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EAN : 9782843045103
521 pages
Zulma (06/05/2010)
4.12/5   38 notes
Résumé :
Voici trois romans, chefs-d’œuvre d’humour noir aux rebondissements rocambolesques. On y retrouve tout l’univers de Pascal Garnier, à la fois tendre et cruel, habité de personnages dont le quotidien dérape pour des aventures qu’on trouve, d’ordinaire, à la page des faits divers. Dans la Place du mort, un homme tranquille se découvre veuf… et trompé. Les Insulaires conte les retrouvailles hasardeuses de deux amants, coupables d’une folie homicide. Et dans Trop près d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
« Les Insulaires et autres romans (noirs) » est un joyau composé de 3 facettes, 3 romans écrits par Pascal Garnier, orfèvre de l'humour noir.
Dans « La place du mort », Fabien se retrouve soudainement veuf : son épouse Sylvie a été retrouvée morte au fond d'un ravin, dans une voiture, aux côtés de son amant. Fabien va alors retrouver l'épouse de l'amant de Sylvie. Une liaison pour le moins risquée où la mort guette, en filigrane…
« Les insulaires » met en scène Olivier, alcoolique en rémission, qui, pour s'en sortir, s'est imaginé vivre sur une île déserte. Sa vie bascule lorsque sa mère âgée décède : un long déplacement le conduit de Nice à Versailles. Parallèlement, une rencontre inopinée l'amène à remonter le temps… jusqu'à sa jeunesse où l'amour a côtoyé la mort…
Dans « Trop près du bord », Eliette, la soixantaine, veuve, s'ennuie terriblement dans sa maison isolée au fin fond de l'Ardèche. Un jour de pluie, sur une petite route tortueuse de montagne, son destin va basculer…

Pascal Garnier sait dépeindre à merveille les espoirs et les errances de l'humanité, avec une plume à la fois tendre et acérée où la poésie affleure, derrière chaque mot. D'ailleurs, il s'essaie à la définir, par la voix d'un de ses personnages :
« Elle avait lu un jour une définition de la poésie : « Deux mots qui se rencontrent pour la première fois. » » (p. 394. « Trop près du bord »)

Il ne se contente pas de la définir, il la met en pratique au fil de ses romans, en témoignent quelques extraits :
« Forlani et les deux blouses blanches échangèrent un regard circonflexe. » (p. 31. « La place du mort »)
« Eliette n'arrivait pas à desserrer les dents. Son coeur battait dans sa poitrine comme un volet mal fermé. » (p. 446. « Trop près du bord »)

Le propos peut souvent paraître glauque, mais l'auteur sait admirablement tourner le pire en dérision :
« Les trois corps portés par des hommes en blanc furent enfournés dans une ambulance qui faillit tomber dans le fossé en démarrant. Ça ressemblait à un de ces nombreux faits divers qui font la une du journal local avant d'envelopper un merlan. » (p. 476. « Trop près du bord »)
Le lecteur rit… jaune…

Pascal Garnier sait aussi dire à merveille « l'illettrisme » de certains coeurs et ses ravages :
« La comtoise sonnait la demie de minuit. Fernand Delorme regardait son fils pleurer depuis près d'une heure, sans interruption, comme un barrage qui cède. (…) Il y avait certainement un mot à dire, le même qui aurait pu retenir Charlotte, qui aurait pu faire de sa vie autre chose qu'une survie, mais il ne l'avait jamais appris. Jusqu'à présent il avait comblé cette carence par un digne silence, mais ce soir, il lui manquait cruellement ce mot, il se sentait illettré du coeur. » (p. 158. « La place du mort »)

Le lecteur ne s'ennuie aucunement au fil de ces 500 pages dans lesquelles l'auteur sait dépeindre l'ambivalence de l'humanité, perpétuellement tiraillée entre deux pôles antagonistes : Eros et Thanatos…
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Dans La place du mort, Fabien apprend brutalement la mort de sa femme. Celle-ci s'est tuée dans un accident de voiture. Mais que faisait-elle en Bourgogne ? Et surtout que faisait-elle... accompagnée d'un homme, mort lui aussi... En plus d'être veuf, il apprend aussi qu'il était trompé ! Comment en savoir plus ? Il décide de faire la connaissance de la femme de l'amant, veuve donc elle aussi...Mais ce qui n'était au départ qu'une curiosité tourne au drame.....


