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EAN : 9782363581983
310 pages
Editions Vendémiaire (03/03/2016)
4.88/5   4 notes
Résumé :
Révolution irlandaise ou révolutions irlandaises ? Tout au long de son histoire, cette île derrière une île qu’est l’Irlande s’est toujours rebellée contre ceux qui ont prétendu en être les maîtres. Ce que les manuels ont retenu comme étant la Révolution irlandaise, entamée à Pâques 1916 et achevée avec l’obtention de l’indépendance pour la partie sud de l’île en 1922, a en effet été précédé par sept cent cinquante ans de révoltes et de révolutions et suivi par de n... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
J'ai découvert ce titre lors d'une des dernières opérations Masse Critique de Babelio ; évidemment, je l'ai sélectionné et par chance, il est arrivé dans ma boîte aux lettres quelques semaines plus tard.
Aujourd'hui, j'ai envie de lancer un grand merci aux éditions Vendémiaire et aux organisateurs de Babelio pour cette belle lecture, très enrichissante et souvent émouvante. Et évidemment, également un grand merci et un grand bravo à Jean-Luc Cattacin pour son travail de recherche et de rédaction… une très belle réussite !

Sur près de 300 pages, Jean-Luc Cattacin revient sur les nombreuses révolutions qu'a connues l'Irlande ces derniers siècles, en prenant les Pâques Sanglantes d'avril 1916 comme point de départ à sa réflexion.
Cette année 2016, l'Irlande a fêté le centenaire de la révolution qui a mené à l'obtention de l'indépendance de l'île (le Sud). Date marquante et tracée à l'encre indélébile dans l'esprit des irlandais, les noms de James Connolly et Patrick Pearse ont traversé les décennies et font partie des figures majeures de la révolution irlandaise, rendus martyrs par l'armée britannique, aujourd'hui encore fêtés par tout un peuple.

Il est cependant intéressant de constater que la rébellion irlandaise n'est pas née en 1916 mais qu'elle fait partie de l'île depuis des siècles et que, sous des bannières différentes (associations ou partis politiques), les habitants des lieux ont toujours plus ou moins combattu l'envahisseur anglais.
Jean-Luc Cattacin remonte les siècles, aux origines du peuplement de l'Irlande et nous montre avec force détails, que le conflit n'est pas aussi simple que les livres d'histoire tendent parfois à le présenter. Il ne se résume pas au simpliste « protestants unionistes versus catholiques républicains » et a connu bien des visages ces huit cent dernières années. Il est d'ailleurs « amusant » de découvrir que la plupart des têtes de file rebelles, en faveur de la réunification de l'Irlande, étaient fils de protestants au Nord du pays et que, certains irlandais du Nord d'origine anglo-écossaises, tentaient de préserver l'essence irlandaise, devenant ainsi « plus irlandais que les irlandais ». Impossible alors de qualifier un camp de « gentil », l'autre de « méchant » ; le conflit ne fut jamais si manichéen.

Cela dit, plusieurs historiens contemporains, spécialistes de la question irlandaise, s'accordent à dire que les choix britanniques, notamment pour gérer la famine du milieu du XIXe siècle, n'étaient pas les plus judicieux. En 1997, Tony Blair lui-même, alors premier ministre, reconnaissait lors d'excuses publiques que « ceux qui gouvernaient à Londres à cette époque ont manqué à leur devoir envers le peuple en n'intervenant pas, alors que la destruction des récoltes aboutissait à une terrible tragédie humaine« .
Malgré tout, malgré le sort s'acharnant, malgré les brimades et les répliques sanglantes de l'armée britannique, les irlandais ont tenu bon. D'ailleurs, au grand dam des anglais, le nationalisme irlandais s'est nourri de ces difficultés et de ces drames, développant petit à petit son essence et son image auprès du peuple. En 1916 par exemple, la population (notamment à Dublin) ne soutenait pas les rebelles et leur proclamation de la République, beaucoup d'habitants sont d'ailleurs venus en aide aux soldats anglais blessés lors des répliques armées. Mais l'Angleterre a commis l'erreur de faire exécuter les 7 rebelles principaux à peine quelques jours après ces Pâques sanglantes (entre le 3 et le 12 mai), après des procès expédiés à la va-vite, fusillant même l'un d'eux (James Connolly) assis sur une chaise, blessé et incapable de se tenir debout pour son exécution. Dès lors, les rebelles devinrent des martyrs pour la cause nationaliste et le peuple se rangea derrière eux.

C'est avec beaucoup d'émotion et presque de la fierté que j'ai parcouru ces quelques 300 pages, émue et fière de ce peuple irlandais qui, malgré les difficultés et les drames les ayant atteints (la grande famine du milieu du XIXe siècle a divisé la population par deux, si l'on compte l'émigration massive vers les Etats-Unis, par exemple), ont toujours su relever la tête, avancer… et même parfois pardonner !
Aujourd'hui, après des siècles de conflits, après des décennies de violences et d'attentats meurtriers (plus de 3500 personnes – beaucoup de civils – sont mortes au XXe siècle), c'est le dialogue qui prime. le Sinn Féin, la branche politique « pacifique » de l'IRA provisoire a obtenu les accords de paix du Vendredi Saint et le dépôt des armes (entre 1998 et 2005). La tension est toujours palpable dans certains quartiers de Belfast (quelques groupes dissidents extrémistes continus la lutte armée) mais la réunification des deux Irlande n'a jamais été si proche !

