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EAN : 9782825145876
187 pages
L'Age d'Homme (04/05/2016)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Pourquoi réveiller ce qui, dix ans plus tôt, aurait pu vous tuer ? Au fil de ce récit retracant la maladie qui l'a atteint en 2004, Matthieu Megevand s'emploie a cerner une memoire capricieuse ballotée par le temps. La mise en mots du souvenir se dessine avec son lot d'événements tragiques, émouvants, anodins ou burlesques. La précision clinique du texte vient côtoyer l'évanescence du souvenir et l'art de la digression poétique.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Matthieu a 21 ans, et il profite de la vie à pleine vitesse : sortie, alcool, tabac, parfois même usage de drogue. La vie est courte, il est jeune et profite du moment présent avec l'insouciance de la jeunesse. Mais lors d'une soirée, en vacances avec deux de ses amis, les premiers symptômes de ce qu'il prendra pour une intoxication alimentaire apparaissent. Il ne voit pas, ou se refuse de voir qu'ils sont peut-être autres chose. Mais son état ne s'améliore pas. Suivront des rendez-vous médicaux, le premier ne donnant rien de particuliers, les suivants mettant en exergue la condition physique et l'apparition de cette masse autour du coeur.
Le monde de Matthieu se transforme, il sera réglé par les visites incessantes à son oncologue, au service administrant la chimiothérapie, et ainsi de suite. Une routine médicale qu'il doit suivre afin de donner à son corps le temps de la guérison.

Le texte est sobre, simple, distant. Comme si l'auteur met à distance les événements pour mieux en parler, pour donner de la substance à ce qui s'est passé, pour se dire : "oui, c'est bien arrivé". C'est l'impression que j'ai eu tout le long de la lecture de ce livre : une mise à distance. Inutile de sombrer dans le pathos comme l'a si bien exprimé Matthieu Mégevand dans "Les lueurs", chaque jour il y a des choses horribles qui se passent. Mais ramener à notre propre monde, à notre cercle intime, ce qui nous arrive change notre rapport à l'autre, à soi, au monde.

L'écriture de l'auteur est agréable, sans être dure ni même larmoyante, il égraine ses souvenirs dix ans auparavant, depuis ces vacances avec ses deux amis Villy et Delvy. Il n'hésite pas à exprimer ses doutes quant au fil exact de certains événements, mais en mettant ses souvenirs loin de lui.
J'ai été touchée justement par cette forme d'écriture : sans être froid, il évite d'entrer dans le dramatique, nous accompagne dans son histoire comme s'il nous montrait des polaroïds de sa vie en nous expliquant ce à quoi cela lui fait penser. Les premiers rendez-vous à l'hôpital, l'annonce du diagnostic, et également cette prise de parole en "tu" qui m'a désarçonnée.

Dans son livre, il parle moins de ses six mois de traitements, ce qui m'a d'ailleurs surprise : une bonne partie du récit explique la descente dans l'enfer de la maladie. J'ai apprécié ne pas retrouver uniquement le monde médical, ses côtés positifs et négatifs, les attentes, les perfusions, les hématomes, les prises de sang... Étant infirmière, je ne connais que trop bien cet univers qui dépersonnalise l'humain au profit du patient. J'ai apprécié suivre l'humain dans ce livre, ce qu'il ressent, cette attente, et comment la maladie s'installe lentement, les prémices, jusqu'à sa découverte.

Quelle douceur à l'évocation de sa famille, à ses moments que sa mère essayent de rendre le plus supportables possibles, en ayant les attentions douces et agréables d'une maman. Des petits pincements en voyant sa maman lui apporter cet amour indicible et silencieux, respectant son fils, mais lui assurant de sa présence. J'ai souri à certaines phrase, étant moi même maman, mon fils s'appelant Mathieu.... Une émotion que l'on ressent lorsque Matthieu Mégevand nous parle de ses proches, de ces silences respectés, pas de discours interminables, mais une présence chaleureuse, à chaque rendez vous. Être entouré pour faire face.

Le plus de ce livre ?
L'auteur répond à une question : pourquoi dix ans après revenir sur cette expérience? Je vous laisse le plaisir d'en découvrir la raison, mais également de recueillir son témoignage.

