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EAN : 9782266287791
408 pages
Pocket (17/10/2019)
3.96/5   72 notes
Résumé :
A Terre-Neuve, sur une île au fin fond du Canada, vivent Finn, sa sœur Cora et leurs parents. A travers le brouillard, le vent et la pluie, Finn, onze ans, compte les bateaux de pêche, de moins en moins nombreux : il n’y a plus de poissons à pêcher et donc plus de travail. L’île se vide peu à peu de ses habitants et même ses parents sont obligés de travailler un mois sur deux dans l’Alberta. Sa sœur finit par partir. C’en est trop pour Finn : avec les caribous, le l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
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Cette lecture, c'est une envie, un besoin de s'y perdre, de rejoindre ce petit village déserté par les hommes tout en savourant l'attachement profond et émouvant du jeune Finn pour son île toute proche de Terre Neuve.

Un couple de poissons est imprimé sur le pull de Finn, un poisson est gravé sur la flasque d'alcool glissée dans la boîte à gants de la voiture, mais la mer en est vide, vide de poissons.
En cette année 1992, le travail est ailleurs que sur ce petit bout d'île alors les parents de Finn et Cora vont chacun leur tour en Alberta pour gagner de quoi vivre.
De sa fenêtre, Finn compte les feux de navigation des bateaux, enfin, il les comptait avant qu'il n'y en ait plus aucun à briller sur les eaux tranquilles ou agitées de la baie.
À Big Running, le seul bateau qui part du quai est le ferry et il emmène bien plus qu'il ne dépose.
Cora, elle, rêve d'une vie normale, loin de cet endroit vide de sens et de relations humaines. Pour tromper sa solitude, elle se glisse dans les maisons désormais inhabitées et les décore entièrement aux couleurs de pays étrangers, puisant les images dans les livres du biblio-bateau.
Finn, le coeur lourd, voit avec angoisse les personnes quitter l'île les unes après les autres. Alors il téléphone à Mrs Callaghan, sa professeure d'accordéon, pour l'entendre encore une fois raconter l'histoire de ses parents. C'est l'occasion de basculer dans les années soixante-dix et de suivre Martha, la mère de Finn, qui vit avec ses trois soeurs après la disparition en mer de leurs parents. Sur le rivage, chaque soir, Martha confectionne des filets de pêche, chante et entend le chant des sirènes alors que le jeune Aidan pêche des jours durant, entonnant les chansons de marins de son répertoire.

Pour qui désire se perdre dans l'atmosphère de ce roman, il faut tout d'abord respirer pleinement le vent et la neige, sentir la glace qui se forme et craquelle sous les coups de rames, voir les barques abandonnées gisant sur le rivage, effleurer la plume de pétrel dans la poche d'Aidan et ne pas la laisser tomber. Cette partie nord de l'île où le village se vide, c'est un paysage de rochers et de tourbières, de lichen à préserver et de caribous qui le broutent au loin.
Il faut aussi comprendre l'amour de Finn pour cette terre insulaire, sa tendre détermination à vouloir y rester. « Ils reviendront » affirme-t-il, et en attendant, il construit des cairns et sort sur sa barque avec sa canne à pêche ; éternelles pêches sans poisson, jour après jour, sauf une fois avec l'espoir, bien fugace, d'une reprise des sorties en mer, des bateaux scintillant au loin.
Il faut, avant tout, apprivoiser l'écriture d'Emma Hooper avec ses passages parfois hachés, ses trios de répétitions pour accentuer les propos, ses dialogues minimalistes, mais une grande impression de délicatesse qui envoûte et nous fait ressentir les respirations, les mains qui se serrent, tout plein de petits détails qui émeuvent.
La musique de Finn et Cora, à l‘accordéon ou au violon, ainsi que les innombrables chants folkloriques, donnent un fond auditif qui comble les silences et tissent l'espoir.
J'ai été très sensible face à la ténacité de cette petite famille qui désire rester jusqu'au bout, jusqu'à la cassure qui commence par une fine lézarde, imperceptible, mais qui s'élargit, mois après mois pour devenir une crevasse qui ébranlera ce quatuor familial.