Il y a beaucoup à dire et à apprendre sur l'histoire (politique) de l'Irlande. Jean-Luc Cattacin nous propose ici un essai certes dense mais qui reste abordable, même pour les novices de la question. J'avoue m'être parfois un peu perdue dans tous les partis politiques qui ont eu tendance à se subdiviser au fil des années, tous les membres n'ayant plus la même ligne de conduite ; les noms se multiplient donc, mais l'idée générale reste assez présente dans notre esprit, il ne s'agit pas de retenir chaque détail. L'auteur nous prouve la complexité du conflit, intimement lié à la politique du pays, qui va bien au delà d'une simple question de religion ou de territoire.
J'ai appris beaucoup de choses (les révoltes paysannes notamment grâce à la participation des sociétés secrètes telles que les Whiteboys m'étaient totalement inconnues et m'ont passionnée !) et j'ai été très émue en retrouvant d'autres éléments que je connaissais déjà grâce à de précédentes lectures…
A noter une carte du pays (avec les subdivisions des comtés) et une bibliographie en fin d'ouvrage, de quoi prolonger la découverte. J'ai déjà noté quelques titres à me procurer absolument !

Que dire d'autre qu'un grand merci à Monsieur Cattacin. Merci d'avoir écrit sur ce pays, petit par la superficie mais immense par le courage des hommes et femmes qui y ont vécu (vivent) et se sont battus (se battent) pour lui !
Lien : http://bazardelalitterature...
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L'auteur, titulaire d'un DEA de civilisation irlandaise, axe ses travaux sur l'Irlande politique, notamment sur celle des années 1920. C'est donc tout naturellement que son livre commence par l'évènement qui marqua vraiment le début de la libération de l'Irlande de la tutelle de la Grande-Bretagne : l'insurrection de Pâques 1916. Ce soulèvement d'une minorité de révolutionnaires irlandais est maté dans le sang par l'armée anglaise en l'espace d'une semaine et la répression, disproportionnée et féroce, qui s'abat sur la population est à l'origine du sursaut national qui permet la création de l'état libre d'Irlande en 1922.

Cette révolution, car il s'agit bien d'une révolution, n'est en fait que le fruit d'autres révolutions qui émaillèrent cruellement l'histoire de ce pays d'Europe coincé derrière la Grande-Bretagne. Après l'assimilation de ses premiers envahisseurs tels les Vikings, les clans irlandais sont confrontés à un ennemi beaucoup plus puissant, les Anglais qui prennent possession de l'île et y restent pendant près de 750 ans sans se fondre dans la population d'origine. La résistance à l'envahisseur n'est cependant pas le fait d'un peuple uni dans le danger, mais plutôt le fait de certains clans, pas toujours les mêmes, qui luttent en vain à certains moments de leur histoire pour libérer leur pays. Par ailleurs, la religion tient une place importante durant tout la période, les Irlandais étant de fervents catholiques, alors que les Anglais sont anglicans ou protestants. Dans cette deuxième partie que l'auteur intitule Sept cent cinquante ans de lutte, il démontre que la révolution est apparue dès l'occupation anglaise et qu'elle est toujours présente ou sous-jacente jusqu'à la reconnaissance de l'indépendance de l'Irlande par la Grande-Bretagne. Si la lecture en est parfois ardue, à cause du foisonnement de faits que l'auteur doit résumer au mieux, c'est toute l'histoire de l'Irlande qui se déroule au fil des pages. On se rend ainsi compte du désespoir des Irlandais sous l'occupation anglaise. Je voudrais citer ici les propos de Gustave de Beaumont, homme politique français qui voyagea en Irlande en 1837, car ils traduisent toute la détresse d'un peuple : « J'ai vu l'indien dans ses forêts et le nègre dans ses fers, et j'ai cru, en contemplant leur condition digne de pitié, que je voyais le dernier terme de la misère humaine : je ne connaissais point alors le sort de la pauvre Irlande. »

La dernière partie du livre fait suite à la première et relate les évènements qui, depuis la création de l'état libre d'Irlande en 1922, constituent l'histoire contemporaine de ce pays : guerre civile, difficultés économiques et sociales de la première décennie du nouvel état, cas de l'Irlande du Nord avec la montée de la violence des années soixante à la fin des années quatre-vingt-dix. Dans cette partie de l'Irlande rattachée à la Grande-Bretagne, l'entente entre les communautés religieuses est maintenant faite, mais la paix semble toujours précaire même si la situation s'améliore d'année en année. Quant à la réunion des deux Irlande, l'auteur se demande si elle se fera un jour et dans l'affirmative, dans quelles conditions elle se fera.

