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EAN : 9791096987238
247 pages
H.TAG éditions (15/02/2019)
4.75/5   6 notes
Résumé :
Après des siècles de recherches et de fantasmes, la solution pour devenir immortel est enfin trouvée. Il est alors décidé d'interrompre la croissance des humains à l'âge le plus productif : vingt-trois ans. Très vite, la Terre est surpeuplée et l'interdiction de donner naissance devient une nécessité. Toute femme trouvée enceinte est forcée d'avorter, tout enfant découvert vivant est abattu sans sommation. Un couple va braver la loi à plusieurs reprises, jusqu'à ce ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
« Si l'homme demeure immortel, quelle est sa raison d'être ? »


C'est par cette citation d'un auteur inconnu que nous débutons cette chronique consacrée au nouveau roman d'Azelma Sigaux. Une citation que nous pensons adéquate étant donné les thématiques de l'ouvrage : l'immortalité… et l'éphémère.

Dans un avenir pas si lointain que cela, l'humanité a atteint l'apogée de ses rêves les plus fous : venir à bout de la Faucheuse, se rire d'elle et préserver une jeunesse éternelle. Oui, l'Homme a accédé à l'immortalité par un coup du sort, une découverte scientifique phénoménale.

Un tout petit, minuscule, poisson : le bogo.


Grâce à lui, à cet être auto régénérant, hommes et femmes n'ont plus à s'inquiéter de rien, dès leur vingt-troisième anniversaire. Il suffit d'une injection tous les trois ans.

Rien de bien grave. Rien de bien contraignant.

Plus aucune maladie, plus de temps, plus de productivité, plus d'argent, plus de… Attendez. Éteignons la télévision qui diffuse les grands discours de politiciens, ces puissants dans le monde qui ne songent qu'aux profits et à l'état de leurs finances. Voilà. Maintenant, admirons-nous dans le jaune des yeux, même si nous ne savons plus quoi dire, qu'il est difficile de réfléchir et d'aligner deux phrases cohérentes. le cerveau n'a pas l'air très bien, mais rien d'alarmant ! L'immortalité a son prix.


Peut-être, comme celui de ne plus pouvoir donner la vie sous peine que les enfants soient exécutés sur-le-champ, peu importe l'âge, peu importe qu'ils soient encore endormis dans leurs berceaux.

Il ne faut pas surpeupler la Terre plus qu'elle ne l'est déjà. Il faut que notre planète reste viable, propre, saine… à quoi servirait l'immortalité si la Terre n'est plus que décrépitude ?

Mais June est une exception. Un petit garçon mortel né de la persévérance maternelle. Peut-être le cinquante-troisième essai ? de l'égoïsme ou un profond amour de la vie que l'on n'identifie pas ? Mais vivre dans une cave jusqu'à vingt-trois ans, c'est long et ennuyeux.


Alors June s'échappe, il part. Il est traqué par les forces de l'ordre — ces gardiens de la « paix » —, il fuit, il veut vivre. Bernie, mortel lui aussi, lui sauve la vie, comme à bon nombre d'autres enfants comme Accident, Numéro deux, Mars, Loula, Décembre…

Et June est recueilli, protégé, entouré de ces individus ayant eux aussi des capacités extrasensorielles. Mais peut-être n'est-ce pas les mortels qu'il faut sauver en premier lieu.

Peut-être est-ce l'Immortalité qui a besoin des Éphémères.


Azelma Sigaux parvient une nouvelle fois à trouver le juste équilibre entre la fiction et les messages qu'elle souhaite transmettre. Plume écolohumaine, elle réussit à nous emmener dans des endroits, lieux fantastiques qui sont en réalité de l'anticipation. « Si rien ne change, si l'Homme poursuit sa route sans aucune prise de conscience, voici ce qui pourrait advenir de nous. »


Mais là encore, ce n'est pas un matraquage en bonne et due forme de faits, schémas, statistiques, de pointage du doigt si culpabilisant qu'on ne désire plus écouter. À travers l'histoire, les personnages, les tenants et les aboutissants d'un univers et d'un enchainement imaginé, l'autrice nous montre le « possible. »

Dans Les Éphémères sont éternels, Azelma Sigaux traite de la mort, de notre conception de la mort et de la nature humaine.

