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EAN : 9782749935584
391 pages
Michel Lafon (08/03/2018)
3.3/5   213 notes
Résumé :
Et si le mensonge était, parfois, une ultime preuve d'amour ? Vous l’aimez plus que tout au monde.
Vous lui faites aveuglément confiance.
Vous ne rêvez que d’une chose : fonder une famille ensemble.
Mais rien ne se passe comme prévu.
Jusqu'où iriez-vous pour éviter de tout perdre ?

Une histoire racontée à rebours, car il n'y a qu'en démêlant les fils du passé que l'on peut comprendre le présent.
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Critiques, Analyses et Avis (101) Voir plus Ajouter une critique
3,3

sur 213 notes

En conclusion, Les secrets est un roman aux personnages touchants et incroyablement justes, à la construction particulièrement habile, à côté duquel vous ne devez surtout pas passer. Si le suspense et la noirceur sont cette fois moins présents que dans les précédents ouvrages de l'auteure, la finesse psychologique de chacun des protagonistes est quant à elle à son apogée grâce aux réflexions sur la parentalité, qu'elle soit imposée ou ardemment désirée.
Amélie Antoine, en l'espace de quelques livres seulement, a définitivement rejoint le cercle de mes auteurs préférés.

- Euh ... Anty, tu fais quoi là ? Tu commences ta critique par la conclusion ?
- Oui, c'est un clin d'oeil au roman qui commence par la fin avant de remonter le temps au fur et à mesure des chapitres. Il commence page 391 en septembre 2015 et s'achève en 2009 avec le premier chapitre, page 31.
- Et tu as réussi à y comprendre quelque chose quand même ?
- Ben oui, j'suis pas beubeu ! En fait, tout l'intérêt de ce voyage dans le temps est de comprendre comment les principaux personnages en sont arrivés là aujourd'hui. Quelles épreuves ils ont traversé, quels évènements ils ont vécu, comment tout a pu s'enchaîner pour les retrouver tels qu'ils sont décrits initialement.
- Et c'est si original de commencer par la fin ? Ca doit quand même gâcher le suspense de connaître le nom de l'assassin dès le départ.
- Ce n'est pas tant de savoir comment ça se termine dès le début qui est original, c'est de pouvoir lire Les secrets dans les deux sens si on le souhaite : A rebours comme le propose l'auteure ou chronologiquement en suivant l'ordre des chapitres, même si l'intérêt est moindre. Et mis à part Patrick Senécal ou Franck Thilliez qui ont proposé respectivement les livres le vide et Rêver avec des constructions similairement habiles, je connais peu d'écrivains capables d'une telle prouesse dans la façon de raconter une histoire. Et puis tu sais, il n'y a pas de dangereux psychopathes dans chacune de mes lectures !
- En tout cas, une chose est sûre : cet exercice ne se prête pas aux critiques, surtout que tu n'as pas le quart du dixième du talent d'Amélie Antoine. Alors parle-nous plutôt du début de la trame, et de ce qui t'a amené à cette ... conclusion.

Nous faisons connaissance dans le vingtième ( et premier, si vous avez bien suivi ) chapitre du couple phare du roman : Mathilde, bibliothécaire et son conjoint Adrien, professeur de philosophie.
A trente-six ans, Mathilde découvre qu'elle est enfin enceinte, un résultat auquel elle ne s'attendait plus, résignée.
"On a attendu, on a espéré, on a despépéré, on a arrêté d'y croire et c'est enfin arrivé !"
On comprend à quel point ces deux-là n'y croyaient plus, que c'est la conclusion de leurs nombreuses années de doutes et de galères. Une bonne nouvelle tellement surprenante et inattendue qu'ils ont tout d'abord du mal à s'en réjouir avant de laisser leur joie et leurs sentiments s'exprimer, exploser.
"Il l'aimait vraiment, et c'était réciproque."
Parallèlement ( et l'alternance aura lieu tout au long du roman ), nous faisons la connaissance de Yascha, chauffeur de taxi, un jeune homme de vingt-huit ans anéanti par sa rupture avec Mahaut. Il ne sort quasiment plus, noie son chagrin dans l'alcool, se laisse totalement aller. Il devait garder sa fille Jeanne cette semaine mais vu son piètre état, il a préféré décliner la proposition de son ex Elodie, la laissant une nouvelle fois se débrouiller seule.
Et c'est la fin. A l'exception d'un épilogue pas forcément indispensable, c'est ici que vous devrez laisser tous ces personnages continuer leur vie au-delà des pages.
Même si c'est en partie suggéré, jamais nous ne connaîtrons l'avenir de la grossesse de Mathilde ( "Elle est épuisée alors que dans un sens, c'est maintenant que tout commence." ), pas plus que nous ne saurons combien de temps il faudra à Yascha pour se remettre de cette séparation.
En revanche, nous en saurons davantage sur leur passé, en particulier sur les difficultés rencontrées par Mathilde pour tomber enceinte et les répercussions que ces tentatives auront dans son quotidien.
Amélie Antoine nous parlera également plus en détails de Yascha, de sa séparation avec Mahaut mais aussi des circonstances lors desquelles la jeune Elodie et lui sont devenus parents.
Ces personnages auront droit à une sorte d'arrêt sur image une fois par an, qui racontera un moment important de leurs vies, remettant parfois en perspective ce que nous pensions d'eux, et comblant bien sûr les vides de nos interrogations.

