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EAN : 9782080801104
282 pages
Flammarion (22/10/2004)
3/5   5 notes
Résumé :
Qui dit " addict " suggère plaisir, mais un plaisir susceptible de se transformer en attraction fatale, en dépendance infernale. Il y a ceux qui passent des heures à jouer sur leur console, jusqu'à en oublier le reste de leur vie. Ceux qui s'adonnent à la passion, enchaînant un coup de foudre après l'autre. Ceux qui, après une journée sans sexe, sont en état de manque. Plus surprenant encore : il y a ceux qui, incapables de se séparer d'un partenaire maltraitant, s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Depuis plusieurs décennies, une tendance venue des États-Unis et de son expérience thérapeutique des groupes de parole en douze étapes des Alcooliques anonymes est en train de se répandre en Europe, laquelle consiste à élargir le champ des addictions par-delà la prise de substances aptes à induire la dépendance. Cet élargissement s'accompagne logiquement de deux corollaires : quels sont les critères qui permettraient de considérer les addictions comme des maladies ; et quels sont ceux qui, compte tenu des questionnements éthiques sur la responsabilité de l'addict ainsi que de la morale sociale en vigueur dans un moment et un lieu spécifiques, autoriseraient voire imposeraient une thérapie ou même seulement une prise en charge ?
Cet essai dont l'adjectif du titre, « nouvelles », ne se réfère pas à la nouveauté des addictions mais à la circonstance qu'elles puissent récemment être considérées comme telles, pose la question, parfois dans un raisonnement qui relève de la démonstration par absurde, des limites de ce champ.
Le sentiment amoureux peut-il être une addiction ? ou bien est-ce la passion, telle qu'elle provient dans notre culture des contes et de la littérature y compris médiévale de l'amour courtois ? ou bien est-ce l'amour toxique envers un partenaire maltraitant ou lui-même victime d'une autre addiction (la coaddiction) qui pose problème ?
Et le sexe : lorsque l'on s'est persuadé qu'un « trop-agir » en matière de sexualité est une « maladie », relève-t-il de l'impulsion, de la compulsion ou de l'addiction ? Et si l'archétype de toute addiction n'était autre que la masturbation, qui très longtemps et périodiquement a été « pathologisée » d'une manière clairement moralisatrice ?
Seulement à cet endroit de l'exposé, pour une raison assez obscure, intervient un intermède assez intéressant (chap. IV) sur quelques recherches neurophysiologiques concernant la biochimie cérébrale qui préside au plaisir et à l'addiction : les concepts de « tolérance » et de « sensibilisation » (cf. cit. 3), ainsi que la parenté entre addiction et phobie apportent de nouveaux éléments de réflexion sur ce qui constitue la ligne argumentative qui se répète chaque fois que les auteurs considèrent l'éventualité qu'un « nouveau » comportement rentre dans la catégorie des addictions. Quelles sont les analogies avec les dépendances chimiques ? Ou bien ces analogies peuvent-elle se contenter de n'être que psychologiques ou socio-culturelles ?
Sur ces nouvelles bases, le chapitre suivant (V) affronte le problème de l'addiction aux jeux. le jeu, dans toute sa généralité comme « nécessité sociale » étudiée par Roger Callois, est-il en soi addictif ? ou bien dans quelles conditions le serait-il ? Et, si l'addiction aux jeux de hasard et d'argent est reconnue de longue date, existe-t-il une spécificité des jeux vidéo ? Ou bien s'agirait-il d'une addiction à Internet ? Et en particulier, la cyberaddiction ne serait-elle pas maximale dans sa manifestation ordalique qui consiste dans les deux types de piratage des hackers ?
La transition est alors assez aisée vers l'hypothèse que la délinquance elle-même pourrait ou devrait se lire à la lumière du concept d'addiction. Cette explication valide-t-elle le passage de l'incivilité à la délinquance chez les jeunes délinquants, voire le phénomène de la récidive ? La réflexion de Claude Olievenstein sur « le modèle trivarié » des addictions : « interactions entre la personnalité d'un individu, le produit [la substance ou l'action], et le contexte socio-culturel » (p. 232) est-elle pertinente en matière de délinquance ? Et, si oui, son apogée serait-il représenté par les tueurs en série, dont on se questionne autant sur leur propre addiction au meurtre que sur la fascination addictive qu'ils suscitent dans la société ?
