Les fragmentés, tome 4 : Les libérés

Dernier tome de la saga des fragmentés.
J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans ce 4e tome. J'ai lu le précédent le mois dernier donc je m'en souvenais parfaitement, mais j'ai trouvé que le début était long. J'avais l'impression d'être engluée avec les personnages, que ça n'avançait pas, que je ne verrais jamais le bout de ces aventures.
Et avec la 2e partie du livre, tout change. Tout s'accélère et tout s'assombrit dangereusement avant de s'éclaircir.
Dans le 1er tome, j'avais été horrifiée par la scène de fragmentation. On y a droit aussi dans ce livre et même si elle est différente, je trouve ça toujours aussi dérangeant et malsain.
Question à l'auteur : Comment peut on avoir des idées pareilles ?!
Bon, j'ai aimé la fin, surtout car on peut la voir comme un commencement ou un renaissance. Ce qui est de bon augure après les thèmes traités dans ce livre. Et finalement, j'ai adoré le personnage de Grace qui fait souffler un vent de fraicheur sur les 2 derniers tomes de la série.

Waw. Je ne sais pas quoi dire. Je ne sais pas par où commencer. Cette série... Ces livres... C'est juste une immense surprise. Même si ce n'est pas ma dystopie préférée, c'est je pense la mieux construite, celle qui fait le plus réfléchir, un peu comme une claque, et elle devrait être beaucoup plus connue.

En commençant le premier tome, je ne savais pas trop à quoi m'attendre. J'avais peur que je sois un livre comme beaucoup d'autres, que je me sente plus assez ado pour le lire, qu'il me lasse. Et au final, pas du tout : j'ai adoré comme j'ai rarement adoré des séries de livres. A la fin de ce quatrième tome, je suis juste heureuse de m'être lancée dans cette lecture qui m'a tant apporté. Et, même si je me demande pourquoi je n'ai pas lu cette merveille plus tôt, je suis heureuse de ne pas l'avoir fait car je le lis aujourd'hui avec assez de maturité pour comprendre des choses qui m'auraient peut-être échappées un an ou deux plus tôt et cela m'a permis de l'apprécier encore d'avantage.

Il y a une multitude de raison pour lesquelles ce roman est au-delà des autres. En voici quelques unes :

- Tout d'abord, l'univers décrit par l'auteur est terrifiant (à mes yeux du moins), et cela devient de pire en pire au cours des tomes. Tout semble tellement réaliste, réel, tout se déroule dans un futur si proche que ça en devient vraiment angoissant. Les événements sont vraiment cohérents et tout ce qui se passe est logique et coule sous le sens... Au fil des pages et des tomes, on apprend de plus en plus de choses qui sont vraiment folles mais tellement plausibles ! le monde décrit est vraiment similaire au notre, tellement qu'ils pourraient se confondre dans une dizaine d'année.
L'auteur place de plus des articles aux début de chaque partie, articles réels mais qui m'ont tellement choquée qu'à chaque fois je me disais "ce n'est pas possible, c'est dans le roman, pas dans la réalité !".
De nombreuses questions sont soulevées dans de nombreux domaines qui nous concernent déjà aujourd'hui, comme la corruption, la manipulation, la peine de mort, et la plupart du temps, il n'y a pas de bonne ou de mauvaise réponse, mais une série d'arguments en tout sens qui nous laisse nous faire notre propre idée.

- Les questions abordées sont vraiment intéressantes. En plus de ce dont je viens de vous parler, il y a également des questions plus philosophiques comme : "Si nous sommes séparés en pleins de parties greffées dans d'autres corps, continuons-nous d'exister ?" "Un être créé à partir de pleins de parties d'autres personnes a-t-il une identité propre ?" C'est super intéressant de se poser ce genre de question qui sont à leur place dans le contexte décrit par l'auteur.

- Les personnages. Ils sont multiples et se croisent sans arrêt au fil des romans. On en retrouve parfois après plusieurs chapitres, d'autres seulement dans le dernier tome. J'ai adoré voir autant de personnages, rencontrer tant de personnes avec des vies et des avis si différents, lutter parfois les uns contre les autres mais aussi se soutenir. Mon personnage préféré reste Connor, même si j'ai adoré également Lev, Risa, et Sonia même si elle apparait seulement à deux reprises. Les personnages ne sont ici pas invincibles, mais tellement humains, avec leurs erreurs, leurs regrets, leurs torts, leurs opinions, leurs caractères. Ils ne se sauvent pas sans arrêt de situations impossibles tout seul grâce à leurs qualités de super-héros, mais tout est bien plus compliqué et bien plus fin. C'est comme une machine bien huilée où tout s'assemble (surtout dans le dernier tome).

