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Annie Saumont (Traducteur)
EAN : 9782864241782
188 pages
Editions Métailié (30/11/-1)
4.29/5   29 notes
Résumé :
Titre original : Winter Birds (1984) ; traduction d'Annie Saumont (1994) - Prix Charles-Brisset 1994

Dans les années soixante, la famille de Danny va de maison en maison à travers le Sud des États-Unis, au gré du travail ou du chômage du père.
Dans un monde archaïque de petits Blancs, le narrateur adulte accompagne l'enfant qu'il a été entre maladie et violence familiale jusqu'au drame de ce jour de Thanksgiving où tout bascule dans le cauchema... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Un livre fort en émotions. L'écriture de Jim grimsley est telle qu'on ressent avec une grande intensité toute la tristesse, la noirceur de cette vie familiale totalement hideuse et violente, à cause d'un père excessivement jaloux, alcoolique, méprisant, acharné, violent, écoeurant et sans doute aigri par l'accident de travail qui lui a ôté un bras. Une femme totalement sous l'emprise d'un mari fou, souhaitant par dessus tout protéger ses enfants, qu'elle aime d'une force inébranlable.

Une famille qui déménage souvent, une famille pauvre, une famille meurtrie, une famille dont le bien-être dépend des humeurs d'un père, bien-être qui s'amenuise au fil du temps…

Toute la détresse de ces victimes emprisonnées dans cette vie misérable est ici mis en lumière avec violence, poésie et grandeur. C'est paradoxal mais on assiste à des descriptions magnifiques à côté d'une situation abjecte. Cela s'explique par les fuites dans un monde imaginaire onirique que s'invente Danny, l'un des enfants, qui est ici « racontait » par le narrateur. On vit avec lui toutes ses scènes de violence, de terreur mais aussi toutes ses échappées dans ses rêveries, d'une très belle poésie.

Un enfant désemparé, triste, peiné, terrorisé qui a abdiqué et subit mais rêve « Quand tu laisses aller ta tête et que tu fermes les yeux tu voudrais voir la rivière, les arbres qui se courbent et se redressent, tu veux rêver que tu n'as plus de famille, qu'ils sont tous morts, mais tu demeures prisonnier de cette maison. Tu ne réussis pas à fabriquer un rêve aussi réel que le réel mais tu ne peux non plus rester assis, immobile. Tu ne veux pas être dans cette pièce quand ton père rentrera. »

« Dehors les rafales de vent froid sont comme du feu, des langues brûlantes te lèchent la peau. La neige s'avance sous le porche, en festons blancs sur le ciment gris. le vent fait tournoyer les flocons et résonner des notes creuses dans les arbres. Les nuages s'épaississent, le soleil est une tache claire, même pas un disque. (…) Dans la cour les flocons voltigent au-dessus de l'herbe sèche. Tu les imagines se heurtant, les douces brisures silencieuses autour de toi, mais quand tu goûtes un flocon, sur ta langue sa fourrure glacée, tu es content de sentir que c'est trop mou pour se briser, tu comprends que les flocons de neige sont si légers qu'ils s'amassent sans dommage, les uns contre les autres. »

L'auteur sait faire durer un suspens parfois insoutenable tant on a peur de ce qui peut arriver, c'est le cas lors d'une poursuite du père après la mère. On perçoit avec réalisme la terreur qui s'empare de la mère ainsi que de ses enfants, et le parfait sang-froid du père.

Je ne souhaite pas en raconter plus ce serait inutile. La biographie en dit suffisamment également : « L'oeuvre de Grimsley mêle de manière apparemment paradoxale violence et noirceur, tendresse et poésie, mais surtout elle suscite avec force l'émotion du lecteur. »

J'ai cependant était dans l'expectative en fin de livre, me disant que je n'étais pas sûre de ce que j'avais compris. j'ai mieux cerné cet état en réalisant que c'est un livre issu d'une trilogie, le premier. J'ai donc à lire ensuite Confort et joie et L'enfant des eaux. J'y trouverais sans doute mes réponses.

Un ouvrage donc très bien écrit mais d'une grande tristesse et noirceur. C'est un bon livre.
Lien : http://madansedumonde.wordpr..
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Ce livre a reçu un prix littéraire, le Prix Charles Brisset 1994. Charles Brisset était président de l'Association Française de Psychiatrie.

