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EAN : 9791090175273
281 pages
Serge Safran éditeur (05/02/2015)
4/5   7 notes
Résumé :
Au printemps 1919, Jeanne et ses trois filles se retrouvent en deuil du capitaine Vernet. À Angers, ce deuil devient interminable. Les jeunes filles étudient, se marient tant bien que mal, procréent même de nombreux enfants: en vain. Les guerres escamotent les hommes. Quand ce ne sont plus les guerres, ce sont les divorces, les abandons.
Explorant la part d'absence que la Grande Guerre a laissée en partage à des millions de veuves et d'orphelins, Les Retranch... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
J'ai reçu ce livre dans le cadre de la masse critique de Babelio et j'avoue avoir été très agréablement surpris par ce roman. Je l'avais sélectionné sans grande conviction (de par son sujet : le deuil, la première guerre mondiale, autant de sujets dont on a été gavé jusqu'à la nausée durant ces périodes de commémoration) mais je l'ai finalement beaucoup apprécié.

En résumé : Ce roman m'a beaucoup plu et je me suis plongé dans l'histoire avec délectation. Hormis les toutes premières pages, j'ai adoré l'écriture de l'auteur et son regard à la fois cynique et ironique sur les personnages (j'ai adoré le style d'écriture qui fait revenir très régulièrement des détails sur les personnages ou bien tous les points communs entre les personnages à travers les générations, comme ceux qui s'endorment sur le perron de la maison parce qu'ils n'osent pas rentrer dans la maison). Ce livre est un arbre généalogique vivant et terriblement bouleversant. le dernier chapitre est très beau et très émouvant, notamment avec la chute époustouflante que je n'avais absolument pas vu venir.
Un livre à découvrir, assurément !!

Version longue : L'objet livre, en lui-même, m'a séduit dès le premier abord : un format poche (pour un prix qui ne l'est pas en revanche soit dit en passant…), une couverture très sobre et blanche, un papier très soyeux agréable au toucher pour un vrai plaisir de lecture. Pour moi les conditions étaient idéales pour débuter cette lecture.

L'histoire commence par la mort du capitaine Vernet, à la fin de la guerre, au printemps 1919. Dès les premières lignes, ma première (bonne) impression s'est un peu dissipée : j'avais beau lire et relire cette fichue première phrase, je n'arrivais pas à voir où voulait nous emmener l'auteur : « Une heure avant de mourir, le capitaine Alphonse Vernet comprit qu'il ne mourrait jamais. » Perdu dans cette oxymore, je ressassais et maugréais : mais où-suis-je tombé ? Dans un livre fantastique ? Dans un livre historico fantastique ? Comment ce personnage peut-il mourir sans jamais mourir ? J'ai continué ma lecture avec cette petite contrariété dans ma tête, espérant des explications à venir. Les premières pages ne m'ont guère aidé : on ne savait pas grand-chose de plus sur cette mort avérée ou non. Qu'est-il vraiment arrivé à ce personnage ? Mais bon sang il est mort ou pas ?

A ces questions sur l'histoire qui trottaient dans ma tête en arrière plan, je me suis retrouvé confronté dans les toutes premières pages à un style plutôt grandiloquent et trop riche qui freinait ma lecture. Et voici des brouettes d'adjectifs qualificatifs (attributs, épithètes, parfois plusieurs pour qualifier un même mot), et voilà des tartines de figures de style, et je vous resservirais quelques longues phrases aux élans proustiens… Il m'a semblé à c e moment là que l'auteur en faisait un peu trop : c'était sérieux et presque de l'ordre de l'exercice de style. Ma lecture avançait à petits pas…

Evidemment, au fil de la lecture, tout s'est mis en place. Par petites touches d'ironies, par petites touches d'humour (noir), par des répétitions de formules bien trouvées, par l'excellente présentation des personnages et de leurs manies, par la mise en place de la trame, par l'abandon du style grandiloquent et l'adoption d'un style plus débridé (allant jusqu'à l'emploi de mots comme « sexy » ( !!), l'auteur a su m'emporter dans l'histoire pour m'emmener jusqu'au bout, jusqu'à ce final époustouflant et cette chute incroyable qui nous fait voir l'histoire d'un oeil complètement différent. Et cette fichue première phrase qui m'avait tant gênée a finalement pris tout son sens, pendant le roman, mais encore plus avec ce dernier paragraphe bouleversant.

