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Gwennaël Gaffric (Traducteur)
EAN : 9782330171964
688 pages
Actes Sud (12/10/2022)
4.06/5   31 notes
Résumé :
Porte-étendard incontesté de la science-fiction chinoise, Liu Cixin apparaît dans ses textes courts (nouvelles et novellas) comme un maître de la dramaturgie cosmique en même temps qu’un écrivain profondément humaniste. Qu’il mette en scène l'invention d'une matière néosolide qui permet de creuser la Terre de part en part, une petite fille qui n'aime rien tant que les bulles de savon et fera de sa passion le salut de l'humanité, ou un alpiniste qui gravit des montag... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Quelques mois après la publication du premier volume des nouvelles complètes de Liu Cixin, Actes Sud nous offre une belle idée de cadeau pour Noël : Les migrants du temps, deuxième recueil composé de dix-sept nouvelles aux proportions cosmiques. Si L'Équateur d'Einstein ouvrait déjà une fenêtre attirante sur l'oeuvre de l'écrivain chinois, ce nouveau livre convainc totalement de l'intérêt de lire Liu Cixin.

L'un des points le plus traité dans ces nouvelles, c'est le rapport de l'homme au vieillissement. Il peut se retrouver au centre des nouvelles, comme dans « 1er avril 2018» ou « le Cercle». Ou simplement être inséré dans la toile de fond : les personnages peuvent profiter d'un traitement qui leur permet de vivre plus vieux. Ou ils peuvent bénéficier d'une congélation qui leur offre la chance de patienter jusqu'à une époque où leur maladie sera guérissable, où la Terre se portera mieux. Voire, comme dans la nouvelle éponyme, de « stocker » une partie de la population devenue trop importante pour que la planète puisse en supporter la charge. le rapport de l'homme au temps est bien central dans ce livre. Comme l'indique d'ailleurs le titre de la nouvelle qui a été choisi pour nommer ce recueil : « Les migrants du temps ». Mais, à la différence des personnages de L'anachronopète, d'Enrique Gaspar (chronique à suivre), sans doute le premier récit de voyage dans le temps (puisqu'il date de 1887), Liu Cixin n'est pas très curieux de retour dans le passé, d'exploration des territoires et des peuples anciens. Il vise plutôt l'avenir. Et, souvent, l'avenir lointain, qui se compte en centaines, voire milliers d'années.

On avait déjà pu découvrir dans le premier recueil paru chez Actes Sud, L'Équateur d'Einstein, l'intérêt que l'auteur chinois porte à l'art en général (qu'il s'agisse de sculpture, comme dans « La mer des rêves » ou de musique comme dans « L'Hymne à la joie », présente dans ce nouveau recueil). Pour lui, ce mode de communication est universel, puisque l'on rencontre dans plusieurs de ses récits des représentants (souvent solitaires, comme les artistes anciens qui voyageaient de province en province) de races extraterrestres qui viennent partager leur talent. Mais attention, on est dans la démesure : l'instrument n'est pas un outil de taille humaine, mais un soleil ou une planète. le public n'est pas les centaines ou les milliers de personnes contenus dans une salle de spectacle, mais l'univers. L'art est total et ses conséquences peuvent être énormes.

Plus homogène, à mon avis, que le premier volume, Les Migrants du temps offre un panorama réussi de la pensée de Liu Cixin et de ses préoccupations, qu'elles soient cosmiques ou plus terrestres, mais toujours grandioses. La tonalité est souvent sombre et pessimiste, mais une once d'espoir apparaît derrière le constat d'une humanité incapable de gérer correctement sa planète et ses ressources. Que ce soit seuls ou aidés d'extraterrestres, les habitants de la Terre savent déployer d'immenses capacités pour, au moins, tenter de s'offrir un avenir. Et c'est déjà bien.

[Si vous voulez des détails sur chaque nouvelle, vous pouvez aller sur mon blog, car cela aurait fait trop long sur cette page.]
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
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Nouvelles de Liu Cixin suite et fin.

Je termine ma lecture des nouvelles de Liu Cixin avec cette seconde et dernière anthologie. Autant je le trouve brillant pour ce qui est du raisonnement et de la vulgarisation scientifique, autant je trouve toujours qu'il apporte trop peu de soin aux personnages et à son style. Je me concentrerai sur les nouvelles qui m'ont marqué.

