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EAN : 9782366583755
192 pages
KERO (04/10/2017)
3.36/5   7 notes
Résumé :
Après avoir surpris son ex avec la baby-sitter, Nadia Le Brun, la quarantaine fringante, s'est interrogée sur l'attrait des hommes mûrs pour les jeunes filles. Chemin faisant, elle a découvert un nouveau monde fait d'érotisme et de vénalité, les sugar babies : des étudiantes, belles et brillantes, entretenues par un ou plusieurs mécènes bien plus âgés contre relation en CDD.
En France, elles seraient 40 000 à être inscrites sur les sites mettant en relation ... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Nadia le Brun a réussi dans la vie. Journaliste, patronne d'un magazine féminin à succès, mariée à l'homme qu'elle aimait, un enfant, celle-ci déclare avoir été épanouie au-delà de ses espérances. Quadra séduisante bien dans sa peau et dans sa tête, executive women accomplie tout en ayant une vie de famille solide et épanouissante, Nadia décrit sa vie comme une histoire à succès sans l'ombre d'un nuage. Mais la vie, justement, peut être taquine. Un jour qu'elle rentre chez elle, le téléphone sonne : sa soeur vient de surprendre son quinquagénaire de mari au lit avec la baby-sitter, de 30 ans sa cadette. Se faire coiffer au poteau par une petite jeunette, l'auteure ne l'avait pas prévu, surtout avec un bonheur si parfait et avec un mari dépendant financièrement de son épouse. Après avoir viré manu militari le gourgandin, un malaise s'installe, symptôme révélateur de ce que nos contemporains nomment la « crise de la quarantaine » – en rien une petite bombe biologique cachée au fond de nous prête à exploser mais au contraire la résultante d'une organisation sociale propre à nos sociétés, mais nous y reviendront. Malgré le fait que NLB soit supposée posséder toutes les qualités et attributs d'une femme moderne, se décrivant comme « sexy, intelligente, indépendante, déterminée » (p.15), elle a néanmoins l'impression qu'il s'agit plus de freins que d'avantages pour débuter une nouvelle relation amoureuse. Selon elle, ces qualités sont en réalité des repoussoirs aux yeux des hommes (lesquels ? Nous y reviendrons également plus loin) une femme exigeante à tout point de vue en matière d'intelligence, de sexualité ou de sentiments.

Ainsi, fraîchement débarquée dans le joyeux monde du célibat et étant quelque peu rouillée car ne maîtrisant pas – de son propre aveu – les nouveaux codes de la séduction, NLB se lance donc activement à la recherche d'un nouveau partenaire, sans pour autant trouver son bonheur. Un homme lui paraît cependant fort séduisant jusqu'à ce que, lors d'une soirée avec des amis communs, ce dernier lui présente Flora, jeune étudiante de 21 ans, diplômée de Science Po et préparant l'ENA. le quasi-soixantenaire avoue alors à l'auteure qu'il s'agit non pas de sa fille mais de sa baby – diminutif de sugar baby – et qu'il est son sugar daddy. le contrat est simple : en échange d'importants émoluments, le daddy jouera le rôle de tuteur, de mécène et d'amant avec sa baby. En l'espèce, contre un deux-pièces avec terrasse dans le quartier de Montorgueil en plein centre de Paris, une montagne de cadeaux et quelques parties de jambes en l'air, l'homme originellement convoité par l'auteure pouvait se refaire une seconde jeunesse et profiter d'une jeune femme dans le besoin. Passé le choc de la révélation, NLB s'interroge. Comment de jeunes femmes, brillantes pour la plupart, peuvent ainsi vendre leur corps à des hommes en âge d'être leurs pères voire leur grand-père ? S'agissait-il de prostitution ? D'escorting ? Qui donc sont ces courtisanes modernes et d'où viennent-elles ? C'est à ces questions et au long d'une dizaine de chapitres que NLB se propose de répondre.

Vénalité ou précarité ?
