C'est l'intraitable refus de compromis de la part de la noblesse qui a poussé les députés du tiers état à se radicaliser - comme l'écrit le député Lally-Tollendal en 1790, "les communes voulaient conquérir, la noblesse voulait conserver, le clergé attendait qu'il y eut un vainqueur pour s'en faire un allié."
Publié pour la première fois en 1770, l'ouvrage de Mercier "L'an 2440, rêve s'il en fut jamais" est l'objet d'une réédition en 1791. Un fameux passage concerne Versailles, devenu une "ruine purificatrice"
Car les réformes opérées durant la nuit du 4 aout ne correspondent pas aux aspirations du monde paysan,qui faut il le rappeler n'est pas représenté à l'Assemblée. Pour Jacques Solé, elles cimentent une alliance entre une partie de la noblesse-celle qui n'est pas ou peu concernée par les droits féodaux-et la bourgeoise révolutionnaire pour faire disparaitre les derniers obstacles-la structure corporative du royaume et les libertés provinciales notamment-à l'élaboration de la nouvelle constitution et obtenir en échange de la réforme foncière une certaine modération dans celle de l’État.
Sans défense depuis l'abolition de la monarchie absolue opérée les 17-27 juin,l'aristocratie,en tant que corps social est à son tour abolie,destinée à se fondre dans une nation qui n'est plus formée que de citoyens,d'individus neufs et égaux,placés dans la situation d'un contrat social,dont les termes restent à définir. L'Assemblée a mis en scène un crépuscule et une aurore,les députés ont été les "machinistes presque divins d'un spectacle ou disparait le passé et commence un autre monde" (Francois Furet et Ran Halévi),les magiciens de la table rase et du renouveau. Fondé sur la disparition de la dépendance hiérarchique des hommes et l'idée d'universalité de la loi,ce nouvel ordre on le devine au service de l'individu propriétaire.
En vertu de cette Saint Barthélémy des privilèges,il n' y a "plus de différence légale entre un paysan et un courtisan" (Charles Eloi Vial). La grande braderie traduit dans les lois la volonté de l' Assemblée formulée sous forme de réponse improvisée, de mettre fin à la grande Peur. Telle est le sentiment de madame Élisabeth, qui écrit le 5 aout à son amie madame de Bombelle : "J'espère que cela fera finir la brulure des châteaux. Ils se montent à soixante-dix. C'était à qui fera le plus de sacrifice".
Storia Voce - 28 février 2018
1789: les derniers jours de Versailles.
Nous croyions tout savoir sur 1789. Dans son livre Les derniers jours de Versailles, Alexandre Maral nous prouve le contraire. Au jour le jour, nous suivons les témoignages des contemporains: acteurs ou observateurs de cette année sans pareille. Il est interrogé par Christophe Dickès.