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EAN : 9782869599673
176 pages
Arléa (02/02/2012)
4.29/5   7 notes
Résumé :
Les Lieux et la poussière est un essai en douze chapitres sur la beauté et la fragilité. La beauté de notre monde périssable, la fragilité des choses et des vies, la nostalgie qui habite les objets et les lieux.

Roberto Peregalli voit les façades des maisons comme des visages. Il regarde le blanc, le verre, ou la lumière des temples, des cathédrales, de la pyramide du Louvre. Il dénonce l’effroi provoqué par le gigantisme et l’inadaptation de l’archit... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Emprunté à la bibliothèque - 12 janvier 2024

Un essai captivant découvert grâce à un commentaire positif d'une auteure très appréciée, Gisèle BIENNE, qui mettait en avant cet ouvrage.Je l'en remercie très fort; les sujets m'étant, en plus, sensibles, je me suis précipitée dans la base du catalogue de la médiathèque et j'ai eu l'heureuse surprise de l'y trouver !!

Douze chapitres sur la beauté et la fragilité. La beauté de notre monde et ses imperfections :

1. Les Façades
2. Les Vitres
3. Le Blanc
4. La Lumière
5. le Gigantesque
6.Les Ruines
7. Les Reconstructions
8. La Patine
9. L'Ornement
10. Les Musées
11. La Mimesi (* Imitation)

Roberto Peregalli compare les façades des maisons à des visages. Il analyse le blanc, le verre,les vitrines , la restauration ou la reconstruction de bâtiments anciens....Pour lui on les veut toujours trop neufs , trop lisses sans la patine cette marque du temps qui ajoute le vrai charme aux lieux et aux architectures....il déplore le gigantisme, la folie moderne pour des Musées devenus de " Édifices- sculptures " que l'on vient découvrir au détriment de leur " contenu", devenant secondaire , etc. !

Roberto Peregalli nous rappelle à notre condition de mortel; tout en soulignant que justement " La Beauté " des choses, des lieux, des oeuvres humaines tiennent avant tout à leur(s) imperfections, à leur fragilité.
L'auteur, souvent , à juste titre fustige les abus de la technologie, du " modernisme " à tout crin (*** parfois, un peu trop systématiquement, à mon humble avis!?)

L'ensemble de ces essais reste très argumenté et convaincant, nous faisant réfléchir à notre façon de
" REGARDER " ce qui nous entoure, et interroge très efficacement nos critères quant à ce qui nous paraît ou non " Beau" ?

Ouvrage vraiment captivant, accompagné de nombreux clichés en noir et blanc, ainsi qu'une bibliographie augmentée d'une filmographie....achevant ce texte.

Un ouvrage pour de multiples lecteurs; en priorité pour tous les passionnés d'architecture, d'Art, de Patrimoine...s'interrogeant sur le temps qui passe, sur la protection délicate de nos réalisations architecturales et artistiques...sur les fonctions mémorielles de nos musées ....plutôt que de valoriser leur propre prestige architectural, relayant leur contenu à l'arrière-plan !

Pour ma part, mon attention s'est nourrie de chaque thématique, avec une très forte préférence pour le chapitre des " Ruines" lié à ma fascination , depuis "gamine", pour les lieux, les maisons, les fours à pain, les lavoirs, toutes les vieilles pierres délaissées qui nous racontent tant d' histoires, et enflamment nos imaginations, pour notre plus grand bonheur !

"Les Ruines

Il existe dans les villes, les pays, les campagnes, des " ruines" modestes, pas nécessairement imposantes. de petites fermes abandonnées, un mur sans ouvertures, une usine oubliée sur un terrain vague, une vieille cheminée branlante, une route qui ne finit pas, des églises, des mausolées, des tumulus abandonnés à leur destin, traversés par le temps .Des lieux qui en apparence ne disent rien de plus que leur solitude et dont les raisons d'être ne sont plus lisibles dans les plis de l'architecture. (...)
Cette fragilité est leur force. Elles nous fascinent parce qu'elles nous ressemblent.Elles ressemblent à notre être éphémère , à notre normalité, à la soif de nos instants de bonheur."



