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EAN : 9782364451339
Pierre de Taillac (04/01/2019)
3.75/5   2 notes
Résumé :
Intercepter les communications, casser les codes utilisés et percer les intentions ennemies, c'est ce que parviennent à faire durant quatre ans les services d'écoute français. Ils permettront ainsi au commandement de déjouer nombre d'attaques et de remporter, en 1918, la Victoire. De la bataille de la Marne à la signature de l'armistice, ces services vont être de tous les théâtres d'opérations, de toutes les batailles et de tous les combats.

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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Du 4 août 1914 au 11 novembre 1918, des militaires français du service de l'Ecoute ayant mission d'intercepter les communications de l'ennemi, se sont montrés indispensables à la victoire finale. Ce furent des hommes effacés, que l'on peut qualifiés de l'Ombre, peu nombreux. Ils se montrèrent obstinés, patients, opiniâtres et décidés. Malgré le peu de moyens à leur disposition, ils furent un des leviers de bascule de l'issue du conflit.

A la lecture de "Les écoutes de la victoire" on ne peut s'empêcher de les sentir pionniers de la guerre électronique et de la cyberguerre qui tant de décennies plus tard semblent désormais s'imposer.

Ils expérimentèrent à leurs débuts la technologie presque nouvelle de la TSF (des prémisses durant la Guerre de Sécession ne semblant pas en faire de vrais pionniers), mirent peu à peu au point des moyens d'écoute efficaces, précis et redoutables des communications ennemies. Ils se montrèrent discrets, couleur passe muraille, tenus au secret militaire. Ils pesèrent d'un poids certain et déterminant sur tous les champs de bataille, sur les événements militaires en cours, sur ceux à venir et ce, jusqu'à la signature du Traité de Versailles, le 28 juin 1919, sur laquelle ils posèrent leur empreinte invisible au bénéfice de la diplomatie hexagonale.

Au-delà, leur contribution restera longtemps secrète. Leurs méthodes pour la plupart ignorées de leurs ex-ennemis, ce coup d'avance primordial qu'ils possédaient encore et toujours, devront rester confidentiels en cas de conflit réactivé. Les pratiques de l'Ecoute désormais en sommeil, l'Allemagne apprendra de ses erreurs et 22 ans plus tard une autre histoire commencera.

De 1914 à 1919, les hommes de l'Ecoute deviennent les nouvelles Oreilles de l'Armée française. Charge à elles de découvrir ce que, de l'autre côté du Front, sans les voir et être vus d'eux, disent, pensent, envisagent, élaborent les ennemis; ce à quoi ils se heurtent matériellement, physiquement ou psychologiquement; ce qui fait leurs faiblesses à gratter jusqu'à l'os et leurs forces à éviter. Ce sont des espions et contre-espions; ils dressent leurs oreilles dans l'Ombre et écoutent ce qui ne devrait pas être porté à leur connaissance. Ce sont des coins de bois qui cherchent les failles dans le Front ennemi. Ils ont aussi un rôle défensif: dénichant des zones du Front militairement désertifiées, cherchant à proximité la balance de celles densifiées, déterminant ainsi en un lieu précis une attaque imminente.

L'interception du maximum de transmissions ennemies (téléphoniques, télégraphiques, TSF...) est mission première. Elle se fait à longue distance (depuis la Tour Eiffel...ou autres lieux lointains). Mais aussi sous le nez même des soldats allemands, dans leurs tranchées si proches, via des sapes par exemple.

L'exploitation des donnés capturées est mission seconde: elles sont exploitées aussitôt si elles relèvent de l'urgence ou sont classées, archivées quatre ans durant si elles n'ont apparemment aucun intérêt. Rien n'est jeté: de vieux messages inutiles éclairant parfois des nouveaux.
Les données recueillies apportent à la connaissance des états majors alliés des messages envoyés en clair dans l'urgence ou l'inconscience, ou le plus souvent cryptés. Dans le second cas le Chiffre s'occupe inlassablement de les disséquer, de les décortiquer, de leur faire rendre tout leur jus, de déterrer les clés nécessaires à leur compréhension. Elles doivent être utilisables le plus tôt possible. Bloquer sur un code des jours durant c'est perdre en efficacité, c'est diluer la riposte, la rendre inutile si trop de temps s'écoule; la réactivité est le maître mot. le plus tôt est le mieux devient la phrase-clé des services de décryptologie.

