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Marc Barbé (Traducteur)
EAN : 9782266062794
604 pages
Pocket (12/03/1995)
3.88/5   13 notes
Résumé :
Leurs regards se croisèrent pour la première fois un soir d'été 1954.
" A l'instant même, écrit le narrateur, je sus qu'il y aurait des complications. " John était de passage chez des amis, dans une villa de Beverly Hills. Le sourire et le charme du jeune sénateur milliardaire électrisait l'assemblée californienne qui se pressait au bord de la piscine. Soudain, il y eut un silence théâtral. John se retourna et vit celle qui venait de l'éclipser. Marilyn porta... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Marilyn naissance 2662 mort (c'est mnémotechnique), sourire.
Jack JFK sérieux, pas sérieux, sérieux quand même. Tué en 63.
Bobby, trop sérieux, trop tendre, trop sérieux. Tué en 68.
Réunis sur la couverture, autant dire qu'il y a de la densité dans ces destinées éclatées en plein vol.
J'avais encore et toujours envie de ma dosette de Kennedy(s) et je ne voulais pas être en manque après Ellroy et DeLillo, alors j'ai pris ce livre au débotté. Sans me faire d'illusion sur le contenu d'un Pocket mainstream et sa quatrième de couv un chouia trop violoneuse alors que hein, mais bon, de la littérature mineure et de la mièvre histoire d'amour entre ces trois chouchous ultra-starifiés par l'histoire, ça me fera des vacances.
Eh ben étonnement de la spécialiste mondiale des Kennedy que je suis (si si) : bonne surprise, ce bouquin. Bien documenté, du détail, de l'entre-gens et de l'entrejambe, une écriture facile et fluide (après Don DeLillo et Ellroy, comprenez que je fisse relâche), même les scènes de sexe sont bien foutues, et rien de cucul en ces lignes. Ne jamais faire confiance à la 4ème de couv ! Bon, à la fin il y a bien ces "je t'aime" "mais tu m'aimes ? Mais oui je t'aime" un peu cucul la praline… D'elle, ça ne m'étonne guère, et c'est gonflant, mais côté Kennedy, j'y crois moyen. Pas le genre à se répandre en petits mots mièvres, le beau Jack en tous cas, ach, ça ne colle pas. Bobby, va savoir, pourquoi pas. J'y étais pas, après tout. Admettons. Allez, on prend la main du narrateur imaginaire, David Leman, qui fera le lien entre les scènes, et on plonge dans l'univers de Marilyn l'outre-perdue, de Jack le paisible, et de Bobby le tourmenté
Qui continuent de me fasciner.
Pas elle, en fait. Elle, soudain me semble fatigante, dévoreuse, insatiable, dans son malheur car c'est bien un malheur, ce qu'elle porte en manteau de vie. L'enfance la plus épouvantable qu'on puisse imaginer, la petite fille à l'insondable détresse, ballotée, abandonnée, c'est de la torture imposée l'air de rien à cette gosse, et le temps est très long quand on est petit. Ce qu'elle en fait à raconter ça pour glaner de pauvres instants de réconfort, puis heureuse pendant deux heures, puis replongeant dans des affres d'angoisse, ça finit par être agaçant. Je n'aime guère Arthur Miller l'austère, mais évidemment qu'il n'a pas pu, il n'a pas tenu, elle allait le briser, la carpe, avec son lapin. Il aurait dû s'abstenir, de l'épouser au moins, de l'approcher au mieux, ça leur aurait évité des tourments inutiles et ces stupides inter-destructions cruelles.
Marilyn fatigante, intelligente et bête, chiantissime et émouvantissime - au moins les premières fois. Chiantissime tout court, ensuite. Intelligente quand même, l'esprit vif, l'analyse carrée, c'est en tous cas comme ça que nous la présente David Leman/Michael Korda, quand elle ne s'est pas explosé la tête aux médocs et au champagne. Mais bête quand même, en sentiments, en réactivité, bête dans ses crises, ses desiderata, ses basses tentatives de chantage. Mais bon, une statue d'érotisme, je veux bien le croire. Moi j'avais lu dans un autre bouquin qu'elle sentait mauvais, que son appartement empestait, alors dans ce livre j'ai cherché ce qui pouvait confirmer cette allégation qui me restait en tête. Les hommes ne semblaient pas rechigner à la renifler de près. Elle-même s'enivrait de son odeur irradiée d'une goutte de Chanel 5. Seule la vendeuse du magasin où Marilyn essaie un pantalon, à la fin, lui lance ça, vous sentez mauvais… Et puis le petit chien qui pissait partout, ça ne devait pas arranger l'atmosphère, sans parler des lavements qu'elle ne détestait pas… Invivable Marilyn, l'agacement a dépassé l'émotion en moi, je gardais toute mon entière solidarité pour la gamine laissée sur le trottoir avec sa petite valise, mais la petite fille devenue grande qui accroche sa névrose comme un collier de fleurs au cou de tous les hommes qu'elle croise, non merci. Ou même : au secours.
