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EAN : 9782354083274
400 pages
Mnémos (20/08/2015)
3.93/5   68 notes
Résumé :
Une flambée d'émotions, un récit de batailles, d'aventures et de perdition, une véritable fantasy opéra .

Pangée, terre immense au milieu de l'océan unique, continent de terre sèche et d'embruns où vit le peuple de Ghiom, dont l'histoire, en ce jour de la dixième chasse à l'Odalim, bascule.

Les Grands de Pangée ont parlé : le monstre marin doit mourir. Pour la paix. Pour l'ordre. Pour la promesse d'une nouvelle ère faste à venir, dans ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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Énorme coup de coeur pour ce prix Planète SF des Blogueurs 2016 (ou prix Planète SF).

Vendredi je suis allée à la bibliothèque rapporter des livres et juste à côté du comptoir de prêt il y avait toute une sélection de livres de fantasy. Celui-ci m'a fait de l'oeil et je l'ai ramené à la maison.

Hier j'étais en congé et j'ai lu toute la journée : impossible de m'en défaire.

L'histoire est celle du peuple de Pangée dont la vie est rythmée par les Chasses à l'Odalim, le Maître des Eaux (un monstre de mer qui pourrait faire pâlir le fameux Kraken). Nous suivons le destin de quatre personnages principaux (à mon avis) : Logal dit le Bâclé, son frère Plairil (très vite catalogué comme un sale type), Bhaca le commandant en chef de la Dixième chasse et surtout Hammassi la conteuse de ladite chasse.

C'est tout un univers qui se met en place et c'est très bien raconté. Quand l'auteur introduit un mot inventé (faune, flore ou autre) avec la phrase qui l'enrobe, sans se poser de question on sait de quoi il s'agit.

Ils ont des moeurs un peu singulières : les enfants ont une mère et 9 pères, des élections style Hunger Games (le peuple choisi les candidats et ensuite ils doivent s'entretuer pour qu'il n'en reste qu'un), etc.

Les scènes d'affrontement en mer sont époustouflantes - tout comme les scènes de mort violente - et puis soudain… WHAT ???

!!! ATTENTION SPOILERS !!!


Un très bon moment de lecture que je vous recommande vivement.

Challenge pavés 2016-2017


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A Pangée, la tradition veut qu'à la fin de chaque cycle toutes les nations s'unissent et envoient des représentants participer à la fameuse chasse à l'Odalim, ce gigantesque monstre marin dont la mort augure le retour de la paix et de la prospérité sur le continent. Menée par le jeune Bhaca, la dixième chasse est sans aucun doute la plus imposante et la mieux équipée de toutes. Pourtant rien ne va se dérouler comme prévu pour le peuple des Ghiom qui va devoir remettre en question toutes ses croyances pour ne pas disparaître. Je ressors très mitigée de la lecture de ce roman qui dispose d'atouts indéniables mais qui, par bien des aspects, ne m'a pas particulièrement convaincu. Commençons d'abord par les points positifs au nombre desquels il faut citer la qualité du style de Christian Chavassieux qui nous livre ici des passages d'une grande beauté et particulièrement évocateurs. On peut également saluer la qualité et la subtilité de ses réflexions sur des thèmes tels que la guerre et le génocide, ou encore l'importance des mythes et de la mémoire collective. Malgré un début un peu laborieux, la première partie du roman se lit avec beaucoup de plaisir et de curiosité et nous narre tour à tour les événements ayant lieu sur terre (à Pangée même) et sur mer (avec l'avancée de la dixième chasse). Ce sont d'ailleurs ces passages au cours desquels on assiste à la traque de l'odalim qui sont à mon sens les plus réussis, ce qui explique pourquoi j'ai été aussi peu emballée par la seconde partie qui se contente de nous dépeindre un affrontement plus classique entre deux civilisations pourtant guère éloignées l'une de l'autre.

