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EAN : 9782234071575
160 pages
Stock (21/08/2013)
4.05/5   166 notes
Résumé :
Il a l'air d'un roi, le fleuve. Il est là depuis toujours, rouge à force de creuser l'argile, rivière Rouge, c'est son nom. La nuit, il brille. Le jour, il est plat comme le verre et ne reflète que le ciel, les nuages et les arbres. Il semble ne pas nous voir. Nous sommes une quinzaine, nous venons ici presque chaque jour depuis deux semaines tant la chaleur semble vouloir nous punir, mais il passe, indifférent à nos enfants qui s'élancent, à leurs mères qui disent,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (63) Voir plus Ajouter une critique
4,05

sur 166 notes
Plonger dans le racisme ordinaire et terrible à la fois qui sévit aux États-Unis depuis l'esclavage, ces femmes et ces hommes arrachés à l'Afrique, Judith Perrignon dont j'avais lu L'Intranquille, autoportrait d'un d'un peintre, d'un fou avec Gérard Garouste, et Victor Hugo vient de mourir, le réussit parfaitement.
Dans ce roman, Les faibles et les forts, éliminé hélas des livres proposés par ma Médiathèque… Pourquoi ? j'ai été révolté, ému, scandalisé par le sort réservé aux Noirs qui avaient réussi à se libérer de l'esclavage mais toujours victimes d'un racisme bien enraciné dans les esprits de la majorité de la population blanche.
Au travers du vécu de la famille Baker, plus particulièrement de Mary Lee (74 ans), la grand-mère, je suis plongé sans ménagement dans une intervention plus que musclée chez ces gens dont Marcus est soupçonné de trafic drogue.
Petit à petit, s'expriment Dana, la fille de Mary Lee, qui a eu cinq enfants de trois pères différents : Marcus, Deborah, Wes, Jonah plus Carlos, l'aîné, qui est dans l'armée.
Nous sommes le 2 avril 2010, au nord de la Louisiane et Dana emmène la famille à la rivière Rouge pour y passer un bon moment. Les voisins, la famille King, y vont aussi. Au passage, j'apprends que Howard, le frère de Mary Lee, est sourd depuis l'âge de 17 ans.
Brusquement, Judith Perrignon effectue un retour en arrière, le 21 juin 1949, à Saint-Louis, Missouri. Là, je me retrouve confronté à un événement dramatique suite à la déclaration de O'Toole, l'adjoint aux affaires sociales, qui affirme : « Légalement, rien n'empêche un Noir qui veut nager d'entre dans une piscine. »
À partir de là, s'enclenche une cascade de calamités qu'il faut lire pour comprendre cette haine féroce des Blancs qui se liguent pour empêcher les Noirs d'accéder aux piscines municipales. C'est terrible, d'une violence inouïe car « Negroes are pushing too far. »
Aussi, en 2010, un enfant noir a trois fois plus de risques de se noyer, héritage de l'esclavage et de la ségrégation.
S'ajoute à cela la légende de Shine que les enfants réclament sans cesse à Mamy Lee. Ce n'est qu'à la fin du roman que je la connaîtrai enfin.
Impossible d'en dire plus mais il faut découvrir la réaction des auditeurs sur l'antenne de la National Public Radio. Que de stéréotypes ! Quelle honte avant que… !
En conclusion, Judith Perrignon rappelle un événement dramatique survenu le 2 août 2010 à Shreveport.
Apprendre à nager, cela semble évident pour nous. D'ailleurs, l'école se charge de réaliser cet apprentissage pour tous les enfants qui n'ont pas la chance d'avoir des parents qui les emmènent à la piscine ou à la plage. Mais aux États-Unis…
Lisez Les faibles et les forts ! Dans ce livre, Judith Perrignon m'a fait prendre conscience d'une terrible injustice, une de plus, subie par la majorité des Noirs confrontés à un racisme jamais complètement éradiqué.
Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Les faibles et les forts c'est une histoire tirée de faits réels liée à la ségrégation et au racisme des années cinquante.