Et puis les frangins.
Les frangins, l'entité duelle, Jakébobi, les siamois. Je ne sais pas si je suis amoureuse de Bobby, charmée par Jack, ou fondue d'amour pour leur duo si vibrant. Et puis quoi, c'est la vie en générale qui est sacrificielle, ou leur vie à eux ? Savoir que ces deux bombasses se font assassiner, jeunes et pleins de sève, ambitieux, gourmand pour l'un, ténébreux pour l'autre, ach ça me tue. Une vie, naître, grandir, trouver sa place, et les parents qui leur collent des forces et des faiblesses, et grandir encore malgré des douleurs physiques, de la mère acariâtre, du père à moitié cinglé d'ambition, ne manquer de rien sauf de tout, gosse de riche sur ta plage privé. C'est long à construire, une vie, déjà. Et l'accession à la fonction suprême, donc ! ça demande des sacrifices, ça demande encore de grandir, jour après jour, année après année, avec des années et des jours remplis à déborder, denses, et de la chair, et des regards, et d'inouïs plaisirs et encore ces peines et ces douleurs, et de l'intelligence vive au-dessus de tout ça, et les affres du doute et de la responsabilité, et pas droit à la fatigue, tu dormiras plus tard…
Et en quelques secondes, on éteint ça. Quelques balles, et c'est fini. Ces deux beautés, ces deux gamins devenus grands, ces denses garçons, ces deux corps, l'un épanoui dans la douleur, l'autre renfermé dans la chrétienté. Ces deux-là, qu'on vient de suivre, bourrés de vie, qu'on aurait aimé croiser, juste d'un regard, et pan, t'es mort. Jack et son sourire, Jack et le cerveau éclaté, Jackie à quatre pattes. Bobby et son deuil, seul, puis partageant avec Jack cette autre femme à qui il s'ouvrira, après la blonde, la brune, et puis Bobby aussi, exécuté, presque christique, adieu tout au long des voies de chemin de fer - mais ça n'est pas dans le livre, ces morts. On se contente de la descente dans la tourbe de l'incroyable corps de Marilyn, de son pauvre coeur mutilé, des vapeurs de son esprit éparpillé.
La famille Kennedy.
Et les familles du Milieu.
Après les American (Tabloïd et Death Trip) de James Ellroy, le rôle de la mafia, on connait. Michael Korda ne racontera pas la mort des frangins, mais nous y prépare, en glissant des détails supplémentaires, qui se recroisent bien, et rappellent que l'envie de meurtre n'est pas née la veille de l'assassinat, mais s'est tricotée bien des années plus tôt. Tout simplement. Depuis quand les parrains seraient gênés à l'idée d'éliminer les gêneurs ?
Encore dans un autre livre, j'avais appris que Marilyn avait été mise sur écoute par… six ou sept personnes différentes. de mémoire, évidemment Hoover du FBI. La mafia je ne m'en souvenais plus, mais oui, avec peut-être Giancana en plus. Peut-être bien les Kennedy eux-mêmes ? Peter Lawford et la bande de Sinatra ? le psy de Marilyn je crois. Plus étonnant : Joe di Maggio, toujours fou d'amour pour sa divorcée adorée. Et, le plus beau : Marilyn a été mise sur écoute par Marilyn elle-même, une jour de folie parano, préparant ses petits chantages vengeresques… Là on ne parle que de Hoover et Hoffa, et ça fait déjà assez de grabuge. J'ai un peu de mal à croire que Bobby ait pu se laisser aller à faire des confidences par téléphone, mais personne n'est parfait. Et tout ça nous annonce qu'une rancune tenace est née, surtout de la part de Hoffa et Carlos Marcello les mafieux, mais aussi de la part de Hoover apprenant qu'on voulait gentiment le mettre à la retraite. Korda nous laisse juge, mais voilà encore un écrivain qui ne sera pas 100% d'accord avec la thèse officielle du tireur unique…
On quitte malgré tout les frangins bien vivants, désemparés par la mort de l'idole et ce naufrage auquel ils auront participé, embrouillés par les trouilles, les cachoteries, les désirs et les culpabilités. Marilyn dans ses excès y aura gagné ça, une mort sordide, des réactions sordides, de la panique, ah non vraiment ça ne brille pas fort, ce qu'elle a concocté dans la pelote de ses angoisses. Un beau gâchis.