Parmi les autres qualités que compte l'ouvrage, il convient aussi de mentionner le soin tout particulier apporté par l'auteur à la construction de son univers qui se révèle d'une richesse et d'une originalité peu communes. Il suffit pour s'en convaincre de jeter un coup d'oeil à l'imposant glossaire qui accompagne le roman et qui nous détaille minutieusement les particularités de chaque espèce et de chaque peuple tout en apportant des précisions concernant la faune et la flore locale, l'architecture, les traditions... Pour plaisante qu'elle soit, cette abondance d'informations finit toutefois par se retourner contre l'auteur. C'est notamment le cas au début du roman avec lequel le lecteur, assailli par une quantité impressionnante de termes techniques ou de concepts inédits, pourra rencontrer quelques difficultés jusqu'à ce qu'il se familiarise petit à petit avec les réalités propres à l'univers de Pangée. Des réalités qui ne sont malheureusement trop souvent que survolées si bien que, malgré sa richesse, le monde de Christian Chavassieux m'a laissé quelque peu indifférente. Un problème auquel j'ai également été confrontée en ce qui concerne les personnages qui sont eux aussi très nombreux mais qui, pour la plupart, ne semblent être là que pour meubler l'espace autour des protagonistes. Quant à ceux qui parviennent malgré tout à se rendre attachants, l'auteur finit soit par les laisser complètement de côté, soit par régler leur sort en quelques lignes, de manière presque anecdotique. Les personnages principaux sont pour leur part plus développés et plus profonds, même si on pourrait regretter le côté un peu trop caricatural du « méchant » de l'histoire.

C'est très mitigée que j'ai finalement refermé le roman de Chrsitian Chavassieux dont l'univers se révèle certes original mais surtout trop technique et trop confus pour qu'on parvienne à véritablement s'y immerger. Dommage, car les chapitres consacrés à ce que je pensais être le coeur du récit, à savoir la chasse à l'odalim, sont, eux, une vraie réussite.
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J'ai acheté ce roman parce que cela faisait un moment que je n'avais pas lu de fantasy, et parce que la couverture m'a tout simplement éblouie. ça m'arrive de plus en plus souvent, d'acheter des livres d'abord pour leur couverture, ça va finir par me jouer des tours...
Pas cette fois, cependant, parce que j'ai adoré les Nefs de Pangée. Je partais avec un peu de crainte à cause de quelques mauvaises critiques que j'avais lues, et j'ai été un peu effrayée au début parce qu'on est vraiment propulsé dans cet univers sans préambule, mais au final j'ai été happée complètement, au point que c'est avec regret que j'ai tourné la dernière page du livre et quitté les personnages.

L'histoire pourrait se découper en deux parties. Dans la première, on suit parallèlement les aventures de plusieurs personnages : d'abord, il y a les navigateurs lancés sur les mers pour chasser l'Odalim, un monstre marin gigantesque et terrifiant. Ils sont emmenés par le jeune commandant de la flotte, Bahca, accompagné de la conteuse du voyage, Hammassi.
Pendant ce temps, sur la terre ferme, de drôles d'évènements ont lieu : Plairil, le fils de l'une des familles les plus influentes de la capitale, s'est érigé en idole d'une secte étrange, qui se propage de plus en plus vite à travers tout Pangée.
Forcé de fuir son tyran de frère, Logal s'est lancé sur les routes à travers le continent unique, accompagné du sympathique oracle Yma.
Mais un bouleversement plus grand encore se profile, propre à changer toutes les perspectives et à rendre bien futiles les ambitions de chacun, en comparaison. Et c'est au milieu du roman qu'intervient ce revirement inattendu, lorsqu'un adversaire dont personne n'avait prédit la venue se joint à la bataille. Des vérités anciennes sont alors révélées sur ce monde et ceux qui le peuplent.

Toutes ces intrigues entremêlées sont assez passionnantes à suivre. Il y a un grand nombre de personnages, et beaucoup suscitent notre intérêt, pas seulement les principaux. J'ai beaucoup aimé Mâad, par exemple, ce poète qui se révèle aussi un grand stratège lorsqu'il s'agit de protéger ses terres et son peuple.
Au début, j'ai trouvé qu'ils arrivaient un peu tous en même temps, ces personnages, et trop abruptement, rendant difficile de savoir qui était qui. Mais une fois qu'on a repéré les personnages principaux, qu'on s'est fait une bonne idée du caractère de chacun et qu'on a mis un visage sur toutes ces têtes, si je puis dire, c'est un vrai délice de les suivre.