Oui, le capitaine Vernet comprit qu'il ne mourrait jamais… Car ce roman c'est l'histoire d'une attente interminable. Une attente qui se prolonge sur plusieurs générations et qui détruit toutes les vies. L'auteure montre bien comment la première guerre mondiale a détruit plusieurs générations en tuant les pères ou en les rendant absents. Pour Mathilde, les hommes ne sont d'ailleurs que « des femmes déguisées », il n'y a plus de vrais hommes. La famille Vernet est un véritable gynécée. de génération en génération, ce sont des enfants qui souffrent de l'absence de leur père et qui deviennent à leur tour des personnes bancales. J'ai beaucoup aimé cette idée qui est très bien retransmise dans le roman. La petite Claire, née à la fin des années 70, est l'illustration parfaite de l'enfant abandonné par son père et qui va chercher malgré tout à rétablir le contact.

Roman de l'attente aussi parce que les personnages ne meurent pas (excepté le capitaine Vernet, et encore…). A l'image de la vieille Anne Poplé d'Arbuisson qui traverse le siècle (je me demande bien quel âge elle a à la fin du roman !!), les personnages restent eux-mêmes et n'évoluent pas, restent enfermés dans leur univers clos (dans la famille de Mathilde on a même pas expliqué aux gamins qu'il y avait eu une deuxième guerre mondiale avec une occupation étrangère !!), univers composé de maisons avec des troènes, d'allées de pierres blanches, d'odeurs de parquet ciré et de prunes trop cuites. Cet ennui figé dans le temps, symbolisé par le bruit de fond de la machine à coudre et des armées d'abeilles vrombissantes, est magnifiquement rendu par l'auteur. Au cours du siècle d'ailleurs, ce sont les maisons et les objets qui se dégradent mais pas les personnages.

La galerie de personnages brossée par Anne Lemieux tout au long du roman est exceptionnelle. C'est l'une des choses que j'ai préférée dans ce livre. Sur quatre générations étalées au XXe siècle, l'auteure nous présente un véritable arbre généalogique truffé de détails sur chacun des personnages (détails qui reviennent régulièrement dans le roman sous forme de répétition comme pour montrer l'éternité de ce siècle). Il y a Anne Poplé d'Arbuisson la grand-mère, sourde comme un pot et aveugle, qui coud toute sa vie (des robes de deuil, des robes de mariées…), il y a Jeanne qui cire les parquets et cuit des prunes, il y a les trois filles Vernet ; Mathilde qui voit des zeppelins dans la tapisserie et attend le retour de son père, qui recopie le Code Napoléon sans ratures dans des petits carnets noirs, qui sait ce qu'il faut faire et ne pas faire, qui dort les yeux ouverts ; Elisabeth qui découpe des silhouettes dans les robes de deuil, Louise, laide et grosse, qui pleure tout le temps, qui sort des furoncles d'acné et dépèce des sonates au piano. Il y a Albert avec ses gestes en arabesques et aux mouchoirs noués aux quatre coins sur sa tête, un contemplatif qui peint des aquarelles et réfute les théories d'Einstein, il y a Georges qui a préféré rester prisonnier en Allemagne plutôt que de retourner au foyer où l'attendaient sa femme et sa fille, il y a Clément Dortu, le tuteur des filles Vernet, qui s'occupe des abeilles pour ne pas entendre le bruit de la guerre dans sa tête, il y a Pierre-Marie qui sort une chemise blanche en guise de reddition lorsqu'il entend du bruit autour de sa tente, en pleine nuit de noces… Tous ces détails précis et récurrents qui reviennent tout au long du roman m'ont beaucoup plu.

Le roman est finalement centré sur cette « énigme qui, depuis 1919, empêchait les vieillards de mourir et leurs descendants de vivre ». On va voir tout au long du livre combien la mort d'un père à la guerre de 1914-18 va entraîner de souffrances et de bouleversements pour les générations futures au sein d'une même famille. Pour l'auteure, « la défection des pères, l'absence des maris, avait commencé dans la boue de Verdun où s'étaient anéantis les principes du siècle. » L'émancipation des femmes, la disparition de l'autorité (paternelle), tous ces changements sociétaux ont commencé dès cette première guerre mondiale et la description de la famille Vernet à travers le XXe siècle rend très bien ce phénomène dans le livre, pour mieux expliquer notre société contemporaine.