Deux idées s'affrontent : ceux qui refusent la vieillesse, les maladies, d'assister au trépas des êtres chers… Et ceux qui croquent la vie à pleines dents, qui acceptent chaque ride comme une page écrite de leur histoire, un accomplissement, qui comprennent que la mort est naturelle et indispensable pour le cycle de la vie (non, ne chantez pas le Roi Lion, nous l'aurons dans la tête après.)


Encore une fois, Azelma laisse tout de même une certaine liberté aux lecteurs. Elle lui permet de réfléchir, de se poser des questions sur ces deux idées/convictions, et en soi, de faire son propre choix. Elle garde cependant la mainmise sur le final, mais vous comprendrez pourquoi.


La construction du récit démarre par un jeune homme en proie aux doutes rendant visite à son grand-père. Les premiers cailloux dans la mare sont jetés, il ne nous reste plus qu'à faire un petit saut dans le temps (avant ou après ?). Tout commence en réalité avec June, une fois les premiers ciments de l'univers posés. Il est notre fil conducteur, celui que nous suivons et par qui nous faisons de nouvelles rencontres. Notre point A auquel nous nous attachons et vers lequel nous revenons toujours, même si nous dérivons sur d'autres points comme avec Bernie, Loula, et d'autres protagonistes annexes que nous ne citerons pas ici.

Chaque personnage apporte sa pierre à l'édifice, chacun amène sa sensibilité, son vécu, et apporte un témoignage souvent poignant. Un point de vue qui construit un peu plus le récit et met en place les motivations, les souhaits.


La question sur la notion de la mort et de la souffrance amène l'interrogation sur la notion de la vie. Quel moteur lui donner s'il n'y a plus d'échéance ? Peut-on être ivre de vie quand le verre ne se videra jamais ?

Azelma Sigaux nous plonge dans une intrigue à plusieurs niveaux et donc, plusieurs lectures. Pour le plaisir de lire un roman de dystopie, pour celui de la réflexion, pour la philosophie, pour la prise de conscience. Il en va de la critique de la société, de la conscience écologique, d'alarmes ou d'appels sur la nature humaine.

Si Bernie hurle dans un mégaphone, l'autrice, elle, nous chuchote dans l'oreille.


La plume est à l'image de l'histoire : intelligente. Poétique aussi. Fine. Élégante, pertinente. L'univers riche est soutenu par une lecture fluide, où chaque phrase peut contenir un message important.


Les Éphémères sont éternels s'adresse à tout type de lectorat… parce que nous sommes convaincus que peu importe l'âge, les messages seront entendus, compris et transmis.

C'est la grande force d'Azelma Sigaux : raconter une histoire tout en murmurant à nos consciences.Aussi délicate qu'un mandala qui se dissout au vent… ou qu'un coquelicot offert au soleil dans un champ.

Lien vers la chronique :
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Quel crève-coeur que de devoir sélectionner un unique petit extrait pour illustrer cette chronique au détriment de la myriade d'autres passages percutants et magnifiques dont regorge ce récit ! C'est un problème que j'avais déjà rencontré avec Absurditerre de la même autrice : chaque page abonde de petites phrases aussi belles que frappantes qu'on aimerait partager au monde entier ! Je suis définitivement sous le charme de la plume d'Azelma Sigaux, et dans la famille, je ne suis pas la seule : Absurditerre est devenu le livre préféré de Petit frère, pourtant grand réfractaire à la lecture, qui l'a déjà lu plus d'une dizaine de fois (à l'endroit, à l'envers, par chapitre …) et qui semblait intéressé par le résumé de ce nouveau roman, et maman est impatiente de découvrir Les éphémères sont éternels, ayant elle-aussi beaucoup aimé Absurditerre … Bref, autant dire que j'avais intérêt à le lire vite si je voulais pouvoir le terminer avant que quelqu'un ne me le pique !