La Gloire et le Rêve: Dans un pays en guerre, les athlètes de haut niveau sont emmenés faire une compétition d'un genre particulier. Une excellente nouvelle qui part d'un constat cruel et qui se finit avec une morale cruelle.

Les bulles de Yuanyuan: Une jeune femme fascinée par les bulles en fait son domaine d'étude. Très belle nouvelle qui montre une relation père-fille très touchante.

Prendre soin des Dieux: Les créateurs de l'humanité sont désormais nourris par ces derniers. Nouvelle intéressante où les perspectives sont inversées.

1er avril 2018: Et si votre moi du futur vous contactait pour essayer de le changer, que feriez-vous ? Une nouvelle qui montre l'impact de nos choix.

Les Migrants du temps: Face à la surpopulation, une partie de l'humanité se voit contrainte d'entrer en biostase pour 130 ans. Excellente nouvelle sur un concept fascinant.

Le Cercle: Chine antique. Un roi décide de créer une machine à calculer géante pour calculer toutes les variables du cercle. Très bonne nouvelle avec une excellente conclusion.

En somme, à nouveau un bon moment de lecture. Je vais désormais continuer la trilogie du Problème à trois corps.
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« Le miroir prit la parole :
― Voici ma harpe. Je suis un pinceur d'étoiles, et je vais à présent jouer du soleil ! »

J'ai découvert Liu Cixin avec le premier volume de cette intégrale de nouvelles, L'équateur d'Einstein. Ce deuxième volume confirme tout le bien que je pensais des oeuvres de l'auteur. Inutile donc de répéter tout ce que j'ai écrit à ce moment là, c'est toujours aussi éblouissant et démesuré.

De grands traits se dessinent dans ce recueil de dix-sept nouvelles, mais difficile de parler d'évolution ou de progression quand aucune date n'est mentionnée, quand on a aucune idée de la façon dont le recueil a été composé ; c'est bien le seul défaut du livre.
D'une part on remarque une grande sensibilité aux problèmes contemporains tels que l'écologie ou les multiples conflits internationaux. Et d'autre part, l'art, la musique sont abondamment présents et vivants. On retrouve bien sûr des thèmes chers à l'auteur, la supériorité du collectif à l'individuel, la glorification des sciences et techniques, etc. Comme dans le premier volume, Liu Cixin joue avec l'univers. Il s'en sert comme le peintre se sert d'une toile ou d'un carton, c'est un support aux formidables secousses que sont ses histoires.

En route pour Les migrants du temps !

Je dois dire que la première nouvelle, Les hommes et le Dévoreur, ne m'a ni passionné, ni convaincu (c'est bien la seule du recueil). Cette histoire d'immense vaisseau spatial extraterrestre ceignant notre planète et dévorant ses ressources est bien écrite, l'histoire est bien montée mais il n'y a que du gigantisme, et c'est assez lourd à avaler, même si la fin est inattendue. Mais, cette nouvelle sert de matière première à la magnifique suivante : le Nuage de poèmes en est une sorte d'image inversée.
La Terre est évidée, Yiyi, Li Bai et Grands-Crocs voguent sous la surface terrestre. Yiyi, poète et humain d'élevage, est offert par un émissaire du Dévoreur à une divinité sphérique, alors qu'il aurait dû finir à la poubelle. On retrouve le talent de Liu Cixin dans cette nouvelle déroutante, il compose un dialogue vertigineux sur la nature de la poésie entre ces trois êtres aux formes et intelligences différentes. Borges et sa bibliothèque ne sont pas loin, comme bien sûr la poésie chinoise classique, ainsi qu'un peu de physique quantique. J'ai écrit déroutant plus haut, c'est tellement plus que ça...