Les Nefs de Pangée, c'est un vrai récit épique, à l'ampleur mythologique. On pourrait le qualifier de bien des manières, tant le roman est dense et complexe : récit d'aventure, histoire de quêtes et de conquêtes, récit de peuples qui se déchirent et se disputent la suprématie sur ce monde qui recèle bien des secrets.

L'auteur retourne habilement la situation de manière à ce qu'on ne sache plus de quel côté se positionner. Ce peuple que l'on nous présentait en maitre incontesté du continent se révèle arrogant, et pourrait bien tomber par pêché d'orgueil. Car qui est-il pour s'accorder le droit de massacrer, chaque année et sans véritable raison, une créature aussi majestueuse que l'Odalim, maitre des océans ancestral ? Et pourquoi s'acharne-t-il à perpétuer le génocide de ce peuple mystérieux appelé les Flottants ? On finit par s'apercevoir que rien n'est ce qu'il parait, l'auteur nous mène en bateau (sans mauvais jeu de mots) avec une habileté sans pareille et, au fil des pages, on ne peut que se passionner de plus en plus pour cette épopée.

Le style de l'auteur est très élaboré et je l'ai trouvé vraiment plaisant à lire. Alors bien sûr, il est loin d'être simple, on pourrait le trouver lourd, mais j'aime bien ces longues phrases, rythmées, qui donnent envie de lire à voix haute tellement c'est mélodique. Et puis, leur grandiloquence est à l'image de la magnificence de la ville de Basal et du gigantisme des fameuses nefs.
Je suis impressionnée par l'imagination qu'il a fallu solliciter pour développer un tel univers, de bout en bout : le glossaire à la fin du livre montre que l'auteur a vraiment créé un monde à part entière, qui s'étend au delà de l'histoire qu'il nous raconte.
J'ai pensé plusieurs fois aux Travailleurs de la mer, de Victor Hugo, à raison apparemment, puisque l'auteur le cite dans ses références à la fin du livre. Il évoque aussi Homère, et c'est vrai qu'il y a un peu de l'Odyssée dans ce roman.

En bref, si vous aimez la fantasy et les récits épiques, que vous n'avez pas peur des longues descriptions et des grandes phrases (ni des gros monstres marins), alors je vous recommande fortement de tenter le coup !
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Ce roman est la preuve que la SFFF française a beaucoup de choses à apporter aux littératures de l'imaginaire. J'ai été convaincue par l'originalité des idées et des rebondissements.

Pangée est le seul continent qui existe. le reste est recouvert par l'Unique (l'océan). Tous les vingt-cinq ans, la tradition exige qu'une flotte composée des meilleurs éléments parte tuer un Odalim – un animal aquatique si démesuré qu'il peut saisir une nef dans ses mâchoires et la broyer. La mission est redoutable et dangereuse : y participer est un terrible honneur.
La neuvième chasse ayant échoué, les oracles prédisent un cycle de malheur, de guerres et de maladies pour tout Pangée. Pour éviter l'hécatombe, un seul moyen : la prochaine chasse doit être si disproportionnée que les pays seront trop accaparés par les préparatifs pour se battre. Elle ne pourra que réussir…
Mais au milieu des préparatifs, des alliances se nouent et de sombres complots voient le jour.