Dans Les insulaires, Olivier va à Versailles enterrer sa mère qu'il ne voyait plus beaucoup. Il y a longtemps qu'il a quitté cette ville. Il a la surprise de découvrir que la voisine de sa mère est une ancienne amie à lui, Jeanne, une ancienne amoureuse même, qui vit toujours avec son frère aveugle, Rodolphe. On comprend qu'un secret lie Olivier et Jeanne, et ce secret, Rodolphe le connait. Le soir un bon repas très arrosé leur permet de fêter leurs retrouvailles en compagnie d'un SDF que Rodolphe a ramené à la maison. Le matin le SDF est retrouvé mort dans la baignoire d'Olivier. Qui l'a tué ? A partir de là, le huis-clos va se transformer en drame et même carrément partir en vrille...


Dans Trop près du bord, Eliette vit seule dans une maison isolée en Ardèche. Elle est veuve et s'est habituée à cette solitude. Pourtant quand elle prend un homme à bord de sa voiture, elle se sent troublée. Qui est cet homme ? Est-ce le même qui a pris la fuite après avoir renversé et tué le fils des voisins ? Et cette fille délurée qui les rejoint, est-ce bien sa fille ? Cette atmopshère lourde va très vite virer au grand-guignol puis au drame...


Je suis habituée aux récits très noirs de Pascal Garnier, mais là j'ai vraiment trouvé que c'était du noir de chez noir ! Pas la moindre lueur d'espoir, les quelques moments heureux sont très vite balayés, les chutes sont irréversibles ! Pourtant ses précédents romans, malgré leur côté sombre, avaient des élans de tendresse. Mais en vérifiant la date du copyright, j'ai vu que ces nouvelles étaient des rééditions et qu'elles faisaient partie de ses premières publications. Son univers s'est donc quand même un peu éclairci avec le temps, disons qu'il est parti du noir ébène pour arriver au noir tout court... ;-)

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Recueil de trois thrillers. Réédité en 2010, après la disparition de leur auteur, ces 3 petits bijoux d'humour noir d'un grand écrivain, malheureusement souvent méconnu du grand public mais aussi des amateurs de polars mettent en scène des gens simples
« La place du mort » nous parle d'un homme qui se découvre trompé en même temps que veuf.
Fabien Delorme perd sa femme dans un accident de voiture et découvre en même temps qu'elle avait un amant, décédé en même temps qu'elle dans l'accident. Fou de douleur, il ressent la nécessité de connaître la femme de cet homme et de lui la prendre, comme il avait pris la sienne.


« Les insulaires » décrit les retrouvailles de deux amants d'enfance coupables d'une folie homicide.
Quatre destins s'entrecroisent à une veille de Noël : Olivier (marié à Odile) sort d'une cure de désintoxication et se rend à Versailles pour l'enterrement de sa mère ; Roland, SDF, vient de perdre son job de Père Noël à la suite d'une bagarre ; Rodolphe, aveugle et cynique, mène la vie dure à sa soeur, Jeanne, avec qui il vit.


Et dans « Trop près du bord », Eliette, une veuve sexagénaire, rencontre un truand tout juste sorti de prison et sa fille incestueuse.
Eliette est veuve et s'ennuie dans sa maison ardéchoise. Ses enfants sont grands, et elle n'a pour amis que ses voisins, un couple de braves gens. Et puis surgit Etienne, comme au détour du chemin... Une voiture en panne, un ou deux mensonges improvisés, la fille d'Etienne entre en scène et plus rien ne tourne vraiment rond.


J'avoue je suis fan de cet auteur dont les romans exploraient l'univers des mals-barrés, des laissés pour contes, des fêlés de la vie. On dit de Pascal Garnier qu'il est un alchimiste des mots. Moi j'aime sa plume à la fois poétique et trempée au noir, très noir. J'aime aussi sin talent pour construire une atmosphère à nul autre pareil qui donne le ton et l'ambiance à chacun de ses romans. du très grand art, de la belle littérature.

