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EAN : 9782070402878
288 pages
Gallimard (12/02/1998)
4.14/5   22 notes
Résumé :
Le nouveau juge d'Agapia entre en fonction aujourd'hui.
Agapia, petit bourg dans les neiges du versant oriental des Carpates où, gigantesque et somptueux, s'impose le palais de justice. Jeune et inexpérimenté, le juge se sent perdu dans cette immense bâtisse. Le commissaire de police le rassure : depuis des lustres, il ne s'est rien passé à Agapia, ni vol ni meurtre, rien. Aussi dort-il sur ses deux oreilles quand le commissaire, hagard, le secoue : on vient ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique

A Agapia le peuple est dominé, exploité par les satrapes phanariotes, hérités de l'empire Ottoman nous dit Virgil Gheorghiu. Ils portent pour ramasser les fruits, des muselières pour ne pas manger ce qu'ils récoltent. S'ils coupent pour leur propre usage le bois qui est indispensable pour se chauffer mais aussi pour fabriquer maison et ustensiles, on leur enlève leur précieuse hache. Mais ils ne se révoltent pas. Depuis longtemps ils se sont retirés de cette vie d'esclaves et sont devenus les Immortels. Ils subissent les coups mais ne se sentent rien de commun avec les satrapes.
Parce que l'un d'eux, un ministre, a voulu y installer son fils tuberculeux, la ville est devenue une sous-préfecture. le fils, guéri, quitte l'air pur d'Agapia mais que faire de ce bel édifice ? Y nommer un juge.
C'est ainsi que Cosma Damian arrive tout frais sorti de l'école de magistrature. C'est une sinécure lui assure le commissaire Filaret, jamais aucun crime n'a été commis dans cette ville. Et pourtant le juge est réveillé dès sa première nuit pour enquêter sur la mort du fils du satrape local.
Sensée se passer au XXème, cette histoire pourrait avoir eu lieu il y a plusieurs siècles tant la condition des paysans est au-delà de la pauvreté, proche du servage. La critique des hommes politiques, de la police est explicite.
Ce livre a été aussi l'occasion de découvrir l'existence d'une secte, les Skoptzys, désireux de retrouver l'état originel d'Adam et Ève avant la sortie du Paradis. Selon eux le couple fondateur de l'humanité était asexué, hommes et femmes se mutilent donc.
Il y a une atmosphère particulière dans ce roman sur la pureté des habitants de cette petite ville coupée de tout pendant l'hiver, pureté en laquelle croit si fort le commissaire Filaret, à juste raison d'ailleurs.
C'est le premier livre de Virgil Gheorghiu que je lis mais ce ne sera sans doute pas le dernier.

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Après avoir dévoré avec beaucoup de plaisir La condottiera, j'ai voulu continuer à explorer l'oeuvre de Constantin Virgil Gheorghiu. Ce roman ci se déroule lui aussi dans un patelin perdu, l'auteur n'a apparemment aucun goût pour les romans de grandes villes. Cette fois-ci, c'est Agapia, petite ville de montagnes perdue plus près du ciel que de la terre, lointaine descendante des Daces. Dans cet micro-cosme, tout de pauvreté et de travail, les Tuniades sont les maitres. Ils passent l'hiver à l'étranger, de palais en bordels, et ne sont présents que pour les récoltes, cruels et sans pitié.
Et jamais, jamais il n'y a de révolte...sauf que cette nuit, on a retrouvé le jeune Anton Tuniade mort d'une balle dans la tête. le juge, fraîchement arrivé, soupçonne un membre de la population locale d'en avoir eu assez, le commissaire, né sur place, affirme que c'est impossible car les habitants d'Agapia souffrent sur cette terre et attendent le ciel...
Le résultat sera terrible, tragique, à la fin d'un roman qui tord un peu le coeur et est une oeuvre d'une grande puissance. le style très simple se met au service de l'histoire et c'est un beau portrait de peuple, plus qu'un roman policier, et aussi un cri pour la souffrance des plus faibles et des démunis.
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Boualem Sansal n'est pas seulement un grand écrivain. Dans son dernier roman, « le train d'Erlingen ou La métamorphose de Dieu », l'auteur cite et conseille plusieurs livres dont le roman de Constantin Virgil Gheorghiu ; « Les immortels d'Agapia ».


Ce dernier est un joli roman à l'atmosphère très particulière et où le temps semble suspendu.
L'histoire se déroule à Agapia, petite ville perdue dans la montagne de Roumanie. Il y a une gare où passent 3 trains par jour et où peu de voyageur descend. Une seule route appelée « le chemin des Agapètes », qui se traduit par « le chemin des amoureux », traverse le village.
C'est dans ce lieu étrange, où la population semble vivre plus dans les nuages que sur la terre, que le juge Cosmas Damian, fraichement nommé, débarque.


Le juge est reçu par le commissaire Filaret, qui lui assure que dans cette ville, il n'y a jamais eu un seul meurtre et délit. Que les habitants sont tous des gens très pieux et qu'ils ne se sont et ne s'abaisseront à faire de tels pareils actes.

Mais les éléments vont se précipiter lorsque la première nuit de son arrivée, le juge est réveillé brusquement par le commissaire. Un crime effroyable vient d'être commis.
L'enquête très bien écrite et racontée, commence. Et c'est presque une course contre la montre.
Le jeune juge découvre alors qu'Agapia n'est pas la petite ville aussi tranquille que lui vantait le commissaire.
Il y a déjà la famille de la victime, les « Tuniade », une puissante dynastie de « saprates phanariotes », une caste qui terrorise, vampirise, violente, dépouille de leur récolte ses sujets et la population de cette ville.
Il y a aussi ce peuple moldave, cette population brimée, résignée qui vit dans le plus grand dénuement et la plus grande pauvreté. Et qui ne se rebelle pas car leur religion Chrétienne orthodoxe leur demande de vivre en hommes et femmes des plus vertueux.
Et parmi cette population qui vit sous le joug de la tyrannie, il y a le cocher d‘Agapia. Un homme qui appartient à la secte des « Skoptzys », avec des rites mystérieux.


