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EAN : 9782377310739
255 pages
Sarbacane (04/04/2018)
3.89/5   121 notes
Résumé :
Gabriel et Laetitia entrent en Terminale Littéraire.
Il est brumeux et arrogant.
Elle est fière et sauvage.
Ils s’ennuient royalement au lycée,
et ils ont comme une envie
de le faire payer à tout le monde.
Ça tombe bien :
cette année, ils étudient Les Liaisons dangereuses.
Ça va leur donner des idées…
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Critiques, Analyses et Avis (52) Voir plus Ajouter une critique
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Wow… Quelle claque… Ce livre me laisse sans voix…
Avec une telle accroche en quatrième de couverture, impossible pour moi de résister à la tentation de lire cet ouvrage.


Si j'ai aimé ? Je ne peux pas employer ce terme…

« Ce n'est pas ma faute »…

Associer le sentiment d'amour à ce livre ne me convient pas. Aimer est un verbe auquel j'associe des émotions positives telles que la joie, le bonheur et la gaîté. Hors cela ne représente pas cette histoire.
J'ai ressenti un panel d'émotions sombres: colère, dégoût, tristesse, crainte, haine. Certaines scènes m'ont choquée, dérangée, perturbée, écoeurée, révulsée. J'ai été émue mais d'une façon différente dont je n'ai pas l'habitude. Joanne Richoux m'a fait sortir de ma zone de confort livresque pour mon plus grand plaisir. J'ai été happée par ce livre. Je l'ai lu avec voracité, sans m'arrêter et sans m'en rendre compte.
Le parallèle avec « Les liaisons dangereuses » est un pur régal. C'est jubilatoire. L'exercice est particulièrement réussi, la promesse est tenue. Mais je ne pensais pas que « Les collisions » seraient des liaisons aussi dangereuses…


Si c'est un bon livre ? Incontestablement…

« Ce n'est pas ma faute »…

« Les collisions » est un excellent bouquin qui vous fera ressentir. Mais allez-vous aimer ce que vous allez ressentir ? Telle est la question…
C'est une lecture qui marque, qui heurte. le genre inclassable et difficilement qualifiable comme ils savent le faire chez Sarbacane. La plume de Joanne Richoux est incisive. Elle tranche, elle pique, elle griffe, et elle bouleverse aussi. C'est un livre dur. « Les collisions », c'est un concentré d'émotions fortes. L'auteure aborde les thématiques du suicide, de l'alcoolisme, de la violence conjugale, de la manipulation, de la mort, de la tristesse, de la paranoïa, de la dépression, de l'anorexie, du mal-être, de la confiance en soi, de l'adolescence, du harcèlement scolaire, de l'amour interdit, et tout cela en seulement 252 pages… Un tour de force. Et l'auteure accomplit cela sans s'éparpiller et avec beaucoup de crédibilité. Qui aurait cru que tant de thématiques fortes puissent être abordées en si peu de pages et sans que cela soit bâclé ? Pas moi. Et pourtant, Joanne Richoux l'a fait.


Si je vous le conseille ? À vous de décider…

« Ce n'est pas ma faute »…

Les deux personnages principaux, Laetitia et Gabriel sont des écorchés de la vie. Profondément malheureux à cause de leur situation personnelle, ils ressentent un profond mal-être. Gabriel m'a touché. Blessé et blessant, c'est un personnage auquel on s'attache. Son évolution au fil de l'histoire est intéressante et émouvante. Il mène un combat avec lui-même entre coeur et raison. Il prend conscience de la gravité de la situation et sait se remettre en question. J'ai beaucoup apprécié sa personnalité aussi complexe qu'attachante.
Laetitia, quant à elle, est détestable. À mon sens elle n'a aucune excuse. Certes, elles est malheureuse mais elle a tout de même des circonstances bien moins atténuantes que Gabriel… Sa cruauté est telle, que je m'attendais à un passé bien plus « lourd » que celui révélé. Elle est le cerveau pervers des deux (la marquise de Merteuil, tout simplement). Je l'ai haï à partir du moment où Ninon commence à subir les conséquences de son jeu. J'ai eu beaucoup d'empathie pour Ninon, j'ai tellement souffert pour elle… Mais aussi pour Dorian, pour Amandine (bien que nous ayons mal commencé toutes les deux), et finalement même pour Solal…


Est-ce qu'il vous plaira ? Je ne sais pas…

« Ce n'est pas ma faute »…

Je me demande bien où Joanne Richoux a pioché cette idée de créer des liaisons dangereuses made in 21e siècle tout en restant aussi fidèle à l'oeuvre initiale? Une chose est sûre c'est réalisé avec brio.
Manipulation est le maître mot de l'histoire, les actes accomplis ne restent pas sans conséquence… C'est dramatique, douloureux, bouleversant, mais aussi terriblement et honteusement délicieux.
Attention tout de même, ce livre porte bien son nom, je ne le conseillerai pas en dessous de 15 ans.