Si les histoires de Mathilde et Adrien et celles de Yascha et d'Elodie fonctionnent en alternance et peuvent presque se lire indépendemment l'une de l'autre, elles s'avèrent cependant très vite connectées, à des moments où ne s'y attend pas forcément. Et quand leurs deux univers respectifs se croisent, qu'il s'agisse d'un instant décisif ou anecdotique, c'est toujours aussi intense qu'un retournement de situation. Ces deux couples, l'un séparé et le second ensemble depuis seize ans, évoluent en effet dans la métropole lilloise et vont être amené à lier leurs destinées à bien des moments.
De petits détails également, presque insignifiants au premier abord, trouveront toute leur signification dans les racines du passé, enrichissant encore le roman.
Ainsi que les références à la propre bibliographie d'Amélie Antoine. Beaucoup apprécieront le clin d'oeil à Fidèle au poste lorsque Mathilde reste à s'abrutir devant la télévision, sans aucune énergie.
Mais il y en a au moins un autre :
"Moi aussi, j'ai toujours peur de perdre mon fils si je détourne les yeux ne serait-ce qu'une seconde."
Les lecteurs de Sans Elle comprendront à quoi je fais allusion.

La grande force de ce roman, c'est surtout ses personnages, encore une fois plus vrais que nature. Amélie Antoine a un don reél pour les faire prendre vie sous sa plume.
Une écriture unique, désormais reconnaissable en quelques lignes seulement, simple, fluide, et si pleine d'émotions et de sincérité.
On vit avec ces personnages qui prennent progressivement consistance sous nos yeux tant ils nous ressemblent. La colère, la peur, l'indifférence ; l'irresponsabilité, l'amour, la jalousie : ils passent successivement par toutes les couleurs de la palette des émotions et des sentiments que nous connaissons si bien, ce qui facilite notre empathie - notre dégoût aussi, parfois - comme s'ils existaient au-delà des pages d'un livre. Ils nous ressemblent ou sont semblables à des gens que nous connaissons, sans que le trait ne soit pour autant caricatural.
Dans Les secrets, toutes les générations sont représentées et présentent un éventail de personnalités tellement vraies !
Je pense au grand-père bougon de Yascha, propulsé en maison de retraite contre sa volonté, qui se demande s'il n'a pas perdu la tête en apprenant qu'il a une petite fille.
Je pense aussi à Catherine de Vaillac, l'odieuse mère de Mathilde, qui est incapable de faire preuve de tact avec sa fille et qui est à des années-lumière de comprendre ou même de respecter son besoin d'avoir un enfant.
"Un enfant, ça enchaîne, ça handicape."
Quant aux principaux personnages, ils sont capables d'attirer notre profonde sympathie ou notre sévère désapprobation, en fonction des circonstances ou de la façon dont chacun a évolué au fil des années.
Ca n'est peut-être pas tout à fait vrai pour Adrien, qui est décrit comme un homme idéal à tous points de vue, aimant au-delà de toute raison la future mère de ses enfants, toujours là même lorsque Mathilde se montre ingrate, toujours à démontrer son amour à tous moments de façons on ne peut plus sincères et originales. Un homme quasiment parfait aux attentions touchantes et aux réactions mesurées même dans les moments les plus difficiles.
Elodie attire elle aussi notre sympathie, elle qui a vu ses amies et sa famille se détourner d'elle quand elle est devenue mère à dix-neuf ans. Qui a également du renoncer à ses études et faire de nombreux sacrifices personnels pour parvenir à élever sa fille Jeanne du mieux possible. Elle a du devenir adulte bien avant l'heure, ce qui force le respect en dépit de quelques maladresses liées à sa jeunesse.
Yascha, le père de Jeanne, joue le rôle du parent plus tolérant, plus coulant, qui gâte sa fille lorsqu'il la voit, un week-end tous les quinze jours. Son affection est également touchante. Sa fibre paternelle évoluera avec le temps. Mais il est longtemps resté un grand adolescent , un fêtard invétéré, qui n'a pas su devenir responsable quand il est devenu père.