2042. La mort est abolie : grâce à une découverte aussi prodigieuse qu'inespérée, l'immortalité est désormais une réalité. Au lendemain de leur vingt-troisième anniversaire, âge considéré comme le moment optimal de la vitalité, chaque individu doit recevoir sa première injection de Bogolux, injection qui sera renouvelée tous les trois ans. Parallèlement à cette obligation, l'interdiction d'enfanter est également décrétée afin d'éviter de surpeupler la planète … Mais certains couples bravent l'interdit et donnent illégalement naissance à des enfants. Pour protéger June, ses parents le gardent précieusement enfermé dans la cave. Mais, après dix ans de captivité forcée, le petit garçon s'échappe … Traqué par les forces de l'ordre, qui ont pour mission d'abattre sans sommation tout enfant, June ne doit la vie qu'à l'intervention de Bernie, mortel lui aussi. le jeune garçon rejoint alors les rangs des Ephémères, poignée d'enfants recueillis par Bernie qui, comme June, ont développé d'étranges capacités extrasensorielles dont ils se servent pour tenter d'éveiller les consciences de ces immortels dépendants et déprimés de leur vie éternelle …

Depuis la nuit des temps, la grande quête de l'homme, c'est l'immortalité. L'abolition de la mort. La vie infinie. Pour ne pas perdre ceux qui nous sont chers. Pour ne pas sombrer dans l'oubli une fois revenus à la terre. Pour gagner quelques années de vie supplémentaire, les hommes sont prêts à tout … Même à disséquer semaine après semaine un malheureux poisson, unique en son genre, immortel et doté d'incroyables capacités autorégénérantes. Parce qu'après tout, ce n'est qu'un misérable animal, et nous sommes des Hommes, donc nous avons le droit de faire souffrir un simple poisson pour servir nos propres intérêts, n'est-ce pas ? Surtout si cela peut rapporter des sous aux puissants de ce monde … Mais ça, bien sûr, on ne le dit pas. Il ne faudrait surtout pas que ces milliards d'immortels en viennent à se rebeller contre l'ordre établi et qu'ils cessent de consommer du Bogolux ! Alors, on leur rappelle continuellement quelle est leur chance : « le monde leur appartenait. Ils avaient l'opportunité de voir défiler les siècles, ils avaient la chance de ne plus manquer de temps. Ils pouvaient expérimenter tout ce qui leur traversait l'esprit. Ils étaient capables de survivre à toutes les folies. Jamais ils ne connaitraient les bombardements ni les cancers, et encore moins les problèmes de la vieillesse » …

Imaginez un monde peuplé d'immortels, un monde où les maladies n'existent plus, un monde où la vieillesse n'existe plus : tout le monde est continuellement en excellente santé, en bonne forme. On a tout le temps du monde devant soi : même les projets les plus titanesques deviennent réalisables. Alors que les « humains pré-Bogolux » mourraient sans avoir accomplis leurs rêves, faute de temps ! Imaginez un monde où la guerre est impossible : s'il n'est pas possible de tuer ses ennemis, comment voulez-vous mettre fin aux conflits ? Imaginez un monde à l'économie florissante, où il y a du travail et un logement pour tout le monde et où les problèmes financiers n'existent plus. Ça fait rêver, n'est-ce pas ? Je pense que si l'on nous proposait de choisir entre mortalité dans notre monde en perdition et immortalité dans cette société apaisée, on n'hésiterait pas bien longtemps … Même si cela signifie démembrer quotidiennement un poisson pour fournir suffisamment d'élixir de vie éternelle (« après tout, ce n'est qu'un animal ! » diront beaucoup).

