-ce-qu'il disait, déjà ? Ah, oui :
Le fait que des colons algériens couchent avec leur petite bonne de quatorze ans ne prouve aucunement l’absence de conflits raciaux en Algérie."
( p386)
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Vidéo de Martin Winckler
"Bienvenue aux éditions P.O.L", un film de Valérie Mréjen. Pour les 40 ans des éditions P.O.L, quelques un(e)s des auteurs et des autrices publié(e)s aux éditions P.O.L écrivent une carte postale et laissent un message aux éditions P.O.L. Avec par ordre d'apparition de la carte postale: Violaine Schwartz, Jean-Paul Hirsch, Lucie Rico, Emmanuel Lascoux, Jacques jouet, Philippe Michard, François Matton, Frédéric Boyer, Catherine Henri, Suzanne Doppelt, Lamia Zadié, Marianne Alphant, Suzanne Duval, Laure Gouraige, Emmanuel Carrère, Jean Rolin, Elisabeth Filhol, Célia Houdart, Nicolas Fargues, Nicolas Bouyssi, Louise Chennevière, Frédérique Berthet, Marie Darrieussecq, Jocelyne Desverchère, Jean Frémon, Kiko Herrero, Julie Wolkenstein, Emmanuelle Bayamack-Tam, Liliane Giraudon, Frédéric Forte, Pierric Bailly, Valère Novarina, Hélène Zimmer, Nicolas Combet, Christian Prigent, Patrice Robin,, Emmanuelle Salasc, Alice Roland, Shane Haddad, Mathieu Bermann, Arthur Dreyfus, legor Gran, Charles Pennequin, Atiq Rahimi, Anne Portugal, Patrick Lapeyre, Caroline Dubois, Ryad Girod, Valérie Mréjen / Dominique Fourcade, Marielle Hubert, Robert Bober, Pierre Patrolin, Olivier Bouillère, Martin Winckler, Jean-Luc Bayard, Anne Parian, Nathalie Azoulai, Julie Douard, Théo Casciani, Paul Fournel, Raymond Bellour, Christine Montalbetti, Francis Tabouret, Ryoko Sekiguchi,
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