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EAN : 9782365200417
D'un Noir si Bleu (24/09/2014)
4.62/5   8 notes
Résumé :
Il y a très longtemps, j’ai renié mes eaux profondes en regardant couler le fleuve.
Môme du bidonville, j’ai connu la rue, la faim. Mes jours, mes nuits tendent vers un but : survivre. Pour moi, c’est une promotion de servir dans un bordel miteux, esclave de ces dames et d’une taulière décatie.
Méfiance ! Son nouveau client est une toute-puissante ordure. Cette fois, notre Mamá a visé trop haut.
Faute d’y laisser ma peau, je dois les défendre, e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
AC Blanc est une styliste hors paire. Quelle langue mes amis, quelle langue ! Riche. Métissée de mots de différents niveaux de langage. Unique, tiens, le tout début : "Chez nous, les rues de la nuit appartiennent aux furtifs, aux baveux, aux électriques. Elles appartiennent aux chats pelés qui bondissent des poubelles, crachoteurs d'injures chuintantes, griffes et dents jaillies du fourreau pour défendre la pauvre arête ou la tripaille fétide qui alimentera en eux jusqu'au lendemain la petite braise de vie, étique et obstinée. Elles appartiennent aux ligues de chiens galeux, mangés de tiques, mais forts de leur nombre : masse protéiforme et grondante, capable d'attaquer l'ivrogne branlant ou de faire reculer le jouisseur clandestin filant à son plaisir, feutré, circonspect, concentré dans son effort pour noyer l'ombre qui le talonne dans l'ombre caressante des murs, un ton plus noire." (p.7) Poétique : "La Faena a un petit sexe humide et souriant, un petit coquillage rose corail, niché dans sa pelote d'algues douces. La Faena a des yeux d'obsidienne, des lacs volcaniques sans mémoire dans un visage de lave épuré, mais rigide, infiniment lointain, comme ignorant de sa propre histoire." (p.26) En plus de la beauté du texte, j'ai dû recourir avec bonheur une petite dizaine de fois au dictionnaire pour des mots rares, désuets ou recherchés ("mascaret", "purotins", "camard", ...) qui ne sont pas là pour épater la galerie, mais pour ajouter du plaisir de lecture.
Mais ce roman n'est pas qu'un exercice de style et s'il ne s'y passe pas beaucoup d'action pendant les deux cents premières pages il n'est est pas moins passionnant. Hip Hop observe les filles, les autres employés (barman et videur), dresse les portraits des personnalités les plus marquantes, leurs rapports, les jeux de pouvoir, de violence. Il passe inaperçu, fait partie des meubles et peut donc écouter et entendre et suit quasiment tout ce qui se passe dans la maison. Et lorsqu'il ne sait pas, il enquête, notamment pour savoir qui est le protecteur de la Mafalda la Prieure qui voudrait être cheffe et l'identité de l'amateur de jeune vierge qui menace la tranquillité des lieux. Car la Faena n'est plus vierge et la Mama fait tout pour le faire croire, si l'homme puissant qui la désire l'apprend, le pire peut arriver à l'établissement et à ceux qui l'occupent.
AC Blanc décrit également la vie sordide, la pauvreté dans une dictature qui enrichit les plus riches et appauvrit les plus pauvres. Ce qu'iceux sont obligés de faire pour survivre, le plus souvent la prostitution d'eux-mêmes et de leurs propres enfants (d'où l'absence de jeunes femmes vierges) : un chapitre est consacré à la manière dont la Mama a construit sa notoriété en exploitant cette misère avant d'en arriver à ce bordel miteux. Même si le roman est un quasi huis-clos, l'extérieur est présent dans les odeurs, les bruits, les chiens de l'aube qui fouillent les poubelles, les chats errants, le vent est là aussi, très présent, le vent purificateur, celui qui nettoie les odeurs et en rapporte d'autres.
Osez prendre le risque de lire un roman dont on ne parle pas dans les médias, un livre qui vous fera découvrir une plume sensible, précise, magnifique et des personnages forts qui résonneront longtemps en vous. Un coup de coeur pour moi !
Lien : http://lyvres.over-blog.com
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La Chiquitita, c'est son nom. Celui du personnage qui m'a interpellée à l'instant même où je l'ai rencontré/vu/lu. Je suis de suite tombée amoureuse de l'avant-dernière factionnaire de la maison clause où travaille Hip Hop le narrateur des Chiens de l'aube.

La Chiquitita n'est pourtant qu'un moindre élément, un personnage secondaire parmi d'autres. Elle n'est pas le narrateur, ce vieil intendant de bordel issu d'une quelconque favela d'Amérique latine, elle n'est pas non plus cette « mère supérieure », proxénète en chef et propriétaire des lieux, elle n'est rien de ses consoeurs prostituées amères et acâriatres et non moins femmes, ni de la dernière embauchée fragile et faussement innocente. Elle n'a rien à voir non plus avec la brute épaisse, garde du corps de ces dames, et persécuteur de première ligne du brave concierge.

Les chiens de l'aube est un roman riche en personnages attachants et rebutants. le comportement anormal de la Faena, la dernière recrue de cette maison clause latino-américaine, est le prétexte assumé pour une immersion dans les souvenirs et dans le quotidien de l'étrange tenancier au surnom instable cité précédemment, ce brave Hip Hop embrigadé (presque) malgré lui dans une enquête des plus cocasses.


Lien : https://synchroniciteetseren..
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Bravo pour ce merveilleux roman ! j'ai déposé une critique détaillée sur mon blog
https://leturbilephemere.wordpress.com/2015/07/04/polar-numero-xxx/
Lien : https://leturbilephemere.wor..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Chez nous, les rues de la nuit appartiennent aux furtifs, aux baveux, aux électriques. Elles appartiennent aux chats pelés qui bondissent des poubelles, crachoteurs d'injures chuintantes, griffes et dents jaillies du fourreau pour défendre la pauvre arête ou la tripaille fétide qui alimentera en eux jusqu'au lendemain la petite braise de vie, étique et obstinée. Elles appartiennent aux ligues de chiens galeux, mangés de tiques, mais forts de leur nombre : masse protéiforme et grondante, capable d'attaquer l'ivrogne branlant ou de faire reculer le jouisseur clandestin filant à son plaisir, feutré, circonspect, concentré dans son effort pour noyer l'ombre qui le talonne dans l'ombre caressante des murs, un ton plus noire." (p.7) Poétique : "La Faena a un petit sexe humide et souriant, un petit coquillage rose corail, niché dans sa pelote d'algues douces. La Faena a des yeux d'obsidienne, des lacs volcaniques sans mémoire dans un visage de lave épuré, mais rigide, infiniment lointain, comme ignorant de sa propre histoire. (p.26)
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Chez nous, les rues de la nuit appartiennent aux furtifs, aux baveux, aux électriques. Elles appartiennent aux chats pelés qui bondissent des poubelles, crachoteurs d’injures chuintantes, griffes et dents jaillies du fourreau pour défendre la pauvre arête ou la tripaille fétide qui alimentera en eux jusqu’au lendemain la petite braise de vie, étique et obstinée. Elles appartiennent aux lignes de chiens galeux, mangés de tiques, mais forts de leur nombre : masse protéiforme et grondante, capable d’attaquer l’ivrogne branlant ou de faire reculer le jouisseur clandestin filant à son plaisir, feutré, circonspect, concentré dans son effort pour noyer l’ombre qui le talonne dans l’ombre caressante des murs, un ton plus noire.
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