Tout au long du récit, nous suivrons plusieurs personnages.
Logal a beau être le fils de la plus puissante famille de la plus puissante cité (Basal, la Porte des terres, le coeur du commerce de tout Pangée, le lieu d'où partent toutes les chasses, la Ville des villes), il n'en reste pas moins impuissant face aux événements : l'échec de la neuvième, la montée au pouvoir de Plairil (le fils Préféré de sa mère), les intrigues qui se nouent, l'irrespect dont il est la cible… Intelligent et de bonne nature, il est pourtant surnommé En'nodet : le Bâclé ; car il est dit que sa mère consacra très peu de temps à sa conception.
Et puis progressivement, c'est Bhaca qui deviendra le point de vue principal. Normal : en tant que commandant de la dixième chasse, il est au coeur de l'action. Bhaca est jeune et pétri d'idéaux. Né et formé pour diriger la dixième flotte, il n'en est pas moins quelqu'un de sensible qui n'arrive à confier ses craintes qu'à sa plus ancienne amie : Hammassi. Sa presque soeur, son amante, celle avec qui il a grandi. Pourquoi la chasse ? Pourquoi la guerre ? D'où viennent les Odélim ? Pourquoi est-ce de plus en plus dur de les tuer ? Que fera-t-on une fois qu'ils seront tous morts ? Pourquoi consacrer autant d'énergie à la destruction au lieu de poursuivre la construction de la plus grande route du continent – ce qui permettrait d'améliorer les échanges entre nations ? Questions très actuelles…
Et enfin, c'est Hammassi elle-même qui prendra le relai. Elle, dont la mission est de consigner tous les événements qui jalonnent la dixième chasse, dont le but est de permettre à son peuple de tirer les leçons du passé. Elle qui est si sensible à la beauté des choses et au caractère extraordinaire des événements. Un regard neutre, patient, presque enfantin pour conclure cette saga. Un regard nécessaire pour retranscrire les innombrables retournements de situation qui nous attendent.
Les trois protagonistes se complètent à merveille. Ils sont intéressants, riches, nuancés, et imparfaits – donc très humains.

L'univers, quant à lui, regorge d'idées novatrices.
Les femmes ne peuvent mettre au monde des enfants viables qu'en ayant collecté la semence de suffisamment de mâles pour pouvoir concevoir. Les orgies sont donc des événements normaux, organisés pour les grandes occasions – puisque ça permet de renouveler facilement l'espèce. Et donc le sexe n'est absolument pas tabou. Il est tout à fait normal de discuter avec un ami, quêter l'approbation d'une g'lich (une femme) entre deux mots et entamer un acte sexuel en continuant à converser.
Il y a toute la culture de ce continent si étrange. Quel que soit le pays, toutes les grandes dynasties ont la même organisation familiale : une Vénérable (une femme qui a mis au monde plusieurs enfants), un Préféré (un enfant dont la conception était particulièrement soignée), les pères qui fournissent régulièrement leur semence, une maison du jour et une maison de la nuit (la première servant à la vie courante et à recevoir les invités, la seconde conservant la bibliothèque et les connaissances de la famille et servant aussi de cachette pour concevoir en paix).
Il y a la chasse, évidemment, et toutes les croyances et traditions qui en découlent. Les récits historiques que doit étudier Hammassi au début du récit, les légendes, la rumeur du Maître des eaux – le plus vieux, le plus grand et le plus puissant des Odélim. On dit qu'il aurait fait naître Pangée, qu'il serait plus grand qu'une ville, qu'il serait le véritable maître des océans.
Il y a cette langue ancienne dont découlent beaucoup de mots en ghiom et dont le pluriel se marque en accentuant une voyelle médium : g'lich/gé'lich ; Odalim/Odélim, er'gonte/erégonte. J'ai beaucoup aimé l'idée.
Et il y a les Flottants. Une race étrange qui vit sur des îles artificielles à la dérive. On les décrit comme étant des créatures laides et stupides, au bord de l'extinction pour cause de génocide. Les Ghioms s'appliquent à détruire chaque îlot qui passe à portée de navire. Une disparition qui n'attriste personne, d'autant plus qu'on les soupçonne d'aider les Odélim à contrer les chasses.
Pour aller plus loin, l'auteur nous propose même un glossaire en fin d'ouvrage. La faune, la flore, les personnages, les traditions ghiom, tout est abordé. J'ai été éblouie par la richesse de cette oeuvre, que je conserverai religieusement dans la bibliothèque.

Évidemment, tandis que je lisais, je n'ai pas pu m'empêcher de penser à Moby Dick. Cette quête sans fin d'un animal surnaturel a comme un goût de Melville. Comment lutter contre un monstre de la taille d'un village ? Comment le retrouver dans un océan si immense ? Or, c'est comme si c'était le destin : toujours, les oiseaux-messagers retrouvent l'Odalim...



