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EAN : 9781092145459
Mirobole (04/09/2015)
3.36/5   21 notes
Résumé :
Publié en grand format chez Mirobole en 2015 sous le titre "Camp de gitans"

Loufoque, grinçant, acide, voici le tableau d'un pays en plein chaos dans un monde à la dérive.
À l'Assemblée générale des Nations Unies, un terroriste moldave prend en otages tous les grands de ce monde, d'Obama à Poutine, en passant par Merkel, Berlusconi et Sarkozy. Ses revendications stupéfient la planète.
Pendant ce temps, en Moldavie, entre incurie, corrup... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Deuxième roman de Vladimir Lortchenkov, Camp de gitans fait suite à Des mille et une façons de quitter la Moldavie tout en pouvant se lire indépendamment et prolonge le portrait à la fois acide et affectueux que porte l'auteur sur ce pays oublié des dieux et de l'Union Européenne. À tel point en marge, d'ailleurs, que pour se faire entendre un groupuscule de Moldaves décide de prendre en otages les chefs de gouvernements rassemblés lors d'une assemblée générale extraordinaire de l'ONU. Il faut dire que, plongée dans le chaos, exsangue, la Moldavie – dont le quart de la population vit déjà à l'étranger – non seulement n'attire personne mais de plus, repousse sa propre population. C'est ainsi que Séraphim Botezatu, prisonnier dans un camp de travail, est devenu le leader dune nouvelle religion dont le fondement est la recherche d'une Terre promise qui pourrait accueillir les Moldaves demeurés jusqu'alors dans leur pays mais aussi ceux qui ont dû le quitter.
Loufoque mais aussi extrêmement acerbe, Camp de gitans peut se lire comme un cri d'amour de Lortchenkov pour son pays. Et qui aime bien châtie bien. Aucun des travers du peuple moldave, mais surtout de ses dirigeants n'échappe à la plume acide de Lortchenkov qui décrit un pays qui n'a jamais totalement réussi à se dégager des réflexes acquis lors de la période soviétique, en particulier une fâcheuse tendance à la formation d'une élite fondée sur la cooptation et les liens de soumission et les renvois d'ascenseur ainsi qu'une grande facilité à régler les problèmes par les exécutions sommaires et les camps de travail. Surtout, ce poids des structures communistes vient lester les ambitions des dirigeants prêts à tout pour entrer dans une Union Européenne qui ne veut pas d'eux et dont Vladimir Lortchenkov peint un portrait des instances dirigeantes qui n'a rien à envier aux impérialistes moscovites. Et l'on comprend que pris entre ces trois feux – l'UE, la Russie et ses propres dirigeants – le peuple moldave aspire à un grand déménagement.
Pour dire cela, Lortchenkov multiplie les angles de vue, donnant tour à tour la parole aux prisonniers du camp de travail, à leur prophète, à leurs gardiens, à des journalistes, des délégués de l'UE, différents hauts fonctionnaires et quelques habitants dont le quotidien est si désespérant qu'ils en finissent par attendre la mort avec un réel soulagement. Pour tout dire, on se croirait parfois en train de lire le guide de voyage parodique consacré à l'État imaginaire de Molvanie et fortement inspiré de tous les préjugés que l'on peut avoir sur l'Europe de l'est en général et la Moldavie en particulier .
Pour aussi édifiant et hilarant qu'il soit, porté par cet humour noir et un brin désespéré qui habitait déjà Des mille et une façons de quitter la Moldavie, Camp de gitans n'en souffre pas moins de quelques défauts et en particulier de la propension de Lortchenkov, à l'image d'ailleurs de certains de ses personnages, de parfois, lorsqu'il sent qu'il a trouvé une idée efficace et particulièrement amusante, vouloir l'étirer au maximum quitte à finir par se montrer répétitif ou longuet et à l'user jusqu'à la corde. Un défaut qui, notamment s'agissant des délires mystiques de certains personnages, peut singulièrement alourdir le récit et laisser le lecteur sur le bord de chemin.
Pour autant, malgré ses quelques longueurs et une narration éclatée qui ne conviendra sans doute pas aux lecteurs attachés à un récit linéaire et cadré, Camp de gitans se révèle être un livre réjouissant pour qui aime à se plonger dans cet humour désespéré qui sous des apparences de grosse farce échevelée sait toucher juste et appuyer là où ça fait mal.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Depuis 2014, Vladimir Lortchenkov habite Montréal. Il s'est donc appliqué à lui-même l'une des recettes contenues dans son ébouriffant roman, le premier à être traduit en français, Des mille et une façons de quitter la Moldavie. Paru en 2010 dans son pays, Camp de gitans est encore plus frappé, nihiliste et délirant que le livre qui l'a précédé alors que cela semblait impossible. Son intrigue rebondit à plusieurs niveaux : des Nations Unies où la plupart des chefs d'Etat du monde sont pris en otage par un "terroriste" moldave à un camp de détention où règne l'arbitraire alors qu'un prophète émerge prônant "l'exodisme", en passant par la capitale Chisinau en pleine déliquescence et anarchie sanglante. Lortchenkov n'a absolument peur de rien et livre est une bouffonnerie grotesque, une farce "hénaurme, qui n'aurait pas la même force si elle n'était pas inspirée par une certaine réalité : la Moldavie est le pays le plus pauvre d'Europe, divisée entre nostalgiques entre l'URSS et "eurolâtres", et connaît surtout un exode massif, vers l'Italie, notamment. de là à imaginer que la pays se vide totalement, comme dans Camp de gitans, il n'y a qu'un pas que l'auteur franchit sans hésitation, dans une parodie osée de certains situations bibliques. le roman n'est pas fait pour les estomacs fragiles et les amateurs de bluette : euphémisme. Camp de gitans est certainement trop long et répétitif et se complait parfois dans des excès qui confinent à l'hystérie. Il n'en est pas moins un cri d'amour déchirant à une contrée en voie de perdition dans laquelle la phrase : "La Moldavie, tu l'aimes ou tu la quittes" résonne de façon aussi étrange qu'erronée.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Camp de gitans est le second roman de Vladimir Lortchenkov après Des milles et une façons de quitter la Moldavie, mais peut très bien se lire indépendamment (Je n'ai personnellement pas lu le premier, même si maintenant il me tente bien). Ce roman nous trace un portrait d'un pays oublié de tous, la Moldavie.

