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EAN : 978B0016VYJJU
Stock (30/11/-1)
4.6/5   5 notes
Résumé :
Stock, 08/1958. 140 pp. brochées.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Sabine Sicaud naît le 23 février 1913.
Sa mère publie des poèmes, son père, avocat, se lie d'amitié avec Jean Jaurès.
La famille habite l'ancien domaine d'un prieuré à Villeneuve-sur-Lot (46).
Sabine vit une enfance insouciante et gaie. Elle écrit ses premiers poèmes dès six ans. À 13 ans elle publie son premier recueil préfacé par Anna de Noailles.
L'été de ses 14 ans elle se blesse au pied lors d'un bain dans le lot. La blessure dégénère en gangrène des os. La maladie se repend dans tout le corps.
Après une année de douleurs, de fièvres et de souffrances elle meurt le 12 juillet 1928.
Elle avait 15 ans.
voici un de ses derniers poèmes.
Ah ! Laissez-moi crier

Ah! Laissez-moi crier, crier, crier …
Crier à m'arracher la gorge !
Crier comme une bête qu'on égorge,
Comme le fer martyrisé dans une forge,
Comme l'arbre mordu par les dents de la scie,
Comme un carreau sous le ciseau du vitrier…
Grincer, hurler, râler ! Peu me soucie
Que les gens s'en effarent. J'ai besoin
De crier jusqu'au bout de ce qu'on peut crier.

Les gens ? Vous ne savez donc pas comme ils sont loin,
Comme ils existent peu, lorsque vous supplicie
Cette douleur qui vous fait seul au monde ?
Avec elle on est seul, seul dans sa geôle.
Répondre ? Non. Je n'attends pas qu'on me réponde.
Je ne sais même pas si j'appelle au secours,
Si même j'ai crié, crié comme une folle,
Comme un damné, toute la nuit et tout le jour.
Cette chose inouïe, atroce, qui vous tue,
Croyez-vous qu'elle soit
Une chose possible à quoi l'on s'habitue ?
Cette douleur, mon Dieu, cette douleur qui tue…
Avec quel art cruel de supplice chinois,
Elle montait, montait, à petits pas sournois,
Et nul ne la voyait monter, pas même toi,
Confiante santé, ma santé méconnue !
C'est vers toi que je crie, ah ! c'est vers toi, vers toi !
Pourquoi, si tu m'entends, n'être pas revenue ?
Pourquoi me laisser tant souffrir, dis-moi pourquoi
Ou si c'est ta revanche et parce qu'autrefois
Jamais, simple santé, je ne pensais à toi.

Sabine Sicaud, Les poèmes de Sabine Sicaud, 1958 (Recueil posthume)

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Il y a longtemps que je lis, avec toujours beaucoup d'émotion, les poèmes de Sabine Sicaud, jeune poète prodige morte à 15 ans, en endurant une année de souffrances terribles, à cause d'une gangrène des os, suite à une blessure. Ce recueil rassemble l'essentiel de ses textes. Elle a commencé à écrire dès l'âge de six ans et ses" Poèmes d'enfant" publiés en 1926 sont préfacés par Anna de Noailles elle-même.

Elle était donc promise à un beau destin en poésie. Cruelle maladie qui anéantira ce rêve. Je suis admirative devant la créativité, la maturité aussi de ses textes. La nostalgie qui transparait souvent, comme si elle pressentait sa disparition précoce :

" As-tu jamais , au petit jour, songé qu'on pourrait
ne plus se revoir et imaginé?...
Serre-moi plus fort.
Nos deux ombres séparées, que deviendraient-elles?"

La partie consacrée aux " Chemins", les poèmes dédiés au mystérieux Vassili, et les très touchants textes évoquant sa maladie sont mes préférés. Son attachement à la propriété familiale, à la nature, au végétal imprègnent son oeuvre. Voici un poéme que je trouve profond et envoûtant :

" N'oublie pas la chanson du soleil, Vassili.
Elle est dans les chemins craquelés de l'été,
dans la paille des meules,
dans le bois sec de ton armoire
si tu sais bien l'écouter...
Elle est aussi dans le cri du criquet.
Vassili, Vassili, parce que tu as froid ce soir,
Ne nie pas le soleil"

Une si courte vie foudroyée. Nous ne t'oublions pas, Sabine.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
La vieille femme de la lune

On a beaucoup parlé dans la chambre, ce soir.
Couché, bordé, la lune entrant par la fenêtre,
On évoque à travers un somnolent bien-être,
La vieille qui, là-haut, porte son fagot noir.

