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Les Crayons de Couleur » est un roman publié initialement aux éditions Flammarion en 2017 et écrit par
Jean-Gabriel CAUSSE, un spécialiste de l'influence des couleurs. On doit la très jolie et originale couverture à Djohr.
Petit topo sur l'histoire :
Les Crayons de Couleur réunit deux personnages principaux : Charlotte, aveugle qui exerce comme chroniqueuse pour une radio locale et mère d'une petite Louise, et Arthur, un commercial ayant tout perdu, alcoolique novice et futur salarié d'une manufacture de crayons de couleur. Charlotte et Arthur vivent dans la même rue, leur appartement se situant l'un en face de l'autre. Ce dernier a « repéré » Charlotte depuis un moment mais ne sait comme l'aborder. C'est ainsi que le destin entre en scène...
Un jour, alors que chacun vaque à ses occupations, le bleu, le rouge, le jaune bref toutes les couleurs disparaissent sans crier gars. le monde devient gris, noir et blanc les humeurs des uns et des autres deviennent moroses, chacun se demandant ce qui se passe. Arthur prend conscience de la perte des couleurs alors même que les derniers crayons de couleurs de la fabrique où il travaille sortent des machines. Charlotte quant à elle découvre la perte de la chromatographie du monde par le biais des sons, des conversations qui peuplent son environnement d'aveugle. Dès lors la question que tous se pose surgit : pourquoi cette perte soudaine des couleurs ?
Ce roman est un petit bonheur feel-good qui ravira ceux qui souhaitent lire quelque chose d'instructif tout en se délassant mentalement au travers d'une histoire sans fioriture … enfin, sans fioriture ou presque.
Le fond du récit est là : les couleurs disparaissent, ces mêmes couleurs qui régissent notre vie, qui régissent les codes marketing, qui régissent la société de consommation dans laquelle on vit, qui régissent nos aprioris et nos habitudes. Quels impacts cette disparition peut-elle avoir sur nos vies ? C'est ce que tente d'expliquer ce roman. L'Homme (avec un grand H) est tellement « conditionné », régi par des codes, des plannings qu'il en oublie ce qui l'entoure. Il en oublie les différentes nuances de couleurs, un bleu n'est pas qu'un bleu, il peut être cyan, ciel, indigo.
J'ai particulièrement apprécié les informations communiquées par l'auteur sur les couleurs : la fabrication d'un crayon, l'existence de la Synesthésie (source Wikipédia : phénomène neurologique non pathologique par lequel deux ou plusieurs sens sont associés), l'origine du LSD, la différence entre bâtonnets et cônes et j'en passe.
J'ai cependant trouvé certain passages un peu incohérents notamment le rôle d'Ajay, le père de Louise, qui n'apparaît que dans certains chapitres ou encore la présence de la mafia, de la triade pour être plus précise, qui je pense alourdit un peu le récit, le rend moins réaliste et perturbe un peu l'approche philosophique du roman. En ce qui concerne la construction même, les chapitres sont cours, l'écriture fluide, les personnages vivants et le rythme du récit plutôt dynamique même si j'accuse un léger spleen vers la fin du roman.
En conclusion, un roman que j'ai trouvé original, instructif et qui pousse à vouloir en connaître davantage sur le rôle et la perception des couleurs. Un petit bémol pour la cohérence de certain passage mais l'ensemble reste très agréable à lire.