On le voit, il vaut mieux garder une formulation basée sur les phrases interrogatives. Un amour passionnel, inspiré autant qu'on le voudra par quelques millénaires de culture littéraire et de la mythologie des contes, accessoirement relue par les psychanalystes, n'est sans doute pas analogue à la toxicomanie de l'héroïnomane ; il n'est pas démontré que la pratique jugée anormale des jeux vidéo ne constitue une dépendance négative, ni que la durée d'usage de l'Internet (par ailleurs très variée selon les pays et les contextes sociaux) conduise à la désocialisation ; le joueur compulsif ou même l'alcoolique ne souffrent sans doute pas autant que le drogué, ni ne sont peut-être disposés à troquer leur souffrance contre la « religiomanie » que Philippe de Felice, en 1936, dénonçait déjà chez les acolytes américains du mouvement des Alcooliques anonymes ; enfin la dimension addictive des homicides du tueur en série, « le sentiment subjectif d'aliénation éprouvé par le sujet qui perd le contrôle de sa propre conduite ne l'exonère ni de sa responsabilité ni du fait qu'il ait à répondre de ses actes devant la justice. » (p. 271).

Dès lors, la thèse de cet ouvrage n'est pas claire. En refusant de prendre clairement partie pour ou contre l'élargissement du champ des addictions dans chacun des cas choisis, en fournissant des éléments d'analogie divers au gré d'une argumentation flottante et d'un exposé qui ressemble à une conversation déstructurée, au prix de nombreuses redites et d'une certaine confusion entre idées sans doute novatrices et évidences éculées, en refusant enfin toute analyse sociologique sur ce que seraient – et sans doute sont – les causes avérées de formes d'addiction réellement nouvelles, c'est-à-dire inédites, cet ouvrage manque de tranchant et ne sait indiquer de piste d'approfondissement.
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Je ne comprends pas bien à qui s'adresse un tel livre.
Il ne comblera pas les professionnels spécialistes du sujet, il n'est pas non plus accessible au tout-venant, à l'individu lamba parce que quand même la terminologie utilisée reste spécifique.
Ce livre est en fait un essai définitionnel et vaguement diagnostique des nouvelles dépendances. Mais il passe un peu trop de cet espace assez court pour traiter d'un sujet immense à reblatérer sur les "anciennes" ou "classiques addictions". Entre la psychanalyse et le médical, ce livre semble ne rien trouver. Ou sont les aspects thérapeutiques autres ? Les TCC, les thérapies brèves, etc. Rien.
Ce livre n'est en fait qu'un essai définitionnel et vaguement diagnostique.

J'imagine peut-être en donner l'une ou l'autre page relativement bien écrite sur les joueurs et hackers à des collègues en demande ou à quelques patients qui pourraient s'y retrouver. Mais, je pense qu'un bon article ou d'autres bonnes pages ailleurs pourront se révéler plus efficace pour informer.
Donc, je ne sais pas, je reste perplexe.
Tout ou presque est un peu évoqué mais rien n'est vraiment approfondi. Mais hélas, le livre ne donne pas réellement l'envie (en tout cas ne me donne pas réellement l'envie) d'effectuer cette démarche d'approfondissement.

Pour conclure cette critique qui elle-même n'est pas approfondie, je vous dirais simplement : sur tous ces sujets bien des ouvrages plus réussis ont déjà été réalisés et se réalisent sans arrêt, allez donc plutôt voir et apprendre ailleurs.
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Un livre intéressant soulevant de nombreux problèmes de notre société mais cependant qui reste frustrant par un sentiment d'inachevé.
Si les thèmes abordés sont captivants et que le style est simple, ce qui rend la lecture accessible aux non-spécialistes, il est indispensable de s'interrogé sur la structure de l'ouvrage.
Les auteurs passent d'une addiction à une autre sans véritable fil conducteur même s'ils tentent de trouver des points communs. le lecteur est donc transporté des drogues aux jeux vidéo, des relations amoureuses aux serial killers en seulement 274 pages. L'absence de conclusion est un autre révélateur de cette structure particulière.
Un livre faisant donc figure d'ouvrage d'introduction tant il soulève plus de questions qu'il ne donne de réponses. le lecteur ne doit pas y cherché un traitement contre les addictions mais une étude sur leurs nouvelles formes, leur mécanisme et leurs conséquences sociétales.
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Citations et extraits (55) Voir plus Ajouter une citation
Si les addictions sont des substituts de masturbation, il convient de les traiter de la même façon et simplement de les déconstruire en tant que pathologies, pour les normaliser et déculpabiliser des sujets dont la souffrance n'est induite que par la répression sociale et le regard moralisateur des autres. C'est d'ailleurs le cas de tous les usages de drogues, licites ou illicites, abusivement assimilés à la toxicomanie : l'usage n'est pas la dépendance, et il s'agit de déconstruire les modèles qui, au nom de la santé publique, vont assimiler à une toxicomanie toute conduite « sanitairement non correcte », par exemple confondre abus et dépendance, alcoolémie au volant et alcoolisme chronique.
