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EAN : 9782330002541
248 pages
Actes Sud (04/01/2012)
3.05/5   10 notes
Résumé :
Nous sommes en 1980. Sasha, neuf ans, vit en République de Moldavie. Une vie sous le communisme, avec ses défilés, ses slogans, sa pruderie, ses kolkhozes, ses organisations de jeunesse quasi militaires. Pour Sasha, qui a un besoin éperdu de croire, la propagande devient à la lettre parole d’Évangile. Il vénère les martyrs de la cause communiste dont les visages sont peints sur les murs de l’école, et en premier lieu Lénine, gloire de l’Union soviétique qui a combat... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Ce roman décrit les aventures comico-fantastiques d'un cancre dans le système éducatif communiste. L'étrange univers de l'enfance y est restitué avec pertinence, offrant ainsi un exutoire bienvenu à un sujet par ailleurs relativement rebattu (le communisme soviétique et ses conséquences). L'ensemble reste ancré dans cette simplicité quotidienne qu'on retrouve dans le film « Contes de l'âge d'or ». Néanmoins, l'onirisme n'évite pas quelques passages un peu hermétiques.
Quoi qu'il en soit, à lire, cela vaut le détour !
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Ce roman dépeint le système communiste étatique à bout de souffle dans la Moldavie des années 80. Il choisit pour cela d'utiliser le regard d'un enfant. L'idée m'avait séduit mais je n'ai pas su rencontrer la richesse de cette oeuvre. le style de l'auteur m'est apparu désinvesti, engourdi, haché, presque toqué dans ses répétitions thématiques sans ampleur et avec une vision poétiquement très caricaturale de l'enfance. le narrateur cherche à écrire comme un enfant, avec une naïveté dont la pureté dénoncerait les absurdités hypocrites et la cruauté des adultes. Je n'ai pas ressenti ce souffle rafraîchissant mais une irritante lassitude...
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Qu'est-ce que le communisme pour Sasha, neuf ans, fils de fermier en République moldave dans les années quatre-vingt ?
C'est d'abord le portrait de Lénine installé dans toutes les salles de classe, les injonctions et les brutalités incessantes de la maîtresse Nadejda Petrovna qui ne supporte pas l'odeur de la truie dont s'occupe Sasha et qui imprègne ses vêtements. C'est également les défilés avec ballons pour la grande fête des Travailleurs et la victoire contre le Mal capitaliste… c'est enfin le discours des adultes qu'il ne comprend pas, qu'il tente malgré tout de s'approprier pour intégrer les « pionniers » en le réinterprétant avec candeur et détermination.


Surréaliste, le roman de Savatie Baştovoi offre un récit fantasque qui emprunte plusieurs trames littéraires avec des insertions énigmatiques, des bribes de discours irréels, des mirages qui peuplent la forêt dans laquelle le jeune Sasha se réfugie chaque fois qu'il est contrarié.
A priori on se confronte à des paroles de l'enfance où le verbe n'est jamais rond, ample ou dense ; l'auteur déconstruit la langue des adultes si hermétique pour un esprit tendre et candide.
Puis progressivement, au milieu de toutes ces conversations imaginaires entre Lénine et un révolutionnaire, de ces rêves enfantins ou absurdes, des parenthèses lyriques et oniriques on devine une vérité qui se refuse ouvertement à la conscience : celle d'un pays cadenassé et engoncé dans des posture obsolètes, d'un dogmatisme violent qui s'exerce dés la découverte de l'école, d'un monde fermé dans lequel l'esprit curieux de l'enfant, aussi bien ses interrogations que ses doutes, éclaire toutes les contradictions d'un système à bout de souffle.