Mais si je vous dis que cette vie éternelle se double d'une interdiction formelle d'avoir des enfants, d'une baisse progressive des facultés intellectuelles, d'une obligation de travailler ad vitam aeternam (« pour la vie éternelle », et ce n'est plus une expression), sans oublier une déprime grandissante au fur et à mesure que l'euphorie du début retombe … Cela vous donnerait-il toujours envie ? La vie peut-elle avoir un sens sans la mort ? C'est la première question que nous pose ce livre : « entre un magnifique mandala qui s'envole au moindre coup de vent et un tableau indélébile aux couleurs ternies par le temps, lequel des deux est le plus mémorable ? » … Entre une vie courte mais intense et une vie longue mais monotone, que préférons-nous ? Azelma Sigaux nous présente ici un monde figé, comme si le temps, au lieu de s'étendre comme on aurait pu le penser, c'était finalement arrêté. Chaque jour ressemble au précédent. Et ceux qui auparavant craignaient la mort sont désormais prisonniers à tout jamais de la vie. « Ne jamais tenter de mettre fin à ses jours » par le feu, voici l'une des grandes règles. Condamnés à vivre une vie sans joie, sans espoir, sans rêve. Et désormais, la mort ne viendra jamais les libérer de leurs tourments.

Face à ces immortels, il y a les Ephémères. Ces enfants miraculés, fruits de l'insubordination d'immortels bien décidés à donner la vie. Mortels, doués de capacités extrasensorielles, ces jeunes croquent la vie à pleines dents. Ils ont la tête et le coeur pleins de rêves. Leur vie est loin d'être aussi confortable que celle des immortels : traqués, ils sont obligés de se cacher dans un bunker souterrain, séparés de leurs parents, considérés comme des criminels qu'il faut abattre à tout prix … Et pourtant ils sont heureux. « La vie est courte, mais elle est belle », nous dit Bernie, doyen des Ephémères, qui voit sa fin approcher. Sans crainte, sans regrets. Car il a pris soin de ces enfants, de ses enfants – non pas de sang mais de coeur – et il sait que « la mort fait partie de la vie ». A ses yeux, c'est la peur de la mort elle-même qui « procure l'envie d'embellir notre existence et celle des autres » … Car Bernie ne se bat pas pour lui-même, il se bat pour les autres. Pour ces petits Ephémères qu'il a aidé à grandir, mais aussi pour ces immortels prisonniers de cette immortalité imposée par les autorités, prisonniers de leur esprit en pleine décadence …

En bref, comme je m'y attendais, Azelma Sigaux nous offre une fois encore un magnifique récit qui fut un nouveau coup de coeur. J'aime sa façon de raconter les histoires, et j'aime les histoires qu'elle nous raconte. J'aime l'équilibre qu'elle sait trouver entre récit captivant et éveil des consciences. J'aime la poésie de sa plume, j'aime le rythme de ses intrigues. J'aime ses personnages, attachants et fragiles. Et j'aime les messages qu'elle transmet sans en avoir l'air, j'aime sa manière de nous inviter à réfléchir sur la vie, sur le monde, sur notre société, sur nous-même. Je pourrais parler des heures durant de ses romans, tant ils me secouent, tant ils me passionnent, tant ils m'interpellent. Vraiment, Les Ephémères sont éternels est un roman qui plaira autant aux amateurs de récits de science-fiction qu'aux adeptes d'essais philosophiques, car ici, l'histoire se mêle habilement à la réflexion, et chacun peut y trouver son compte. Alors, n'hésitez plus et procurez-vous ce livre ! Et ensuite, posez-vous la question : préférez-vous le fragile coquelicot qui fane à peine cueilli, ou le solide mais morne bouquet en plastique ?
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La mort. Quatre lettres anodines formant l'un des mots les plus effrayants de la langue française. La mort fait peur. Elle occupe nos esprits. C'est même ce qui distingue l'être humain des autres être vivants. Il a conscience qu'il va mourir. Il n'est alors pas surprenant que c'est le sujet majeur de l'histoire de l'humanité : philosophie et religions ont pensé le rapport à la mort depuis des millénaires. La littérature et le cinéma ont, de leur côté, imaginé un monde sans mort, un prolongement sans finitude de la vie. Que serait l'être humain dépourvu de la crainte de mourir ? Comment l'humanité muterait-elle face à l'assurance d'une vie infinie ? C'est l'objet du roman de Azelma Sigaux, Les éphémères sont éternels.