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C'est donc devant ces nombreuses questions que NLB se lance dans l'enquête en bonne journaliste qu'elle est. D'entrée de jeu, l'auteure qualifie très clairement de quoi parlera son oeuvre : de prostitution. Malgré les discours des daddies qui se disent et se pensent en mécènes d'une générosité sans limite en pourvoyant aux besoins de jeunes (et jolies tant qu'à faire) femmes dans le besoin, l'auteure n'a aucun doute sur l'activité pratiquée par ces dernières. Si l'on s'en tient à la définition du dictionnaire, la prostitution s'entend comme un « acte par lequel une personne consent habituellement à pratiquer des rapports sexuels avec un nombre indéterminé d'autres personnes moyennant rémunération » (définition Larousse en ligne). Partant de là, il s'agit effectivement de prostitution. Mais n'est-ce que cela ? S'agit-il simplement de pauvres femmes sans défense face à de vieux riches libidineux prêts à exploiter leur misère ? Tomber dans le misérabilisme est l'un des meilleurs moyen de sombrer dans le paternalisme et la putophobie, malgré une volonté originellement bienveillante. Pourtant, à une époque de libération de la parole des femmes, de Balance ton porc à tout crin et de remise en cause progressive du patriarcat, tomber dans l'excès inverse et se dire qu'il ne s'agit en rien d'un problème et que les gens font bien ce qu'ils font reviendrait à nier les difficultés de certaines de ces femmes (et de certains hommes, bien qu'ils soient apparemment moins nombreux) ainsi que la problématique de fond que soulève cette pratique. le débat n'a d'ailleurs pas manqué de faire rage par médias interposés – notamment en ce qui concerne le site de sugar daddy/baby RichMeetBeautiful (Couvelaire, 2017) – plusieurs personnes dénonçant l'hypocrisie de nos sociétés qui traitent mal les travailleurs et travailleuses du sexe mais s'offusquent quand il s'agit de relations tarifées « librement » consenties (Ferrand & Hesse, 2017).

Lire ce livre n'a pas été simple en tant qu'homme. Tout d'abord car le récit d'hommes entre 50 et 60 ans se (re)faisant une santé avec de jeunes femmes de 30 à 40 ans leurs cadettes, le tout avec un compte en banque bien garni a de quoi séduire. Alors que nos sociétés portent aux nues les corps jeunes et en bonne santé, savoir que la vieillesse ne sera pas une longue déchéance mais qu'il sera possible d'être toujours attractif auprès de la gent féminine, si tant est qu'on a de l'argent, a de quoi laisser rêveur. Triste réalité, mais réalité sociale tout de même : ainsi, en France, le modèle de couple dominant reste celui où l'homme est plus âgé que sa compagne dans 56 % des cas – bien que la tendance soit à un équilibrage progressif avec des femmes faisant couple avec des hommes plus jeunes (France Inter, 2016) – avec en moyenne une différence d'âge de 2 ans entre les conjoints. Si cette situation s'explique par tout un ensemble d'éléments – notamment à cause du patriarcat qui nous amène à valoriser les couples dont l'homme est plus âgé car correspondant à un idéal de virilité – NLB ne s'interroge que peu sur ces déterminants genrés. Tout au mieux s'insurge-t-elle (mollement à mon goût) contre cette situation contraire à son féminisme. Mais l'indignation ne porte pas plus loin qu'une simple posture morale et n'est étayée ni par des chiffres, ni approfondi outre mesure par une analyse pertinente. Il n'est nulle part question de patriarcat ou de mise en perspective par rapport au genre des personnes interrogées. En bon sociologue que je suis (du moins, je l'espère), le