J'y ai trouvé la sensation de tissage d'une toile arachnéenne avec de grands vides laissés par la désertion des habitants, par la mer amputée de ses poissons, par la solitude grandissante. Les fils n'en sont que plus solides, confectionnés avec l'amour de Martha et d'Aidan, avec la tendresse fraternelle entre Finn et Cora, avec cet immense espoir de Finn de voir revivre son village. Car, à la lueur d'une histoire contée par Mrs Callaghan, l'amoureux de son île élabore un plan pour pouvoir y demeurer en famille.
Dans les pensées et les actes de ce petit garçon de onze ans, la tristesse de quitter un lieu aimé qui ne peut plus offrir la possibilité d'y vivre submerge.
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Après quelques pas un peu hésitants, je me suis à nouveau laissée emporter par Emma Hooper,sa sensibilité,son humanité,sa poésie et sa musique.
Finn et Caro, Martha et Aidant leurs parents, vivent à Big Running, petit île canadienne. Ses habitants ont toujours vécu de la pêche. Cependant, les lumières des bateaux disparaissent progressivement et avec elles les pêcheurs et leurs familles. Les poissons ont déserté. Tous les habitants devront-ils définitivement abandonner leurs maisons,leur terre et leurs racines!?
A la façon d'un conte empreint de merveilleux et d'espoir mais aussi de chagrin et de perte, Emma Hooper nous chante l'histoire d'amour de Martha et Aidant, et celle de leurs enfants qui chacun à leur manière vont mettre en oeuvre tout ce qui est en leur pouvoir et bien plus encore pour que la vie et la musique reprennent leurs droits .Mes Callaghan ne se contente pas d'enseigner l'accordéon à Finn,elle le nourrit d'une fable qui devient l'ancre à laquelle il s'accroche pour sauver les siens. Cari ,elle aussi s'amarre à ses rêves et occupe chaque maison abandonnée comme un explorateur avant de partir pour un autre voyage... L'accordéon,le violon, les chants rythment tout le récit mais relient aussi chacun des personnages les uns avec les autres, et tous avec le passé et l'avenir. La mémoire collective. La façon d'écrire d'Emma Hooper,son symbolisme, le mélange de simplicité et de magie me rappelle celle de Yoko Ogawa et notamment j'ai trouvé des similitudes dans la nostalgie des Chants du large avec "Cristallisations secrètes".
Je suis vraiment très heureuse de vous avoir rencontrée madame Hooper et j'espère que votre plume sera prolifique !
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Terre Neuve. Une famille vivant à Big Running dans les années 1990. Il y a les parents , Martha et Aidan et les enfants Cora et Finn.
La plupart des habitants de Big Running vivent de la pêche. Mais le poisson se raréfie et les habitants quittent Big Running. A leur tour Martha et Aidan sont confrontés à ce départ. Ils décident de partir à tour de rôle quelques mois dans l'Alberta pour travailler.
Pendant ce temps Cora refait le monde et les pays en décorant les maisons abandonnées tandis que Finn essaye de faire revenir le poisson pour sauver son île et son enfance.
Au milieu de cela , le brouillard, la brume, les frimas, le chant des sirènes qui nous happent et entoure cette histoire grave d'un halo de poésie et d'envoûtement.
C'est la magie de l'écriture d'Emma Hooper. Elle nous entraîne dans les confins de Terre-Neuve où tout devient possible.
Il faut se laisser prendre par le chant des sirènes, par les contes racontés par les anciens. Il faut comme Finn compter les étoiles et les lumières des bateaux. Il faut entrer avec Cora dans ses maisons qu'elle a décoré.
Entre rêve et magie la réalité est bien présente et dure : sans poisson Terre-Neuve n'est rien. le départ est inéluctable. Comment vit on ce départ quand on est enfants ou adultes ?
Tout cela est traité avec finesse au plus de cette famille et des chants de marins ou de sirènes.
Et dans le brouillard de Terre-Neuve, les ombres et les lumières sont evanescentes et permettent au lecteur de laisser filer son imagination.


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Quel beau et doux livre, empreint de tant de finesse et de mélancolie. Il est difficile de décrire l'émotion qu'il procure tout au long de la lecture car celle-ci tient essentiellement à la musique que l'auteur sait créer avec les mots. Elle le faisait déjà si bien dans son premier livre @Etta et Otto (et Russell et James).
Dans @Les chants du large, cette jeune auteure nous raconte histoire d'habitants d'une île en perdition car tous l'abandonnent, et où ceux qui ont choisi de rester, dont le jeune héros Finn et sa famille, se battent en vain. Mais Finn a une idée...
Par un procédé classique de retours dans la passé mais qui ici prend toute son ampleur, on vogue entre la vie actuelle de Finn et sa famille et celle des parents, qui ont bien du mal a maintenir une vie de famille sur l'île, voire une vie sociale tout court.
Le rythme du roman est certes assez lent, s'arrêtant sur ce qui pourrait sembler des détails mais qui permet au lecteur d'être immergé totalement dans la vie sur cette île, de ressentir les petites victoires, les joies, les désillusions aussi, et le découragement des habitants parfois. L'auteure a su, par ses mots, nous imprégner de l'atmosphère de l'île. On aurait presqu'envie d'y vivre (presque !).
Vous l'aurez compris, il s'agit d'une histoire avec une musicalité propre et de l'optimisme malgré la mélancolie du propos, une sorte de conte moderne, avec des héros humains, et parfois naïfs comme Finn qui tente de sauver son île. Et je me suis souvent dit, lors de ma lecture, que si on pouvait savourer toute cette « musique du langage », c'était aussi grâce à une très belle traduction de Carole Hanna, qui avait déjà traduit le premier avec beaucoup de poésie.
Une bien belle découverte à savourer tranquillement, qu'on ne peut quitter avant la dernière page tant on est pris dans l'histoire.