Les trois dernières lignes sont… je n'ai pas de mot…

« Ce n'est pas ma faute »…

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Dévoré en à peine une soirée, "Les Collisions" de Joanne Richoux me laissent avec une étrange impression, avec la sensation inconfortable mais captivante de ne pas savoir quels mots ou même quels sentiments poser sur ma lecture. J'ai laissé infuser pourtant... Ai-je aimé, adhéré? Peut-être, oui, mais pas complètement. Ai-je été embarqué? Un peu, mais à mon corps défendant et pas pour les raisons en lesquelles je croyais en ouvrant le roman... "Les Collisions" m'ont bousculée tout en m'agaçant, ont teinté de gris mon moment de lecture quand l'intrigue appelait le noir absolu ou le blanc aveuglant. C'est étrange, flou, brumeux.
Si j'ai plongé la tête baissée dans "Les Collisions", ce n'est pas tant par désir de troquer une fois encore mes lectures d'adulte contre un roman au gout d'adolescence mais plus parce que j'ai été attirée par l'idée d'une réécriture de l'un des classiques que j'idolâtre: "Les Liaisons Dangereuses" (et par ailleurs, vous savez mon penchant pour les réécritures...). Paradoxalement, ce que j'ai préféré dans "Les Collisions" fut son versant adolescent. Quant à son penchant Laclosien, c'est peut-être ce que j'ai trouvé de moins convaincant.

Gabriel et Laetitia sont beaux, félins et attirants. D'aucuns diraient même qu'ils sont dangereux. Septembre est là et la rentrée avec lui, les deux adolescents retournent au lycée, terminale littéraire.
Parce qu'ils se refusent à mettre des mots sur ce qu'ils ressentent vraiment, ils avancent masqués, arrogants et fiers.
Parce qu'ils sont blessés, que leurs vies ont déjà plus de fêlures qu'il n'en faut, le monde qui les entoure leur paraît étriqué, maussade, ennuyeux. Parce qu'ils ont dix-sept ans, ils rêvent d'absolu, de violence, de jusqu'auboutisme, de grandiose.
Et soudain, en cours de littérature, l'idée jaillit, limpide, géniale, séduisante et scandaleuse: ils vont rejouer "Les Liaisons Dangereuses" et tant pis pour les camarades qu'ils vont sacrifier sur l'autel de leur flamme et de leur ennui. Laetitia sera Merteuil et Gabriel jouera Valmont; Dorian figurera Gercourt; Ninon deviendra Cécile tandis qu'à Solal échoit le rôle de Danceny. Ne reste qu'à choisir la présidente de Tourvel. Elle est si jolie la nouvelle professeure d'arts plastiques, si douce et elle s'anime si joliment quand elle évoque et invoque Fragonard...
En moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire, le pacte est scellé, l'oeuvre De Laclos rebaptisée ("Les Collisions", voilà qui sonne bien! Titre cogneur, titre agresseur pour adolescents incandescents!). L'enjeu reste le même que dans l'oeuvre originelle: Gabriel pourra enfin posséder Laetitia dont les fesses moulées dans le jean le rendent fou et cette dernière osera peut-être enfin ôter son masque...
S'ensuit un terrible jeu de manipulation où éclate toute la perversité des adolescents... Jeu de manipulation, jeu de massacre jusqu'à ce que tout déraille car, comme dans le roman de Choderlos de Laclos, les marionnettistes se font prendre à leur propre jeu. L'amour éclot là où on ne l'attend pas et cette étrange douceur, le camélia qui pousse malgré les épines, rebat les cartes et les redistribue à l'envie.
Jusqu'à ce qu'il soit trop tard. Jusqu'à l'ultime bouleversement.

