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(01/01/1900)
3.28/5   9 notes
Résumé :
Tragédie dans laquelle les mères des guerriers morts devant Thèbes s'efforcent d'obtenir que les honneurs funèbres leur soient rendus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
J'ai attaqué cette pièce avec un a priori négatif, simplement parce que l'analyse qui la précédait insistait beaucoup sur sa médiocrité.
La pièce lue, je trouve que l'auteur de l'analyse exagérait un brin. Sa vision d'expert ne pouvait coller avec la mienne ; moi qui apprécie que l'on me raconte la mythologie grecque sous quelque forme que ce soit. Quand cela est doublé d'une deuxième lecture à caractère historique, je sais que je ne perds pas mon temps.

L'intrigue se place dans le cycle Thébain. Dans les épisodes précédents, Polynice, fils d'Oedipe, a amené une armée d'Argiens, commandée par les Sept, devant Thèbes. La ville était tenue par Étéocle, son frère qui a gardé le pouvoir pour lui tout seul. Les Argiens perdirent, les deux frères et les Sept moururent, sauf Adraste, roi d'Argos. Côté Thèbes, on aura ensuite droit à la tragédie d'Antigone, soeur de Polynice et Étéocle. Côté Argiens, on a droit à l'histoire contée ici.
Les mères et enfants des Sept accompagnés d'Adraste arrivent à Éleusis où se trouvent Thésée, roi d'Athènes. Ils viennent le supplier d'intercéder auprès de Thèbes pour qu'ils leur rendent les corps des Sept. Intercéder et, au besoin, les forcer. Après avoir bien enfoncé le clou dans la bêtise d'Adraste pour avoir été l'inconscient agresseur, Thésée se laisse convaincre. Comme par hasard, un messager de Thèbes vient le voir pour lui signifier qu'il n'a pas intérêt à se mêler de cette affaire. Donc Thésée s'en mêle, veni vidi, vici et le voilà de retour avec les corps. Les pleureuses peuvent entrer en action. Un traité d'alliance lie désormais Argos et Athènes (ce qui fait référence à la situation réelle de l'époque).

C'est tout pour l'essentiel et c'est déjà pas mal. Je ne connaissais pas la suite de la guerre des Sept et j'ai donc trouvé la pièce intéressante. Euripide rajoute quelques bons dialogues de son cru en confrontant les opinions à propos du système démocratique (pour le héraut thébain : « état gouverné par la multitude et les beaux parleurs qui montent la tête aux gens », pour Thésée : « les lois sont égales pour tous, la parole est à qui veut »).
Mais le but véritable de la pièce est peut-être le message politique. A l'époque de la tenue de la pièce, Athènes est en pleine guerre du Péloponnèse, et ça ne se passe pas forcément très bien. Euripide se lâche d'abord sur l'horreur de la guerre qui détruit les bourgeons de la cité, sur la folie des décideurs qui devraient négocier plutôt que de chercher à se rentrer dans le chou. Puis il se comporte en patriote, lançant des piques aux Spartiates (« Sparte a un coeur de pierre, sa conduite n'est que fourberie ») et en plaidant pour qu'Athènes ne renonce pas à l'alliance avec Argos.

Cependant, le dernier tiers de la pièce fait vraiment remplissage : les lamentations des Mères et des Enfants des Sept sont un peu longs, mais acceptables dans le contexte. le suicide d'Évadné, femme d'un des Sept, devant son père qui débarque d'on ne sait où est décorrélé du sujet principal et n'apporte rien de vraiment tragique. Et fallait-il vraiment faire intervenir Athéna en guest star pour souffler à l'oreille de Thésée l'idée des conditions du traité avec Argos ? J'ai un doute.