Merci aux Editions Les Escales, dont j'ai déjà pu apprécier plusieurs livres, et à Netgalley pour cette lecture.
#LesChantsDuLarge #NetGalleyFrance
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Je découvre avec ce roman, la maison d'édition Les escales et l'auteure Emma Hooper.
Cette lecture me laisse une impression d'ensemble très poétique, Emma Hooper nous fait vivre au rythme de cette île de Terre Neuve au Canada. Une vie tellement différente de ce que nous connaissons ici en France, en tout cas en région Parisienne.
Cette île vit au rythme de la pêche et quand le poisson ne se montre plus, la vie des habitants est totalement chamboulée, la plupart partent pour travailler ailleurs, ils laissent sur place quasiment tout ce qu'ils possèdent pour changer de vie.
Pourtant la famille de Finn et Cora essaie de faire différemment, de préserver la famille tout en subvenant à ses besoins.
Un très beau roman qui parle de voyage, de musique, de famille, mais aussi de l'envie d'évasion de Cora et de Finn qui lui, avec la naïveté de son enfance, a toujours l'espoir d'arranger la situation de son île.
Lien : https://livresque78.wordpres..
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critiques presse (2)
LeDevoir
17 décembre 2018
Les chants du large raconte une histoire universelle, une réflexion sur la puissance des liens forgés au cours des décennies, autant entre les hommes qu’avec la terre. D’une rare authenticité.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
Lexpress
01 octobre 2018
Emma Hooper, musicienne dans la vie, déjà auteure d'un premier livre empreint de féerie, écrit comme jadis on se chuchotait des épopées, à la veillée. Son verbe mélodieux épouse les nostalgies et les illusions fiévreuses d'un petit garçon qui croit aux prodiges. A une nouvelle Atlantide créée de ses mains. Pourquoi pas ?
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Le manteau de la cheminée se couvrit de cartes, de cadeaux et la baie se remplit de bateaux. La plupart, restés en cale sèche depuis des années, étaient à peine fonctionnels et les gens colmataient comme ils pouvaient à l'aide de colle, de chaussettes, ou finissaient dans l'eau et le froid. Certains partaient de jour parce que Finn avait pêché de jour [ ... ], et d'autres pêchaient de nuit parce qu'ils l'avaient toujours fait. Certains restaient jour et nuit, jour et nuit, jour et nuit, là, dans la baie. Ils emportaient leurs cannes à pêche, leurs filets, leurs lumières, leurs jumelles, leurs radios, leurs livres, ou n'emportaient rien d'autre que l'espoir et du temps, beaucoup trop de temps. Finn naviguait entre eux quand il sortait sa barque le matin et les retrouvait le soir en rentrant sous le ciel couleur du lichen orange.
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Elles parlent de quoi ? chuchota Molly, son souffle chaud dans le dos de Martha.
De sirènes, expliqua Martha.
Oh, fit Molly. Tu y crois, toi ?
Bien sûr que j'y crois.
Parce que tout le monde y croyait. Tout la monde croyait, tout le monde savait que les sirènes étaient les morts de la mer qui vous chantaient leur amour. Quand la pluie ou les vagues ne faisaient pas trop de bruit, vous pouviez les entendre dans le vent, la plupart des nuits.
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Ce soir-là, le brouillard se leva et blanchit le coucher de soleil, les étoiles, la lune. Il se glissa sous les fentes des portes, à travers les fissures dans le plancher et le bois des fenêtres. Il se leva et couvrit la tour Eiffel en France !, la cérémonie du thé au Japon !, les piñatas au Mexique !, les sirènes dans l’Atlantide. Il se répandit sur les escaliers, s’enroula autour de Finn endormi et de Martha qui ne dormait pas, traversa ses cheveux comme un souffle, pressa sur sa tête comme des souvenirs.
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Il n’y avait pas d’appareils photo à cette époque, ils n’avaient pas de photos de chez eux et la plupart de ces marins et explorateurs ne valaient pas grand-chose en dessin, c’est pour ça qu’ils étaient marins et explorateurs et pas peintres, donc la seule, la meilleure façon pour eux de se rappeler leur pays, c’était de chanter, de reprendre les chansons et les airs de chez eux. Quand ils avaient le mal du pays, quand ils avaient besoin de se rappeler d’où ils venaient, il leur suffisait de chanter pour voir leur pays, pour se souvenir.
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Martha monta à l'étage. Pour un sieste, dit-elle. Une petite sieste. Pour initialiser mes rêves, même si cela ne voulait rien dire parce que Les rêves ne sont pas quelque chose que l'on peut contrôler,pas comme ça.
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Video de Emma Hooper (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Emma Hooper
Emma Hooper raconte comment elle a trouvé l'inspiration pour écrire son premier roman, en puisant notamment dans l'histoire de ses grands-parents.
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