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Massoumeh Lahidji (Traducteur)
EAN : 9782369903109
208 pages
Editions Ca et Là (03/03/2023)
4.32/5   34 notes
Résumé :
Le Kurdistan iranien se situe au Nord-Ouest du pays, le long de la frontière avec l'Irak. C'est une région montagneuse très pauvre et connue pour être un haut lieu du trafic de cigarettes, d'alcool ou de vêtements. Les villageois y sont exploités par des bandes mafieuses pour faire de la contrebande entre les deux pays, à travers les montagnes. Ils empruntent des chemins mortellement dangereux, passant par les sommets de plus de 4 000 mètres des monts Zagros, en por... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
J'aime beaucoup cet auteur d'origine iranienne Mana Neyestani qui m'avait déjà marqué par son ouvrage « Une métamorphose iranienne » sorti il y a plus de 10 ans déjà et qui racontait son expérience malheureuse en prison suite à la publication d'un dessin avec un mot azéri prohibé.

Ce dessinateur de presse iranien a dû fuir son pays en exil et on le comprend parfaitement. le régime central iranien fait partie d'un des plus dangereux et des plus nuisibles de la planète. A noter que la Russie les soutient bien évidemment.

Il raconte dans cet ouvrage ce que vivent les kolbars (au nombre de 40.000 environ). J'ignorais tout de ce terme et de ce phénomène. Il s'agit pour les kurdes d'Irak de passer la frontière iranienne avec des marchandises occidentales et chinoises afin de le livrer à des marchands en Iran. Or, la région est très montagneuse et est particulièrement dangereuse pour ces porteurs qui trimballent sur leur dos ces marchandises inoffensives considérées comme illégale par le régime iranien.

Le soucis, c'est que les gardes frontières iranien n'hésitent pas à tuer à bout portant sans sommation tout contrevenant, enfant ou vieillard. C'est vrai que ce régime manque singulièrement de compassion et n'a aucune humanité par rapport à ces pauvres passeurs au nom de la lutte contrer la contrebande et l'impact de ces pratiques sur l'économie du pays.

Je rappelle qu'il ne s'agit pas d'un trafic d'arme ou de drogue mais de simples marchandises (cigarette, alcool, vêtements, TV, climatiseur ou radiateur...). A noter également que les commerçants iraniens ne subissent aucune répression car le pouvoir aime bien au fond ces marchandises occidentales.

Parmi les autres dangers, il y a les mines ainsi que les avalanches ou le froid glacial de la montagne. Il faut en vouloir pour les traverser ! Or, les passeurs sont payés ce qui leur permet de sortir du chômage et de la précarité.

Le récit est fort bien construit en plusieurs étapes et réservent de grandes surprises notamment vers la fin. On suit en effet un groupe de porteurs qui part en expédition pour acheminer les marchandises transportés sur le dos dans les montagnes de l'Iran.

L'auteur est dans une parfaite maîtrise du scénario qui tient en haleine. On en ressort assez chamboulé avec une haine encore plus grande du régime iranien. le sort réservé aux femmes dans cette société kurde pose également des questions.

Cet ouvrage a le mérite de nous rendre attentif à quelque chose que nous ignorons totalement et qui fait des centaines de mort par an dans les montagnes de l'Iran. Je le recommande vivement. Il serait dommage qu'un tel ouvrage passe inaperçu.
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Les oiseaux de papier est une bande dessinée réalisée par Mana Neyestani, un auteur iranien. Il n'y vit plus depuis quelques années, ce n'est plus possible, il est réfugié politique en France depuis 2011. Mais c'est un récit courageux qui dénonce, avec un style romanesque, la situation des kurdes dans le nord-est du pays. Il nous raconte leur vie de contrebandiers à travers une histoire fictive mais douloureusement proche de la réalité.

Dans cette région frontalière avec l'Irak, les kurdes subviennent à leur besoins en s'adonnant à la contrebande et rapportant clandestinement des marchandises d'Irak en les trimbalant à pied à travers la montagne. Un travail dangereux en raison de la dureté de la montagne, du climat, mais aussi de la violence de la police douanière qui n'hésite pas à leur tirer sans sommation.

Son dessin est brut, réalisé au trait avec beaucoup de hachures, l'apparente rudesse du style dévoile parfois une belle sensibilité donnant un ton de tragédie romanesque, la couleur surgit discrètement par intermittences, comme pour appuyer la douleur. On ne la voit presque que dans les têtes de chapitres, sur la tapisserie de Rojan.

Rojan est la fille de Nasser, promise à un vieux, mais qui est amoureuse de Jalal, ce jeune érudit partit lui aussi dans la montagne, parce qu'un kurde diplômé a aussi du mal à trouver du travail.

L'expédition se monte, ils forment une équipe hétéroclite, un nain, un vieux, un ingénieur au chômage, quelques gars simples, et même un enfant.

On va vivre leur expédition, avec ses difficultés, des blessures, des problèmes de logistique, et bientôt bien pire. Leur voyage est ponctué par les moments d'attente de Rojan, qui tisse un tapis en bas au village, une Pénélope perdue dans l'Iran d'aujourd'hui, elle est la force tragédienne du récit, pendant que son Ulysse/Jalal vit son terrible périple.