Un bémol?
Autant il nous a longuement expliqué comment la maladie s'est installée, autant la fin du récit est rapide et plus abrupte. Peut être a-t-il écrit comme il l'a vécu : un soulagement de ne plus ressentir cette "angoisse de mort". J'aurais aimé qu'il nous explique un peu plus longuement son après maladie, même s'il l'esquisse. Mais c'est un goût personnel.

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Je tiens tout d'abord à remercier les éditons L'Âge d'Homme et Masse Critique pour l 'envoi de ce livre. Il s'agit de ma première participation. J'ai sélectionné ce livre dans la liste car les thèmes de la mémoire, du souvenir et de l'oubli m'interpellent plus que d'autres.

Les Lueurs est un récit autobiographique. L'auteur, Matthieu Mégevand, y évoque son cancer depuis les premiers symptômes jusqu'à sa guérison. Il a 21 ans, il est jeune et il aime faire la fête. Il vit entre chez ses parents et sa copine Vanessa avec qui c'est toujours des hauts et des bas. Au début, il part donc en virée dans le sud de la France avec ses amis Villy et Delvy. le mauvais temps et l'état de santé de Matthieu vont les contraindre de rentrer en Suisse plus tôt que prévu. Quelques examens médicaux lui apprendront qu'il souffre d'un cancer des ganglions.

Il se raconte mais sans étalage mélodramatique. Je ne vais pas en dire plus sur l'histoire en elle-même qui n'est pas très longue.

A chaque étape cruciale, il envisage les autres scénarios possibles. Personnellement cela m'a un peu embêté car j'ai parfois dû me rappeler que j'avais affaire à des digressions fictionnelles (il fait pourtant bien la part des choses : il donne du « je » quand c'est du vécu et il donne du « tu » quand il part dans ses fantasmes oserais-je dire). Je n'ai pas bien compris ce que cela apportait à l'histoire mis à part d'illustrer son propos quand il écrit: « On mésestime le champ infini des possibles, on occulte trop souvent la masse de vies potentielles auxquelles on échappe ou qu'on souhaiterait avoir connues. Rien ne nous prédestine jamais au chemin que finalement nous empruntons. Il aurait pu, il peut, il pourra toujours en être autrement. » À quoi bon se torturer de la sorte ? Je dis cela, mais j'ai tendance à faire la même chose.

Au fond,entre les souvenirs et l'oubli... qu'est-ce qu'on retient de sa propre vie ? « Des éclats de shrapnel plutôt, des morceaux luisants disséminés dans ma tête et qui se sont incrustés jusque dans ma chair. Quantité de petits bouts de souvenirs brillants comme du verre. »

Les lueurs, des souvenirs qui brillent dans les ténèbres de l'oubli ? J'adhère à fond. Bien sûr il se peut que je me trompe et que ces lueurs fassent référence à autre chose.

En bref, j'ai beaucoup aimé lire ce livre.

Je terminerai par l'exergue de l'ouvrage : « Nous sommes ici pour nous souvenir. » Aharon Appelfeld




