Les innocents

Il s'agit d'un texte relativement court, d'une centaine de pages, classé en roman, et paru au Pérou en 1961, d'une manière assez confidentielle. Mais très vite, le livre va devenir culte et objet de scandale, les deux étant souvent liés en littérature.

Le texte se compose de cinq parties, chacune s'intéressant tout particulièrement à un personnage, faisant tous partie d'un même groupe de jeunes de milieu défavorisé, pas très loin d'une forme de délinquance. Oswaldo Reynoso n'édulcore pas la réalité, il utilise un langage parlé, avec des mots d'argot, il évoque la sexualité, la tentation de basculer en dehors de la loi, l'envie de gagner rapidement de l'argent, de profiter de l'existence, qui n'est pas très rose au quotidien pour ces jeunes. Il ne condamne pas, se contente de les regarder vivre, avec empathie et une sorte de bienveillance, avec un second degré toujours présent. C'est tout cela qui a fait scandale et qui a paru longtemps choquant dans son pays. Depuis, le livre est devenu un classique. Il vient juste de paraître, dans une collection un peu confidentielle, ULM, dans laquelle d'anciens normaliens proposent des éditions de livres peu ou pas du tout accessibles.

C'est un texte intéressant, mais malgré tout pas incontournable, sauf pour les passionnés du Pérou ou de l'Amérique latine. Cela reste un peu une curiosité, même si cela se lit rapidement et plutôt agréablement.

Un court roman construit autour d'une série de portraits d'une bande d'adolescents dans un Pérou des années '60 sans repère, et qui aborde avec vulnérabilité, et avec une certaine tendresse, les nombreuses insécurités de l'identité masculine et de ses violences, envers soi-même et envers les autres. de part ses thématiques, sa poésie et sa brièveté il mérite son statut de roman culte pour une certaine génération, et reste un plaisir de lecture des décennies plus tard.