Comme au siècle précédent, le noeud des conflits se situe en Orient, mais plus à l'Est … et toujours entre heurts d'influences, volonté d'hégémonie des puissances – la Grande Bretagne, la France, la Russie, plus tard les Etats-Unis et subsidiairement l'Italie et l'Allemagne, recherche d'exclusivité des approvisionnements en pétrole, quête d'un accès à la mer libre.
Nous ne percevons plus aujourd'hui l'essence de la colonisation vécue par les grands empires antagonistes. Elle sous-tend toute cette période.
En particulier le rôle de l'empire britannique préoccupé de la continuité de ses communications avec les Indes. Ensuite, l'accès aux ressources pétrolières du Caucase, de l'Irak et de l'Iran … sans compter sur l'intransigeance de la France en Syrie et au Liban, toujours soucieuse des mouvements qui pourraient affecter les musulmans d'Algérie. Tout ce monde est en rivalité permanente, même et surtout entre alliés, sans négliger les préoccupations électorales qui conduisent à l'immobilisme.
Pendant la guerre de Quatorze, les deux camps agissent en vue d'affaiblir leurs ennemis en poussant à des soulèvements dans leurs empires. le « Djihad made in Germany » s'étend de l'Irlande au Bengale, c'est le premier plan concerté par les puissances centrales de soulèvement anti-colonial. Les Alliés, eux, évoquent l'indépendance des peuples dominés d'Europe centrale et la révolte des Arabes contre les Ottomans.
L'Occident frôle la schizophrénie en prônant à la fois le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes (les principes de Wilson) et le maintien à tout prix du fait colonial. Les dispositions des traités vont jeter la confusion dans toute la région, provoquant massacres, nettoyages ethniques, transferts de populations. La découverte des horreurs nazies va bousculer le monde. Hier comme aujourd'hui, aucun pays n'accepte d'accueillir les rescapés.
La Déclaration Balfour (novembre 1917), fruit d'un extraordinaire marchandage de motivations, donne des droits au « peuple juif » et fait naître immédiatement, comme par défaut, une identité palestinienne. Elle met le feu aux poudres pour les siècles à venir.
Dans ce que certains appellent le Croissant fertile, l'effondrement de l'empire ottoman s'accompagne du démantèlement de l'appareil d'Etat. Les Capitulations – qui définissent un statut particulier pour les occidentaux - devenues obsolètes, ont pour vocation de disparaître progressivement (en 1949 !), mais font encore l'objet de négociations ; l'affrontement est constant entre la France et la Grande-Bretagne sur la Syrie et le Liban.
La révolte arabe contre l'immigration juive et la tutelle britannique commence en Palestine dès avril 1936 : grève générale, désobéissance civile, bandes armées, arrestations, internements, répression, guérilla urbaine et rurale. L'opposition est radicale au sionisme, les différents plans de partage sont abandonnés les uns après les autres. Force restera aux combats et au statut quo sur les lignes de front après le premier conflit israëlo-arabe, avec la lancinante question des réfugiés.
L'ouvrage balaye l'ensemble des forces en présence, les évolutions de la Turquie, Grèce, Irak, Jordanie, Arabie saoudite, Iran, Egypte et Soudan, Libye conquise par Mussolini …
Malgré sa complexité, il donne une claire description du contexte géopolitique de la région - toujours terriblement actuel - et des trajectoires de chacun des pays qui la composent. On comprend mieux les ingrédients volatils de la poudrière et les ressorts des conflits actuels (Azéris contre Arméniens, mosaïque des communautés au Liban, influence résiduelle supposée de la France …)
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