Une pièce donc plus intéressante que passionnante.
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Il y a beaucoup de lamentations et de supplications dans les tragédies grecques, les hommes ne cessent de subir les coups du sort, ils sont coutumiers des changements de fortune qui devaient correspondrent à une certaine réalité. de nombreuses guerres devaient apporter leurs lots de misère, de mort, de pillage et d'esclavage. Euripide présente dans ses Suppliantes les mères éplorées d'Argos, accompagnées de leur roi Adraste, souhaitant récupérer les corps de leurs fils tombés devant les portes de Cadmos (voir les Sept contre Thèbes d'Eschyle). C'est auprès d'Athènes et de Thésée que leurs espoirs se portent. Euripide peint des suppliants en sortant les violons, il ne s'embarrasse pas des invraisemblances apparentes, et Thésée est un chef magnanime et exemplaire, héraut de la démocratie et de la justice, qui devait toucher particulièrement le public athénien de son époque. Mais cette tragédie vaut le détour par le récit épique de l'affrontement des armées athénienne et thébaine. Ce n'est pas Homère mais cela captive tout de même.
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Pas la meilleure pièce d'Euripide. Elle traite d'un sujet mal connu, la demande de sépulture des hommes qui ont attaqué Thèbes. le thème ne manque pas d'intérêt culturel mais l'ensemble est assez fade. Seul le suicide d'Evadné relève un peu la tragédie trop lisse.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
[Thésée] Soit, je le ferai. J'irai chercher les morts : j'essaierai d'obtenir main-levée à l'amiable; sinon ce sera par la force des armes, et les dieux ne me refuseront pas leur aveu. Mais je tiens à ce que tous les citoyens (d'Athènes) m'approuvent. Ils approuveront puisque telle est ma volonté; mais en leur donnant voix au chapitre je m'attirerai mieux les sympathies du peuple. Car c'est lui que j'ai institué seul souverain de cet État auquel j'ai donné la liberté et un droit de vote égal pour tous.
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Adraste (à Thésée): Tu me diras peut-être: "Pourquoi n'as-tu pas songé au Péloponnèse, au lieu de choisir Athènes pour la charger de cette tâche ?" Soit, il est juste que je m'en explique. Sparte a un cœur de pierre, sa conduite n'est que fourberie; et les autres puissances sont chétives et sans force. Ta cité est la seule qui pourrait assumer la tâche dont il s'agit. Elle ne détourne pas les yeux de ce qui mérite pitié; et elle est sous la houlette, en ta personne, d'un jeune et digne prince. C'est faute de cette grâce qu'ont péri bien des États: il leur manquait un chef.
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LE HÉRAUT - Quel maître en ce pays commande ? À qui dois-je transmettre les ordres de Créon, qui règne au pays de Cadmos, depuis qu'Étéocle est tombé devant le rempart aux sept portes, sous les coups de son frère Polynice ?

THÉSÉE - Dès le premier mot tu es dans l'erreur, étranger, en cherchant ici un tyran. Notre ville n'est pas au pouvoir d'un seul homme. Elle est libre. Son peuple la gouverne. Ses chefs sont élus pour un an. L'argent n'y a nul privilège. Le pauvre et le riche ont les mêmes droits.
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Le Coryphée: - Qui aimerait payer pour avoir un maître?
Le Roi: - C'est pour les mortels la façon d'accroître leur force.
Le Coryphée: - Et aussi de se tirer aisément de l'indigence.
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Un autel vaut mieux qu'un rempart : c'est un bouclier infrangible.
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Videos de Euripide (24) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de  Euripide
Par Chloé Delaume accompagnée de Benoist Esté Bouvot
Chloé Delaume poursuit son exploration des grandes figures mythologiques féminines en se penchant cette fois sur celle de Médée. Elle revisite ce personnage de la mythologie afin d'en convoquer toute la puissance pour faire écho aux problématiques féministes contemporaines. Médée, magicienne, amoureuse, dont le nom semble depuis toujours synonyme d'infanticide. Pourtant, celle, sans qui Jason ne serait rien, n'a pas toujours été la meurtrière de ses enfants : avant Euripide, Médée commet bien des crimes, mais pas celui-là. Ce soir elle raconte son histoire et interroge la véritable nature de sa culpabilité, elle qui durant tant de siècles ne fut écrite que par des hommes.
Dans le cadre du colloque international « Chloé Delaume : une oeuvre intermédiale » et de la résidence Lilith & Cie.
« le souci quand on est personnage de fiction, c'est qu'un tas de gens, sans cesse, vient vous écrire dessus. On se voit transformé sans le moindre recours. Quelqu'un m'a noirci l'âme, depuis je fais avec. » Chloé Delaume, « Médée avant Médée »
À lire – Chloé Delaume, Pauvre folle, Seuil, 2023.
Son : François Turpin Lumière : Iris Feix Direction technique : Guillaume Parra Captation : Claire Jarlan
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