Cette dystopie fait partie des meilleures jamais écrites et ce dernier tome, cette fin, reste à la hauteur des trois autres tomes, et est même surement meilleure que les autres. Tout se résout enfin (même si j'ai cru qu'on n'allait jamais y arriver) pour nous mener à un final mémorable que j'ai adoré. C'est une vraie fin comme je les aime (un peu trop belle à mon goût, mon côté sadique aurait aimé un mort ou deux de plus pour ne pas que ce soit trop facile) et certains moments sont vraiment touchants.

Cette saga va vraiment me marquée et j'ai été très heureuse de la lire.

Avec ce dernier tome, cette série se classe sans conteste parmi les meilleures dystopies que j'ai lues jusqu'à présent.

J'avais trouvé que le précédent volume était moins bon que les autres. Là, l'auteur s'est largement rattrapé.
A quoi tient ma totale adhésion?

D'abord, l'intrigue : dense, complexe, multiforme. Evidemment, elle se conclut dans ce tome, donc de nombreuses situations se dénouent, des mystères se résolvent et j'avais rarement lu une intrigue qui tienne si bien la route (même si fidèle à mon habitude, je reste avec quelques petites questions sans réponse).
Il y a toujours dans ce tome de l'action (des actes d'éclat, des actes désespérés), des scènes extrêmement difficiles (j'ai encore versé une larme) et un suspense incroyable.

Deuxième point, les personnages : Connor, Risa, Lev sont humains, tellement humains, avec leurs défauts, leurs erreurs,leurs espoirs; ils agissent mais subissent également et paient dans leur chair leurs choix.
Et surtout, ils ne sont pas tout puissants; tout ne dépend pas d'eux, contrairement à beaucoup de séries où les "héros de l'histoire" sont moteurs de l'intrigue. Ici, ils sont les ferments de la révolte mais d'autres, à leur tour, jouent des rôles décisifs.
Et chacun, à sa façon, est attachant.
Même Rufus Starkey que j'ai détesté dans les volumes précédents m'a touchée dans ce tome-ci.
Ce que j'ai trouvé intéressant dans cette série, c'est que ce sont les adolescents qui agissent pour rectifier les errements de leurs aînés et qui font preuve de maturité et de sagesse. Ce sont eux qui agissent en adultes. La scène des retrouvailles entre Connor et ses parents est en ce sens exemplaire. Face à eux, les adultes se révèlent souvent ignobles, inconscients ou faibles.

Troisième point, les thèmes abordés : on sait que c'est une dystopie mais les thèmes mis en avant (le besoin d'organes humains, les progrès de la greffe médicale, la criminalisation des comportements adolescents à l'instar des adultes, le désarroi parental face à l'adolescence, la marchandisation de la société) entrent tellement en résonance avec les sociétés actuelles et notamment américaine (pays où existent notamment des camps de rééducation pour enfants et adolescents) qu'ils touchent le lecteur et le font réfléchir. Ajoutez à cela une réflexion sur la perversion du pouvoir et sur la difficulté du juste milieu et on a matière à cogiter.

Dernier point, le procédé narratif : en alternant comme dans les tomes précédents les points de vue entre les différents personnages et même anonymes ( le facteur), l'auteur nous donne à voir l'ampleur du complot fragmentationiste et les répercussions des actions des personnages. De même, les fausses informations et fausses publicités mettent en évidence le climat mental dans lequel vit cette société. C'est extrêmement efficace pour faire entrer le lecteur dans le monde et l'intrigue.

En bref, ce roman est un énorme coup de coeur.
Bravo à l'auteur qui a su me faire frémir, pleurer et réfléchir tout en suivant avec beaucoup de plaisir les destinées de ces personnages de papier qui m'ont semblé le temps de quatre livres si réels.

A partir de 16 ans

Ce quatrième tome est une franche réussite. Comparé au précédent, aucun temps mort vient ici faire son apparition avec de nombreux retournements de situations, donnant un rythme précipité à ce roman. Arrivé au milieu du roman je me suis même posée la question de comment allez finir cette saga étant donné qu'il se passe tellement de choses dans la première moitié. J'ai eu peur que le tout retombe comme un soufflet et que la fin soit expédiée mais non, tout à été construit pour une fin à la hauteur de mes espérances.