Lire « les lapins ne meurent pas » n'a rien de romantique ni de facilement accessible lorsqu'on n'est pas familier avec la culture romano-orientale : il faut remâcher les incantations, se dissoudre dans les fragments d'écriture, décortiquer les symboliques pour y percer un sens et détecter des relents de la propagande stalinienne qui n'a rien de conventionnel. de la même manière qu'un enfant à la conscience encore malléable, il appartient au lecteur de déchiffrer les connecteurs logiques dans ce texte en apparence chaotique, ou de se laisser bercer par un étrange sentiment d'engluement et d'intangibilité.
Si certains lecteurs resteront perplexes face à la complexité de la construction littéraire, d'autres s'accrocheront à l'authenticité et à la simplicité des mots qui exhalent de ce récit sombre car au-delà des idéologies politiques et des concepts, on s'émeut des difficultés du jeune garçon bien malheureux dont toutes les tentatives pour être « meilleur » sont rabrouées comme de vilaines maladresses.
Ce que ma mémoire retient de cet auteur d'une république ignorée c'est sa faculté à façonner un univers littéraire extraordinaire pour qui accepte l'idée d'effleurer une écriture pleine d'imagination et de mystère… rares sont les auteurs capables de vous embarquer dans leur univers lorsque celui-ci se révèle insaisissable, au lecteur d'accepter de perdre pied et suivre l'auteur sur des territoires inconnus.
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Un roman moldave écrit en roumain (l'auteur a étudié à l'université de Timişoara), par un écrivain moine. Nous écoutons une sorte de polyphonie à de nombreuses voix, dont trois régulières et facilement identifiables : une petite fille malade qui se promène avec son père dans les champs, un garçon et l'école communiste, Lénine qui tient une conversation absurde avec un ami. Mais plusieurs autres histoires se greffent là-dessus : l'élevage de lapins dans la forêt du père du garçon, l'histoire des vols à la coopérative locale. Bizarrement, même si certains passages restent obscurs comme les voies du Seigneur, cela se tient et il en ressort un portrait finalement assez pertinent peut-être pas du régime communiste dans son ensemble mais au moins de son école et de certains autres aspects d'un village agricole. L'ensemble ne manque pas d'humour et bien des épisodes sont comiques: l'histoire des vols, surtout, car tout le monde se soucie des biens communs en apparence, mais tout le monde vole. En général, la propagande communiste est absurde, souvent assez violente mais pas sans échappatoire, pour Sacha, le petit garçon, dans une forme de panthéisme (Baştovoi décrit beaucoup la vie agricole et la nature). On touche du doigt le paradoxe de ce régime (et de la situation actuelle) : évoqué de manière très dure (et il l'était), il suscite néanmoins de la part d'une partie non négligeable de la population, pour certains de ses aspects, une forme de nostalgie.
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Ma précédente lecture m'avait envoyée en Ukraine alors pourquoi pas passer la frontière pour aller visiter la Moldavie.

La 4ème de couverture paraissait promettre une découverte du pays qui est sous l'égide de l'Union Soviétique en 1980 et avec sa "propagande".
Autant dire que je ressors de ce livre en étant très dubitative...
Premièrement, je ne sais même pas pourquoi l'auteur a utilisé ce titre: il semble faire une fixette sur les lapins dans son roman et les aborde ponctuellement. Cependant, il n'en nomme pas réellement le sens. J'aurai pu pousser le vice de parler de mouton avec l'effet de propagande où la population suit bêtement mais même pas!
Deuxièmement, la fixette est faite sur la nature et la forêt On y croirait presque une ode à la nature et comment la population pourrait faire pour avoir un air pur dans sa maison en y mettant des plantes... La blague! Il semble y avoir un aspect symbolique avec Dieu et les échelles créées par les arbres mais je n'y ai pas vu de richesse supplémentaire dans ce livre.
Troisièmement, il y des passages en italique mais qui restent superflus et ne semblent pas être en lien. Je n'ai pas compris quel personnage était mis en avant ou si c'était du passé pour mettre en avant l'idolâtrie envers Lénine, de la part des moldaves.
Durant ce roman on assiste aux diverses fêtes pour rendre hommage à Lénine mais on y comprend que très peu le sens, hormis celle du 9 Mai (Victoire sur les Allemands en 1945) mais cela avait davantage de sens parce que les actualités avec Poutine le nomment. Malgré tout, on voit que les Capitalistes sont les ennemis jurés des Communistes. Cependant, des limites au Communisme sont visibles à travers certains vols ou de la pauvreté de certaines familles.
Ce qui m'a manqué c'est aussi que dans les passages où l'on évoque Lénine on ne parle que très peu de ce qu'il a fait pour devenir important aux yeux de l'Union Soviétique. Donc je n'en ressors pas plus enrichie sur ce pan d'histoire.
Le roman met en avant Sacha, enfant de 10/12 ans. Son point de vue en tant qu'enfant n'est que peu exploité et cela m'a manquée.

Je m'attendais à découvrir un aspect de l'Union Soviétique dans les années 80 mais cela n'a été que survolé pour moi.
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critiques presse (2)
LePoint
22 février 2012
Bastovoi nous offre avec Les lapins ne meurent pas un texte décousu, étiré comme une journée d'école dans la plaine sans issue.
Lire la critique sur le site : LePoint
LeMonde
06 janvier 2012
Roman sombre, Les lapins ne meurent pas est dédié aux "enfants soviétiques devenus grands". Il diffuse pourtant une puissante lumière : celle d'une écriture formidablement charpentée et fine.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
–Mais à quoi nous servent les animaux ?
–Pour la viande et les gants, et aussi les bonnets en peau de lapin pour avoir chaud l'hiver, quand on va à l'école.
(p. 193)
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Pourtant, quelqu’un lui avait dit que Lénine non plus n’écrivait pas bien. Sauf que Lénine n’oubliait pas de lettres, et quand il était petit, il écrivait bien et incliné sur la droite, avec toutes les lettres égales et ce n’est qu’après avoir fait la Révolution et être resté en prison que son écriture s’est gâchée et qu’il a commencé à mal écrire, car il devait écrire vite et beaucoup pour sauver les gens pauvres. Sasha avait hâte de grandir, pour aller en prison et pour avoir lui aussi le droit d’écrire mal.
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Les porcelets étaient en effet mignons et il voulait les voir. Quel enfant n'aimerait pas regarder les petits cochons ?
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