En résumé, pour tous ceux qui s'intéressent à l'histoire, somme toute tragique, de l'Irlande, ce livre est à conseiller, car malgré son titre et son sous-titre, l'auteur nous propose une histoire de l'Irlande, depuis les temps les plus reculés jusqu'à aujourd'hui, avec en fil rouge ce mouvement révolutionnaire qui permit à ce pays de retrouver son indépendance. S'il est parfois difficile à lire, cet ouvrage est le fruit d'une parfaite connaissance de l'histoire politique de l'Irlande et de ses soubresauts contemporains.
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Avant toute chose un grand merci à Babelio et à la maison d'édition Vendémiaire, qui a même eu la délicatesse de glisser un petit mot et un catalogue avec cet exemplaire des « Libérateurs de l'Irlande, huit siècles de lutte » de Jean Luc Cattacin.
Cet ouvrage historique a pour but d'éclairer le lecteur sur les événements qui se sont produits en Irlande depuis le Moyen Age jusqu'à nos jours, tout en expliquant les faits sociaux et culturels d'un pays que nous autres, contemporains, ne connaissons pour la plupart qu'à travers les faits divers violents, le terrorisme et les pourparlers de paix qui progressent à pas lents… Comment en est-on arrivé là ? Voilà justement la question à laquelle tente de répondre ce livre.
L'ouvrage se découpe en trois grandes parties : la première axée sur la fondation d'un Etat irlandais moderne, la seconde sur tous les événements précédents ceux de la première partie et enfin la troisième reprenant le fil historique du début du XXe siècle jusqu'à nos jours. Ainsi donc la démonstration n'est pas purement chronologique, l'auteur ayant visiblement choisi de mettre en inclusion au milieu de la progression moderne tous les faits antérieurs qui expliquent et auront pour conséquence les faits qu'il avait commencés à aborder. Il est également à noter l'effort pour rester purement objectif, même si les événements rapportés ont tendance à faire lourdement pencher la balance d'un côté et à créer un certain malaise, voire un sentiment d'injustice qui fait qu'il peut se révéler difficile de ne pas prendre parti et de voir du même oeil un royaume qui n'a pas toujours fait preuve de grande compassion ou d'humanité…
Pour ce qui est du style, ce dernier donne une lecture aisée et même agréable, au phrasé plutôt harmonieux et équilibré, ce qui est suffisamment rare dans ce type d'ouvrage pour le signaler. Il n'y a rien de pompeux, ni d'artificiel ou d'édulcoré. Le propos est direct et le vocabulaire courant. du coup, lorsqu'on commence à lire, on a du mal à lâcher l'ouvrage. le seul bémol pour ma part serait les notes situées en fin d'ouvrage et qui oblige sans cesse à la manipulation. Ma préférence aurait été pour des notes en bas de page, surtout que celles-ci ne sont pas longues, mais bien évidemment, il ne s'agit que d'un ressenti personnel.
Le propos en lui-même est clair et les événements, par nature délicats à déchiffrer du fait de leur imbrication avec des réalités culturelles, religieuses et sociales, parfaitement expliqués. du coup, tout semble s'enchaîner avec une logique imparable et chaque étape n'est qu'un degré de plus dans une violence sociale et identitaire qui ne pouvait qu'aboutir aux événements du XXe siècle… Les références sont d'ailleurs précises, qu'ils s'agissent des noms, dates, voire parfois du nombre malheureux de victimes. Il est également intéressant de noter les nombreuses citations des grands chefs d'Etat des deux camps lors des sessions parlementaires, des discours ou de la tenue du « Dáil »…
Cet ouvrage est donc solide et sérieux, à mon sens, et m'a permis de replonger dans l'Histoire irlandaise sans le côté rébarbatif des catalogues de dates détachées de leur contexte. L'écriture fluide et très abordable permet une lecture sans anicroche et plaisante sur un sujet de base pourtant spécifique et pouvant même paraître rébarbatif et compliqué. de plus, la bibliographie donnée à la fin de l'ouvrage permet au lecteur, s'il le souhaite, d'approfondir le sujet avec des ouvrages de référence. A mon sens, ce livre est donc excellent pour mettre le pied à l'étrier de tous les curieux qui aimeraient étudier de plus près l'Histoire irlandaise.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
On a peine à imaginer aujourd’hui comment, au cœur d’une Europe qui non seulement se pacifie mais se construit aussi politiquement, un territoire à peine plus grand que l’île de France a pu être le théâtre d’un tel déferlement d’attentats et de mitraillages, d’assassinats et de représailles, de détentions sans procès ou de procès truqués, de morts par grève de la faim, de trahisons, d’enlèvements, d’exécutions sommaires et de lynchages. Des milliers de personnes mourront : militaires, paramilitaires, politiciens et civils innocents. Des dizaines de milliers d’autres seront blessées, mutilées, traumatisées ou perdront un ou plusieurs de leurs proches. Hommes, femmes, enfants, tués par l’armée, la police, les paramilitaires du camp opposé ou de leur propre camp, seront les victimes de ces bien nommés Troubles.
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(…) la société irlandaise a prouvé, des Vikings aux Anglo-normands, sa capacité à assimiler ses envahisseurs, à les faire siens, au point qu nombre des résistants descendent en fait de conquérants plus anciens.
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