Dans un pays ravagé par la guerre, Shini, une gamine affamée, passe son temps à s'entraîner au marathon. Elle est sélectionnée avec d'autres sportifs tout aussi décharnés qu'elle pour représenter la Ouestasie aux Jeux Olympiques, à Pékin. Il n'y a qu'un autre pays présent à ces Jeux, les États-Unis d'Amérique. En fait d'épreuves sportives, les athlètes devront se substituer à la guerre sur le point d'éclater entre leurs deux pays. Il est aisé de retrouver dans ces pages une image exacerbée du conflit larvé opposant l'Iran et les USA depuis des décennies. Ce qui est nouveau, c'est le rôle prépondérant de la Chine dans la résolution de conflits internationaux.
Liu Cixin fait preuve dans La Gloire et le rêve d'une rare sensibilité, notamment lors de la course de Shini qui sont parmi les plus belles pages de littérature sportive que j'ai lu.

Ce n'est que la troisième nouvelle et le niveau est déjà si élevé que je me demande si ce qui va suivre pourra être aussi bon.
La reponse est un oui enthousiaste.
Dans un observatoire niché en haut des montagnes, un neurologue vient de sauver un homme, une étudiante chercheuse observe la scintillation du soleil. Dix ans plus tard, Les penseurs se rencontrent à nouveau. Liu Cixin, au travers de ces deux intelligences, développe une histoire subtilement rythmée qui oscille entre rêve et lyrisme, une histoire d'amour peu commune où le hasard et l'astrophysique vont de pair ; il nous entraîne aux confins des neurosciences et des rayonnements stellaires.
Certainement le plus beau texte du livre.

On peut être moquer dans son pays par des snobs de mon espèce et être une star en Chine. C'est ainsi que Richard Clayderman se retrouve à jouer à la cérémonie de fermeture définitive de l'ONU.
Devant l'assemblée générale un invité surprise arrive par le ciel : un miroir gigantesque qui se présente comme musicien. La musique n'a jamais autant adouci les moeurs que dans L'Hymne à la joie. En dire plus reviendrait à en dire trop.

« ― Je m'en veux de te déranger le jour le plus sombre de ta vie. Encore aujourd'hui, après tant d'années, je m'en souviens comme si c'était hier.
La voix était étrange, elle était claire, mais paraissait en même temps lointaine et éthérée. Une image lui vint à l'esprit : des vents froids soufflant sur les cordes d'une harpe abandonnée en plein désert. »

Suite à une pétition l'éclairage de la ville est éteint pour profiter de la lumière lunaire.
Pendant cette Nuit de lune, un homme reçoit un coup de téléphone. Lui-même dans une centaine d'années. Cette nouvelle est un huis-clos parfait empreint, encore une fois, d'une grande poésie, presque un songe.
« Un simple mortel qui agit comme il faut cent ans en avance est l'égal d'un Dieu intervenant dans le présent. »
L'homme de 2123 ne vit pas au paradis mais bel et bien sur terre, à Shanghai. Et on peut dire que les humains, même s'ils vivent deux siècles, n'ont rien fait pour sauver ce qui pouvaient l'être. Pollution, montée des eaux, profusion de déchets, etc. Voilà l'enfer du monde dans un siècle.
Liu Cixin n'est pas un désespéré, il a une foi incommensurable en la science, bien qu'ici la nuance soit de mise. Pourquoi ne pas sauver l'humanité, quand bien même la solution viendrait du futur.
Encore que...

Quoi de plus pratique qu'un petit virus informatique pour se venger d'un fiasco amoureux ? Oh juste un tout petit virus de rien, si inoffensif que les anti-virus le laissent tranquille. C'est ainsi que naît Malédiction 1.0 en 2009, et qu'il continue à survivre paisiblement pendant 10 ans, jusqu'à sa redécouverte par un archéologe du net. Voici donc Malédiction 2.0 qui connaîtra une troisième puis une quatrième version meurtrière quelques années plus tard.
Pendant la même période Liu Cixin et Pan Dajiao écrivent conjointement leurs grands oeuvres respectives, sans plus de résultat qu'un nombre de ventes s'élevant à quarante-deux (oui, comme le sens de la vie, il n'y a pas de hasard) exemplaires en tout, avec pour conséquence la rue pour tous les deux.
Ces deux courtes histoires entrent évidemment en collision dans Pour l'amour de Taiyuan. C'est alors un inhabituel Liu Cixin bourré d'humour et d'autodérision qui apparaît.