Et c'est au milieu de tous ces personnages bizarres, étranges et inquiétants que le juge Cosmas Damian devra mener son enquête jusqu'au bout.

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Entre ciel et terre on arrive avec Monsieur le juge à la ville d'Agapia perdue dans la montagne et peuplée d'hommes pieux qui vivent dans le monde de Dieu. le juge sera tranquille : rien ne s'y passe, ni crimes, ni vols, ni délits dans cette société clivée entre maîtres effroyablement cruels et peuple esclave vivant dans une extrême pauvreté. Néanmoins, survient, dès la première nuit un meurtre qui transforme l'histoire en un roman policier bien mené qui nous conduit auprès de personnages étonnants jusqu'au dénouement que, bien sûr, je ne dévoile pas. Il me semble que ce roman est épuisé contrairement aux autres ouvrages de l'auteur. Dommage mais je vais vérifier.
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Le froid, la neige, l'amour, la solitude.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
« Si nous avions eu de la pluie, au lieu de la neige ! dit le commissaire… La pluie ne blanchit pas le lieu où elle tombe ; elle transforme la terre en boue. Et elle garde dans la boue les empreintes, pour les montrer aux policiers. La pluie est bavarde. Elle est bouillonnante, nerveuse, rancunière, monotone ou violente. La neige est silencieuse et muette, sans mémoire et solennellement égale à elle-même. La pluie est laïque, la neige est religieuse. La neige qui tombe, c’est comme une liturgie. La pluie apporte la boue, les inondations mais aussi la fertilité. La neige ne produit rien. Son rôle est d’être blanche, sans mémoire terrestre, et de faire grâce à tout et à tous. Comme Dieu. La neige et la pluie sont soeurs. La pluie est dans le siècle, laïque ; et la neige est au-dessus de la terre, religieuse. Les gens d’ici, et toute la vie d’ici, sont exactement comme la neige, dit le commissaire. Il ne faut pas attendre de leur part une collaboration avec la police. Comme on ne peut l’attendre de la neige. En bas, dans la ville, dans la plaine, les gens et la vie sont comme la pluie : ils sont riches et ne demandent qu’à collaborer avec la police, à travers toutes les empreintes et à les lui montrer. Ici, notre enquête sera dure. ici, c’est le royaume de la neige. Nous sommes dans une région plus proche du ciel que de la terre. Et la police n’y a pas accès. Elle n’a jamais eu accès au ciel. »
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Ce sont les Tuniade. Des satrapes phanariotes. Divisés, comme les loups, en bandes qu’on appelle partis politiques, ils dévorent le pauvre pays depuis des siècles et des siècles. Ces Tuniade, comme tous les satrapes phanariotes, passent leurs hivers à Paris et dans d’autres endroits confortables de l’occident. Ils viennent chez nous en été. Pour assister aux récoltes. Aux paysans qui, sur leurs terres, font la cueillette des fruits et qui vendangent, ils mettent des muselières métalliques, comme à des chiens. Afin que les paysans ne mangent pas les raisins. Puis ils vendent la récolte et retournent là d’où ils sont venus.
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Ici, sur le versant oriental des Carpates, vivait autrefois un peuple qui s’appelait lui-même le « Peuple des Immortels ». […] Je ne peux pas vous parler de Sava Mold et de nous tous si je ne vous parle pas des Immortels. Ils sont nos pères. Qui ne sait rien sur les pères ne saura jamais toute la vérité sur les fils. Ces Immortels, qui vivaient ici et qui sont nos pères, étaient appelés, par les autres peuples, Gètes ou D’accès. Mais ils se donnaient eux-mêmes le nom d’Immortels, parce qu’ils croyaient qu’ils ne mourraient jamais. La mort n’est qu’un changement de résidence.
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- Lisez-vous des romans policiers? demande le juge.
- Non.
-Moi non plus. J'ai essayé. Mais je n'ai jamais réussi à entrer dans le jeu. Je ne comprenais pas comment les policiers pouvaient s'acharner à poursuivre quelques malheureux traqués. Car tout criminel est, au fond, un désespéré. Eh bien, maintenant, je n'ai qu'un but: trouver l'assassin ! Comme dans les romans. Non pas pour voir l'assassin enchaîné. Je veux trouver le tueur pour savoir qui il est et pourquoi il a tué le jeune Anton Tuniade. Je suis certain qu'en élucidant le mystère de ce meurtre je découvrirai des choses nouvelles parmi celles qui gisent cachées en chaque homme, et en moi-même. Car c'est uniquement dans les cas limites, de meurtre, de crime, de suicide, qu'on a des révélations sur les mystères de la vie et de l'homme - mystères qui, en temps normal, demeurent bien cachés en nous...
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Ce qu’un juge pense, ce qu’un juge croit et ce qu’il sent est sans importance aucune. Un juge est une personne qui applique un barème : à telle faute correspond telle peine. Il n’a pas à avoir d’opinion. Il n’a rien d’autre à faire que d’exiger le prix exact pour l’acte commis. Il mesure avec une balance. Comme l’apothicaire. Il ne mesure pas avec sa conscience. Ni avec ses sentiments. Ni avec ses convictions, comme les poètes ou comme les prêtres. Non. Il fait un travail mécanique.

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Video de Constantin Virgil Gheorghiu (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Constantin Virgil Gheorghiu
La Vingt-cinquième heure (1967), extrait
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