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EAN : 9782742782437
125 pages
Actes Sud (30/03/2009)
2.78/5   9 notes
Résumé :
Elles s'appellent Louis, Anna, Blanche ou Clara. Elles sont ouvriérisme, femme au foyer, mère seule avec un enfant, bonne chez Madame. Elles sont confrontées à la vie, à l'amour, à l'ennui, à la frustration, à la violence des hommes, leur indifférence ou leur condescendance. toutes ont en commun des rêves trop grands pour elles, des peurs d'enfant, des désirs qui n'osent s'exprimer. Alors elles avancent vaille que vaille, tombent et se relèvent, touchantes de fragil... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Je rencontre Madeleine Bourdouxhe pour la toute première fois avec ce recueil de nouvelles. Je dois dire que j'ai adoré son écriture très poétique.
Mais en ce qui concerne les nouvelles, je suis incapable de dire si je les ai aimé ou non... J'ai trouvé parfois l'univers un peu mal sain, et je me suis sentie parfois mal à l'aise en compagnie de ces femmes.

Et puis mon véritable reproche est que la plupart des nouvelles à l'exception d'une sont très courtes. J'ai plus eu l'impression d'une description de la situation et une portrait de femme plutôt qu'une histoire réelle. Dix pages c'est très peu pour une nouvelle et donc on a du mal à s'attacher vraiment aux personnages que l'on y rencontre.
J'essaierai de lire "la femme de Gilles" pour retrouver à nouveau l'écriture de Madeleine Bourdouxhe et surtout je pense que je devrai plus apprécier un roman que ces petites et courtes nouvelles.
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Pour la même raison que je lis assez peu de courts romans, je lis encore moins de nouvelles : comme je l'ai déjà dit, j'aime les briques aux personnages complexes et multiples. Mais j'ai beaucoup aimé « la femme de Gilles » de Bourdouxhe lorsque j'étais en rhéto et je voulais me frotter à d'autres oeuvres de l'auteure.

L'écriture est belle, poétique, j'y ai trouvé un mélange de Duras, Sarraute et Ernaux. Ces courtes histoires de femmes laissent transparaître beaucoup de douleur, de déception, de vide... La première nouvelle du recueil est celle que j'ai préférée, j'ai été émue de lire Anna se perdre dans son quotidien de femme au foyer, de mère dont l'enfant devenu grand n'a plus besoin. Elle rêve de danse et d'ailleurs mais n'obtient que pompe à essence et baffe au coin de la lèvre.