Dans son roman, l'auteure imagine un monde ayant découvert, grâce à un poisson vieux de plus de mille ans retrouvé par un pêcheur japonais, le secret de l'immortalité. Ainsi, pour optimiser cette découverte, il est décidé d'imposer tout être humain d'absorber la nouvelle substance, le Bogolux, à l'âge de 23 ans, âge réputé le plus productif et, pour limiter la surpopulation, il est interdit d'avoir de nouveaux enfants, ni de prendre cette substance au-delà de 23 ans. Dans la lignée des grands romans dystopiques de la littérature, le livre présente au lecteur un monde idéal, mais idéal pour qui ?

En effet, grâce au Bogolux, « jamais ils ne connaîtraient les bombardements ni les cancers, et encore moins les problèmes de vieillesse. La mort ne générait plus la peur, mais la curiosité » (page 28). A tel point qu'en 2100, « tant de temps était passé depuis la création du Bogolux que l'on ne se souvenait plus vraiment de la mort ». Les êtres humains sont devenus des êtres quasi robotisés, ne songeant qu'à travailler, le faisant le plus efficacement possible, avec peu de repos et presque plus de loisir. La question mérite d'être reposée : un monde idéal, mais pour qui ?

Comme le dit la romancière, « étrangement, plus ils vivaient longtemps, et moins ils semblaient vivants » (page 31). Depuis la découverte de l'immortalité, toute idée de progrès a disparu. L'art a quasiment disparu. L'être humain, en perdant sa mortalité, a perdu cet ubris qui lui faisait repousser ses limites, une sorte d'énergie vitale perdue avec la vie infinie : « Les humains immortels, bien trop ramollis par leur substance psychoactive, avaient mis en pause tous leurs projets, du plus simple au plus élaboré » (page 168).

Le monde tel que décrit dans ce roman est effrayant ! Une humanité asservie, focalisée essentiellement sur le travail, déprimée, dégoûtée par la vie, démunie de rêves. Pis encore, c'est un asservissement sans violence (ou presque). L'obligation d'injecter une dose de Bogolux tous les trois ans n'a pas besoin de la contrainte de la force publique pour être respectée : le Bogolux, en effet, « rend accro. Personne ne se sent donc contraint de recevoir une nouvelle injection trois ans après la première. Au contraire ! Nombreux sont les gens qui campent devant le laboratoire tant ils attendent leur dose avec impatience » (page 70). L'ouvrage date de 2019, et pourtant, il semble préfigurer, deux ans à l'avance, certains débats et enjeux de l'année 2021 concernant le vaccin du Coronavirus.

Face à une humanité déshumanisée, la romancière met en scène des individus nés et élevés en clandestinité malgré l'interdiction d'avoir des enfants. le roman suit tout particulièrement un certain nombre d'entre eux, réunis sous terre, et ayant développé des capacités extrasensorielles. Ils sont mortels et pourtant plus vivants que jamais. Ils ont conservé la fougue de la vie, la passion de l'être mortel conscient que la vie n'est pas un jeu et qu'elle peut disparaître à tout moment. C'est cela qui les rend éternels et humains. Ensemble, ils vont essayer d'éveiller les consciences, de réveiller les immortels devenus apathiques (faisant penser à l'un des romans du cycle des robots de Isaac Asimov), et de mettre fin au règne du Bogolux : « On ne peut pas entreprendre de grandes choses sans enfreindre la loi. On ne peut pas jouer au rebelle en restant moralement irréprochable » (page 62).