En voici une dernière, il y en a d'autres à decouvrir, toutes aussi sidérantes, dans ces presque sept cents pages.
Une tentative d'assassinat du troisième siècle avant notre ère sert de point de départ à la dernière nouvelle du recueil, le Cercle. Jink Ke doit tuer le roi Qin Shi Huan, celui dont le mausolée renferme la célèbre armée de terre cuite qui va se révéler bien vivante et servir à décrypter les mystères du Ciel et du nombre Pi. Liu Cixin s'écarte très vite de ce qu'atteste les annales historiques pour encore une fois glorifier la science, les mathématiques et la géométrie puisqu'il bâtit un système informatique plus de deux mille ans avant son apparition ! le Cercle est finalement cruelle, et ne se départit pas d'un certain humour.

Aborder Liu Cixin, c'est comme arriver face aux oeuvres intégrales de Bach ou Mozart. C'est intimidant. Pourtant il ne faut pas hésiter un seul instant à plonger dans la distorsion du temps, à se laisser submerger par l'intelligence, envelopper par la poésie, emporter par les extraterrestres, et surtout par ses textes.
Ces nouvelles, celles dont j'ai parlé comme les autres, se dévorent lentement, il ne faut surtout pas les lire de manière trop rapprochée. Les réflexions et les rêveries suscitées surgissent et durent parfois longtemps après la lecture. Il serait dommage de gâcher un tel plaisir.
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Riche et novateur

Voici typiquement le genre de chroniques que je redoute. Comme Asimov ou Egan avant lui, Liu Cixin fait partie des auteurs qui me frustrent. Les idées sont là, originales, grandioses, rigoureuses, présentées avec clarté et logique (même pour les plus scientifiques d'entre elles) ; des promesses d'évasion et de réflexion profonde. Seulement, le style ne suit pas. Ses lignes m'ont trop rarement emporté, ému. Les personnages, et en particulier leurs dialogues, sont peu crédibles, souffrant d'une carence d'empathie et d'humanité. Ils m'ont souvent fait l'effet d'entités aux traits humains, mais en retrait, attentistes, incapables de s'intégrer vraiment à notre espèce, pourtant au coeur des préoccupations de ces nouvelles.
J'ai longtemps creusé, à la recherche des émotions d'intervenants résignés. En vain. Les miennes n'ont naturellement pas décollé. La SF n'a pas à être aussi froide et déshumanisée, nom d'un pulsar !

Des descriptions contemplatives aux accents de poésie orientale (trop rares) maintiennent heureusement un intérêt pour la prose de Liu Cixin.
C'est lorsqu'il s'aventure dans le romantisme que l'auteur parvient à jouer sur d'autres leviers que la simple curiosité scientifique. Et là, ça réchauffe doucement la pompe aortique, ça prouve que derrière l'échange d'informations et la découverte de mécanismes cosmiques mystérieux, l'amour, les souvenirs ou encore l'honneur sont des vecteurs aussi pertinents que les chantiers titanesques imaginés.
Après la lecture de Terre Errante puis des deux premiers tomes de sa trilogie, j'avais déjà dans l'idée que Liu Cixin était meilleur pour les nouvelles que pour les longs formats. Les Migrants du Temps a largement conforté ce ressenti. Contrairement au Problème à trois corps et, surtout, à La Forêt Sombre, je n'ai jamais ressenti d'ennui ici. Actions et idées s'enchaînent à bon rythme, dans une vraie dynamique conceptuelle et créatrice. Nous ne sommes certes pas dans de la SF hyperactive où péripéties et combats spatiaux se succèdent – ici, contemplation et réflexion sont reines –, mais l'intérêt est constant, à l'image de l'évolution des personnages et de leur milieu. du bon divertissement et de l'émerveillement presque à chaque page. J'en veux pour preuve, je suis parvenu à lire ce pavé deux fois plus vite qu'à mon rythme de lecture habituel.