fait de spontanément trouver enviable la situation de ces hommes m'a paru incongru, du moins relevant d'une socialisation un brin sexiste et les concepts de violences faites aux femmes sont bien vite apparus dans mon esprit en ce début de lecture. Mais si NLB s'embarrasse peu de statistiques et d'analyse sociologique dans les premières pages de son ouvrage, le récit qu'elle fait de l'histoire de Ninon (p.21) met bien en lumière les difficultés que rencontrent certaines jeunes femmes précaires dans nos sociétés. Venant d'une famille monoparentale de Picardie, marquée par le harcèlement d'un exhibitionniste lors de son enfance, Ninon débarque à Paris au cours Florent et en fac de philo. Mais la vie dans la capitale est chère et les dettes s'accumulent. Seule solution : vendre son corps. Si au départ il ne s'agit que de simples girlfriend experiences – jouer la vraie-fausse petite amie aimante auprès des connaissances du client – les rencontres débouchent rapidement sur des relations plus poussées où le sexe est au rendez-vous. L'histoire de Tessa (p.97) est relativement similaire à ceci près que cette dernière est une métisse originaire de banlieue parisienne. Or, dans chacune de ces deux situations, l'une et l'autre des jeunes femmes y prennent rapidement goût. Confort évident pour Ninon, moyen d'ascension sociale pour Tessa qui déclare :

"Avec un BTS en poche, je ne peux aspirer qu'à devenir réceptionniste...j'ai d'autres ambitions. (p.98)"

La façon dont les daddies se perçoivent est également révélateur. Aucun d'entre eux ne se voit comme un client mais avant tout comme des bienfaiteurs, des mécènes, des guides et des soutiens pour aider ces jeunes femmes à atteindre leurs rêves et leurs aspirations. Derrière un vocabulaire nuancé, policé et dépouillé de mot aussi simple que celui de « prostitution » – que les hommes interrogés rejettent avec force – et dont les sites de rencontres pour sugars reprennent allégrement, se joue une réalité évidente, celui du travail du sexe. Aucun d'entre eux ne semble s'interroger sur leur aisance matérielle et, par extension, sur la précarité dont sont victimes une partie des jeunes femmes devenant baby. Remarquons également que ces daddies sont tous des hommes blancs et fortunés, occupant des postes prestigieux comme avocats d'affaires, journalistes réputés, analystes politiques ou encore éditeurs. Les hommes des milieux populaires, quant à eux, sont parfaitement invisibles. On peut dès lors pousser le raisonnement plus loin en se disant que les termes de baby et de daddy, moins chargés symboliquement, sont appliqués aux classes aisées quand les classes populaires doivent faire avec les mots de « prostitution » ou de « putes ». Violence symbolique et distinction dirait l'autre… (Bourdieu, 1970 ; 1979). Autre point de vocabulaire, il est intéressant de s'intéresser aux termes de daddy et de baby, qui renvoient aux notions de famille et d'enfance, soit à des choses protectrices et innocentes. En effet le daddy – le père – est celui qui protège, qui est bienveillant. À l'inverse le baby – l'enfant – est le petit être sans défense dont on doit prendre soin et dont l'innocence n'a pas encore été corrompu par le monde. L'usage de l'anglais est également un moyen de mettre une distance par rapport à la situation. Si les termes utilisés étaient en français, il y a fort à parier que les adeptes de ce genre de pratique seraient certainement moins à l'aise (« Je suis un bébé en sucre et voilà mon papa en sucre » – Émile Louis approved) Mais, hélas, NLB fait l'économie d'une analyse plus poussée à ce sujet.

