J'ai lu cette semaine le huitième roman de Dorothy Koosmon,
Les Pétales de sang, paru il y a quelques mois chez
France Loisirs. Je n'en avais jamais entendu parler, mais les avis de lecteurs semblaient tous aussi élogieux, alors je me suis laissée tenter, d'autant plus que la couverture, bien qu'assez sobre, m'avait beaucoup intriguée.
L'auteur nous propose ici un roman à plusieurs voix. Quatre, plus précisément, mais qui ne s'alternent pas avec régularité. Elles s'adressent à nous de manière a priori aléatoire, dès que l'une d'entre elles a quelque chose à nous dire. Je dis elles, car ce sont toutes des femmes. En effet, ce roman nous plonge au coeur de problématiques fondamentalement féminines, à travers différents aspects de leurs vies : l'amour et la vie de couple, le mariage, la sexualité, la maternité, l'amitié, la confiance.
La vie de Tamia commence, elle le dit elle-même, le jour où des policiers débarquent dans son salon et, devant ses deux petites filles, passent les menottes à son mari en l'arrêtant pour agression sexuelle. L'accusatrice ? L'une des meilleures amies de Tamia et la collaboratrice de son mari, Mirabelle. Elle est alors écartelée entre les deux personnes qu'elle aime le plus au monde. Comment croire que Scott a pu se rendre coupable d'un acte aussi horrible ? Mais comment Mirabelle aurait-elle pu mentir sur un sujet aussi grave ? Où se trouve la vérité ? Et surtout : saura-t-elle la supporter ? Car chaque bribe d'information apprise lui déchire un peu plus le coeur et les entrailles.
Entretemps, Béatrix, l'autre meilleure amie de Tamia, nous raconte ses déceptions amoureuses à la pelle puisque, de tous les hommes qu'elle rencontre depuis que son mari l'a quittée pour une autre, aucun ne possède l'étincelle nécessaire pour se l'attacher plus que quelques heures.
Mais peu à peu, on se rend compte que le couple apparemment idéal formé par Scott et Tamia n'était plus qu'une mascarade. Depuis des mois, leur couple se délite. N'étaient leurs deux filles, ils se seraient probablement séparés depuis longtemps. Les flashbacks s'enchaînent (peut-être un peu trop, d'ailleurs…) et nous révèlent la part d'ombre de chacun.
Car dans ce roman, tout le monde est loin d'être parfait, et cette vision est intéressante car, bien sûr, réaliste. Chacun a, dans le passé ou le présent, des choses à se reprocher. D'ailleurs, nombreuses sont les manifestations de remords, de regrets, de pardons. Trop nombreuses. Cela apporte au récit une certaine lourdeur qui n'est absolument pas nécessaire. Ce que je reprocherais également à l'auteur, c'est la façon dont certains personnages, parfois, regorgent de clichés, comme la jeune femme de vingt-et-un ans qui « kiffe grave » son copain actuel, fume après l'amour, et est réticente à s'engager alors même qu'elle semble avoir trouvé l'homme de sa vie.
Quelques retournements de situations font qu'on ne peut s'empêcher de poursuivre la lecture, et les nombreuses questions laissées en suspens quant au passé des différents protagonistes nous donnent envie d'en savoir plus, mais les longueurs du récit rendent parfois la lecture plus pénible qu'elle ne devrait. On a donc une trame à fort potentiel, mais gâchée par un style où se manifeste une surenchère de sentiments… Dommage.