Ce florilège de nouvelles n'est pas une lecture plaisante. On n'y tire pas le plaisir, la magie de s'immerger dans un autre univers. Mais c'est une lecture touchante, un portrait de femmes, coincées parce qu'elles sont femmes...
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Madeleine Bourdouxhe reçoit enfin l'attention qu'elle mérite. Quel meilleur endroit pour commencer à l'apprécier que Les jours de la femme Louise et autres nouvelles, une collection d'histoires féministes surréalistes de femmes de l'après-Seconde Guerre mondiale en Europe occidentale.
Il y a des femmes qui survivent, se battent, fantasment, font des compromis et sympathisent avec le monde sombre, tordu, comique et effrayant qui les entoure.
Madeleine Bourdouxhe est née en Belgique en 1906 et a vécu les deux guerres mondiales.
Les jours de la femme Louise et autres nouvelles est l'un des grands livres féministes français ; une collection de réflexions sur la vie, les pensées et les expériences de femmes de toutes sortes dans l'Europe de l'après-Seconde Guerre mondiale.
Beaucoup ont un penchant surréaliste, mélangeant gore sombre et viscéral, obsessions de la chair et des os des corps humains, avec les vérités ordinaires et banales de notre vie quotidienne.
Chacune des histoires de cette petite merveille est concernée - d'une manière ou d'une autre - par la mise en lumière du comportement abusif, répressif, pathétique et radical du patriarcat.
Tout cela est fait avec un succès absolu grâce à un talent de narrateur inventif, succinct, parfaitement rythmé, étrangement surréaliste et douloureusement vivant.
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Une lecture pour femmes, très largement désuète, ai-je le droit de l'écrire ?
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Et pour la seconde fois. Ainsi déjà, lorsque de ses poignets ouverts s'écoulait sa vie refusée. On étancha le sang autour d'elle, on l'effaça de sa robe. On n'empêcha la source condamnée de se tarir. Comme le sang les effraye vite. Ont-ils cru que le spectacle de sa vie rendue la distrairait de sa mort. Cette fois elle a choisi sa mort certaine. Elle ne l’appellera pas. Elle ne la fera pas s'insinuer doucement en elle, soumise au temps ou à l'intervention. Elle se jettera vers elle, elle se lancera au cœur d'elle-même, comme l'oiseau saisi de ciel prend son envol d'un haut étage, comme la fleur que l'on jette d'une fenêtre au vainqueur qui passe.
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Il ne me disait pas : je t'aime. Moi non plus. Bien des gens autour de nous disaient je t'aime. Ce qui existait entre nous n'était pas ce qui existait entre ceux-là. Il ne me disait pas : je t'aime. Il disait Irène. Et moi je disais : Dany. Parfois nous étions au cœur de l'amour, comme l'abeille dans la fleur refermée. Parfois, parce que ce n'était pas l'unique but de nos rencontres ; deux mains peuvent se joindre dans la joie, et dans le tourment, et dans l'émotion, et dans la piété, et dans la révolte. Mais nos amours étaient une totalité. Nous y touchions l'espérance et le désespoir. Parce que nos étaient sauvages et purs. Dans les bruyères, dans les vergers, dans les blés coupés. Dans les chambres, aussi.
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Il promenait le souffle chaud sur la chevelure, ou bien il le faisait s'arrêter un moment au même point, et il voyait alors une mèche devenir de plus en plus légère, réonduler d'elle-même, voler doucement. Et l'odeur montait peu à peu. Non plus d'alcool mais de lavande. L'odeur montait, le ligotait, s'insinuait en lui tout entier. Il est là, avec son séchoir d'acier à la main. Et parce que le bruit est un peu comme cela mais tout à fait différent, il se revoit, lui René, lorsqu'il est devant sa machine, à l'arsenal, qu'il surface la pièce d'acier et que l'odeur d'huile lubrifiée monte autour de lui. Mais, dans l'odeur d'huile, tous les détails restent clairs en ses pensées : il sait qu'il doit baisser le levier à rouge poignée, que l'action doit durer trois minutes, il sait que dans une demi-heure le travail s'arrêtera, qu'il ira casser la croûte avec les autres. A présent, dans l'odeur de lavande, il est comme dans un nuage. Dans ce nuage, il n'y a rien d'autre que l'odeur et que cette coulée de cheveux vaporeux qu'il soulève de sa main gauche. Ils flottaient maintenant, ces cheveux d'une finesse extrême, ils voletaient sous le souffle chaud, annelés et dorés. Il les palpait, il les soulevait, il les remuait doucement. Il les étala en éventail sur les épaules, les souleva en toison vers la lumière, et la coulée devint claire et vivante, d'entre ses ondes, l'odeur monta triomphante. Alors il vit, comme si elles naissaient là sur les coulées, les fines tiges des lavandes, leurs hampes bleues. Quelques-unes, et puis des infinités, en houles bleues. Devant lui, ou bien ailleurs, il ne savait pas. Ici ou dans des lointains ignorés, il voyait des lavandes en vastes champs sans frontière.
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Il a pris son verre dans ses mains ; par petits gestes il a fait tourner la bière dans le fond de son verre, il ne disait rien et moi je parlais et devenais lentement folle. Il y a quelque chose, ai-je dit, il y a quelque chose que tu ne me dis pas, par exemple quelque chose que tu croirais et qui ne serait pas vrai. Dis-moi, explique-moi, parle, ai-je dit, parle. Il ne disait rien. Nous n'avions pas l'habitude de nous expliquer les choses. Il était entendu que nous le comprenions ainsi, sans guère de paroles. Alors je me suis dit que je n'avais qu'à partir. Et à laisser ainsi cette chose que je ne comprendrais jamais. Si je lui ai dit au revoir, je ne le sais plus. Je crois que je ne l'ai pas fait, que je me suis levée ainsi, que j'ai traversé la salle, que j'ai ouvert la porte. Avec lui qui restait assis, qui ne me suivait pas. C'était le bistrot où nous nous retrouvions souvent. A l'enseigne d'un nom de fleur. Comme : au muguet, ou : à la giroflée. Ce n'est pas que j'aie oublié le nom, mais j'essaye toujours de ne pas le penser. J'ai marché dans la rue, il ne m'a pas rejointe, il n'a pas crié : Irène.
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Vidéo de Madeleine Bourdouxhe
Extrait 3, film "La femme de Gilles", de Frédéric Fonteyne, 2003.
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