Mais autre chose semble se jouer dans les relations entretenues entre les babies et leurs daddies qui impressionne NLB et donne son titre à l'ouvrage : l'aplomb et la détermination des jeunes femmes qui en font de véritables courtisanes, alliant le corps et l'esprit. Loin d'un sentimentalisme malvenu ou d'un misérabilisme hypocrite, ces dernières sont pour la plupart promises à un brillant avenir, de part leurs études même (un nombre important d'entre elles sont inscrites à HEC, en fac de droit ou à Science-Po) et par leurs trajectoires de vie. Décidées, volontaires et, pour une part d'entre elles, désinhibées sur leur propre sexualité et conscientes de l'arnaque que constitue l'idéal de l'amour romantique et fusionnel (Chaumier, 2004), celles-ci décident de faire fi des conventions pour vivre pleinement leur vie. Si l'on retrouve ici de manière évidente des valeurs prônées par le libéralisme économique – notamment celle du corps comme marchandise – il serait incomplet de ne le résumer qu'à cela. Car les récits des différentes babies montrent autre chose qu'une simple dimension économique. Comme celui de Camille (p.80), abandonnée par ses parents, et dont l'histoire de son premier daddy, pupille de la nation, fait écho à sa propre histoire. Au-delà de l'échange économique et sexuel à l'oeuvre, l'acte de prostitution lui permet de se (re)construire, d'inverser le stigmate et de donner une perspective plus nuancée sur la vie. Revanche sur la vie, acquisition d'une certaine indépendance, découverte voire revendication d'une sexualité libérée sont des éléments qui se retrouvent chez les babies. Quant au daddies, leurs récits ou ceux qui en sont fait par les babies, montrent que malgré leur réussite économique et professionnelle, l'argent ne fait pas tout et que le fait de se conformer aux standards de réussite et à l'amatonormativité (Brake, 2012) – soit la normativité amoureuse prônant des unions exclusives et hétérosexuelles et disqualifiant les pratiques déviantes ou non-monogames – revient fatalement comme un boomerang une fois les années de jeunesse loin derrière. Bien que l'on pourrait reprocher à NLB une certaine glamourisation de cette pratique – « Courtisane » et « Baby » sonnant mieux que « Pute », « Daddy » que « Client » – et en tant que lecteur d'être complice d'un certain voyeurisme, les trajectoires singulières montrent plus qu'une simple violence faite aux femmes.

Dès lors que penser ? Libération ou prostitution ? Vénalité ou précarité ? Sûrement les deux bien que NLB n'aille pas chercher plus loin que les récits factuels qui lui sont fait. La prostitution est très certainement l'un des sujets les plus clivants dans les mouvements féministes (amusez-vous à poser la question dans une réunion féministe, spectacle et pugilat garantis). S'il est tentant de faire appel au concept d'éthique minimale du regretté Ruwen Ogien (2003) – théorie morale libérale visant à ne pas juger de ce qui est bon ou mal tant que sont respectés trois principes à savoir le fait de ne pas nuire à autrui, une neutralité à l'égard des conceptions du Bien et le fait d'accorder la même voix et la même valeur aux intérêts de chacun – on peut se demander si la notion de consentement est vraiment pleine et entière par rapport à certains témoignages dont les personnes interrogées ne semblent pas avoir eu le choix quand il s'est agit de se lancer dans cette voie. Mais NLB ne va pas plus loin dans son analyse et en reste malheureusement à un niveau purement factuel. Ce qui semble la déranger se situe ailleurs, en ce que ces relations soient manifestement rémunérées.