Une famille afro-américaine, en 2010 dans la Louisane, en proie aux difficultés de leurs conditions voit les policiers débarquer chez eux pour fouiller le fils, Marcus. S'en suivent des tourments et des flashs liés à l'année 1949. Les piscines sont alors majoritairement ouvertes aux américains blancs, on n'interdit pas aux noirs d'y plonger mais c'est sous des regards racistes et injustes qu'un groupe de jeunes afro-américains s'y risquent. À leurs risque et périls.
Ce jour de canicule 49, un drame survient et signera le traumatisme dans les mémoires.

Ce roman aurait pu me séduire davantage s'il n'avait pas été divisé sur deux époques, avec une confusion dans les personnages et un manque selon moi de profondeur et de pertinence dans le thème soulevé. Il m'a manqué ce petit plus en terme de clarté. Sinon, un roman qui intéressera tous ceux portés sur les thèmes du racisme, ségrégation et apartheid.
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Tout d'abord un grand merci aux Editions Stock du regretté Jean-Marc Roberts et à Babelio pour cette masse critique.
Après le remarqué « Les chagrins » que j'avais beaucoup aimé, le nouveau roman de Judith Perrignon vient confirmer de bien belle manière son talent de romancière.
A partir d'un fait divers tragique (la noyade de 6 jeunes adolescents afro-américains), Perrignon construit un récit pour tenter d'expliquer, à travers le portrait d'une famille noire américaine, les véritables causes d'un tel drame. En remontant aux années 60, Marie-Lee la grand-mère, petite fille à l'époque découvre la bêtise, le racisme lors de la première ouverture d'une piscine municipale aux gens de couleurs. Et si cette interdiction de profiter d'un lieu public et d'y apprendre à nager étaient la cause de cet insupportable gâchis quarante plus tard ?
Avec une justesse formidable, Judith Perrignon prête sa plume à ces petites gens, portraits magnifiques d'êtres qui restent dignes et debout malgré les injustices. Puis dans une deuxième partie, elle démontre que si un grand nombre de la population afro ne sait pas nager, cela vient justement de cette insupportable ségrégation subit pendant des décennies.
Un livre bouleversant, chant funèbre et coup de gueule désespéré devant l'inimaginable. A ne pas rater.


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Les faibles et les forts est un roman en trois parties bien distinctes, aussi bien dans l'écriture que dans le temps, de J. Perrignon. La première période, "chorale", se déroule en 2010 en Louisiane. Elle donne voix à toute une famille, de la grand-mère aux plus jeunes. Dans cette partie sont évoqués pêle-mêle les difficultés d'argent, le racisme, la violence, le chômage, le manque d'avenir des plus jeunes, l'éveil à la vie et à la beauté, l'amour, et cette fichue ligne qui sépare le nord du sud des Etats-Unis, toujours existante.
La seconde partie remonte le temps, dans les années 50, et décrit les évènements relatifs et consécutifs à une annonce qui a fait scandale dans le Missouri : "Légalement, rien n'empêche un noir qui veut nager d'entrer dans une piscine." Bien sur, c'est la loi. Mais dans les faits ? Pour le savoir, nous suivons une bande de jeunes noirs, dont notre vieille grand-mère de 2010 alors petite fille, bien décidés à se baigner ce jour-là. Mais c'est bien plus compliqué que ça.
Enfin, la dernière partie, qui nous permet de revenir en 2010 en Louisiane, prend la forme d'une retransmission d'une émission de radio, au cours de laquelle l'animateur fait réagir des spécialistes et des auditeurs, au sujet d'un fait divers tragique.

Les faibles et les forts, c'est aussi une sorte d'exploit au cours duquel J. Perrignon, en un peu moins de 200 pages, évoque des vies, des points de vue, des explications et tout un tas de sujets qui en découlent. le lecteur reste accroché à cette lecture dont on devine qu'elle sera tragique, ce qui ne l'empêche pas de recevoir en pleine poire la réalité des statistiques et des préjugés qui ont cours aujourd'hui encore au pays de la liberté. Et l'on se rend compte, à peine croyable, que ces disparités si énormes, si basiques, simplement liées à une couleur de peau, héritées d'un esclavage que même les bien-pensants peinent à planquer sous le tapis, sont toujours d'actualité. A peine les a-t-on légèrement maquillées...
A lire !
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Un livre grave sur un fait divers de 2010 à Saint Louis, Missouri... répercussion de la ségrégation ordinaire depuis des décennies.

