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EAN : 9782072770340
152 pages
Gallimard (15/03/2018)
4.79/5   7 notes
Résumé :
Richard Rognet est sans doute un de nos derniers et de nos meilleurs poètes élégiaques. Ses "Frôlements infinis du monde" sont tout entier baignés par le sentiment de la nature que le poète interroge, qui l'éclaire et le console de la solitude et de la mort qui rôde. C'est un seul long poème en vers libres, une sorte de méditation écrite dans une langue très simple et très souple, d'une grande douceur mélancolique. On est loin ici de tous les modernismes contemporai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique

Je vibre encore de ma lecture...Coup de foudre pour ce dernier recueil de Richard Rognet, poète ancré dans ses Vosges natales ! Pour ses mots limpides et d'une force lumineuse, pour la nostalgie qui affleure, pour le présent qu'il cueille avec humilité et tendresse, pour" l'amour tardif" qui scintille dans sa vie ( il a 76 ans) , pour la nature, toujours, en lui, en nous.

J'avais beaucoup aimé son précédent recueil " Elégies pour le temps de vivre" mais celui-ci , au rythme moins abrupt, déroulant avec douceur un long poème de l'instant, fait de mille éclats du jour, m'a bouleversé le coeur. Déjà, le titre est, je trouve, magnifique...

Tous les poèmes sans exception m'ont saisie en plein vol, ont résonné en moi, et je suis tombée en arrêt devant la beauté des mots:

" le tilleul dans le soir, respire
avec moi, une mésange effleure
le jour qui baisse, l'herbe
s'apprête à convaincre la nuit
de sauver les peureuses clartés
qui appréhendent de mourir,
sans avoir eu le temps
de songer au soleil."

Les poèmes questionnent: la mort, le passé , les saisons. Ils rendent hommage aux merveilles du monde, sans pour autant esquiver les tourments, les bassesses humaines.

Ils creusent l'instant, recherchent la sérénité. Et ils font du bien...

" Je me régale d'un beau matin,
comme d'une phrase étonnée
Qui s'éclaircit sur ma page"...

le poète sait retrouver l'enfant en lui, qui ne l'a pas quitté et s'inscrit dans le temps:

" Mon souffle est celui d'un enfant
Qui aime s'abreuver aux sources"

Vraiment des mots tendres et intenses en émotion , qui touchent et apaisent. Je cite pour terminer un vers d'André Chedid qui résume ce que j'ai ressenti:" Je reste émerveillée"...

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La beauté des étoiles dépend de l'oeil
qui les regarde, comme l'amour
dépend des caresses données.
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La lumière, la poussière.
Les trois épigraphes ouvrant le dernier recueil de Richard Rognet donnent superbement le ton et permettent d'entrer de plain-pied dans la rivière élégiaque, limpide et tourmentée du grand poète vosgien. Dans le paradis même qu'est la vie sur Terre, malgré les douleurs qui la taraudent, le réel s'étreint pour que la joie jaillisse et s'épanche comme : « un parfum de lilas écosse la soirée ». Bien qu'il faille se frotter aux aspérités hargneuses, subir la solitude ontologique, endosser la mort des proches, deviner sa fin prochaine, les frôlements insondables du monde sont des baumes puisés aux sources indicibles de la nature. Loin d'une pose quelconque, il n'y aurait que ses effleurements passagers, des caresses du regard pour se délester du poids de la mélancolie. Les poèmes, simples et déliés en apparence, s'enchâssent, exprimant les pulsations d'un mal-être que l'éclat d'une fleur ou le passage d'un oiseau pourraient apaiser. Dans l'avancée inexorable du temps imparti à chaque existence, le regret de n'avoir pas su vivre pleinement chaque instant sourd : « […] les plantes pourrissantes/qu'on arrache, avec un noir/pincement au coeur et le regret//d'avoir manqué quelque chose,/lorsqu'elles fleurissaient,/au fond du jardin, dans une exubérance/de parfums, de reflets, de couleurs/où semblait prendre racine/l'immensité du monde » mais Richard Rognet n'abdique pas, à l'instar du poète finlandais Pentti Holappa (1927-2017) cité en exergue : « Jamais, si la vie dépérit et avec elle toutes les choses, je ne me dirai que demain il sera trop tard » [La bannière jaune, 1988]. Si le lecteur voulait s'amuser, il pourrait lire à la suite les incipits des poèmes en fin de volume et découvrir un poème inédit, par exemple : « Les vanneaux tissent…/A la cime des branches…/La force du matin… »
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation

Il y a dans l'ivresse de la lumière
que les mésanges matinales rendent
plus forte encore, il y a des portes
ouvertes sur la vie, avec tant
de frémissements qui ressemblent
aux étoiles, à la sève nerveuse,

qu'on se sent aussi grand que le jour
qui lèche les fenêtres et régénère
le présent plein de couleurs
et d'indicibles espérances.
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Les vanneaux tissent, dans le ciel,
d'enfantines légendes ,
ils ne laissent pas de traces,
et pourtant, on voit, dans la profondeur
qui demeure après leur passage,
une légèreté de paupières fermées
sur un songe d'amour qui ne s'éteindra pas
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La nuit répand ses voiles
sur des lueurs qui ne meurent pas,
la nuit joueuse, la nuit gourmande,
la nuit qui aime la lumière, comme
j'aime ces lieux où mon enfance
reflétait la couleur des saisons.
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C’est un ruisseau qui chante…



C’est un ruisseau qui chante,
dans les bras bleus du crépuscule.

Où va-t-il, au-delà des traces de pas
que j’ai laissées dans l’herbe caressante
qui noue ses lentes courbes aux murmures
de l’eau ? Savez-vous quelles lueurs

les ruisseaux, les tous petits ruisseaux
entraînent avec eux, dans les tourbillons
inconnus du temps ? et dans ces trous
creusés, sous la mémoire, par les errantes
amours qui furent incomprises ? les amours

dont on ne parle plus, mais qui dorment,
au fond de nos silences, avec d’infimes
soubresauts qui les réveillent
et nous réveillent aussi, en pleine nuit,

alors que nous rêvions d’un ruisseau
qui absorbait le ciel sans détruire
sa paix ni déchirer ses voiles.

Ruisseau ! la lumière vivante
est un reflet de l’ombre.
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Un parfum de lilas remplace
qui nous sommes, et c'est très bien ainsi,
puisque le merle noir qui enfonce
son chant dans les sursauts du temps,
suffit au monde et le prolonge
sans que nous y soyons vraiment
pour quelque chose. Le parfum des lilas,
même s'il semble plus fragile
que nous, c'est lui que le vent
descendu des montagnes
retiendra dans ses profondeurs.
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Lecure ac Richard Rognet. Episode3.
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