La fin du livre est très belle et agrémentée d'une chute à laquelle je ne m'attendais pas du tout et qui m'a obligé à revoir l'histoire depuis le début. J'ai trouvé qu'une telle chute, dans un roman de près de 300 pages, dans le dernier paragraphe, était un pari très réussi et plutôt rare. J'ai beaucoup aimé la façon dont la chute est amenée tout au long du chapitre 5 : par petites touches, à plusieurs reprises, l'auteure nous parle d'une lettre écrite par Elisabeth mais elle oublie volontairement de nous en donner le contenu. Plusieurs fois je me suis dit « et la lettre au fait ? ». Evidemment, on découvrira le contenu de cette lettre avec grand étonnement… Je remercie sincèrement l'auteure pour cette belle chute très bien amenée.

Il y a énormément de choses à dire sur ce roman, beaucoup de détails qu'on aimerait garder, notamment sur les personnages. Comme Mathilde j'ai moi aussi rempli un petit carnet noir (Moleskine) de tous ces détails dont j'aimerais me souvenir. C'est difficile de parler de tout ce qui est abordé dans ce roman tant il est foisonnant.

Un roman poignant et fort à lire absolument. Merci la masse critique de Babelio pour m'avoir fait découvrir ce livre.
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Au début, atmosphère, décors, uniformes, voiles de deuil, on se souvient de beaux films funèbres sur la fin de la Grande Guerre : Tavernier/Cosmos, Dupeyron/Dugain, par exemple. le Capitaine Alphonse Vernet qui a été gazé dans les combats, meurt à l'hôpital d'Arras six mois après l'armistice, loin de sa femme Jeanne et de leurs trois petites filles qui vivent à Angers.

Mais très vite, le vague souvenir d'images animées sur un écran plat s'efface, inutile, devant le relief et la richesse des mots d'Anne Lemieux, écrivain-démiurge. Passé le premier chapitre énigmatique, un peu irréel, presque fantastique (il faudra absolument le relire, à la fin), on plonge de plain-pied dans le quotidien provincial des jeunes endeuillées qui ont à peine connu leur père. Au prétexte des convenances de l'époque, la jeune veuve de guerre s'enferme, se retranche, dans un silence buté, orgueilleux, entraînant sa propre mère et les fillettes. Par la suite, la descendance du Capitaine Vernet portera sur près d'un siècle les stigmates d'un long deuil sans larmes. Les hommes, pièces rapportées ou issus de la lignée d'infortune, s'esquivent, s'effacent, s'évaporent, abandonnent. Côté femmes, le malheur assumé de Jeanne Vernet se transmet de l'une à l'autre, d'une forme de fêlure à l'autre, jusqu'à Claire, arrière-petite-fille du gazé d'Arras, qui incarne enfin la volonté de vaincre pour elle-même la malédiction familiale.

Je me relis au fur et à mesure pour les fautes, et je crains soudain que les lignes plus haut fassent penser à un roman sombre, à une saga familiale glauque et plombante. Les Retranchées ne sont rien de cela. L'histoire est poignante, parfois grinçante, mais animée, secouée, du début à la fin par la narration fantaisiste de lubies familiales incongrues, de scènes balançant entre drôlerie et dévastation cruelle.

Un fossé infranchissable s'était creusé entre les hommes et les femmes pendant la Grande Guerre (je me demande : est-ce que Retranchées est un jeu de mots... tranchées, retranchées ?). Ils n'avaient rien vécu de commun pendant six ans. N'avaient pas su ou pu imaginer ce que les unes et les autres vivaient chacun de leur côté pendant la séparation. Comme si elles, étaient mortes, pour eux ; et eux, morts, pour elles (l'inversion de la vie). Retrouvailles ou pas, les dégâts émotionnels allaient être longs voire impossibles à réparer, d'autant que L Histoire remettrait assez vite le couvert avec d'autres séparations à la clé.... Mais petit à petit, sur ces tragédies humaines, l'émancipation féminine se construisait cahin-caha. Les Retranchées ne sont pas des suffragettes. Les premières se heurtent, pour vivre sans hommes (ou presque), à la mémoire familiale, aux convenances, chacune avec ses propres blessures, ses fragilités, ses folies. Les progrès des suivantes sont infimes, les victoires dérisoires. Claire, la dernière a le plus beau parcours : études, carrière, indépendance économique et affective ; mais est-elle plus heureuse ?

En moins de trois cent pages, dans un récit d'une densité étonnante, Anne Lemieux façonne plusieurs existences complètes de femmes retranchées et d'hommes revenants, complexes, infiniment attachantes.

