Un homme avait été prisonnier de guerre pendant quatre ans lorsque son geôlier vint ouvrir la porte de sa cellule un matin. La guerre était finie, mais au lieu de lui annoncer la nouvelle, il se contenta de lui poser une question :"Si tu avais le droit d'émettre un voeu, que demanderais-tu ?" Cette question ressemble à celles que l'on pose dans les contes et, même dans les contes, celui que la chance visite ne trouve pas toujours la bonne réponse. L'homme s'interrogea : que peut-on désirer lorsqu'on est prisonnier ? "Je voudrais pouvoir écrire une lettre à ma femme." C'était sans doute le voeu qui l'obsédait depuis le début de sa captivité. "Il ne s'agit pas de ça", dit le geôlier. "Songe à la chose que tu désires le plus!" Mais le prisonnier eut beau réfléchir, il ne trouvait rien de mieux. Si ç'avait été un conte il aurait donc raté sa chance. C'est à dire qu'il aurait eu la permission d'écrire sa lettre et que l'occasion inouïe du voeu magique aurait été perdue à jamais. Mais comme il ne s'agissait pas d'un conte, le geôlier put tout de même soulever le rideau qui lui masquait les horizons du Possible en lui demandant :"Ne veux-tu pas rentrer chez toi ?"
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L'histoire est pourtant authentique - cela se passait au Vietnam. Et puisque c'est le prisonnier qui la racontait c'est, à mon avis, qu'il avait lui-même été frappé par les limites que la captivité, à la longue, impose à la pensée. Et c'est cet aspect là qui m'intéresse aujourd'hui à cause du parallèle que j'y vois avec notre situation actuelle vis à vis du Possible.
Avant d'être "flingué" , reprend l'autre en souriant, j'ai toujours pensé que j'existais à moitié et non tout à fait, j'ai toujours soupçonné que je regardais la télévision au lieu de vivre la vie. Les gens disent parfois que la manière dont les choses arrivent dans les films est irréelle, mais en fait c'est la manière dont les choses arrivent dans la vie qui est irréelle. Les films font en sorte que les émotions paraissent tellement fortes et réelles, alors quand les choses vous arrivent réellement, c'est comme si vous regardiez la télévision, vous ne sentez rien. Au moment où j'ai été blessé, et ça continue depuis, je savais que j'étais en train de regarder la télévision. On change de chaîne, mais c'est toujours la télévision.
"La terre tourne autour du Possible", dit-il. "C'est le Possible qui tient le réel en laisse, l'inverse serait inacceptable."
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"Si la terre est dans un état intéressant " dit quelqu'un, "c'est qu'elle est sans doute grosse du Possible. Mais qui donc l'a mise dans cet état ?"
C'est une autre voix qui répond parmi les rires :
"Il faudrait sans doute dire : l'homme avec ses rêves spermatiques !"
La question des devantures...
Subir l'interrogatoire des devantures...
L'exigence des devantures...
La devanture preuve de l'existence du monde extérieur...