Dans l'ensemble, j'ai beaucoup aimé le roman de Azelma Sigaux. Je le trouve cohérent, passionnant, fluide et bien écrit. Il parvient à mêler l'originalité de l'intrigue, l'attachement à des personnages, et la puissance du message délivré. le risque du roman dystopique est que le message peut faire de l'ombre à l'intrigue. C'est par exemple le défaut de 1984, selon moi. Cela n'est pas le cas avec Les éphémères sont éternels, les personnages ont du relief, l'intrigue est vraiment bien structurée, et on se plaît à vouloir connaître le dénouement de l'histoire, jusqu'au bout. Je vous conseille vraiment de lire ce roman. Il pousse à la réflexion et fait passer au lecteur un agréable moment. de surcroît, s'y mêle une dimension extrasensorielle proche de la magie. Cet élément, qui fonde l'originalité du roman, est très bien intégré au roman, et se justifie pleinement du fait de la particularité de ces êtres mortels.
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Le commentaire de Cathy :
Question : on vous propose de devenir immortel que faites vous comme choix ? Moi après avoir lu ce roman, je pense que ma réponse serait non. Après des siècles de recherche, le moyen de devenir immortel a enfin été découvert, chaque humain voit sa vie changer l'année de leurs 23 ans, âge où ils sont le plus productif. L'immortalité va entraîner une surpopulation, il est dorénavant interdit d'enfanter, toute femme enceinte se verra forcé à avorter, tout enfant découvert sera abattu. June est né dans l'illégalité, il va se sauver de la cave où ses parents le forcent à vivre et va rencontrer un groupe de rebelles, les éphémères. L'univers que j'ai eu la chance de découvrir grâce à ce roman est tellement bien construit que j'ai eu l'impression que c'était plausible. Au début du roman j'ai beaucoup souri lorsque je découvrais les différents essais que les chercheurs effectuaient avant d'enfin découvrir le fameux vaccin d'immortalité, quelle imagination. le personnage de June est très attachant et j'ai adoré le suivre au fil des pages. le style de l'auteure m'a beaucoup plu, je trouve sa plume plutôt dynamique, je n'ai pas vu les pages se tourner, un univers dans lequel je n'ai eu aucun mal à totalement m'immerger et j'ai aimé ce que j'ai découvert. Merci pour ce moment de lecture.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Il fallait renouveler la vie avant qu’elle ne croupît. Voilà une règle d’or que tout être vivant normalement constitué avait bien assimilée.
Ou presque. Les êtres humains ne semblaient, pour leur part, pas connaître grand-chose de cette vérité de base. Parce qu’ils étaient prétentieux, mal fichus ou juste angoissés, ces bipèdes enrobés de tissus s’avéraient plutôt revêches sur le sujet. En ce qui concernait la vie, ils en voulaient toujours plus. Pour ce qui était de la mort, ils tentaient par tous les moyens de l’oublier. La vie paraissait soit trop courte, soit trop injuste à leurs yeux. La mort, bien qu’omniprésente, demeurait taboue. Malsaine.
Elle était pourtant visible, dégoulinant sur les étalages des boucheries. Elle se tenait encore là, écrasée sur les casques des motards. Elle apparaissait à nouveau ici, tantôt sur les mains terreuses des maraîchers, tantôt sous les balles des soldats. Mais quand elle osait surgir dans les rides au coin des yeux ou dans la blancheur des cheveux, alors il fallait la cacher à tout prix. Au sens premier du terme. Chirurgie, coloration, greffes, rien n’était trop coûteux pour maquiller la vieillesse, son signe annonciateur.
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