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Ayant lu, il y a peu, un petit livre intitulé ”Éloge spirituel de l'imperfection”, le sous-titre de ce livre : ”Sur la beauté de l'imperfection” a évidemment attiré mon attention. Si le premier ouvrage traite de l'imperfection humaine, celui-ci s'attache davantage à celle des lieux, des bâtiments et des objets.
L'imperfection est inhérente à la condition humaine et à ce que l'homme crée ou construit. Et si l'usure du Temps fait son oeuvre, les rides humaines tout comme les fissures ou la poussière qui recouvrent les choses, loin d'enlaidir, donnent expression et charme. Il faut ”avoir du respect pour le temps, pour la poussière qui recouvre les choses, pour la vie qui passe”. du respect, Roberto Peregalli en a infiniment et la nostalgie qui recouvre chaque page du livre donne sens au bienfait du passé.
Les photos en noir et blanc contribuent au regard nostalgique et apportent à chaque page une justification aux propos tenus sur la beauté imparfaite des lieux, des bâtiments, des objets. ”Une imperfection engendrée par la vie qui les a éprouvés, usés, transformés, en les aimant ou en les détestant, mais en en faisant, dans tous les cas, le théâtre de ses exploits”.
Les imperfections, les ombres, la poussière, la lumière donnent du relief et du caractère, rendent vivants les lieux, les objets, et reflètent leur âme. Mais notre époque tend à les supprimer, les gommer, les effacer. ”Plus de poussière, plus de patine, plus d'ombre. Adieu à la chair dont nous sommes faits. Tout est aseptisé. En supprimant la mortalité de la vie, le lieu meurt éternellement”.
En tant que philosophe et architecte, Roberto Peregalli expose, explique, rappelle des évidences, souligne ce qui doit rester essentiel. Sa pensée et son plaidoyer sont séduisants et rejoignent des convictions profondes. Son ouvrage est enrichissant, surprenant, il va à l'encontre de notre monde aseptisé, uniformisé, ce monde pourtant imparfait qui rejette sans ménagement l'imperfection. Un vrai plaisir de lecture, un livre qui alerte utilement et affine le regard.
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Explorer les ruines, les examiner et les considérer sous un regard neuf voilà le travail auquel s'est livré le philosophe italien – remarquablement traduit par Anne Bourguignon Roberto Peregalli dans ce remarquable petit ouvrage au titre évocateur “Les lieux et la poussière”. L'auteur dans ses déambulations au coeur des ruines souligne, par sa démarche même, la fragilité du monde dans lequel nous vivons. Les ruines – le philosophe ne s'intéresse pas dans cet essai aux ruines archéologiques – soulignent ces accidents, qui s'inscrivent dans le long processus de vie des bâtiments construits par l'homme, et qui finiront inéluctablement par vieillir et dépérir.
Robert Peregalli veut par son travail, accompagné de nombreuses photos en noir et blanc, montrer la fragilité même de la vie que notre société tente constamment d'exorciser sous des lumières violentes et des surfaces pâles et ternes. “Le déclin est constitutif de l'être. Tout décline, se corrompt, se défait. Mais ce déclin est un fragment de notre être. Une lumière intermittente à cause d'une ampoule capricieuse, un phare qui reste éteint peut donner un charme poétique à des lieux qui d'ordinaire sont inhospitaliers.” La ruine replace les rêves des mortels à leur juste condition, en particulier ceux des architectes qui cherchent constamment à faire plus grand, plus haut, plus long dans ce qui finit par tourner à une forme de pornographie au service du pouvoir. Leurs créations manifestent l'hybris humain, celui d'une volonté de puissance inconditionnée.
le philosophe, dans un texte d'une grande densité, pointe aussi la peur du vide combattue par une mécanique du remplissage. “ On veut remplir chaque espace disponible. A peine voit-on un terrain en friche , un pré avec des arbres qui ont poussé sans l'intervention de l'homme, qu'on veut aussitôt arracher, déplacer, détruire pour y construire des édifices sans forme, ni règle, ni harmonie, l'acharnement contre les constructions du passé, sans défense, abandonnées engendre des monstres.” La critique est sévère, parfois implacable et elle propose un état des lieux qui réintroduit l'intime dans les terrains vagues, les friches, les ruines. de Tanger à Kyoto en passant par Paris et Milan, Roberto Peregalli nous propose une méditation sur le destin de ces lieux enveloppés de quiétude et de silence et qui renvoie implacablement à notre propre déclin immergé lui dans le bruit assourdissant de ceux qui ne veulent rien entendre de la vérité du monde.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)