L'idée de base est géniale: proposer une réécriture contemporaine des "Liaisons Dangereuses" n'est pas nouvelle et elle est (presque) toujours efficace. L'implanter dans un lycée était un pari risqué, audacieux et s'il fonctionne et est plus réussi ici que dans le délire teenage qu'est "Sex Intentions", il présente une faiblesse qui à mon sens découle du second enjeu du roman. "Les Collisions" se présentent en effet comme une réécriture des "Liaisons Dangereuses" mais pour ne pas tomber sans doute dans l'écueil de la transposition gratuite, il semble que cette réappropriation soit pour Joanne Richoux un moyen de traiter l'adolescence et ses tourments. de fait, elle ne nous épargne rien, ni le suicide et l'anorexie, ni la délinquance et l'alcoolisme, ni les parents démissionnaires et les relations abusives. Il fallait donc croiser ses deux enjeux et le résultat est parfois un peu poussif, un peu artificiel, un peu bâclé. Les conquêtes et leurs retombées m'ont parue trop rapides, trop peu subtiles et certains personnages auraient gagné à un traitement plus profond, plus fouillé, plus complexe (je pense à Amandine notamment!).
Il en va de même pour la partie "adolescence". C'est bien entendu fort louable de vouloir évoquer ces sujets sensibles, délicats mais les ficelles sont un peu grosses, le chemin plus que balisé. C'est dommage!
Ces points négatifs ne sont pas grand chose mais ils suffisent à créer un déséquilibre dans la narration, un petit quelque chose qui m'a gênée... Peut-être était-ce un peu naïf de vouloir parler du drame de l'adolescence à partir d'un canevas certes sulfureux et profond mais très loin, au fond, des préoccupations des personnages...
Personnages dont j'ai trouvé le traitement assez inégal: je parlais d'Amandine plus haut, dont je trouve qu'elle manque de profondeur, mais il en va de même pour Solal par exemple. Quant à Laetitia, je l'ai trouvé monolithique. En revanche, bien sûr que j'ai aimé Gabriel et que je me suis attachée à Ninon. Moins à Dorian qui sonne un peu creux.
Objectivement, cela commence à faire assez de remarques pour justifier d'une mauvaise appréciation du roman. C'est sans compter sur le ressenti qui accompagne parfois certaines lectures marquées par certaines faiblesses...
Parce que oui, malgré ces dernières que je déplore absolument, il y a un moment où j'ai été happée par le roman, alors même que je m'en défendais farouchement.
En cause? L'écriture de Joanne Richoux qui colle à merveille au tempérament de ses personnages. Je l'ai trouvé poétique et intense cette écriture, urgente, fiévreuse, blessante. Une syntaxe pleine de rupture de rythme, riche d'images perçantes, marquantes qui épouse parfaitement la dimension excessive et passionnée des personnages, une écriture qui ressemble aux embrasements adolescent. le tout ou rien, le vivre ou mourir, le pour toujours et à jamais, le feu et la révolte.
L'écriture et la violence parfois crue du propos qui m'a rappelé une certaine forme de romantisme, dans le sens premier du terme et qui en appelle à une certaine forme d'engagement, d'urgence. "Les Collisions" semblent écrites avec les tripes, avec sincérité ce qui d'une certaine manière explique sans doute et excuse les quelques maladresses citées plus haut... Oui c'est excessif, trop sans doute, mais le coup de poignard ressenti était bel et bien là... C'est un signe non?







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Elèves de Terminale Littéraire, Laetitia et Gabriel sont amis. Ils aiment se faire remarquer en faisant les 400 coups. Cette année, ils ont choisi de revisiter Les Liaisons Dangereuses à leur manière. Laetitia sera la Marquise de Merteuil, Gabriel le personnage De Valmont, des élèves de la classe interpréteront à leur insu Gercourt, Cécile, Danceny et une professeur sera choisie pour être Mme de Tourvel. Mais tout ne se passe pas comme prévu et certains protagonistes tombent amoureux. Laetitia, qui ne supporte pas de ne pas diriger le jeu, va précipiter les événements et provoquer des drames.