Quant à Mathilde, elle est à part. Personnage le plus développé du roman, elle suscite la compassion comme l'incompréhension, l'envie parfois de lui donner la main ... pour brusquement la lâcher au bord du gouffre.
"Tu crois que c'est facile de te ramasser à la petite cuillère tout en continuant à faire bonne figure ?"
Elle suscite des sentiments très mitigés, contradictoires, parce qu'elle est ambiguë et complexe, presque bipolaire dans ses réactions.
"Mathilde est passée de l'état amorphe à l'hystérie en quelques fractions de secondes."
Les secrets, c'est elle qui les détient. Les mensonges lui viennent naturellement et bien souvent, elle se fera passer pour une mère fictive, s'inventant en société un enfant qu'elle n'a pas.
"Elle ne cherche jamais l'inspiration, les histoires qu'elle invente sortent presque toutes seules de sa bouche."
Son désir de devenir mère devient de plus en plus obsessionnel au fur et à mesure que tourne son horloge biologique, et chaque échec fait grandir sa frustration. Elle voit des bébés ou des femmes enceintes partout, elle est incapable de se réjouir à l'annonce de la grossesse d'une amie. Et si sa frustration se comprend, si sa douleur se conçoit, on lui pardonne moins ses accès de colère envers un conjoint qui a toujours pour volonté de la rassurer.
"On dirait que tu n'es plus que cette femme en mal d'enfant, on dirait qu'il n'y a plus rien d'autre qui compte, que ce désir t'a complètement accaparée."
Quelle solution lui reste-t-il ? Son passé peut-il tout expliquer ?
J'ignore si cette femme torturée vous agacera ou si au contraire vous pleurerez avec elle, mais en aucun cas elle ne pourra vous laisser indifférent.

Ce roman est vraiment susceptible de s'adresser à tous. S'il met l'accent sur les difficultés de certains couples à concevoir un enfant, la vision d'ensemble de la parentalité est beaucoup plus large. Nul besoin par ailleurs d'être père ou mère, homme ou femme, pour apprécier et se sentir concerné par ces pages qui s'adressent à tous. Vous n'avez peut-être aucun point commun ni avec la jeune Elodie, enceinte à dix-huit ans, ni avec Mathilde qui le sera à un âge deux fois plus élevé. Vous ne vous sentirez pas forcément d'affinités non plus avec le romantique Adrien ou avec l'immature et déboussolé Yascha. Pourtant, vous trouverez forcément dans le roman des éléments qui résonneront au plus profond de vous, de vos souvenirs, de vos expériences. Ou vous parviendrez tout simplement mieux à comprendre certains de vos proches qui ont eu des parcours semblables.
Grâce à cette lecture aisée, accessible, et néanmoins prenante et très riche.

Pour toutes ces raisons j'ai trouvé ce millésime 2018 quasiment magistral, même si j'émets quand même quelques petites réserves.
Un personnage m'a agacé, il s'agit de la grand-mère d'Elodie. Elle ne joue qu'un maigre rôle indirect mais ses proverbes m'ont un peu irrité par leur grande banalité et n'apportent rien.
Le livre se lit comme un roman à suspense, avec une envie de dévorer les pages pour découvrir la vérité, pour aller de révélations en révélations. Et si en effet quelques-unes parsèment les chapitres la principale arrive très tôt et ensuite ça manque quand même de secousses. Probablement trop habitué aux thrillers, je m'attendais davantage à avoir le cerveau complètement retourné. Or, il s'agit ici principalement de moments du quotidien qui composent les journées des protagonistes, mettant en exergue leurs caractères, leurs personnalités de fort belle façon. Mais il manque un soupçon d'effet de surprise à mon goût.
Enfin, s'il s'agit d'un livre ponctué de moments tristes, je n'y ai pas non plus retrouvé la noirceur que j'apprécie tant d'habitude chez la Lilloise. Il me laissera un goût moins amer et donc moins inoubliable que Sans Elle ou Au nom de quoi.
Mais ce ne sont que des gouttes d'eau qui n'ont pas empêché l'océan de flammes de brûler.