Addendum, Korda l'évoque en une virgule. La culpabilité des frères. Bobby sait à la première seconde qu'il est responsable de la mort de son frère, en grande partie. On le lui fait savoir mais c'est inutile : en s'acharnant sur la mafia qu'il voulait éradiquer il a provoqué des amertumes criminelles, et le sait parfaitement. Moins connue, moins développée, la "culpabilité" de John Fitzgerald, Jack. Il était le deuxième frère de la fratrie. Son frère aîné, le rutilant Joe Jr superbe et généreux, avait tout pour régner, cornaqué glorieusement par son Joe Sr de père. Quand le petit Jack à la santé fragile, engagé dans la marine contre l'avis de papa, est devenu un héros en sauvant toute son équipe lors d'un naufrage, Joe Jr s'est senti minable. Ca ne collait pas, le héros, ça aurait dû être lui. Alors que la guerre était terminée, lui qui avait fait son devoir dans l'aviation et brillé par ses compétences, à qui on ne demandait rien, s'est lancé dans une mission dangereuse et surtout, inutile, à bord de son avion. On le lui avait déconseillé mais il avait insisté, il devait faire mieux que son petit frère. Il a été canardé, l'avion a coulé, lui avec. Mort, en quelque sorte, "à cause" de son cadet. Personne n'en a voulu à Jack, sauf peut-être un instant Joe le père effondré de douleur. Lui-même ne portait pas forcément le poids de cette culpabilité, il n'avait jamais voulu ni humilier son grand frère, ni même rêver de présidence, préférant cueillir au présent les présents de la vie… mais ce jeu de domino dans la violence des destins est étonnant. Bobby par contre, en sentant les balles le pénétrer cinq ans après Jack, a peut-être éprouvé comme un soulagement, comme s'il payait ses fautes ses très grands fautes dans la même violence. Vous voulez encore un frère ? Teddy, le petit dernier, le chouchou de sa dure à cuire de mère, le placide. Il remarquait avec douleur qu'il ne pourrait gagner une course à la présidence à son tour. "Pour les gens, un Kennedy qui vole vers la présidence ne peut être pris au sérieux que si on l'assassine. Moi je suis en vie, je n'intéresse personne."
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Appréciant le mythe Kennedy et étant touchée par Marilyn Monroe, je me devais de lire ce livre.
Il se laisse lire, mais avec toutefois des bémols.
Je trouve qu'on ne comprend pas trop dans quelles circonstances le narrateur qui semble revenir sur ses souvenirs nous livre l'histoire, ni comment la narration s'opère quand il n'y a que Kennedy et Marilyn dans la même chambre.
Les passages où il est question de la mafia m'ont ennuyées mais on comprend qu'ils sont là pour évoquer le destin funeste de JFK. Mais ceux-ci sont trop nombreux à mon goût.
Quant à Marilyn, j'ai regretté qu'elle soit ainsi dépeinte et ne l'ai pas "reconnue" dans ma façon de la voir. Elle m'a semblé caricaturale servant du "mon chou" en se dandinant et en écartant les jambes.
Je n'ai pas cru non plus en un JFK et un Bobby amoureux, ni à la mort de Marilyn dont les frères semblent totalement étrangers.
Bref, un livre à prendre comme de la pure fiction, sans base réelle, et qui distrait, sans plus.
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A vrai dire j'ai adoré ! Cette intrigue qui nous replonge dans le couple Kennedy Monroe est passionnante et vous captivera de bout en bout ! le style est alerte et vous fait voyager avec l'auteur afin de vous faire vivre un superbe moment de lecture ! Et au fil du livre plusieurs intrigues se melent car Marylin a fait urner bien des tetes à son epoque !
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
.../...
- Il parait que Marilyn va épouser cet écrivain youpin ?
Mon regard croisa celui de Bobby. Il craignait trop son père pour l'affronter quand il tenait ce genre de langage qu'il détestait. Il attendait que je réagisse, étant le seul "youpin" de l'assistance, mais depuis belle lurette j'avais accepté ce genre de chose de l'Ambassadeur. Joe Kennedy appartenait simplement à une génération d'Américains qui n'éprouvaient aucune gêne à appeler un juif un youpin, ou un Noir un Nègro. Quant à moi, j'appartenais à la génération de juifs américains qui considéraient comme convenu le diction d'Otto Kahn, selon lequel "un Youpin est un gentleman juif qui vient de quitter la pièce."
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Jack en campagne dans le froid du Wisconsin à l'aube, auprès d'ouvriers d'une usine d'empaquetage de viande.
"- Ah, une chose rigolote ! Un type m'aborde à Ashland, où il fait tellement froid que la pisse gèle avant d'avoir touché le sol, et me demande: "C'est vrai que vous êtes né avec une cuillère en argent dans la bouche, que votre papa est milliardaire, et que vous n'avez jamais travaillé de votre vie ?" Comme il fait trop froid pour discuter, je lui dis que oui. Sur ce, il me tend la main et me dit "Laissez-moi vous serrer la main, sénateur ; vous n'avez pas raté grand chose".
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