Les charmes de l'horreur

« Les charmes de l'horreur » est le numéro 98 de la collection Gore et le sixième des huit romans signés Eric Verteuil (pseudonyme) dans cette collection.

Anne Kerlande vient de publier son premier roman « Sauvez vos âmes ». Son livre raconte les aventures d'une romancière qui, afin de stigmatiser les vices de ses contemporains, les fait tourmenter par un justicier nommé Hermann.

Anne et sa soeur Florence restaurent la maison de leur grand-mère, dans les landes non loin de la mer. Anne reçoit une lettre signée Hermann qui lui promet de réaliser ce qu'elle a imaginé dans son livre : « Ton idéal est de punir ceux qui sont l'image des vices de notre société. Hermann est celui qui apporte, soi-disant, la rédemption à des êtres malfaisants. Mais la littérature c'est du vent. Moi je vais mettre en oeuvre tout ce que tu as imaginé… Pour commencer ce sera un ivrogne comme le Guillaume de ton livre qui disparaîtra. Tout ce que tu as suggéré lui sera infligé, rien ne lui sera épargné. N'oublie pas que tu seras la dernière victime puisque c'est ainsi que tu as terminé ton roman ! A bientôt. Hermann. »

Effectivement, les atrocités se produisent dans l'ordre (un alcoolique, une avare, un prétentieux, un lâche etc.) et avec les mêmes méthodes que celles imaginées par Anne dans son livre.

Qui se cache derrière Hermann ? Pour quel motif reproduit-il les horreurs écrites dans le livre d'Anne ?

Comme toujours chez Verteuil, il y a de nombreux passages insoutenables : décapitations, amputations de jambes, doigts, castrations, éventrations et la liste est loin d'être exhaustive. Dans une scène, Hermann vide le cadavre d'une femme de ses organes internes puis le remplit de terre et de petits cailloux (??). Plus loin, il fait de même avec un couple en mettant la tête de monsieur (sans oublier les lunettes) dans le ventre vidé de madame. le tueur fait souvent preuve d'imagination dans l'horreur. Par exemple, il transforme une vieille femme en proue de bateau. Une autre victime devient un aquarium vivant après avoir avalé de force, à l'aide d'un entonnoir, de l'eau de mer et un poisson vivant. Hermann coud la bouche pour éviter tout rejet. Enfin, il introduit une anguille vivante dans le sexe de la pauvre femme qu'il referme là aussi avec du fil…

Naturellement, le coupable est la personne à qui on pense le moins. Les révélations successives à la fin du roman sont surprenantes mais « tirées par les cheveux ».

Comme trop souvent chez Verteuil, on lit ce roman rapidement sans réelle implication. Bien que ce ne soit pas le plus mal écrit, les auteurs n'arrivent toujours pas à créer un climat oppressant, indispensable dans ce genre de livre. L'écriture approximative, le mauvais goût, les tortures et meurtres jusqu'à l'overdose, le manque de consistance des personnages font de ce livre un Gore moyen, loin des modèles du genre.