J'ai découvert ce roman au thème original sur le site et intriguée par cette réinterprétation de ce grand classique de la littérature, j'avais envie de savoir ce qu'il en était.
Au tout début du livre, j'ai eu peur car tout de suite j'ai perçu quelque chose de malsain pouvant s'apparenter à une forme de harcèlement. C'est un sujet sensible pour moi et sur lequel je ne plaisante pas. Mais contrairement à mes appréhensions, je suis tombée justement sous le charme de ce côté malsain, de la perversion contenue dans l'histoire. J'ai tremblé pour les adolescents victimes comme Ninon, Solal, Dorian et même Mme Brugnon qui va en payer le prix fort, elle aussi.
Des deux personnages principaux, Laetitia m'est apparue vraiment comme la plus perverse, la plus manipulatrice, celle qui n'a pas de remords ; Gabriel est nettement plus nuancé, il est capable de ressentir des remords, d'aimer véritablement et en cela il est touchant.
J'avais du mal à refermer le livre à chaque fois que je devais m'arrêter, les chapitres sont courts, ils entretiennent un suspense indéniable et on rebondit de chapitre en chapitre, nous aussi victimes de cette manipulation diabolique.
J'ai été vraiment surprise par la fin du livre, je ne m'y attendais pas du tout et jusqu'à la dernière ligne, j'espérais un autre dénouement. Elle est bouleversante et en tant que parents, ce livre nous engage à prêter encore plus attention à nos adolescents qui peuvent jouer ou être victimes de jeux bien cruels sans en mesurer toutes les conséquences.
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J'ai été saisie par ce roman, saisie par l'écriture de cette jeune auteur , douée et très prometteuse ; saisie par les personnages, Gabriel, Laetitia et les autres,   ados complexes,  attachants et tellement réels ; saisie par la mécanique du récit. Il faut dire que Joanne Richoux est une jeune femme et que son adolescence n'est pas si loin ; elle sait donc retranscrire de façon vraie et sans stéréotype les codes de langage de ces adultes en devenir, l'amour entre eux mais aussi la violence.
Quand en plus, cette jeune auteur a du talent pour utiliser un classique de manière si moderne , cela donne un livre fort et une histoire marquante : celle de deux ados intelligents, déjà meurtris par la vie, unis à la vie à la mort (comme on peut l'être exagérément à cet âge) , qui manipulent leurs camarades en rejouant le pervers échiquier sentimental des Liaisons Dangereuses, celle d'un jeu qui dépasse leurs créateurs au risque de leur exploser à la tête ;
Quand en plus, Joanne Richoux, écrivain décidément bien de son temps, compose une bande son au diapason de son récit (magnifiques insertions quand on sait combien la musique accompagne nos vies, particulièrement nos jeunes années) ;
Cela donne un roman poignant, grave, rock'n'roll, et romantique dans le sens premier .
MERCI à la Masse Critique de Babelio sans lquelle je n'aurais probablement jamais découvert ce roman parce que celui-ci est classé "pour ados" et merci aux Éditions Sarbacane.
Je le conseille à tous je suis sûre que vous prendrez une grande claque de l'ange Gabriel et de la fille au sourire banquise.
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Depuis quelques temps je surveille les sorties des éditions Sarbacane sur les conseils avisés de Mes écrits d'un jour. Afin de me plonger un peu plus dans leur catalogue je leur ai demandé deux titres : Shorba, l'appel de la révolte de Gaspard Flamant et Les collisions de Joanne Richoux. J'ai été vraiment enchantée quand ils m'ont envoyé non pas un seul mais les deux ! Surtout que celui-ci est un coup de coeur du feu de dieu (yes sire!).

Mon résumé

Gabriel et Laetitia entrent en Terminale Littéraire. La dernière année, l'année du BAC, du futur, de l'avenir. Mais y en a t-il seulement un ? Les deux adolescents sont ombrageux, malheureux et en veulent au monde entier. Au programme Les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos. Un roman épistolaire jugé scandaleux où Merteuil et Valmont ourdissent un plan quasi machiavélique pour dévergonder, manipuler et pousser à bout d'autres personnages. D'un coup d'oeil complice, les deux adolescents réinventent le roman et lui donne un nouveau nom : Les Collisions. Mais encore faut-il ne pas tomber dans son propre piège…

Mon avis

J'ai eu un coup de coeur incroyable pour ce roman. Joanne Richoux a un talent unique pour explorer les extrêmes de l'adolescence : rendre fou Dorian, un élève sous médicament, coucher avec la professeure d'arts plastiques Amandine Brugnon, dévergonder Ninon une jeune fille avec des boucles d'oreilles sous forme de hiboux, transformer Solal, le garçon un peu gauche en bête de sexe… Gabriel et Laetitia tissent leur toile d'araignée avec adresse. le grand final approche et il faut qu'il soit grandiose !