Il y a aussi le style remarquable d'Anne Lemieux. Classique et moderne à la fois. Formidablement inventif, original sans excès, et surtout en harmonie parfaite avec l'ambiance du récit et la représentation des obsessions des personnages. Comme ces répétitions minuscules, de descriptions, de sensations, de situations. Elles forment, avec d'infimes variantes ou décalages, des motifs irréguliers, inattendus. On apprend à les reconnaître au fil du roman, à les attendre, petites marques codées de l'héritage de Jeanne chez ses filles, puis leurs filles et ainsi de suite. Il y a par exemple les troènes envahissants plantés trop près des maisons en meulière, les allées de gravier blanc, l'odeur des prunes trop cuites et des parquets cirés, les abeilles qui se métamorphosent en zeppelins, souvenirs et fantasmes étroitement mêlés... de même, la très belle métaphore récurrente des négatifs photo qui inversent le blanc, le noir, la vie, la mort.

“Ça devrait vous plaire, fond et forme” m'avait écrit un correspondant connaisseur en lettres et amateur de femmes (et/ou l'inverse) qui a la générosité rare de lire et de recommander ses collègues en écriture. Je le remercie pour cette belle découverte : il a eu raison, mon correspondant.
Lien : http://tillybayardrichard.ty..
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En 1919, au printemps, Jeanne Vernet et ses trois filles, Louise, Elisabeth, Mathilde, éprouvent un deuil : celui du capitaine Alphonse Vernet. Mais ce deuil est générateur d'une inversion des rôles : une interversion de la vie et de la mort. Cette interversion fait ainsi ressentir à ses filles qu'elles ne survivent, ainsi que leur mère « que par le maléfice d'une illusion(…) elle survivrait aux langueurs de trois adolescentes confinées, aux amours déçues, aux mariages, aux maternités … »

Ces trois soeurs tentent dans leur parcours respectif de construire des nouvelles versions de la vie, d'emprunter des voies moins poussiéreuses, moins convenues, que le bourgeoisisme pétrifié et rance de cette maison familiale d'Angers .Elles expérimentent les études de la science juridique pour, selon les dires d'Elisabeth, observer amèrement que le Code Napoléon « avait été mis au service de la fiction. »
L'institution du mariage n'est guère plus porteuse de vérité dans leurs vies, qui s'étalent dans le roman sur plusieurs générations. Celui-ci est vécu comme un piège, des rets dont on ne s'échappe pas aisément : « Comment détruire la fiction à laquelle trois générations de femmes voulaient tant croire ? (…) Les journées se suivaient et se ressemblaient, rien se valait la peine de cette endurance sans but. »

Dans la description des vies de ces femmes, les hommes ne sont jamais à la hauteur, ils sont inconsistants, parfois infidèles, peu compréhensifs .L'auteure Anne Lemieux nous suggère avec force ironie et humour présents dans son écriture, que c'est ,- peut-être ?- , à cause de la nature de la société qu'ils défendent et incarnent : « L'émancipation féminine, cette cause noble, justifiait des vengeances qui ravageaient tout sur leur passage .Catherine Légaret découvrait dans le saccage de sa vie familiale la volupté de la catastrophe. »
Sans donner une interprétation alarmiste à cette citation, force est de constater que les femmes n'ont pas sombré dans la volupté de la catastrophe, mais semblent décidées, et c'est heureux, à ne plus vivre pour des absents, ni servir des fictions sociétales.
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Quel étrange roman que ces "Retranchées" !
...
...
... Et là, je sèche ! Une fois n'est pas coutume, je suis atteinte du syndrome de la "critique" blanche ! Depuis plusieurs jours, je tourne et retourne cette première phrase dans ma tête sans parvenir à en écrire plus... Et pourtant, je l'ai aimé ce livre, vraiment ! Oh, ce ne fut pas un coup de foudre non, mais il a su me séduire au long cours, tout en douceur, jusqu'à toucher le fond de mon âme. J'ai ressenti comme une sensation de douce torpeur, insidieuse... Une ambiance poisseuse qui colle à la peau... Et surtout, j'y ai trouvé des idées qui m'ont parues tellement exactes, tellement familières!

Là où je pensais trouver une "simple" saga familiale, j'ai découvert une vraie réflexion sur les conséquences à long terme d'un deuil mal réussi. Chaque trait de caractère des personnages découle directement de cette absence initiale qui s'éternise. La mort du capitaine Vernet semble tout engloutir autour d'elle : l'espoir, la joie, la vie, comme un puits sans fond, sans fin. Alors leurs destins abîmés - dans les deux sens du terme - semblent traverser le siècle fatalement, sans y prendre part.