Comme une mélopée funèbre, toute une famille afro-américaine mêle leurs voix pour dire les conditions de vie difficile, et les débuts d'une journée qui augurait de bons moments mais qui se terminera en drame.
On entend surtout le chant douloureux de la grand-mère, les souvenir des émeutes, de l'injustice, de la haine qui ont déjà frappé. Avec l'expérience du passé, c'est la plus lucide sur les risques toujours présents.
Si elle ne le réalise pas totalement, nous comprenons que c'est ce racisme passé et présent, qui a encore conduit à cette affligeante tragédie.

Une lecture poignante, rythmée par la violence raciale... entrecoupée de pauses éplorées.
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critiques presse (1)
LePoint
18 juillet 2013
D'abord, on pense que Les faibles et les forts va nous entraîner en terrain connu, déjà lu.[...] On pense trop vite. Car il n'est pas question de ça dans ce court roman choral qui invite le lecteur dans les pensées de chacun des protagonistes, la part belle étant réservée à l'aïeule, qui a vécu la ségrégation de plein fouet.
Lire la critique sur le site : LePoint
Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Ma ville en ruine et moi, on se ressemble, on est deux vieilles mal en point, on suffoque en août et on grelotte en hiver, on a les mêmes souvenirs, les mêmes fantômes, la même nostalgie, on a cru trouver de l'or, connu la folie des grandeurs et des cadences infernales, ici Ford, General Motors et Chrysler ont dicté la taille du capot et des routes, ici a été calibré le rêve américain, ici la fièvre des modernes fomentait les cancers des maris, hommes-machines soudés à l'usine douze heures par jour et brisés lorsqu'ils rentraient chez eux, mais jamais nous ne l'avouerons, ma ville en ruine et moi, nous sommes trop fières. Et moi, plus que ma mère, plus que ma fille, j'ai pu me poser quelque part, c'était au coin de Cochrane et Butternut Street à Detroit, et j'y habite encore.
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Après l’abolition, la répression du corps noir a continué et l’interdiction d’entrer dans l’eau en faisait partie. L’eau est un lieu de promiscuité, de regards, de frôlements, c’est un lieu où l’on se déshabille, où les uniformes et les mensonges tombent, c’est un lieu de nudité, de vérité, et donc de sexualité. Il a fallu du temps pour mélanger hommes et femmes dans l’eau et nous y sommes parvenus, mais il a été impossible de mélanger Noirs et Blancs. Car le Noir aurait pu apparaître pour ce qu’il est : un homme.
(page 124)
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Il scintille, le fleuve, surtout le soir quand les phares sont braqués sur lui, il prend des airs de majesté, mais il est poisseux, il n’est qu’eaux usées par les hommes, leurs bateaux, leurs usines, leurs maisons, leurs caniveaux, leurs chiottes. Leurs pensées les plus sales sont dans le fleuve, il a tout absorbé. Si c’est un monstre, il s’est laissé domestiquer. S’il avale nos enfants, c’est qu’on le lui apprit.
(page 149)
Commenter  J’apprécie          390
C’est que j’aimais avant tout dans cette musique, ce pouvoir qu’elle avait de divertir mes parents. Le temps de quelques morceaux, leurs corps étaient moins raides, leurs épaules descendaient de quelques centimètres, ils souriaient et s’ils fermaient les yeux, ce n’était pas comme à l’église, c’était autre chose, un moment d’abandon qui laissait entrevoir en eux une zone secrète et interdite, le plaisir.
(page 62)
Commenter  J’apprécie          380
Ce pays, c’est des voitures avec des gens dedans, on leur a laissé croire qu’il suffisait de rouler pour être bien. Nous roulons. Ou plutôt, ils roulent et je les suis au pays des ramasseurs de coton, des fleurs blanches et des rêves d’évasion. Je suis de passage. Pas d’ici. Pas du Sud.
(page 49)
Commenter  J’apprécie          400

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Vidéo de Judith Perrignon
Judith Perrignon vous présente son ouvrage "Notre guerre civile" aux éditions Grasset.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2821193/judith-perrignon-notre-guerre-civile
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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