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Me voilà embarquée dans les tréfonds de la maladie et de la mémoire grâce à l'opération Masse critique à laquelle j'ai pris grand plaisir à participer.
Pour être sincère, heureusement que le livre est bien plus puissant et porteur que sa couverture, qui exposée en librairie ne m'aurait pas attiré le moins du monde, malgré le lien indéniable que l'on peut faire avec ce qui se cache derrière…
Matthieu Mégevand nous immerge dans une histoire qui mêle les souvenirs d'un jeune adulte à ceux d'un malade et le travail sur la mémoire et l'acte de se remémorer aux exemples de souvenirs appuyés, échappés, reconstruits, inoubliables. Cette histoire, la sienne, est amenée avec une écriture rythmée, semblant engagée dans une course contre la montre, contre le temps qui passe et qui expose au risque de l'oubli en somme. On le rencontre jeune et sain. le diagnostic tombe. Il apprend à faire face. Son entourage apprend à faire face. Il suit les traitements nécessaires. Vit avec la maladie. Subit la maladie. Essaie de la combattre…. Tout en poursuivant sa vie de jeune homme de 21 ans.
Et je dois l'avouer…. J'ai parlé à mon livre…. Notamment lorsque l'auteur exprime son point de vue par rapport à la signification qu'il accorde à la mémoire. Au travers le récit de l'auteur, plusieurs questions me sont apparues : La mémoire est-elle si individuelle que l'auteur la laisse apparaitre ? Ne souvient-on pas seulement en lien avec les autres ? Quel lien l'auteur établit-il entre son histoire et sa mémoire ? Comment l'auteur se situe-t-il par rapport à certains souvenirs reconstruits ? Les considèrent-ils comme siens ? Si ces questions restent en suspens, la réflexion qu'elles suscitent fait de ce livre une véritable mine d'or sur la question mémorielle ! J'ai par ailleurs particulièrement apprécié les dernières pages du livre dans lesquelles l'auteur revient sur ce projet d'écriture…
Ce livre rend compte de la très belle narration d'une tranche de vie, celle d'un homme qui a été atteint d'un cancer et qui cherche à reconstruire et se réapproprier cette période difficile.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
On mésestime le champ infini des possibles, on occulte trop souvent la masse de vies potentielles auxquelles on échappe ou qu'on souhaiterait avoir connues. Rien ne nous prédestine jamais au chemin que finalement nous empruntons. Il aurait pu, il peut, il pourra toujours en être autrement.
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Que les mots, comme des voleurs qui chamboulent tout dans une maison, bouleversent l'ordre bien agencé de ma mémoire pour ne laisser que de pauvres images, d'imparfaites esquisses dont on se demande à quoi elles peuvent bien servir.
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Ici comme ailleurs l'envie me prend d'abandonner le souvenir, de recourir à la fiction, à l'imaginaire. L'on n'y verrait que du feu, d'ailleurs. Un peu d'enluminures, de tragique aussi. Cela ferait sans doute du bien au texte, une bouffée d'air, de romanesque. Mais ce qui s'est passé, ce qui à un moment a eu lieu mérite que je le raconte tel qu'il m'est resté. Et non pas comme je voudrais qu'il soit, ou comme je souhaiterais le faire apparaître. Les mots ne font que trahir. Ils mentent, ils déforment. Ils ne savent pas dire.
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"Mais là encore je ne peux aller plus loin. La farce semble trop grosse. Cette révolution intérieure, cette sagesse de cinéma, l’enchaînement grossier des circonstances."
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Détruire le souvenir, priver ma mémoire de la lente et patiente construction qu'elle a, au fil du temps, imposée. Pourquoi au juste? Pour donner les faits, rien que les faits? Approcher la vérité telle qu'elle fut, et non pas telle que je m'en souviens? Ça n'a pas de sens. Je m'en moque, des faits.
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Videos de Matthieu Mégevand (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Matthieu Mégevand
Matthieu Mégevand
Lautrec
Lecture par l'auteur – Mise en musique par Emilie Zoé
Lautrec, c'est la légende de Montmartre, le peintre du Moulin-Rouge, du Mirliton, celui qui immortalise Bruant, la Goulue, Jane Avril. Mais c'est aussi un petit homme foutraque, issu d'une famille de la haute noblesse de province, atteint d'une maladie génétique qui fragilise ses os et interrompt sa croissance. Fasciné par les cabarets, les bals, les bistrots, les théâtres et les prostituées, il peindra des hommes et des femmes toute sa vie, négligeant le paysage et la nature morte. Alcoolique, rongé par la syphilis, il meurt à trente-six ans en laissant une oeuvre foisonnante et inclassable.
En mettant en scène l'obsession de Henri de Toulouse-Lautrec pour la peinture, celle qui montre les êtres humains dans ce qu'ils ont de plus brut et de plus vivant, Matthieu Mégevand s'éloigne des représentations habituelles pour dresser le portrait de l'artiste en voyant et de l'homme en possédé.

Avec le soutien de la Fondation Pro Helvetia

À lire – Matthieu Mégevand, Lautrec, Flammarion, 2019.
À écouter – Emilie Zoé, « The very start », Hummus Record 2018, récompensé par un Swiss Music Award.
Le mercredi 4 décembre 2019 - 20h
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