Et puis l'écriture. Savoureuse. Parfois un peu trop lente, mais c'est parce que les descriptions sont soignées. Un cynisme, un sens de la fatalité et du mystère qui m'ont saisie à la gorge.
J'ai tout aimé dans ce roman.
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Proposer une analyse des « Nefs de Pangée » de Christian Chavassieux, c'est forcément amputer l'oeuvre, tant elle déborde tous les cadres attendus. le roman propose sans le moindre complexe des dizaines de thématiques entrecroisées (une philosophie du temps à l'échelle des planètes, une méditation sur les origines et les chutes des civilisations, une réflexion sur les pouvoirs politiques et religieux, la relativité des certitudes, la force et la fausseté partielles des mythes...), et des fils narratifs aussi variés que prenants : une chasse XXL, mais aussi un récit d'initiation, une révolution des mentalités, une guerre aux mutiples rebondissements, des récits d'exploration.... Avec, aux deux tiers, un renversement stimulant (même quand on est prévenu), où les cartes sont rebattues et les règles du jeu revues de bout en bout. le tout dans un monde à la faune et à la flore exotiques, à la géographie vaste et variée (amateurs de cartes, il y a de quoi se régaler, en cours de lecture ET après la lecture complète), aux moeurs résolument inédites (faire un enfant devient toute une histoire à épisodes...), avec plusieurs dizaines de personnages – chacun jouant sa propre partition – et des dimensions systématiquement hallucinantes, qu'il s'agisse d'un arbre-fer, d'un navire de chasse ou d'un arsenal. A côté de Pangée, les épopées célèbres paraissent presque mesquines, les cycles de fantasy petits joueurs, les space opera raplapla.
Le revers de la médaille logique d'une telle profusion concentrée en moins de six cents pages, ce serait une densité excessive ou une tendance à l'hermétisme. Il n'en est rien. Habilement, l'auteur structure l'oeuvre en courts chapitres et anime ses créatures d'une écriture précise, évocatrice, d'une haute tenue, mais jamais pesante ou poseuse. La fluidité et le naturel reviennent chaque fois que le lecteur risquerait de se perdre dans des considérations techniques ou mystiques un peu poussées. Les personnages, très nombreux, demandent un minimum d'attention pour être suivis, et il est certain que ceux qui aiment s'attacher aux pas d'un héros principal qui porte à peu près toute l'histoire sur ses seules épaules ne seront guère convaincus. Mais si, comme moi, on est sensible aux seconds rôles aussi discrets que cocasses, exaltants ou touchants, on sera comblé par les apparitions d'un Erv, un Mâad, une Taum ou un Yma (de loin mon préféré, drôle et émouvant).
Ajoutons à cela que la tonalité d'ensemble, qui pourrait sembler solennelle et premier degré, est en réalité régulièrement infléchie par des notations humoristiques (par exemple sur les animaux de transport avec lesquels il faut sans cesse négocier, sans parler du « calouca rouge », dans le glossaire en fin d'ouvrage! Ou les réactions un peu décalées ou très modernes de certains personnages). C'est surtout la tristesse, la lassitude qui reviennent au coeur de scènes énergiques ; en cela, « Les Nefs de Pangée » renouent avec le véritable esprit épique, cet accablement qui s'empare de l'âme des guerriers, dans « L'Iliade » ou plus encore « Salammbô ». Et au milieu du fracas des vagues et des armes, des mini-tragédies marqueront la mémoire, comme la disparition prématurée de Tyla, qui avait tout d'une héroïne majeure et est engloutie à peine son aventure lancée, avec l'amertume des destins inaccomplis. Une manière de prévenir le lecteur que le récit sera grandiose, mais qu'il faudra accepter d'être parfois dérouté, détourné de nos repères en matière d'imaginaire. Pour notre plus grand plaisir.
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critiques presse (1)
Elbakin.net
31 août 2015
Plus qu’un simple roman, Les Nefs de Pangée est une épopée, une odyssée, où les mythes et les légendes prennent vie, et viennent transformer un monde qui se pensait immuable.