Lien : http://www.culture-chronique..
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Les Reconstructions

En regardant la Sagrada Familia de Gaudi, architecte singulier qui est entré et sorti de scène comme par hasard, finissant sous un tram un matin de 1926, on avait, jusqu'à ces dernières années, l'impression de se trouver face à un temple inachevé, peut-être la dernière oeuvre sacrée et digne d'intérêt de notre époque; sur une place résidentielle de Barcelone, il se découpait sur le ciel, comme un château de sable un peu effondré, avec le charme mystérieux de ses flèches fragmentées, un San Galgano devenu fou.
Ce monument est aujourd'hui dans sa dernière phase d'achèvement. Et sa magie profonde alors disparaîtra; Il deviendra un objet gigantesque, chacune des parties sera achevée, mais sans âme. Il est vrai que Gaudi l'avait conçu fini. Cependant, le fait qu'il soit mort avant d'être allé au bout de son projet, ce qui a préservé pendant tant d'années une lumière mystérieuse émanant précisément de cet inachèvement, et même cette mort si étrange, est un signe du destin de l'oeuvre.Et c'est cela qu'il faut préserver.

(p. 102)
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Les Ruines

Il existe dans les villes, les pays, les campagnes, des " ruines" modestes, pas nécessairement imposantes. De petites fermes abandonnées, un mur sans ouvertures, une usine oubliée sur un terrain vague, une vieille cheminée branlante, une route qui ne finit pas, des églises, des mausolées, des tumulus abandonnés à leur destin, traversés par le temps .Des lieux qui en apparence ne disent rien de plus que leur solitude et dont les raisons d'être ne sont plus lisibles dans les plis de l'architecture. (...)
Cette fragilité est leur force. Elles nous fascinent parce qu'elles nous ressemblent.Elles ressemblent à notre être éphémère , à notre normalité, à la soif de nos instants de bonheur.

( p.89-91)
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"Notre époque ne tolère pas la fragilité de la vie, la beauté qui ne repose sur rien. On songe à l'Istanbul de Pamuk, ses palais fascinants et vétustes, la majesté du passé qui se dévoile dans l'enchantement du temps. La beauté qui s'incarne dans le pauvre vieillissement des choses. Les rues, avec l'odeur de la mer traversant les maisons, la superposition de différents styles qui subissent la dégradation du temps avec noblesse, le mystère de ces lieux qui n'ont pas de noms, mais qui dans la quiétude de leurs lignes font affleurer les souvenirs, les halls, les escaliers, l'odeur du temps et de la vie, les saisons, les générations. Tout passe; reste l'empreinte, le signe.

Partout sur la planète, on démolit et on reconstruit sans cesse. Nous ne laissons rien en paix. Nous voulons intervenir sur les lieux comme sur les personnes, les coloniser, en réduire le sens à une stratégie de bien être éphémère. Nous reconstruisons au nom d'une morale qui veut ôter le voile de l'apparence, ignorant que derrière, peut-être, ne reste que le néant."
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Les vitres

S'il est vrai, comme le disent les anciens, que les yeux sont les fenêtres de l'âme, les fenêtres sont le regard d'une maison. Elles sont la fine membrane qui relie et sépare l'intérieur de l'extérieur, elles nous protègent du dehors tout en nous laissant voir ce qui s'y passe, le cours des saisons, les variations du climat, l'alternance du jour et de la nuit.

(p. 29)
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La splendeur de l'instant, son aveuglante révélation, en affirme le caractère éphémère. Le temps corrode la vie et l'exalte. En même temps que la connaissance et le désir, naît l'amour pour la fragilité de l'existence. [...]
Le temps est notre. Nous sommes pétris de temps. Nous sommes le temps. [...]
Nous voyons une chose, et déjà elle n'est plus. Là réside sa suprême beauté. Un rayon de soleil qui illumine la colonne d'un temple à Sélinonte, le dernier, alors que le soir descend doucement, le regard de celui qui t'aime, saisi dans son étonnement, le reflet dans une flaque des lignes d'une maison, juste avant que la pluie ne reprenne et n'en trouble la surface. Ce sont des instants fugitifs. Ils ne reviendront plus. Mais ils continuent cependant à remplir notre existence. Dans notre mémoire, la lumière de ce moment rayonne au-dessus de nous. Le temps, par vagues, nous la restitue, tel le ressac des grandes marées d'hiver sur les galets.
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