Je pense que ce roman sera un « ça passe ou ça casse » avec la plupart d'entre vous. Parce que ces personnages sont de vraies ordures, vraiment. Bon, Gabriel se rattrape un petit peu dans la seconde partie du roman. Mais ils sont sans concessions, noirs, diaboliques et surtout ils se connaissent bien, sont presque fusionnels et acceptent tout l'un de l'autre.

Ensemble ils pourraient combattre le monde entier, mais c'est aussi un duo fragile qu'un rien pourrait faire voler en éclat, surtout les autres. Laetitia le dit très bien elle-même : elle préfère donner le premier coup que d'attendre qu'on la blesse.

Nos deux personnages ont tous les deux leurs lots de blessures qui alimentent leur haine, leur rancoeur, leur part d'ombre, cette noirceur qui les dévore. Laetitia vit dans un taudis aux côtés d'une mère alcoolique tandis que Gabriel a vu son frère, Evan, suspendu au plafond par une corde et vit depuis dans son sillage, sa mère est partie et son père quasiment absent : physiquement et mentalement.

Souvent, nous avons le réflexe de nous protéger, mais également de prendre soin des autres, d'effacer notre noirceur sous une couche parfois fausse, souvent hypocrite, de sourires. Eux l'embrassent et c'est cela qui dérange. Et malgré tout, malgré tout, nous les aimons ces personnages – et c'est peut-être là le plus grand talent de Joanne Richoux, nous faire aimer des personnages détestables. Laetitia est intrigante, froide et sauvage, elle possède une aura, magnétique, électrique qui embrase tout sur son passage mais à trop jouer avec le feu, on finit par s'y brûler. Gabriel est un peu plus proche de nous, un peu plus nuancé, il montre de la compréhension et laisse entrapercevoir de la compassion, de la tendresse mais aussi beaucoup de colère.

Quant aux personnages secondaires… je ne sais pas trop quoi en penser. Je n'ai pas beaucoup apprécié Solal, il a tout de même cogné Ninon et ça… je ne sais pas. Cela m'a un peu perturbée. Par contre le personnage de Ninon m'a beaucoup plu, sous ses airs de fille prude et innocente se cache aussi une jeune fille qui a envie qu'on la voit, qu'on la remarque, qui a envie d'exister tout simplement et qui choisit de laisser s'exprimer sa part ombrageuse même si cela peut la détruire. Quant à Dorian… Dorian est peut-être le personnage le plus torturé de la clique. Ayant déjà eu affaire à des soucis psychologiques similaires chez une amie, le voir descendre aussi bas m'a fait beaucoup de mal, j'ai eu pitié, peur de lui et pour lui. C'était à la fois effrayant et…curieux. Je me demande si l'autrice a parlé à des personnes atteintes de ce genre de trouble du comportement : paranoïa, théories du complot et autres se confondent dans son esprit jusqu'à prendre forme dans la réalité. C'est d'ailleurs un point de vue très difficile à suivre, très morcelé et c'est aussi quelque chose qu'instinctivement je n'ai pas eu envie de faire : rentrer dans sa tête.

Quoiqu'il en soit, bien que poussés dans leur derniers retranchements, et plongés dans des situations extrêmes, les personnages de ce roman représentent également une génération : désabusée, tranchée, en perte totale de repère. Et moi je la reconnais. Parce que c'est la mienne. Ces filles qui ne peuvent plus s'accepter et qui se comparent aux canons de beauté, qui se détruisent pour leur ressembler ; ces garçons à qui on apprend rien et surtout pas à respecter une femme puis, qu'une seule parole malavisée peut conduire sur un chemin tortueux ; des adolescents qui ne voient plus d'avenir nulle part alors que la planète se barre en cacahuète, que tout fout le camp…

Et bien sûr, je ne vous en dirais pas plus que quelques mots, mais cette montée en puissance, cette adrénaline qui à parcouru mes veines, le souffle coupé comme si j'avais couru un marathon, je l'ai ressentie, crescendo, inévitable, jusqu'à la fin : l'apothéose, l'apocalypse. Formidable.