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... en matière de dépendances ou d'addictions : la liberté n'est ni l'autisme ni le renoncement à toute forme de lien, mais au contraire le choix assumé de ces liens. Elle revient à disposer de suffisamment d'objets potentiellement addictifs – des centres d'intérêt suffisamment variés – pour que les dépendances « inévitables » soient le plus proche possible d'un « choix libre ».Le contraire de l'addiction n'est donc pas la liberté, mais une « démocratie psychique » (selon la formule de Claude Olivenstein à propos du but de l'intervention en toxicomanie) qui consiste à vivre diverses formes de dépendance, dont la variété et la multiplicité sont le meilleur garant contre l'enfermement aliénant envers un objet unique ou une séquence de vie stéréotypée répétée à l'infini.
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Les sex addicts d'aujourd'hui sont souvent des masturbateurs, parfois parallèlement à une activité auto ou hétéro-sexuelle débridée. L'importance, l'urgence de la satisfaction rend nécessaire le recours à ce que Jean-Jacques Rousseau nommait le « fâcheux complément ». Mais la masturbation est aussi – et nous retrouvons les préoccupations de nos théologiens – le moyen de se livrer, en fantasme, à des activités que le sujet, consciemment, réprouve et auxquelles il ne souhaite pas s'adonner dans la réalité.
Le crime pédophile, le viol, la jouissance du meurtre peuvent ainsi s'accomplir virtuellement, au besoin par l'usage de cassettes vidéo, de visite de sites Internet, de journaux, de photographies. Parmi les cas d'addiction sexuelle exposés par Aviel Goodman, certains comportent cette caractéristique : le sujet demande de l'aide au moment où il craint de mettre en acte dans la réalité cette partie de sa sexualité qu'il réservait jusqu'alors à ses fantasmes masturbatoires. Un homme excité par l'idée du viol peut trouver satisfaction en fantasmant et en se masturbant sur des scènes de viol mises en scène dans des livres, des films, des sites pornographiques, jusqu'au moment où il se sentira proche d'un passage à l'acte dans la réalité. On peut alors supposer que les préoccupations et l'hyperactivité sexuelle ont eu, dans un premier temps, la fonction d'éviter d'en arriver là : cette conduite addictive serait une tentative inconsciente de se protéger de pulsions perverses contre lesquelles le sujet se défend.
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Les cas les plus impressionnants que nous avons été amenés à traiter sont des hard-core gamers, des « joueurs dures », qui ont consacré à ces pratiques des mois, voire des années de leur vie, de façon exclusive. Grands joueurs respectés (sous la forme de leur avatar), mais aussi grands responsables de guildes, où il leur arrivait d'être à la tête de centaines, voire de milliers, de personnes. Comme ces toxicomanes qui revendiquent leur droit à un plaisir « autre », certains d'entre eux nous disent, tandis qu'ils commencent à se réadapter à la vie ordinaire, celle des études, du travail, de la famille, de l'amour et de l'amitié : « Prouvez-moi que ce monde normal auquel je recommence à prendre part est aussi intéressant que ce monde du jeu que j'abandonne et dans lequel j'ai vécu des aventures extraordinaires... »
De quoi ces « accrocs » aux jeux d'aventure sont-ils dépendants ? La question renvoie, sans surprise, à toutes les causes possibles d'une fuite devant la réalité, d'un refuge dans un monde alternatif. Ils sont en effet dépendants de l'illusion – mais n'est-ce qu'une illusion ? - du pouvoir, dépendants de sensations fortes et du désir d'évasion. Certains, ayant souffert pour « en sortir », trouvent la réalité ennuyeuse, moins passionnante que le monde du jeu : ils sont comparables en cela aux toxicomanes « héroïques » des années soixante-dix qui préféraient, affirmaient-ils, « mourir de plaisir » plutôt que « crever d'ennui ».
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Ainsi définitions-nous comme un addict "toute personne dont l'existence entière est tournée vers la recherche des effets produits sur son corps et son esprit par une subsatnce plus ou moins toxique (drogue tolérée, interdite, prescrite) ou une conduite (jeu, conduite alimentaire, sexe, Internet, achat, etc.), sous peine d'éprouver un intense malaise physique et/ou psychologique".
On peut commencer à parler d'addiction dès lors qu'une conduite envahit toute la vie du sujet, au point de l'empêcher de vivre. L'objet de l'addiction est plus que le centre de la vie, il centre la vie de l'addict et le définit.
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