Cachez cet argent que je ne saurais voir
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Là où l'ouvrage manque cruellement de questionnement et de profondeur, c'est en ce qu'il occulte complètement la question de l'argent. Si NLB mentionne les montants échangés et le train de vie des *babies* (et par extension celui des richissimes daddies), elle ne va pas plus loin que ce simple constat. Et c'est bien le problème. L'auteure s'interroge davantage sur la normalité voire la moralité de telles pratiques et occulte complètement le pourquoi de celles-ci. Pour l'anthropologue italienne Paola Tabet, les sociétés patriarcales se structurent autour de transactions économiques liées à l'exécution ou la promesse d'une relation sexuelle (Tabet, 2005). Si l'échange monétaire est « spectaculaire » dans le cadre de la prostitution (Deschamps, 2013) car s'effectuant directement de main à main, les autres formes de relations sexuelles sont néanmoins aussi soumises à cette dimension économique que cela soit par le biais de dot, de cadeaux ou encore de verres. Ainsi, quand un homme paye une boisson à une femme dans un bar, il espère dans le fond une relation sexuelle et rémunère ce service contre de l'argent (mais le fait de passer par un intermédiaire comme ici un serveur permet de se dédouaner de toute intention malveillante, contrairement à la prostitution). Or c'est justement cet aspect « spectaculaire » qui semble choquer NLB plus que les difficultés économiques de ces femmes. Plus gênant encore, l'auteure fait régulièrement la description de son train de vie qui dépasse ce que le prolétaire moyen peut espérer vivre ou s'acheter. Par exemple, cette dernière s'attarde allégrement (p.56) sur la Tesla électrique qui la mène dans un superbe restaurant parisien, jetant un regard sur l'« Omega Speedmaster » accrochée à son poignet (prix de la montre neuve : 3300€ et encore les prix varient sur le net) avant de nous décrire ce qu'elle et son compagnon de table mangeront au dîner (« deux St Jacques en viennoise d'herbes sauce poulette et une bouteille de château-corton » p. 64). Et ces descriptions, dont notamment le récit d'une soirée dans un hôtel particulier situé en plein Paris (imaginez le prix au mètre carré…), se retrouvent à de nombreux moments dans le récit. Plus qu'un malaise, c'est là l'un des défauts majeurs de ce livre. Car si NLB s'étonne et s'émeut de la situation des femmes qu'elle interroge, à aucun moment elle ne se questionne sur les rapports de classe qui sous-tendent beaucoup de situations dans lesquelles se trouvent les babies interrogées. La question de classe – peu importe que l'on soit marxiste ou pas – apparaît clairement dans cet ouvrage sans que l'auteure n'interroge cette situation le moins du monde. Cet aspect de classe est également renforcé par les références culturelles faites par NLB. Elle y parle nécessairement de Baudelaire, Gainsbourg et de Kessel, s'autocongratulant en filigrane d'appartenir à un groupe cultivé et raffiné (d'où les références aux plaisirs de la table et aux choses de l'esprit), fustigeant les personnes s'adonnant aux pratiques de la « sexualité fast-food » (p.66). L'argent lui pose problème dans une relation physique mais ne semble pas l'émouvoir le moins du monde dans son quotidien. Pour un ouvrage se voulant un minimum sociologique et ayant pour ambition d'analyser un phénomène dans lequel l'argent et les rapports de classes sont omniprésents, ne pas faire cet effort réflexif et tomber dans de tels travers est impardonnable.

L'amour sauvera le monde (et permettra de bien détourner le regard)
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Le chapitre VII (p.115), intitulé « L'amour au rendez-vous ! », est le point de rupture de cet ouvrage. Alors que les précédents chapitres décrivaient diverses situations de babies et de daddies avec leur lot de différences et de similitudes sans que toutefois l'auteure en fasse une analyse poussée et pointue, et pouvaient amener à la réflexion – si tant est qu'on lise entre les lignes – celui qui s'ouvre est symptomatique des défauts du livre. Nous y découvrons l'histoire d'Alain et de Sarah – respectivement 57 ans et 25 ans. Il était son daddy inscrit sur un site de rencontres de sugar babies après un divorce difficile ; elle était étudiante pour effectuer le même métier que lui mais les études étaient chères et elle avait besoin d'argent. Après une enfance difficile et des viols répétés par son oncle, être une baby était sa revanche sur la vie. Ils se sont rencontrés et se sont aimés très vite avant de se marier et de prévoir un bébé (un vrai, pas une baby hein!). Malgré les réticences des enfants d'Alain, leur amour triomphe des difficultés de la vie et ils peuvent désormais convoler en toute liberté. Cliché ? C'est pourtant ce dont s'extasie NLB durant tout le chapitre. En soit, rien de choquant dans cette histoire. Il est tout à fait plausible que l'intimité créée entre une baby et son daddy amène au développement de sentiments et à une histoire d'amour. le problème n'est pas là. Ce qui est dérangeant est la façon dont NLB fait le récit d'un amour transcendant et purifiant, faisant oublier l'argent et la situation originelle forcément dissymétrique (mais rares sont les relations amoureuses étant parfaitement symétriques). Oubliés les questionnements sur les motivations de ces hommes et de ces femmes, terminées les considérations féministes de l'auteure, si l'amour s'en mêle c'est que c'est beau et peu importe le qu'en
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J'ai toujours été intéressée par les documents (livres, films, etc.) traitant de la prostitution. Pendant ma formation, j'avais assisté à une conférence sur le sujet, dont une grosse partie s'était concentrée sur les étudiantes qui utilisaient le net pour se vendre. du coup, vu le thème de ce bouquin, j'étais très contente de le recevoir.