Pour aller dans le détail, tous les concepts développés par l'auteur dans ces nouvelles sont passionnants. Liu Cixin est réputé pour développer des mécanismes et des intrigues monumentaux, à l'échelle du globe, du système solaire, de la galaxie, de l'univers tout entier si nécessaire. Qu'il s'agisse d'enjeux très locaux (une ville, une province) ou d'une menace venue des confins du cosmos, l'auteur déploie des chantiers pharaoniques. Un délire de grandeur dans lequel on embarque sans mal, car la crédibilité scientifique est toujours au rendez-vous.
Bien sûr, on pourra se questionner sur l'origine et la gestion des ressources (énergie, matériaux) nécessaires à la tâche, mais eh, le créateur a bien le droit de s'affranchir de certaines contraintes pratiques, non ?
A contrario, ce dernier peut très bien justifier le siphonnage pur et simple de plusieurs étoiles pour alimenter un instrument de musique cosmique, détailler la boulimie d'un vaisseau envahisseur pour les ressources de la Terre, et ce sur plusieurs siècles, réfléchir aux répercussions inattendues de décisions se voulant écologiques ou humanistes, le tout dans un vaste et précis déploiement de données, de chimie, de mécanique élémentaire, de physique, etc.
Liu Cixin a toutefois la sagesse de ne pas s'aventurer dans l'aberration technique et énergivore du voyage spatial habité. Il laisse cela aux autres espèces rencontrées par les humains.
Enfin, lorsqu'il inscrit son récit dans un contexte politique, un cadre familial ou une simple relation entre penseurs contemplatifs, l'auteur offre un peu de place à l'humain. Comme je l'ai mentionné plus haut, il n'a pas les mots pour vraiment faire vibrer la corde sensible, mais il se passe tout de même quelque chose, un je ne sais quoi de vivant, un écho entre l'univers et l'âme humaine, qui dénote dans ce vaste ensemble de considérations purement factuelles.

J'ai été particulièrement sensible aux nouvelles impliquant la dimension temporelle. Qu'il s'agisse d'une lecture du passé et du futur par l'intermédiaire d'un programme de simulation, ou bien du voyage de quelques migrants grâce au sommeil cryogénique, l'auteur nous donne à voir les avantages et les inconvénients de l'omniscience, ainsi que de nouvelles sociétés, différentes à plus d'un titre.
L'intervention et le point de vue d'espèces extraterrestres n'évoluant pas dans le même milieu, n'obéissant pas aux mêmes règles que les terriens, rafraîchissent un peu les codes trop rebattus de la SF. J'y ai trouvé un peu de Robert Forward, en moins approfondi, certes, mais j'aime être surpris et bousculé de la sorte.

Un point m'a fait hausser le sourcil : les personnages sont tous dotés de connaissances scientifiques très poussées, d'une culture et d'une érudition ahurissantes (je pense aux chefs d'État dans L'Hymne à la Joie, entre autres) ; une nécessité narrative, compte tenu des enjeux qu'ils sont amenés à résoudre/comprendre, mais un manque cruel de réalisme.
Idem pour les personnages féminins, souvent perçus par le prisme d'un regard masculin focalisé sur des critères de beauté physique ; archaïque et lassant, comme déjà évoqué dans ma chronique de la Forêt Sombre.

Pour résumer, je dirais que les nouvelles de Liu Cixin regorgent d'idées géniales et intelligemment exploitées. Sans aller jusqu'à parler de hard-SF, il est difficile de prendre l'auteur à défaut sur tel ou tel élément scientifique. C'est solide, bien construit et bourré de considérations philosophiques.
Comme dans La Forêt Sombre, je déplore simplement un style froid et lisse où amertume, tristesse et aigreur dominent largement le large spectre d'émotions qui auraient pu être soulevées. J'imagine que cette atmosphère sombre correspond au regard très réaliste que l'auteur porte sur l'espèce humaine et sur ce qu'elle fait de son foyer. C'est en tout cas ce qui m'a manqué pour faire passer ce livre de petit bijou à chef-d'oeuvre intemporel !
Merci pour votre lecture.
Lien : https://editionslintemporel...
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"Les migrants du temps" est un second recueil de nouvelles composé de dix-sept histoires de ce que je qualifie d'hard SF. C'est froid, c'est succinct, c'est politique et percutant.

Liu Cixin est un auteur asiatique très connu grâce à sa saga du "Problème à trois corps" brillamment traduit en français par Gwennaël Gaffric.