Quel plaisir d'avoir découvert cette saga qui va crescendo sur ce que l'Homme est capable de sacrifier pour son propre compte. Sans la pugnacité de quelques uns, sans la compassion d'autres, sans l'aide essentielle d'une poignée, jamais la fragmentation n'aurait pu être annulée. Mais c'est sans compter sur le poids de l'industrie médicale qui fait bloc pour gagner plus et encore plus.

Une satire de notre monde tel qu'il est déjà aujourd'hui avec le procès du médiator par exemple qui sacrifie des vies pour cette soif de pouvoir.

J'ai donc passé un très bon moment de lecture. Je conseille cette saga qui peut être lue par nos adolescents. Et j'ai souvent pensé à mon fils ainé durant cette lecture. Est-ce que j'aurai eu le courage de le fractionner pour me faciliter la vie ? Car oui, il est parfois insupportable quand il ne veut que jouer à Roblox avec ses amis, quand il râle pour servir ou desservir la table, que les prof sont des cons, qu'il s'ennuie et ne sait pas quoi faire, que "la neige elle est trop mole", mais moi à son âge étais-je pareil ? Dans un sens oui, et je m'en suis sortie. L'espoir du meilleur de chacun d'entre nous est toujours présent en moi, et je le cultive précieusement car c'est en montrant l'exemple, en discutant, en félicitant, en disant que je suis fière de lui, en rassurant même si ce n'est pas facile tous les jours que je sais qu'il deviendra quelqu'un de bien.

Oui je suis loin du roman de Neal Shusterman, mais c'est en lisant ce genre de roman que l'on se dit que finalement on a de la chance de n'être pas encore arrivé à ce stade de dérrive, mais qu'il est nécessaire de rester vigilent à ce qui nous entoure. Un auteur dont j'ai envie de découvrir sous un autre registre.

Les Fragmentés de Neal Shusterman c'est une idée originale, fort bien développée qui raconte comment et pourquoi la population adulte en est venue à fragmenter ses propres enfants lorsqu'ils ne répondent pas aux critères sociaux établis. Vous ne savez plus quoi faire de vos ados indomptables ? Fragmentez-les ! Chaque fragment de leur corps servira au bien des autres. le procédé de la fragmentation propose, comme une nouvelle définition de dons d'organes, de vous débarrasser en toute légalité des ados rebelles, organes qui seront donnés, vendus, échangés, mis en enchère selon quel bord de la société vous vous trouvez.
Histoire de donner un sens à ce choix, il n'est pas question de mourir, on ne tue pas les fragmentés, on dispose seulement de leur corps comme de la substance vivante. Chacun d'eux vivra à travers les cellules d'autres personnes. C'est sans nul doute un moyen facile de balayer la culpabilité que certains peuvent ressentir après avoir autorisé la fragmentation de leur enfant.
L'histoire est menée de façon très organisée, des chapitres courts sont dédiés à chaque protagoniste. On devine que l'auteur Neal Shusterman a fourni un grand travail en amont pour donner une dimension crédible à cette société imaginée.
Le lecteur suit essentiellement trois personnages, Connor, Risa et Lev, trois ados que le destin va réunir à plusieurs reprises au cours de l'histoire et des tomes. Autour d'eux gravitent un nombre considérables d'autres personnages au parcours tout aussi riche et complexe que le leur. C'est sans doute là que le bât blesse.On se noie un peu dans la multitude si bien que j'ai eu du mal à m'attacher à un personnage, tout du moins il m'aura fallu attendre le quatrième tome pour cela. Pour ma part, c'est celui de Camus qui m'a le plus touché sans doute du fait qu'il est le fruit de manipulations tragiques et sans états d'âme de la part de ses créateurs. Sous la perfection et l'horreur qu'il incarne, la fragilité du personnage est sensiblement mise en valeur par des actes, des pensées et une humanité qui ne laissent pas indifférent.
Tout au long de l'histoire les questions d'éthiques, croyances, cupidité, pouvoir, sont largement abordées. L'auteur joue finement avec l'image des médias pour parfaire la crédibilité de son sujet, comme un rappel à ce que nous restions vigilants sur la fonction perverse et tyrannique qu'ils exercent dans le quotidien.
Quand bien même je reste mitigée sur l'utilité de multiplier les personnages et les redondances superflues qui parsèment chaque tome et alourdissent la lecture, l'ensemble de cette série est une découverte intéressante. Avec l'idée de la fragmentation il y avait matière à donner corps à une grande histoire et de ce côté-ci le pari est gagné.