Que dire?
Dès les premières lignes, on est saisi par la puissance des mots. Sans bien comprendre, on est happé. Qui parle? A qui?
Et tout de suite, le lecteur oublie la question pour plonger dans les scènes qui se déroulent sous ses yeux.
Jim Grimsley raconte, et avec quelle force, son enfance. Une enfance pleine de violences : la pauvreté de la famille, les déménagements incessants, les naissances qui se succèdent, l'alcoolisme du père, sa violence, l'humiliation de la mère.

Scène après scène, on continue à espérer une amélioration, un dénouement, même au prix fort, pour que les enfants soumis à une pression insupportable aient une chance de s'en sortir. Il y a bien la bonté de la mère, son amour et son attention sans faille pour ses petits, mais condamnée à rester à la maison, dans l'attente du retour du père menaçant, peut-elle seulement les protéger?

Très rapidement, ce livre m'a fait penser à "Pour en finir avec Eddy Bellegueule", d'Edouard Louis. Mais alors que la dimension sociale du roman permettait une distanciation, ici, le lecteur tombe en enfer avec ses personnages. Ne restera pour s'évader que la rêverie.
Nul besoin de dire combien il est difficile de s'endormir après avoir refermé la dernière page, et pourtant, pour son style dense, implacable, je recommande la lecture de ce livre.
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4ème de couverture : « Dans les années soixante, la famille de Danny va de maison en maison à travers le Sud des Etats-Unis, au gré du travail ou du chômage du père.
Dans un monde archaïque de petits Blancs, le narrateur adulte accompagne l'enfant qu'il a été entre maladie et violence familiale jusqu'au drame de ce jour de Thanksgiving où tout bascule dans le cauchemar.
Jim Grimsley, dans le paroxysme de cette histoire digne d'un autre âge, nous rend sensible le monde de l'enfance, même dans les instants les plus noirs de la vie. On ne peut arrêter le sang mais il y a le sourire et la belle robe rouge de la mère. Le père est armé d'un couteau mais il y a les frères et l'amour de la mère prête à tout pour défendre sa famille. La peur est là mais il y a le froid des flocons de neige sur sa langue, il y a surtout l'Hommede la rivière et le monde sans limite du rêve ».

L’histoire est étonnement racontée à la deuxième personne, comme si l’auteur s’adressait à nous, lecteurs. Etonnant, mais ça fonctionne très bien !

Pas (ou peu) de sang, pas de fusillades, pas de tronçonneuse… Mais ce livre dépeint (et fait ressentir) une déchirure émotionnelle d'une rare violence, toutefois racontée avec tellement de poésie, que l'amour l'emporte sur l'horreur.

C’est un très beau livre ! Très bien écrit, très profond, très dense mais une brise de légèreté souffle en permanence. La légèreté qui transparaît de l'enfant par lequel nous captons cette histoire.

A lire ! !
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Dehors les rafales de vent froid sont comme du feu, des langues brûlantes te lèchent la peau. La neige s’avance sous le porche, en festons blancs sur le ciment gris. Le vent fait tournoyer les flocons et résonner des notes creuses dans les arbres. Les nuages s’épaississent, le soleil est une tache claire, même pas un disque. (…) Dans la cour les flocons voltigent au-dessus de l’herbe sèche. Tu les imagines se heurtant, les douces brisures silencieuses autour de toi, mais quand tu goûtes un flocon, sur ta langue sa fourrure glacée, tu es content de sentir que c’est trop mou pour se briser, tu comprends que les flocons de neige sont si légers qu’ils s’amassent sans dommage, les uns contre les autres.
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[ Incipit ]

Près de la rivière, dans les herbes hautes, par-delà une vieille cabane de planches, tes frères tuent des oiseaux. Au bord de l'eau des nuées d'oiseaux, roitelets, étourneaux et pâles femelles du cardinal se sont rassemblés pour picorer les grains de blé restés sur le sol, et tes frères sont tapis dans l'herbe, attendant le bon moment pour faire sauter le crâne d'un oiseau avec les plombs de leur unique carabine. A chaque coup de feu tu entends leurs rires.
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Quand tu laisses aller ta tête et que tu fermes les yeux tu voudrais voir la rivière, les arbres qui se courbent et se redressent, tu veux rêver que tu n’as plus de famille, qu’ils sont tous morts, mais tu demeures prisonnier de cette maison. Tu ne réussis pas à fabriquer un rêve aussi réel que le réel mais tu ne peux non plus rester assis, immobile. Tu ne veux pas être dans cette pièce quand ton père rentrera
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Lentement l'étreinte se relâche et tu glisses jusqu'à terre. Tu sens une pulsation dans ton épaule et tu suffoques encore, à genoux dans l'herbe, et tu respires, respire...
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