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Le vrai problème est de savoir ce qu'il adviendra de nous lorsque nos aurons tué le dernier Odalim. Quand notre ultime flotte, encore plus nombreuse que celle-ci, une armée dans laquelle auront été investies toutes les forces possibles de la Terre, aura sillonné en vain toutes les latitudes sur l'Unique et sera revenue bredouille à Basal après une campagne de plusieurs années. Quand nous serons orphelins de notre propre légende, quel sens aura notre existence ?
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On le leur avait dit, Logal le leur avait assuré : rien n'égale le spectacle qu'offre la plus grande ville du monde, l'odirê, le premier lieu, la Porte des terres, quand Myrâ, charriant un flot orange, élargit son delta, ouvre le paysage jusqu'aux confins, miroite sous les astres ; quand s'étendent les quartiers avec leur amoncellement de toits de mica, leurs murs blanchis à la poudre de nacre ; quand s'élèvent les tours de Mehassa, éclatantes comme l'ivoire ; quand partout sur l'horizon se dressent les mâtures des nefs, pavoisées de fanions aux chiffres des nations ; quand dans la rade immense s'alignent les coques rubescentes aux flancs obèses, le visage des proues et leurs yeux de corail ; quand partout entre les digues et les jetées se croisent les foules innombrables et monte la rumeur industrieuse des peuples de toute la Pangée, bousculade de langues et de costumes, myriades de parfum et de couleurs, brasier de musiques et de rires. C'est ici que s'achèvent tous les nomadismes, tous les périples, car pour le voyageur en quête d'éblouissement, rien n'égale la Porte des terres.
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-La guerre
-Quelle guerre, vénérable ?
-La nouvelle de l'échec va se répandre dans Pangée. Le chantier d'une grande flotte ne suffira peut-être pas à étouffer les tensions. Il y aura des volontés de conquêtes, certains vont profiter de l'affaiblissement de Basal et de l'humiliation de Thâana et des autres chefs.
-Nous verrons. Rien n'est sûr.
-Le pire est toujours sûr.
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Lui, Plairil, était promis au regain, promis aux grands changements à venir. Il en serait l'artisan. Sous ses semelles, l'unique terre ; sous ses yeux, l'unique mer ; au-dessus de lui, l'unique ciel ; et lui, l'unique ghem, un axe autour de quoi ces unités ne pouvaient qu'ambitionner de se mouvoir. Il avait en lui le sang des bâtisseurs de Nara l'Ancienne. Il était la terre et le ciel de Pangée : rien de grand ne se ferait sans lui.
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"Remet..." Plairil lui accorda de parler et d'élever son regard jusqu'à lui. Le fidèle remercia, et demanda si Remet, qui avait le don de clairvoyance, pouvait plonger son regard par-delà l'Unique et lui donner des nouvelles de la dixième chasse, à laquelle ses frères participaient. Plairil fit un geste et tous écoutèrent. Un conteur nommé Ch'taï, jeune plumitif choisi pour sa servilité et qui suivait Plairil en permanence, se précipita pour être à portée et témoigner des paroles de son maitre.
"Ceux-là, oublie-les. Ils se sont donnés pour l'ancien monde. Nous serons reconnaissants aux sacrifiés et aux volontaires d'avant, ils ont notre respect. Mais ils se sont fourvoyés ! Ils reviendront et aborderont dans le monde que les prophètes ont annoncé et que vous aurez contribué à fonder. Alors, ils sauront. Alors, ils croiront. Ceux qui ont le cœur avancé rejoindront l'assemblée. Les autres prendront le mauvais chemin. Il y aura un jugement pour ceux qui empruntent le mauvais chemin, car si le monde nouveau est pour tous, il écartera les esprits qui le refuseront. C'est un chemin sans pierres et sans ornières que je vous promets."
Les fidèles étendirent leurs bras en signe de reconnaissance pour cette parole livrée. Plairil se retourna ; Logal était sur le seuil de la maison. Plairil éleva la voix ; encore une fois, il pointa un doigt sur son frère et répéta :
"Il y aura un jugement pour ceux qui empruntent le mauvais chemin. Car c'est un chemin sans pierres et sans ornières que je vous promets."
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