FILS d'un tailleur florentin, Andréa Vannucchi, plus connu sous le nom d' Andréa del Sarto, manifesta dès son jeune âge les plus vives dispositions pour la peinture. Son père le mit en apprentissage chez un orfèvre. C'était une bonne école pour un futur peintre: il devait y gagner cette fermeté du dessin, cette sûreté de la ligne qui, plus tard, caractérisèrent sa peinture. Mais il ne tarda pas à quitter son patron pour s'adonner exclusivement à la peinture, sa passion. Il entra dans l'atelier de Piero di Cosimo, qui était à cette époque un des artistes les plus réputés de Florence. Sous l'habile direction de ce peintre, professeur consciencieux et probe, le jeune artiste ne tarda pas à faire de rapides progrès et bientôt il fut l'égal de son maître.
Les sujets religieux ne sont pas du tout l'affaire de Véronèse, bien qu'il n'y ait pas à Venise une seule église qui ne possède un ou plusieurs tableaux de piété peints de sa main. Dans ce genre comme dans tous les autres, Il a fait preuve d'une virtuosité sans égale, mais on y chercherait vainement cette onction intime, cette foi chrétienne dont la peinture avait perdu le sentiment, après la mort de Bellini. En dépit de son application, de son habileté, de sa science, Véronèse est un peintre païen, comme Titien, comme Tintoret, comme Giorgione.
Giorgio Barbarelli, à qui sa taille et sa haute mine avaient fait donner le surnom de Giorgione (le grand Georges), naquit en 1478, à Castelfranco, petite ville des environs de Trévise. Venu tout jeune à Venise, il entra dans l'atelier de Jean Bellini et ne tarda pas à se faire connaître. Il avait d'ailleurs tout ce qu'il fallait pour faire du bruit dans le monde, surtout dans Venise qui, mieux que toute autre cité italienne, était alors la ville des aventures amoureuses, des concerts sous les balcons et des promenades galantes.
Quel que soit le génie de Titien, Giorgione n'est pas indigne de lui, et s'il n'était mort si jeune, peut-être aurait-il balancé sa gloire. Il fut vraiment peintre, et un grand peintre. Un immense honneur est en outre attaché à son nom : si Venise, attardée dans les sentiers étroits du byzantinisme, s'est affranchie et a trouvé sa voie, c'est à ce charmant et merveilleux artiste qu'elle le doit.