Qu'elle doit être lasse et qu'on voudrait connaître
Le crime pour lequel nous pouvons tous la voir
Au long des claires nuits cheminer sans espoir!

Pauvre vieille si vieille, est-ce un vol de bois mort
Qui courbe son vieux dos sur la planète ronde?
Elle a très froid, qui sait, quand le vent souffle fort.
Va-t-elle donc marcher jusqu'à la fin du monde?

Et pourquoi dans le ciel la traîner jusqu'au jour!
On dort... Nous fermerons les yeux à double tour...
Lune, laisse-la donc s'asseoir une seconde.
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Le Chemin Des Chevaux.


N’as-tu pas un cheval blanc
Là-bas dans ton île ?
Une herbe sauvage
Croît-elle pour lui ?

Ah ! Comme ses crins flottants
Flottent dans les bras du vent
Quand il se réveille !
Il dort comme un oiseau blanc
Quelque part dans l’île.

J’ai beau marcher dans la rue
Comme tout le monde,
C’est l’herbe, l’herbe inconnue,
Et le cheval chevelu
Couleur de la lune,
Qui sont de chez moi, là-bas,
Dans une île ronde.

Caparaçonnés, au pas, au galop,
Je ne connais pas tes quatre chevaux.

Tu vas à Paris,
La chanson le dit,
Sur ton cheval gris.

Tu vas à La Haye
Sur la jument baie.

Tu vas au manoir
Sur le cheval noir.

Et je ne sais où
Sur le poulain roux.

Mais mon cheval blanc
Nuit et jour m’attend
Au seuil de mon île.
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Premières feuilles


Vous vous tendez vers moi, vertes petites mains des arbres,
Vertes petites mains des arbres du chemin.
Pendant que les vieux murs un peu plus se délabrent,
Que les vieilles maisons montrent leurs plaies,
Vous vous tendez vers moi, bourgeons des haies,
Verts petits doigts.

Petits doigts en coquilles,
Petits doigts jeunes, lumineux, pressés de vivre,
Par-dessus les vieux murs vous vous tendez vers nous.
Le vieux mur dit : « Gare au vent fou,
Gare au soleil trop vif, gare aux nuits qui scintillent,
Gare à la chèvre, à la chenille,
Gare à la vie, ô petits doigts ! »

Verts petits doigts griffus, bourrus et tendres,
Vous sentez bien pourquoi
Les vieux murs, ce matin, ont la voix de Cassandre.
Petits doigts en papier de soie,
Petits doigts de velours ou d'émail qui chatoie,
Vous savez bien pourquoi
Vous n'écouterez pas les murs couleur de cendre...

Frêles éventails verts, mains du prochain été,
Nous sentons bien pourquoi vous n'écoutez
Ni les vieux murs, ni les toits qui s'affaissent ;
Nous savons bien pourquoi
Par-dessus les vieux murs, de tous vos petits doigts,
Vous faites signe à la jeunesse !
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Mot vert. Silence vert. Mains vertes
De grands arbres penchés , d'arbustes fous;
Doigts mêlés de rosiers, de lauriers, de bambous,
Pieds de cèdres âgés où se concertent
Les bêtes à Bon Dieu; rondes alertes
De libellules sur l'eau verte...
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Chemins du Nord


Lorsque « je pâlissais au nom de Vancouver »
et que j’étais du Nord,
trop de froid traversait ma pelisse d’hiver
et mon bonnet de bêtes mortes.
Mes frères chassaient les oursons
jusqu’au fond des grottes de fées ;
du sang parlait sous leurs trophées,
les Tomtes* se cachaient, le vent hurlait aux portes
et la glace barrait les fjords
lorsque j’étais du Nord.
Murs blancs du froid, prison.
Je ne voyais jamais passer Nils Holgerson**.

Selma, Selma**, pourquoi m’aviez-vous oubliée ?
Il fallait naître à Morbacka, le jour de Pâques.
Je savais bien pourtant que j’étais conviée…


* Gnome bienveillant du folklore scandinave.
**Allusion à Selma Lagerlöf et à son roman le merveilleux voyage de Nils Holgerson à travers la Suède (1906-07).
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Video de Sabine Sicaud (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sabine Sicaud
Le cinéma Poème de Sabine Sicaud dit par Michèle Bernard
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