Le style d'Annie Lemieux est parfaitement adapté au propos. Il est descriptif, répétitif, comme en retrait des personnages. Chaque phrase est un véritable petit bijou et pourtant l'ensemble n'est pas pompeux. On y ressent toute la distance que ces femmes blessées mettent avec leur vie, avec la vie...

En résumé, je dirais que ce livre n'est pas un bijou, c'est une perle : brillant et délicat sous une carapace rugueuse.

Merci Babelio et les éditions Serge Safran pour cette jolie découverte qui sent le fraîchin et les rancoeurs, et surtout la cire et les prunes trop cuites...
Lien : http://www.labiblidekoko.clu..
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Je remercie Babelio pour ce livre, que j'ai reçu dans le cadre de Masse Critique.
Ce livre m'a tenu en haleine jusqu'au bout. le style de l'auteur est très agréable.

L'histoire se passe après la guerre 14-18.
Les femmes y sont omniprésentes, à travers l'histoire de 4 générations d'entre elles.
Les hommes eux, sont les grands perdants dans cette histoire et on ne leur fait pas la part belle: soit morts à la guerre, soit absents ou quasi inexistants de la vie familiale, ou encore présentés fainéants ou volages...

J'ai moins aimé les moments où certains hommes apparaissent tels des
fantômes, car je trouve que cela complique l'histoire.

Je conseille vivement ce livre.
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critiques presse (1)
LaPresse
13 mai 2019
Elle nous revient avec Les retranchées, une réflexion plus personnelle sur la famille comme objet de réussite sociale et, aussi, comme source d'angoisse.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Pour en avoir éprouvé lui-même la pente inexorable, il ne comprenait que trop bien ces histoires de pères qui s'absentent, se défaussent sur leurs épouses ou délaissent leurs enfants, ces divorces qui laissent en plan tant de jeunes femmes démunies, d'enfants abandonnés ; mais il paraissait à ce catholique que tous les progrès du christianisme pour les femmes, la monogamie, l'obligation faite aux pères de rester fidèles et de pourvoir aux besoins de leurs proches, volaient en éclat sous la poussée d'une fausse liberté. Ah, les jeunes filles pouvaient bien prendre la pilule, oui, pour sûr : les hommes, bien plus malins qu'elles, profiteraient toujours de la situation pour la tourner à leur avantage, se débarrasser de leurs devoirs, trahir leurs affections. On pouvait compter sur eux, parole d'homme ! A la réflexion, il lui semblait bien que tout cela, la défection des pères, l'absence des maris, avait commencé dans la boue de Verdun où s'étaient anéantis les principes du siècle perdu.
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« C’est dans cet esprit qu’elle se remémorait ses années de jeunesse, les silhouettes évidées dans les voiles de deuil, les salles de dissection, la gaieté des levers à l’aube, un dandy au regard cerclé d’écaille, reprenant sans se lasser la légende d’un siècle irréel, évoquant les romances déglinguées de sa sœur Louise, l’officier au col haut boutonné qui avait valsé avec Mathilde en robe rose, l’esclandre du catéchisme, les petits carnets du Code Napoléon, les trois listes de douze prénoms, la folie des troènes, le commerce des robes de deuil, les larmes de Louise, une tartine de pain bis au goût de fraîchin, tout ceci et bien d’autres choses encore, dans le désordre et quêtant l’accroche, mais avec la lenteur des véritables chercheurs, l’indispensable lenteur sans laquelle on ne comprend rien aux vertiges du temps immobile. » p. 257
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Peu avant de mourir, quand il comprit qu'il ne mourrait pas, le capitaine eut l'intuition que la vie et la mort avaient interverti leurs places. A la façon du miroir de demoiselle où s'inversait son image, cette guerre avait fait de lui, le moribond, l'unique survivant du carnage ; sa femme et ses trois filles elles, ne survivaient que par le maléfice d'une illusion.
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Claire Légaret [...] développa à leur contact une capacité dont elle userait ensuite partout, quel que soit le pays où elle séjournerait : celle de se faire adopter, ce talent des enfants trop tôt quittés qui s'adaptent plus qu'ils ne se défendent.
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Pour distraire sa benjamine trop sérieuse, Jeanne lui chercha des amusements de son âge. On ne pouvait sans scandale abolir le deuil, mais on pouvait essayer les aventures de Bécassine. Mathilde, trop bonne élève pour trouver attrayant qu'on se moque des sottes, subit cette tentative d'égaiement sans y participer. Jeanne s'encanailla et voulut offrir Les Pieds Nikelés
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