Lien : https://collectifpolar.com/
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Le titre est celui de la deuxième nouvelle ou plutôt court roman, l'un d'entre ayant tout de même presque deux cent pages. Dans La place du mort, un homme apprend que sa femme s'est tuée dans un accident de voiture avec un autre homme. Dans Les insulaires, quatre personnages se croisent, et les retrouvailles entre deux d'entre eux vire au macabre. Dans Trop près du bord, une tranquille retraitée dans un paisible village d'Ardèche se trouve entraînée là où elle n'aurait jamais imaginé aller.
Ces histoires sont noires, très noires, et prennent à tous les coups des tournants inattendus mais mortels. Les individus les plus insignifiants comme les plus doués de compassion, pris dans des engrenages ordinaires, sont capables du pire, voilà ce que ces textes de Pascal Garnier nous révèlent. L'image d'animaux, qu'ils soient prédateurs et proies, revient plusieurs fois dans les récits, illustrant ces réactions qui tiennent plus de l'animalité que de l'humanité. Pourtant, l'auteur ne juge jamais les protagonistes, mettant en avant la passion, l'alcoolisme ou la drogue pour expliquer ces comportements condamnables qui les animent. « de drame en drame, on finissait par atteindre un nirvana nébuleux qui ressemblait en tout points à la case départ. »
Quant au style, c'est tout ce que j'aime : concis, sobre, assorti d'images insolites, il file droit vers une fin ténébreuse mais tellement humaine.
Lien : http://lettres-expres.over-b..
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Vous aimez les romans noirs, très noirs comme la plus noire des encres, comme dans vos pires cauchemars, comme l'eau sombre d'un étang dans lequel vous sombrez, comme les plus sinistres de vos pensées. Pascal Garnier décrit avec effroi et brio des vies banales, anodines qui basculent dans l'horreur. Dépressifs s'abstenir !
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Les histoires d'amour finissent mal en géné...
Un index à l'ongle rongé coupe net la chanson des Rita Mitsouko. Ce brusque retour au silence fait mal. Les dix doigts se mettent à tambouriner sur le volant. Un son mat, un rythme monotone. On dirait de la pluie. Les cadrans du tableau de bord les éclairent en vert fluo. Aucune autre lumière à des kilomètres à la ronde. Pas une étoile, à peine un soupçon de clarté, là-bas, derrière les collines, la présence d'une ville lointaine. La main droite quitte le volant, caresse de sa paume le levier de vitesses. Le même geste qu'on fait pour flatter la tête d'un chien, d'un chat, la crosse d'une arme. C'est une bonne voiture, puissante, robuste, grise. Onze heures trente, ils ne devraient plus tarder. À force de fixer l'aiguille des secondes, celle-ci semble s'arrêter. Mais non, elle continue son petit bonhomme de chemin, obstinée ou résignée, comme un âne tournant la meule d'un moulin.
Et puis soudain, rasant la crête de la colline en face, un faisceau de phare, la nuit qui pâlit, qui recule... Contact. La main droite se crispe et enclenche une vitesse. La main gauche empoigne le volant. Le phare droit de la voiture qui dévale le versant opposé de la côte tire nettement vers le bas-côté de la route. Toutes lumières éteintes, la voiture grise se propulse en avant comme une bille de flipper. Ce sont eux : l'heure, le phare bigle. La nuit ferme les yeux.
Dans la forêt un renard vient d'égorger un lapin. Ses oreilles se dressent en entendant le crissement des pneus sur l'asphalte et le bruit de la tôle dans le ravin. Ça ne dure que quelques secondes. Le silence reprend possession des lieux. D'un coup de dents, il éventre le lapin et plonge son museau pointu dans les entrailles fumantes. Partout autour de lui, des milliers d'animaux, des plus grands aux plus petits, s'entre-bouffent ou se grimpent dessus sans autre but que de perpétuer le jeu.
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Mais toutes ces comètes, dont la plupart n’étaient que des satellites russes ou américains, étaient tellement chargées des espoirs minuscules d’une humanité en plein désarroi qu’elles ne laissèrent dans le ciel qu’un avis de passage et la promesse mensongère d’un retour proche à la normale.
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La comtoise sonnait la demie de minuit. Fernand Delorme regardait son fils pleurer depuis près d’une heure, sans interruption, comme un barrage qui cède. (…) Il y avait certainement un mot à dire, le même qui aurait pu retenir Charlotte, qui aurait pu faire de sa vie autre chose qu’une survie, mais il ne l’avait jamais appris. Jusqu’à présent il avait comblé cette carence par un digne silence, mais ce soir, il lui manquait cruellement ce mot, il se sentait illettré du cœur.
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Elle avait l'air d'un fruit mûr dont le sucre est en train de se changer en miel. Il en était de certaines personnes comme de certaines plantes qui ont plusieurs floraisons dans la même saison. D'autres, en revanche, ne porteraient jamais un fruit, à peine écloses, déjà flétries.
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— Gilles t'entends pas comme des grattements de bête dans la cuisine ?
— C'est Casimir. Cette conne a embarqué la cage du hamster sans s'apercevoir qu'il n'était pas dedans. Je l'ai foutu dans le four en attendant. Il bouffe tout.
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