En conclusion, Les secrets est un roman aux personnages touchants
- Euh, Anty ? Tu l'as déjà écrite, la conclusion, au tout début !
- Ah oui, c'est vrai ...

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Mais qu'est-ce qui m'a pris de réserver ce livre dans ma bibliothèque ?
Insipide, inodore, incolore.


D'un côté, beaucoup d'amour et pas de bébé entre Mathilde et Adrien.
Jalousie à cause des copines enceintes. Détresse.
Parents incompréhensifs.
Et mois après mois, ce sang qui revient ...


D'un autre côté, pas d'amour et un bébé entre Elodie et Yascha.
Fuite de l'homme, attachement malgré tout à cette toute petite fille.
Solitude de la mère-célibataire.
Parents incompréhensifs, faibles ou envahissants.
Et tous les 15 jours, cette garde alternée...


Insipide, inodore, incolore ? Oui.
Malgré ces vies dignes d'être contées, malgré cette tristesse infinie, malgré cette difficulté à vivre avec ou sans bébé.
Malgré cette narration spéciale, qui commence par la fin et qui remonte, mois après mois.
Malgré ce thème éternel et d'actualité.


Insipide, inodore, incolore.
Ennui.
Répétitions sans fin d'expressions bateau.
Reproduction sans magie de la vie telle qu'elle est. Sans poésie. Sans effet de style.


Amélie Antoine, « maitre du suspens psychologique », selon la 4e de couverture...
En tout cas, pas lorsqu'elle dévoile ses « Secrets ».
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« Il sait tout d'elle... sauf la vérité. »
Encore un sous-titre racoleur qui ne veut finalement pas dire grand chose. A se demander si son rédacteur a lu le livre - question qu'on se pose parfois au vu des quatrième de couverture, aussi.

En revanche, il est bien question de secrets, et de mensonges. A tel point que le roman pourrait porter un titre de Liane Moriarty. D'autant que les thématiques sont les mêmes que celles de l'auteur australienne : amitié, problèmes de couple, de famille, de relations mère-fille. On retrouve aussi, au centre, la question de la maternité : les enfants, en avoir ou pas, si oui à quel prix, quid des grossesses non désirées, etc.

Le début (la moitié ?) m'a paru pesant, long, convenu, sans originalité. Mais plus on avance - tout en reculant dans le temps, puisque le récit est à rebours - plus on mesure l'obsession du personnage central, qui à défaut de paraître plus sympathique, devient plus intéressant.

Je dois me lasser de ces thématiques en littérature policière, on retrouve les mêmes schémas d'une intrigue à l'autre.
Sur la maternité, je conseillerais plutôt 'La vie parfaite' de Silvia Avallone.
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L'originalité de ce roman est qu'il commence par la fin mais je pense qu'il n'y a que dans la forme qu'on peut y trouver une once d'originalité. le livre n'est pas désagréable à lire mais il n'a pour moi que très peu d'intérêt.
Le sujet, un couple qui n'arrive pas à avoir d'enfant. Cette envie d'enfant tourne à l'obsession. On apprend alors comment les événements se sont enchaînés et on découvre les secrets.
Lorsque ma libraire me l'a conseillée , comme c'est une spécialiste du rayon policier, thriller, je m'attendais à un roman à suspens mais pas du tout. J'aurais tout autant aimé et peut-être même plus si cela avait été un roman prenant le parti d'étudier avec soin le cheminement psychologique de ce couple mais ce n'est ni l'un l'autre.
Je trouve ce roman léger et même un peu fade. Désolée, je ne suis pas très sympa.
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J'ai découvert la plume d'Amélie Antoine l'an dernier avec Quand on n'a que l'humour…, un roman que j'avais trouvé particulièrement bien construit et qui avait su me toucher par les thèmes abordés. Ce nouveau roman est de la même trempe.
C'est l'histoire de Mathilde, une trentenaire mariée depuis plus d'une dizaine d'années avec Adrien, professeur de philosophie. Ils ont tout pour être heureux. En apparence seulement. Il manque un élément essentiel dans la vie du couple, un enfant. Tomber enceinte est devenu l'obsession de Mathilde, une obsession qui occupe toutes ses journées et toutes ses pensées. Jusqu'au jour où…
Vous l'aurez compris, la trame des Secrets pourrait se résumer ainsi : c'est l'histoire d'une femme qui désire un enfant. Ce serait un peu simpliste mais c'est également le signe d'une belle performance : tenir près de 400 pages sur un même sujet sans rendre l'histoire lassante. Ce serait également simpliste parce que ce serait oublier tous les personnages qui gravitent autour de Mathilde, sa mère détestable ou encore cette amie qui ne semble pas mesurer son mal être. Ce serait enfin ne pas voir l'importance des hommes dans cette histoire. Leur rôle est essentiel et leur souffrance bien réelle. C'est un roman qui propose une analyse psychologique des personnages qui m'a semblé d'une grande justesse, c'est une force indéniable, mais il présente également une construction tout à fait originale puisque l'histoire débute par la fin, à la page 391. Autant vous dire que cette construction sert parfaitement l'histoire, l'enchaînement des événements n'en est que plus intéressant.

