La pièce de
Ferdinand Bruckner, auteur dramatique autrichien, a été crée en Suisse, mais ce sont ses premières représentations à Paris en langue française qui ont attiré l'attention des critiques, et surtout du public.
Parue en 1934, elle nous peint le tableau brutal de jeunes gens fanatisés, prêts à toutes les violences, au moment du triomphe d'Hitler et du début de la persécution des juifs en Allemagne.
Bruckner, de son vrai nom Théodor Tagger, a été expulsé d'Allemagne en 1933, de cette Allemagne qui s'est réveillée au cri d'Hitler. Cette pièce est d'autant plus émouvante qu'elle est née en exil.
"
Les races" s'empare donc, à l'époque, d'un sujet brûlant, d'une portée sociale immense.
Elle met en lumière, avec autant d'habileté que de force dramatique tous les sentiments et les actes qui peuvent surgir en de telles circonstances tragiques : l'ardeur patriotique de ces jeunes qui attendent de ce nouvel ordre le salut de leur pays, la puissance contagieuse de cette fièvre, la dureté inhumaine de ses partisans, la niaiserie de ceux qui les suivent aveuglément, la cupide ambition des profiteurs et ces actes épouvantables qu'il faut commettre et qui révèlent "la débâcle de la dignité".
A l'époque, émouvante par l'inquiétude qui la prolongeait, cette pièce l'est toujours aujourd'hui car elle a pris forme de tragédie historique.
Ce numéro de "La petite illustration" fait suivre la pièce de quatre pages de commentaires et de critiques qui, datant de 1934, prennent une résonance tristement prophétique mais qui soulignent le combat courageux d'un auteur de talent.