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Elisabeth Monteiro Rodrigues (Traducteur)
EAN : 9791022609883
Editions Métailié (16/04/2020)
3.86/5   21 notes
Résumé :
À la fin du XIXe siècle, le Mozambique est ravagé par les guerres de clans et contre les colonisateurs.
Deux personnages de fiction, Germano, un soldat portugais exilé sans espoir de retour parce que républicain, et Imani, une jeune Africaine, trop belle et trop intelligente, son interprète, sont le fil rouge de ce roman où ils évoluent parmi des personnages historiques biens réels, comme l’empereur africain Ngungunyane et le flamboyant Mouzinho de Albuquerqu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Sur le livre, une bande invisible: attention, prix Nobel! Oeuvre puissante, ample, parfois complexe, mêlant le roman à la grande histoire, et qui plonge aux tréfonds de l'âme d'un peuple, d'un pays. Formatée Nobel! En plus, ce serait bien le tour de ce petit pays africain mal connu qui s'appelle le Mozambique... Mia Couto, personnalité intéressante, biologiste puis journaliste... puis biologiste. Entre temps, seul blanc accepté au sein du Frelimo. Sa famille, opposants communistes à Salazar, s'est installée en 1950 en Afrique, où il est né.

Nous sommes à la fin du 19eme siècle. Les Portugais occupent le Mozambique, mais les Anglais ont aussi des vues sur le pays. de multiples ethnies se partagent le territoire; le roi le plus puissant, Ngungunyane, gouverne le territoire de Gaza. du "Lion de Gaza", le Mozambique indépendant a fait un héros. Et pourtant, ce pittoresque personnage, affublé d'un nombre invraisemblable de femmes, d'une grande cruauté, en particulier vis à vis des autres ethnies, a surtout pensé à ses propres intérêts (le brave garçon a assassiné un de ses frères pour prendre le pouvoir). Il joue un rôle tout à fait trouble vis à vis des Portugais comme des Anglais. Et, lorsqu'il est enfin capturé, emmené au Portugal où il est exhibé... Mia Couto nous le présente comme pleurnichard et parfaitement incohérent.

En face de lui, il y a celui qui finalement le capturera (alors que peut être les ordres du pouvoir n'étaient pas si clairs...) le lieutenant de cavalerie Mouzinho de Albuquerque, à la tête de ses reitres, "pacificateur" du Mozambique par la violence.

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L'auteur a immergé là dedans deux attachants héros qui vont s'aimer, faire un enfant (qui sera arraché à la mère) et être séparés, et qui ont en commun de ne plus savoir où ils habitent. le jeune sergent Germano, qui a eu les mains mises en pièces, qui est soigné par une guérisseuse et qui n'a même plus envie de retourner dans son pays natal qu'il ne reconnait plus; et Imani, jeune fille de 15 ans élevée dans une école catholique qui parle donc le Portugais, séparée de sa famille et ballottée au gré des combats entre ses deux identités; utilisée par les Portugais comme une espionne -mais c'est son seul espoir de retrouver Germano. Deux amoureux perdus dans des évènements qui les dépassent.

le roman avance, alternant entre les récits d'Imami et les lettres que Germano envoie à son lieutenant. On se déplace le long du fleuve, au milieu de nombreux personnages secondaires, prêtre à la dérive vivant avec une guérisseuse, patronne de bordel arrivée là par hasard, inquiétant médecin suisse, soudards..... Et surtout, on s'immerge dans cette âme africaine à laquelle même les conversions n'ont rien changé, où le fleuve, les arbres, la terre sont aussi présents, aussi vivants que les humains, où la vie se déroule au gré des rêves. Où les morts et les vivants c'est la même chose, où les enfants morts retournent dans le ventre de leur mère, où les contes font naître les nuages du vol d'un oiseau, c'est onirique et poétique mais, là est ma réserve, c'est presque trop: on a envie de reprendre pied; on se demande dans quelle mesure Mia Couto restitue des histoires entendues, dans quelle mesure il affabule; l'homme blanc ne cherche t-il pas à être trop noir? de même, les lettres qu'échangent les différents officiers sont si intellectuelles, si élégantes, qu'elles nous semblent trop sophistiquées pour être vraies.