En résumé

Une réécriture fabuleuse, noire, glauque et inspirée des Liaisons dangereuses. Joanne Richoux a instillé ce truc inimitable que je n'ai vu nulle part ailleurs, cette chose qui a rendu ce roman si prenant, si addictif, si puissant. Lu de 1h à 3h du matin, d'une traite, sans discontinuer, je n'ai jamais eu autant envie de savoir la fin tout en sachant qu'elle serait furieuse, déton(n)ante. Un roman qui oscille entre thriller et comédie noire et qui offre une vision sombre et glaçante de l'adolescence.
Lien : https://lesdreamdreamdunebou..
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Ça allait mieux, bien mieux, depuis qu'elle avait recommencé à manger. Depuis que Mamie avait compris, surtout...Il avait fallu des semaines, mais c'était arrivé.
Inéluctable, en même temps : Mamie l'avait trouvée évanouie au milieu du salon, du vomi à la vodka plein sa petite robe noire moulante...
Alors elle lui avait donné un bain, comme quand elle était petite. On fait couler de l'eau très chaude, on plonge le gobelet en plastique dedans, puis on verse sur les cheveux - longuement, plusieurs fois de suite. Avec un gant humide, on fait partir le maquillage qui bave. On nettoie tout au savon : les souvenirs, les blessures, les larmes. Les striures rouges sur les avant-bras.
Sans poser de questions.
Puis on prépare un chocolat chaud avec un ourson en guimauve dans la mousse.
Et le lendemain, il avait fallu tout raconter.
Raconter pourquoi on pleure, pourquoi elles sont là, ces lignes rouges. Raconter que le coquard, deux mois et demi plus tôt, on ne se l'est pas fait en cours de sport. Pas vraiment.
Raconter les yeux baissés, avec le chagrin qui bloque les mots.
Un calvaire.
Mais quand on relève la tête... On voit la tendresse dans le regard de Mamie.
On l'écoute dire que tout va bien,
Qu'elle est là et que rien ne peut arriver tant qu'elle est là .
C'était un mensonge.
Mais un mensonge rassurant, auquel Ninon voulait croire.
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- L'humain devrait se soucier de ce qui est véritablement important.
- Genre?
- Le fait qu'on soit une calamité. Et ça va bien au-delà de notre système. Espèce douée d'intelligence... Tu parles! Faut voir ce qu'on en fait de notre gros cerveau : on sait aller sur la lune et on a le matériel pour faire sauter la planète en quelques secondes, mais la moitié de la population crève de faim et on ne peut toujours pas soigner le cancer. L'humain, c'est de la grosse saloperie.
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Tout le monde les fixait - il fallait s'y attendre. Certains avec dégoûts, d'autres avec envie. Entre honte et triomphe, ils ont ralenti le pas. Encore. Davantage. Ils rendaient les regards à chacun, sourire aux lèvres. Ils s'en échangeaient entre eux. Prendre l'escalier. On les bouffait des yeux, on les bousculait, on baissait la tête; ils acceptaient tout. Une victoire? Peut-être pas... mais un exploit, incontestablement.
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- Alors dis-moi: pourquoi il n'y aurait pas de monde après le lycée?
- Parce que derrière les grilles du bahut, y a aucun destin fabuleux, style téléfilm à la con, qui nous attend. Juste cette salope de réalité, avec sa gueule d'acier qui va nous broyer.
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D'un geste fébrile, Laetitia a exhumé une cigarette de sa poche.
Elle s'est brûlé le majeur en l'allumant, la clope est tombée. Sans réfléchir, Gabriel a écrasé la braise dans l'herbe, en même temps qu'il s'est emparé du doigt de Laetitia pour le mettre dans sa bouche. Un acte inoffensif, visant à apaiser la douleur.
Mais pendant une fraction de seconde, ils se sont figés.
Il n'y avait plus que les volutes...
Le contact des papilles sur le chair et de la chair sur les papilles.
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Bloom, c'est moi, étudiante en psycho, cinglée probable. Virgile, c'est mon prof de violoncelle. Il a presque trois siècles, il est sexy et dépressif. Problème : la mélancolie fait geler le sang des vampires, ce qui les tue. Donc je vais voler la voiture de ma soeur pour l'emmener à Brocéliande. Il paraît que là-bas une communauté de monstres s'ébat joyeusement sous terre. Est-ce que je me lance dans ce voyage parce que la fin du monde approche ? Parce que je n'ai rien à perdre ? Ou à cause de la longueur de ses cils ? Aucune idée. En tout cas, ça sent le plan foireux.
Une romance sensuelle, déjantée, à l'énergie rock. De Joanne Richoux ACTES SUD roman ADO, août 2021
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