L'histoire commence fort ! Délaissé, un groupe de Moldaves décide de faire entendre ses revendications en prenant en otage aux Nations Unies, les chefs des gouvernements de la planète. Cette première scène donne immédiatement le ton avec un humour noir désespéré. Puis retour arrière et à travers différents personnages et points de vue – de simples habitants, des prisonniers de camp de travail, de hauts fonctionnaires… - on découvre comment on en est arrivé là avec un prisonnier qui devient le leader d'une nouvelle religion et la recherche d'une Terre promise pour les Moldaves.

La Moldavie, coincée entre la Russie dont elle a gardé certaines habitudes de la période soviétique et l'Union Européenne à laquelle elle aspire (au point que l'auteur en a inventé une religion « Eurolatrie »), est décrite dans ce récit loufoque qui part un peu dans tous les sens. Et personne n'échappe à la plume de l'auteur dans cette satire sociale et politique.

J'ai cependant eu quelques difficultés avec la première partie, qui après un début fort marquant a un peu tendance à partir dans toutes les directions avec quelques longueurs et quelques passages peut-être pas forcément utiles. Néanmoins, j'ai beaucoup apprécié ce roman et son humour. Décidément les éditions Mirobole font dans l'originalité !

Lien : http://raconte-moi.net/2015/..
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Une farce moldave totale qui englobe peut-être l'ensemble du contemporain.

Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2015/08/25/note-de-lecture-camp-de-gitans-vladimir-lortchenkov/

Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
… par un beau matin du caniculaire été 2004, le soleil se leva sur la carrière de Casauti, d’où l’on extrait un calcaire destiné à l’érection des plus belles propriétés de Moldavie, en raison de sa blancheur aussi éclatante que les nuages d’été dans le ciel du pays. Tordant impitoyablement ses rayons devenus flous sous le regard des hommes décharnés, l’astre solaire vint prendre place au-dessus des surveillants et jeter sur la carrière le même regard indifférent. « Elle n’est pas du même blanc que les nuages, constata Plechka, l’adjoint du commandant du camp. On dirait plutôt un os saillant d’une fracture ouverte, qui se couvrirait peu à peu de pointillés noirs. Comme des poux sur du longe », songea encore Plechka qui cumulait aussi la charge de médecin de prison. Mais il ne s’agissait pas de poux : c’étaient les prisonniers de la colonie Pruncul, située dans le voisinage de la carrière, qui s’acheminaient au turbin.
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Barack Obama me sourit affectueusement et me tapote l’épaule en s’inclinant un peu, de toute sa hauteur de star de la NBA.
– Souviens-toi de cette journée, jeune homme, me conseille-t-il.
– Je n’y manquerai pas, l’assuré-je avec d’autant plus de conviction que j’en ai effectivement l’intention.
– Et souviens-t’en avec précision.
Comme tous les hommes politiques, il est si préoccupé de lui-même qu’il ne tient aucun compte de son interlocuteur.
– Elle fera date dans l’histoire contemporaine, prédit-il. La liberté et la prospérité généralisée vont aujourd’hui franchir cette porte et faire leur entrée dans le monde, continue-t-il en désignant un battant en chêne massif. Et tu auras le grand bonheur de raconter à tes descendants que c’est à toi, oui, à toi, qu’est revenu l’honneur d’ouvrir cette porte pour le monde, poursuit Obama. Pas vrai ?
Il n’oublie pas d’enfoncer les vérités qu’il vient de m’assener par un petit tour de passe-passe tiré du bouquin de Carnegie.
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-Petit père, intervint l’une des prisonnières, aie pitié des enfants, ça fait presque deux jours qu’on dort par terre, mais on est en novembre, tout de même…
-Tais-toi, chienne, répliqua le policier. Tes enfants doivent avoir honte de leur mère, ajouta-t-il. Au lieu de te conduire comme toutes les femmes moldaves et devenir une Gastarbeiter normale, tu restes à sucer ton pouce avec eux, saleté. Si tu étais allée faire la catin en Italie, comme toutes les femmes convenables, tu aurais envoyé de l’argent à tes enfants, et ils auraient pu payer l’impôt, pontifia-t-il. Ainsi agissent toutes les personnes normales, répéta-t-il. Tiens, ma femme, par exemple, c’est une femme convenable, elle travaille à Amsterdam, fanfaronna-t-il. Elle engrange des devises au profit de sa famille et de la Moldavie, elle se forme à la pensée européenne, ajouta-t-il. Tandis que toi…
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- Ghimpu, à votre avis, combien d'argent dépensons-nous pour subventionner des destinations comme l'Italie et le Portugal ? demanda-t-il. Un tas de fric, se répondit-il à lui-même ! Nous faisons tout ça pour que les Moladves se ruent vers l'Italie et le Portugal comme les papillons de nuit vers la lumière. Peu importe ce qu'il y a là-bas, le principal, c'est d'y arriver ! Pour nous, c'est rentable. Ça nous permet de combler nos besoins en main-d'oeuvre bon marché, et de cette manière, nous canalisons aussi votre énergie négative, expliqua l'Irlandais. En Italie, on a un call center spécial, où mille cinq cents Gastarbeiter, spécialement employés à cet effet, sont assis devant un téléphone et appellent au pays pour raconter à leurs familles comme la vie est belle en Italie. Au Portugal, idem, il y a un call center de ce genre, et en France... Il va de soi qu'ensuite, afin de préserver la confidentialité la plus stricte, nous les élim... voulut poursuivre l'Irlandais. Bref, comme nous sommes opposés aux exécutions sans procès, ce sont des individus spéciaux qui s'en occupent, recrutés parmi les tueurs à gages moldaves, soupira-t-il. Et ça devient par conséquent leur problème de déterminer qui a tué qui chez les Moldaves...
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Vidéo de Vladimir Lortchenkov
Vladimir LORTCHENKOV - Des mille et une façons de quitter la Moldavie .A l'occasion de la première édition du salon Russkaya Literatura qui s'est tenue les 7-8-9 novembre à l'Espace des Blancs Manteaux à Paris, rencontre avec Vladimir LORTCHENKOV, auteur de "Des mille et une façons de quitter la Moldavie" aux éditions Mirobole. http://www.mollat.com/livres/vladimir-lortchenkov-des-mille-une-facons-quitter-moldavie-9791092145212.html Notes de Musique : ?I've Been Waiting For You? (by Silence Is Sexy). Free Music Archive.
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