Ce récit est romanesque et parfois poétique, chargé d'émotions douloureuses, de violences, celles d'une culture, d'un mode de vie, mais malheureusement on n'est pas totalement dans la fiction, cette expédition n'a pas existée, mais elle rassemble plusieurs drames bien réels.

Les oiseaux de papier est une grande histoire avec une simplicité poétique et une justesse bouleversante sur un sujet révoltant.
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Cette histoire nous entraîne dans les chaînes de Montagne kurdes entre l'Irak et l'Iran, encore minées suite à la guerre Iran - Irak qui s'est pourtant finie il y a 35 ans. On suit une caravane de contrebandiers qui vont braver les gardes frontières et la neige pour faire entrer en Iran des produits interdits par le régime (des chaussures, des chapeaux, des téléviseurs…).

L'auteur considère avec beaucoup d'humanité ces villageois, aux vies rudes, aux comportements secrets et qui utilisent l'humour pour se protéger. J'ai été très émue par leurs différentes histoires, qui se dévoilent petit à petit, dans des conditions extraordinaires, la tempête extérieure se dédoublant dans les tempêtes d'émotions. J'ai surtout été émue par la solidarité unanime qui les lie et par l'altruisme et la générosité immédiate qui se dévoile dans les moments difficiles. Il y a chez tous ces hommes une dignité, bien rendue par l'auteur, malgré des actes répréhensibles

Les dessins en noir et blanc en font une fable intemporelle, on a du mal à croire que l'histoire se passe en 2022. Les seuls tâches de couleur sont réservées au tapis de Rojan et à l'ultime combat de Rostam contre le démon blanc, permettant de mettre en valeur ces moments. Les quelques couleurs, très douces, liées à la mort accentuent ainsi la lecture douce - amère du récit.

L'auteur Mana Neyestani a fui son pays après qu'un de ses dessins lui ait valu un emprisonnement et vit depuis en exil, en France depuis 2012. Il a travaillé pour de nombreux journaux dissidents et est membre de l'association Cartooning for Peace. Je trouve que son engagement politique se ressent dans l'humanité du ton de son récit.
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Une belle lecture.

Dans ce récit fictionnel, l'auteur aborde l'histoire de passeurs kurdes, transportant de la marchandise de contrebande vers l'Iran.

Iranien, Mana Neyestani connaît bien le contexte du pays. Il y était dessinateur de presse, jusqu'à son incarcération pour un dessin humoristique en 2006, qui a provoqué son départ en exil.

Le principal point fort de cette BD, c'est son scénario. On sent que l'auteur connaît son sujet : le récit est bien ficelé, avec des sujets forts (violences sociétales, ségrégation des Kurdes, frontières, dictature iranienne, inégalités et pauvreté...), des dialogues crédibles, des surprises... et une tension qui monte crescendo. La fin est particulièrement émouvante.

En débutant ma lecture, je trouvais les dessins un peu pauvres, ce qui n'était pas sans rappeler la condition des personnages eux mêmes d'ailleurs. Mais la proposition graphique, de Mana Neyestani, a fini par me convaincre : le découpage est efficace, son trait est expressif et il y a de belles idées, comme le tapis tissé peu à peu par Rojan, qui sert de transition aux chapitres. La couleur est rare, mais elle trouve quand même sa place dans le récit.

De cette manière, on est immergé petit à petit, pour finir par ressentir les émotions des personnages et frisonner à la vue des péripéties qu'ils traversent.

Enfin, Les oiseaux de papier est une BD qui invite à la méditation. On pourrait débattre des heures durant sur les thèmes du livre, comme la frontière iranienne par exemple : autant abstraite et injuste pour les Kurdes... qu'elle n'est un instrument de pouvoir et de répression pour l'État Iranien ; qui attire (pour la contrebande) et qui repousse (à cause des soldats, des mines...).

Pour conclure, que vous aimiez les récits d'aventure ou la BD du réelle, les thématiques sensibles ou la camaraderie virile, ce livre devrait vous plaire...

Tant que vous n'êtes pas iconoclaste.
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Quelle claque! On excusera volontiers le trait de l'auteur, qu'on aurait parfois aimé plus en rondeur et en profondeur, compte tenu de ce que l'on apprend sur la vie terrible de ces habitants du Kurdistan contraints pour survivre de traverser des montagnes inhospitalières pour gagner quelques sous de subsistance pour leurs familles.
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critiques presse (2)
LeMonde
18 décembre 2023
à travers le drame qui se noue entre les membres de cette équipée pitoyable, s’écrit d’abord un récit au suspense superbement ficelé.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Bedeo
25 avril 2023
Récit d’un drame dans les montagnes du Kurdistan iranien, où la pauvreté entraine les habitants à pratiquer la contrebande de marchandises.
Lire la critique sur le site : Bedeo
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Les morts n'ont pas besoin d'argent.
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Videos de Mana Neyestani (14) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Mana Neyestani
Présentation de la bande dessinée "Trois Heures" de Mana Neyestani (c) 2020 Arte Editions / Editions çà et là
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