Les amandes vertes sont les lettres que s'échangent les réalisatrices de cette bande dessinée en 2008 lorsque Anaële part en Palestine pour huit mois. Delphine, sa soeur, restée à Liège, lui écrit régulièrement.
Volontaire dans un centre de jeunes à Nazareth, Anaële est confrontée chaque jour à la lourdeur des contrôles: " J'ai d'abord dû traverser le check point. J'avais l'impression de descendre dans les entrailles d'une bête. Après avoir montré mon passeport, traversé de nombreux couloirs, j'arrive dans un grand hangar. J'attends dans la file. A chaque fois que la lumière verte s'allume, trois personnes passent. Derrière le tourniquet il y a un détecteur de métaux...
- c'est l'un des endroits les plus ridicules au monde...
- oui, difficile d'imaginer plus absurde."
Anaële met à profit son séjour au Moyen-Orient pour s'imprégner du quotidien des habitants, elle partage certains rituels lors des repas et fêtes, apprend un peu l'arabe et gagne peu à peu la confiance des palestiniens. Elle dispose d'un réseau amical très large qui l'accueille et lui fait découvrir la réalité crue et quotidienne du conflit: armes pointées, tours de contrôle, murs, barbelés et couvre-feux interminables. Elle revient très ébranlée du camp de réfugiés de Dheisheh:
« Dheisheh ressemble à tous les camps de Cisjordanie : un labyrinthe de ruelles étroites, des maisons en béton qui s'élèvent sur plusieurs étages et empêchent la lumière de passer, des graffiti, des posters de martyrs, des gens qui passent leur vie dans un lieu conçu pour être provisoire. »
Les images éprouvantes et désolantes affectent Anaële qui contrebalance son propos avec humour et l'allège en mettant en avant la gentillesse, la chaleur et le sens de la fête des palestiniens.
Elle souffre et s'insurge devant le fatalisme de ces gens qui trouvent normal les exactions faites à leur encontre. "Tu ne pourrais pas comprendre" lui lance son ami Majdi qui exprime ainsi le fossé qui sépare nos deux histoires, nos deux cultures.
Delphine et
Anaële Hermans conjuguent leurs talents - le dessin pour la première l'écriture pour la seconde- pour réaliser une BD émouvante. le trait est naïf mais révèle des dessins explicites qui portent bien les propos réalistes et troublants.
Il ne faut pas chercher dans
Les amandes vertes des réponses claires ou didactiques au conflit israélo palestinien. C'est un regard sans préjugé ou parti-pris d'une jeune européenne sur un conflit complexe et interminable. Cet ouvrage est un bel hommage aux volontaires qui oeuvrent pour aider les populations victimes des luttes armées, aux quatre coins de notre planète.
Les amandes vertes Lettres de Palestine a été récompensé par le prix Médecins sans Frontières 2011 aux rendez-vous du Carnet de voyage.