Cela dit, c'est fascinant, et très beau. C'est un voyage au long cours, car on ne peut le déguster qu'à petites gorgées....
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Réunissant trois livres en un, "Les sables de l'empereur" raconte l'histoire d'un empire africain disparu dans le lointain et méconnu Mozambique de la fin du XIXe siècle. le récit commence en 1894 lorsque le sergent Germano de Melo est affecté dans le village de Nkokolani pour empêcher les intérêts de la couronne portugaise de tomber sous le contrôle de l'empereur local Ngungunyane, surnommé le Lion de Gaza, le dernier empereur à régner sur la moitié sud du Mozambique. Germano y rencontre Imani, jeune africaine de 15 ans qui a appris le portugais grâce à un curé. Leur histoire d'amour suivra les aléas de la traque du Lion de Gaza à laquelle vont participer militaires ambitieux ou lâches, prêtres animistes, médecins ou guérisseuses, épouses et famille du roi. Racontée en alternance par la voix d'Imani et par des échanges épistolaires, cette longue aventure nous plonge dans l'intimité des peuples mozambicains de la fin du XIXe siècle et nous fait découvrir leurs mythes, leurs rites et leurs croyances. Imani et Germano incarnent le choc des cultures et les déchirements de la colonisation dont Mia Couto dépeint habilement les aspects. C'est donc à travers ces deux personnages fictifs et leur destinée personnelle que sera racontée l'histoire vraie et largement méconnue de la déchéance du Lion de Gaza. S'appuyant sur une solide recherche documentaire, Mia Couto nous fait découvrir des terres inconnues et l'intégration d'authentiques rapports d'époque dans le récit lui donne beaucoup de véracité. C'est certainement pour moi l'un des points forts du livre. Imani et Germano sont des personnages attachants malgré peut-être leur manque de profondeur ou de complexité. La longueur du récit découragera probablement un large public et j'ai clairement lutté pour en venir à bout, mais son aspect historique et culturel vaut le détour, car il raconte une histoire fascinante, une histoire qui met en lumière une période troublée de l'histoire du Mozambique, une histoire qui s'est répétée sous différentes formes et latitudes chaque fois que colonisateur et colonisé se sont affrontés.
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critiques presse (1)
LeMonde
30 janvier 2020
Si la splendeur et la chute de Ngungunyane sont présentées comme le sujet de cette vaste fresque en trois livres, les figures historiques passent quant à elles au second plan. Car rien n’intéresse davantage l’écrivain – né au Mozambique de parents portugais en 1955 – que le vécu de ceux qui devraient être les spectateurs de l’histoire.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Je comprends la logique de nos autorités. Il fallait l’humilier, faire comme on fait aux éléphants en Inde lorsqu’on veut les domestiquer : leur briser les genoux afin que leurs pattes cessent de rêver. Et l’administrateur leur avait ordonné de le frapper d’abord avec un nerf de cheval du fleuve. Et le nègre avait alors procédé à une petite correction : à cet endroit il n’y avait pas de chevaux, ni du fleuve ni de la terre. Et que cette queue desséchée appartenait à une bête qui répondait au nom de mpfufu. Si nous n’avions pas de nom adéquat dans la langue portugaise, il suggérait d’emprunter ce terme à sa langue.
Il ne vint pas à l’esprit de l’administrateur qu’hippopotame était le mot dont notre noble langue disposait déjà. Et il prit ces déclarations pour une preuve d’insolence redoublée. Puisqu’il n’y avait pas de nom approprié pour nerf de cheval du fleuve, qu’on le fouette alors avec une vieille férule. (P. 128)
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Le rituel du passage de l'Equateur a une histoire, dit Antonio de Sousa. Ceux qui festoient ne la connaissent pas. Mais le commandant est décidé à me la raconter. Au temps des caravelles, commence-t-il, ce n'étaient pas les tempêtes mais les accalmies que les marins redoutaient. La zone de l'Equateur était riche en soleil, mais pauvre en vents. Chaque fois qu'un navire s'immobilisait, ce n'étaient pas seulement les aliments qui se détérioraient : la discipline et le sens de la hiérarchie se dégradaient également. Il fallait créer une soupape, une espèce de carnaval où tous pouvaient être tous. C'est ainsi qu'est né le rituel de la traversée de "l'échine du monde". L'océan était une femme et l'ongle des marins, comme une lame aiguisée, dessinait une ligne sur le dos de cette femme. L'Atlantique souriait et ce rire était l'autorisation dont ils avaient besoin. La frontière entre le Nord et le Sud, comme une robe déchirée, tombait aux pieds des marins.
Les Eglises catholiques et protestantes avaient interdit le rituel. Elles y voyaient une survivance païenne. Mais ce ne sont pas les interdictions qui ont affaibli cette vieille pratique. Ce sont les techniques. En se libérant des caprices des vents, le navire à vapeur est venu au secours des efforts chrétiens. Bien qu'affaibli, le rituel a résisté. Tant que la peur survivra, les dieux ne seront pas détruits par les machines.
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- Mieux vaut Ngungunyane que n'importe quel Portugais.
Et il expliquait : le monarque vanguni était un empereur déjà sans empire ; les blancs étaient un empire sans empereur. Un empereur prend fin à sa mort ; un empire élit sa demeure dans notre tête et reste vivant après sa disparition. C'était de l'enfer et non du démon que nous devrions nous défendre.
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La différence entre la Guerre et la Paix est la suivante : dans la Guerre, les pauvres sont les premiers à être tués ; dans la Paix, les pauvres sont les premiers à mourir. Pour nous, les femmes, il y a encore une autre différence : dans la Guerre, nous sommes violées par ceux que nous ne connaissons pas.
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Vidéo de Mia Couto
Dimanche 2 octobre 2022 Clôture du FIG 2022 et annonces du FIG 2023 avec François-Xavier FAUVELLE, président 2022, Merieme CHADID, grand témoin 2022, Mia COUTO, président du Salon du Livre 2022, Bruno TOUSSAINT, maire de Saint-Dié-des-Vosges et Thibaut SARDIER, président de l'ADFIG
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