Cette courte pièce de théâtre est destinée aux enfants à partir de sept ans et dédiée à « ceux qui ne se souviennent pas de leurs rêves ».
On y découvre trois personnages : Léo, un petit garçon de sept ans, Lila, sa maman, qui l'élève seule, et Marcello, un homme qui n'est visible que par Léo quand celui-ci l'appelle, le plus souvent la nuit.
Que ce soit dans ses romans que j'ai tous eu le bonheur de lire (le dernier datant de 2006, j'attends avec impatience le prochain), j'aime le ton si personnel de Guillaume le Touze, son style inimitable, ses thèmes de prédilections que sont la marginalité des êtres, leur exclusion de par leur situation sociale, un handicap physique, un choix de vie, ainsi que les rencontres improbables… Ici, ces thèmes sont adaptés à l'âge des enfants auxquels s'adresse la pièce (celle-ci est suivie d'un petit dossier proposant des pistes de travail pour les instituteurs), à travers le petit Léo, différent car il n'a pas de papa (sa mère lui dira plus tard « tout le monde a un papa »), qui a du mal à s'endormir et appelle à la rescousse Marcello, que l'on peut percevoir comme un doudou, sa part d'imagination, sa faculté à créer, un père idéalisé.
Les conventions du théâtre sont respectées par un dialogue très vivant, simple mais soigné et sans que l'auteur ne bêtifie, sans démagogie, entre les trois personnages. le vocabulaire, comme toujours chez
Guillaume le Touze, est riche, coloré, mystérieux, tout en restant accessible. Ainsi, Marcello, parfois, entraîne Léo dans des périples exotiques qu'ils inventent à deux. Animaux fabuleux, végétation luxuriante, senteurs épicées, l'imagination crève le plafond de la chambre du petit garçon.
Le but de cette pièce est avant tout d'initier les enfants au théâtre, développer leur imagination, construire leur propre histoire, s'interroger sur la part du rêve et du réel, et, en filigrane, l'approche de la famille monoparentale : l'enfant peut y trouver aussi des réponses aux questions qu'il se pose sur le parent « absent ».
Guillaume le Touze prend soin avec délicatesse d'exprimer le fait que tout enfant est né d'une rencontre entre deux parents, et la majorité du temps d'une histoire d'amour.
Très réussie, poétique, généreuse, « Les nuits de Léo » explore le sentiment de solitude et d'ennui qu'éprouvent un jour où l'autre tous les enfants, pour y donner un sens positif de possibilité de construction de soi, de création. Il invite tous ceux qui ne se rappellent pas de leurs rêves à les réinventer.
Une lecture qui peut ravir bien des adultes.
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