Il est difficile d'être déçu de la plume de Liu Cixin qui sait émouvoir, énerver et dépiter en seulement un paragraphe. le rythme est toujours très lent, il ne faut pas s'attendre à des combats galactiques comme dans un space opera, mais bien à l'étude, la critique et l'analyse des relations humaines avec les habitants de l'espace ou de la Terre.

Combat pour sauver le destin des humains sur Terre, conquête spatiale, guerre géopolitique et extinction nucléaire, discussions entre IA et envahisseur... la place de l'humain et ses sentiments sur le temps est toujours au coeur de ces nouvelles. Il vous sera toujours demandé de prendre du recul sur un futur possible, de vous protéger pour continuer la lecture, de ne pas vous retourner sur votre passé mais sur ce que vous pouvez encore faire pour votre "demain".
Les récits sont souvent dans un présent uchronique, ou dans un futur extrêmement loin, dizaine de milliers d'années. L'humain apprends toujours de sa chute, garde un message d'espoir et transmet avant tout de l'amour et de la force à son entourage.
Pour les amateurs du genre, c'est une entrée en matière plus légère de la plume de Liu Cixin.

Un grand merci à l'éditeur (et à Babelio pour l'organisation mensuelle de ces MC) pour l'envoi de ces nouvelles complètes qui viennent s'ajouter à ma collection de l'auteur : "Boule de foudre" et "Terre errante".
Je vous invite également à vous pencher sur les écrits de Baoshu chez Actes Sud avec "La Rédemption du temps" : une belle fan fiction de la trilogie du "Problème à trois corps".

Je vous recommande la conférence, enregistrée à l'occasion du festival des Utopiales de Nantes, dans laquelle Gwennaël Gaffric interroge des auteur.es asiatiques et parlent du difficile métier d'adaptation, plus que de traduction, du chinois vers le français, de la force de la censure sur le paysage romanesque chinois et de la faible représentation dans la littérature de genre d'auteur.e d'Asie. On peut lire, entre autres, les brillant.es Ken Liu et Hao Jingfang, pour celles et ceux que ça intéresse.

Je vous mets également en lien, l'interview du traducteur lors du Festival Les Intergalactiques.
Lien : https://www.youtube.com/watc..
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Creuser un tunnel à travers la Terre n’est pas une idée si nouvelle, dit Deng Yang. L’idée avait déjà été soumise par au moins deux individus dès le XVIIIe siècle : le mathématicien Pierre Louis Moreau de Maupertuis, et un autre, mondialement célèbre : Voltaire.

« Le canon de la Terre »
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Quelle est la raison d'être d'une civilisation ? Dévorer, bouffer, bouffer sans arrêt, s'agrandir et s'étendre sans discontinuer. Tout le reste est secondaire.
"Les hommes et le Dévoreur"
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Un silence de mort s'abattit de nouveau sur les Terriens ; il dura encore plus longtemps que la fois où Grands-Crocs avait dévoré un homme. Pour la première fois, l'humanité n'avait rien à dire face au messager extraterrestre.
- Nous allons à l'avenir nous fréquenter pendant une très longue période, il y a beaucoup de sujets à évoquer, mais pas la peine de mêler la morale à ça. Dans l'univers, ce truc-là ne sert strictement à rien, conclut Grands-Crocs.

"Les hommes et le Dévoreur"
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À notre époque, un peu d’insouciance et de liberté d’esprit n’est pas forcément un défaut.

« Les bulles de Yuanyuan »
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Pacifique Sud. Yiti et ses deux compagnons se tiennent sur le pont d'un yacht de croisière poétique. Destination l'Antarctique. Si tout se passe bien, ils arriveront dans quelques jours et perceront la croûte terrestre pour contempler le Nuage de poèmes.
Aujourd'hui, le ciel et la mer sont limpides, trop transparents sans doute pour des poètes. Au-dessus de leurs têtes, le continent américain, généralement caché partout ailleurs, flotte ici au milieu du ciel, telle une tache sombre sur l'hémisphère Est qui envelopperait le monde comme un gigantesque dôme. Le continent a l'air d'un morceau de mur éraflé.
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Videos de Liu Cixin (16) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Liu Cixin
Le Problème à 3 corps | Bande-annonce finale VF| Netflix France
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