Lien : http://aperto.libro.over-blo..
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Citations et extraits (47) Voir plus Ajouter une citation
Elle pourrait sauter de joie, trépigner, hurler son bonheur. Elle pourrait.
Elle devrait.
Mais elle reste immobile, comme paralysée. Son cerveau est anesthésié, aucune pensée ne fuse dans sa tête pourtant toujours en ébullition.
Peut-être qu'elle a trop attendu ce résultat, qu'elle l'a trop désiré pour pouvoir se contenter d'être heureuse. Peut-être qu'elle ne sait plus comment faire pour se réjouir, pour être insouciante. Peut-être que le prix à payer pour ce minuscule trait bleu marine est trop élevé, que les sacrifices qui ont dû être faits au fil du temps, au fil de la souffrance, sont trop grands et qu'il est pour l'instant trop difficile pour Mathilde de simplement savourer cet instant magique.
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[Il] joue au DJ en enchaînant ses morceaux préférés, et constate rapidement que Jeanne semble apprécier tout particulièrement Daft Punk. Il pousse encore un peu plus le son de 'Harder Better Faster Stronger' et observe, un sourire aux lèvres, la fillette qui saute de plus en plus vite sur le canapé en hurlant de rire.
Il faut dire que chez elle, sa mère ne la laisse jamais faire ça. A la fois parce qu'elle aurait trop peur que Jeanne se fasse du mal en tombant, et parce qu'elle essaie d'inculquer un minimum de savoir-vivre à sa fille. [Elle] est sans doute un peu trop stricte avec Jeanne, parce que la dernière chose qu'elle voudrait, c'est que les gens la regardent en pensant : 'Cette gamine est mal élevée, mais on ne peut pas la blâmer, avec une mère célibataire aussi jeune...'.
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Comment croire, comment accepter que son ventre se soit tout à coup transformé en cercueil ? Le cœur au bord des lèvres, elle voudrait que tout soit déjà derrière eux, que ce bébé mort avant d'être né ne soit plus en elle, que quelqu'un vienne maintenant et l'extirpe de son corps. C'est une sensation tellement incontrôlable, tellement intense, tellement honteuse qu'elle sait, au moment même où elle est saisie de dégoût et d'effroi, qu'elle ne pourra jamais en parler à personne.
Cet instant précis où l'enfant qu'elle abritait dans son ventre et qu'elle n'a pas su protéger s'est transformé en déchet à évacuer et à oublier.
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Ce matin, il a acheté 'Télérama' pour la première fois de sa vie, il a lu quelques critiques sur les derniers films sortis au cinéma dans l'espoir de paraître cultivé lors de ses rendez-vous avec elle. Evidemment, il a tout oublié, les phrases alambiquées et les tournures de style, les réalisateurs à encenser et ceux à bouder d'un air dédaigneux. C'en est rageant.
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Parce qu'à l'abattement et au découragement s'ajoute aussi l'angoisse, la peur viscérale, 'animale', que quoi que ce soit puisse arriver à son enfant qu'elle aime plus que tout au monde.
Le lendemain, sa mère lui téléphonera pour lui demander si elle s'en sort (…). Après l'avoir rassurée, la jeune femme raccrochera et s'armera de courage pour affronter une nouvelle journée s'annonçant en tous points similaire à la précédente.
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