On va commencer par les points négatifs que j'ai relevés. Comme ça, ce sera fait, et on pourra se concentrer sur le bon. le titre, la couverture toute douce, et la façon dont quasiment toutes les personnes interrogées appréhendent ce phénomène des sugars enlève beaucoup du côté que je trouve personnellement assez glauque. Pour moi - et on pourra essayer de me prouver par A + B que ce n'est pas le cas, je n'y adhèrerais pas - cela reste de la prostitution. Certes, les nanas ne sont pas sur le trottoir, mais dans notre société actuelle, je pense qu'Internet peut aisément le remplacer. Certes, elles ne se font appeler ni prostituées ni escort, mais c'est justement à mon sens la plus grosse partie du déni total dans lequel ces femmes et leurs clients vivent.
Alors, attention, je ne leur jette pas la pierre. le contexte économique est tel que je peux comprendre le choix (personnellement, rien qu'avec mes horaires de stage fluctuantes et en internat, je n'aurais clairement pas pu prendre un boulot à côté, donc je remercie les bourses et la "gratification" de stage, même si j'étais clairement en-dessous du seuil de pauvreté). Je peux même comprendre la curiosité et l'excitation de l'interdit (et de l'argent "facile"), et après tout, chacun fait ce qu'il veut de son derrière.
Mais j'ai trouvé qu'avec le contenant et les témoignages et la façon un peu "boudoir" dont le sujet était abordé, ça apportait quasiment une touche glamour à la prostitution des étudiantes. Je me dis même qu'une jeune nénette qui lit ce livre peut avoir envie de tenter l'expérience plutôt que de bosser au McDo ensuite.
Parce que, et c'est mon deuxième point négatif, le livre manque un peu de consistance. Quelques analyses socios et psychos auraient été bienvenues pour ma part. Quelques témoignages plus négatifs qu'un soixantenaire en plein chagrin d'amour aussi. Mais malgré la parole libérée qui nous est vendue sur la 4è, aucune des demoiselles interrogées ne parle d'un client qui se serait mal comporté, par exemple. La seule qui l'évoque ne fait que ça, l'évoquer. Dans le genre, clairement, je ne peux que recommander le film Mes chères études. Il est clair qu'il n'aborde pas tout à fait le même sujet, mais il entraîne, je trouve, davantage de réflexions.
Pour le reste, l'autrice fait à mon sens un sans faute. Elle dévoile complètement les raisons de ceux qui acceptent de lui parler, et on comprend pourquoi le terme de prostitution n'est pas employé. Les jeunes filles ne veulent pas y être réduites, la plupart se préparant à de "grandes" carrières. (Je suis cynique et je ne leur souhaite pas, mais dans 20 ans, si le scandale sexuel leur pète au nez, à mon avis, leurs carrières risquent d'être sacrément raccourcies...). Comme d'habitude, les hommes s'en tirent plutôt mieux dans ce genre de situation : ce sont eux les grands princes, et ce sont eux qui dirigent ces relations - malgré tout ce qu'elles peuvent avoir de factice - sans même avoir à assumer de faire partie de l'industrie de la prostitution, puisque le terme n'existe pas dans ce joyeux petit monde.