Les moyens radiogoniométriques alliés, d'abord fixes et encombrants, puis rapidement mobiles, de plus en plus gros et efficaces, localisent les récepteurs-émetteurs terrestres, embarqués dans les avions (pour régler les tirs d'artillerie), les dirigeables (bombardiers) et les navires, définissent des zones de brouillage à appliquer.

Les armes des hommes de l'Ecoute française courent sans fil dans l'air, dans la terre le long de câbles interminables filant dans les no man's lands, dans les sapes sous les tranchées ennemies.
Savoir c'est prévoir, anticiper, rassembler des contre-attaques avant que les attaques ne se déclenchent; c'est prédire les lieux, dates et heures des offensives à venir; c'est garder ce coup d'avance si utile dans le timing; c'est permettre aux états-majors militaires d'avancer les bonnes pièces sur l'échiquier. le moindre renseignement, même celui apparemment le plus insignifiant, est nourriture aux gens de l'Ecoute, la moindre miette associée à des centaines d'autres, trace un portrait fidèle de l'au-delà du Front, de ses failles béantes, de ses faiblesses et de ses forces, celui du moral des troupes d'en face, de ses réserves en nourriture, des problèmes de son intendance. A ce jeu là, celui où l'imagination doit coller au plus près de la réalité entrevue, les services français concernés, ceux d'Ecoute, se montreront plus habiles et précis quatre ans durant, depuis la mise en oeuvre technique sommaire des débuts jusqu'à sa sophistication finale.

Avec "Les écoutes de la Victoire", document érudit et pointu, le travail considérable de documentation préalable nécessaire a, semble t'il, permis de mettre en lumière, un aspect méconnu de la Première Guerre Mondiale. Quel boulot, sans doute méticuleux, acharné, patient, harassant et complexe, que celui d'avoir collecté et emboîté les unes dans les autres les milliers de pièces d'un puzzle aussi conséquent.
L'auteur, au terme d'une longue phase préparatoire, nous livre ces messages interceptés dans une logique historique chronologique, parfaitement assimilée et rendue. le regard porté par l'auteur, délibérément militaire, a un temps été un obstacle à ma pleine compréhension des événements décrits (le temps de la guerre de mouvement qui précède celle des tranchées). Puis, rapidement, aidé d'un glossaire indispensable, l'immersion totale s'est opérée; le novice militaire que je suis a pris goût à cet étalage de faits imbriqués, de déductions mathématiques concernant le Chiffre, de logique militaire remontant les pistes laissées par l'ennemi.

Les mots abandonnés dans les airs à qui les prendra, cryptés ou pas, tombant comme des empreintes de pas peaux-rouges sur les tympans de ceux qui écoutent et espionnent: il y a dans tout çà, une logique de roman d'espionnage et d'aventures qui ne m'a pas déplu.

"Les écoutes de la victoire" sont une masse énorme, érudite, détaillée et précise, expliquée dans le détail, qui plaira tout autant au fin connaisseur de la chose militaire (que je ne suis pas) qu'au dilettante (que je suis) qui y trouvera son compte d'enseignements, d'anecdotes inattendues et d'étonnements.

Je remercie Babelio, Masse Critique, l'auteur et les Editions de Taillac.

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Un livre qui nous raconte la guerre de 14/18, on en connait des dizaines voir des centaines. Mais si celui ci nous parle de la guerre 14/18, il le fait sous le prisme des services d'écoute français et cela change beaucoup de choses. D'abord car c'est un domaine resté longtemps secret mais aussi car il nous fait découvrir cette "grande guerre" avec un oeil neuf. Même s'il n'est pas évident de rentrer dans le livre car il est assez pointu dans le domaine des écoutes, du chiffrage et déchiffrage des codes, une fois que vous êtes dedans vous ne pouvez plus le lâcher. C'est un livre passionnant qui nous plonge dans cette "drôle de guerre" pas à pas en nous expliquant clairement les différentes batailles et la lutte engagée des services d'écoute français et allemand. L'iconographie abondante et pertinente nous permet de visualiser parfaitement l'avancée des combats mais aussi de voir des photos d'époque. Il nous fait aussi découvrir les héros inconnus de cette guerre secrète et même ce qu'ils sont devenus après la fin de cette guerre. Un vrai bijou pour ceux qui s'intéressent à la première guerre mondiale.

Un grand merci à Babelio et aux éditions Pierre de Taillac pour m'avoir permis de découvrir ce formidable document.
Lien : http://desgoutsetdeslivres.o..
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