Si l'on a parfois le point de vue personnel de la journaliste, c'est en connaissance de cause, et je ne peux que saluer son impartialité autour d'un sujet qui la touchait d'assez près d'un point de vue personnel vu qu'il est la cause de son divorce.
AU final, ce livre est sûrement une bonne entrée en matière, mais si le sujet vous intéresse plus particulièrement, vous risquez de rester un peu sur votre faim et d'avoir besoin de trouver des informations ailleurs. Par contre, il est assez court et se lit particulièrement vite, grâce d'un côté aux témoignages très nombreux et de l'autre au style de l'autrice qui rend le tout très fluide.
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Je tiens en premier lieu à remercier les éditions KERO et Babelio de m'avoir permis de découvrir ce livre qui m'a beaucoup intrigué, via une opération masse critique.
A mon sens, le sujet des "sugars" est beaucoup trop vaste pour un livre aussi court, et j'ai été frustrée par ma lecture. Je m'attendais, j'espérais, une étude beaucoup plus complète de ce phénomène. Plus complète à plusieurs niveaux.
D'un point de vue psychologique, j'aurais aimé que l'auteur interroge des spécialistes afin d'avoir aussi leur regard sur les "sugars" (baby et daddy). Si les raisons qui poussent les jeunes filles à intégrer ce type de réseaux sont expliquées, en partie, par la présence défectueuse d'un père, il me semble qu'il restait encore beaucoup à creuser sur les raisons qui poussent les hommes, le daddy, à faire appel à ces étudiantes, ces escort d'un nouveau genre. Quel lien ces hommes entretiennent-ils avec leurs enfants (ayant l'âge des jeunes filles qu'ils rencontrent), par exemple ? Que ressentiraient-ils si leur propre fille agissait de la sorte ?
J'aurais apprécié peut-être aussi quelque chose de plus général car le phénomène semble très localisé à Paris (avec une petite ouverture en dernières pages sur ce qui se passe ailleurs en Europe) et j'aurais souhaité que l'auteur agrandisse le périmètre de son étude à la France entière. Il me semble que le phénomène serait moindre en province, car la pression financière subie par les étudiantes y est moins forte, mais qu'en sait-on réellement ?
Enfin, à aucun moment l'auteur n'aborde le sujet de la "cougar", or il m'aurait semblé intéressant d'étudier également cet aspect-là, afin de voir si les motivations de la femme cougar sont les mêmes que celles de l'homme daddy.
Pour conclure, je dirais que ce livre pose un début de réflexion à travers les témoignages d'une toute petite poignée d'acteurs du phénomène "sugar". Hélas ces témoignages, néanmoins touchants et très humains, ne ponctuent pas une étude assez précise pour se faire une véritable opinion sur le sujet.
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J'ai littéralement dévoré ce livre "enquête-témoignage" sur les Sugar babies, ces femmes étudiantes qui participent à un échange de bon procédés: leur temps, leur corps, leur tendresse, contre une aide financière pour leurs études.

Proxénétisme ou mécenisme? Lourde question qui fait débat autant dans dans ce recueil de témoignages que dans la société!

J'avais un peu peur d'un livre à charges" mais j'ai trouvé qu'il était bien construit: on y découvre les témoignages de sugar babies, mais aussi de daddies et on voit surtout l'évolution de l'auteure qui d'un peu obtuse/totalement contre passe à plus ouverte d'esprit et compréhensive.

La société actuelle, le prix des études, les pressions justement féministes de liberté sexuelle et de femme-dominante qui obtient ce qu'elle veut des hommes,... Tous ces points qui jouent subtilement sur l'inconscient individuel et collectif sont intégrés au fil du récit, sans analyse complexe ni jugement de valeur. On peut ainsi se faire notre propre idée, juger par nous même des "arguments" de chacun et chacune et se faire une première opinion.
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