Bronx, New York. 1962…
La guerre est déclarée. Dans la rue. Celle des bandes et des gangs. Des gamins qui se la jouent blousons de cuir et couteaux. Les plus vieux – du genre 17 ans – aux plus jeunes – à peine 13 ans. Des soirées faites de boums, de graffitis et de bières achetées avec des cartes d'identité volés ou des « grands frères ». Il y a « nous », les gentils, et « eux », les pourris.
Je te fais un bref débriefing des forces en présence, au cas où tu t'aventures sur cette terre hostile surtout si tu n'as pas la bonne couleur dans le bon quartier.
Donc parmi les « NOUS », les bandes en présence :
Vagabonds (rital), force de frappe : 27
Pharaons (rital) : 28
Rays (irlandais) : 42
Bourreaux (polac) : 30
Boules à Z (mélangé) : 40
Lester Av. (très rital) : 50
Face à « NOUS », les sauvages, « EUX » :
Extras (négro) : 50
Cavaliers (négro) : 30
Bombardiers (négro) : 36
Mau-Mau (négro) : 40
Wong (bridé) : 27
Premier roman de
Richard Price paru en 1974. Depuis, l'auteur s'est fait un nom, auteur à succès, scénariste à succès. Il me plonge dans l'univers de la rue et du Bronx en particulier, avec des histoires de bandes, de drague et de bitures. Tout ce que j'aime.
Un roman qui s'ouvre comme un journal intime, celui d'une bande de gamins qui s'épanchent sur leur vie quotidienne, leur premier rancart, leur premier frotti-frotta, les bastons, les boums ou les séances de ciné. Bref, une vie d'adolescent classique. Mais au milieu de la drogue, de l'alcool, des chaines de vélo et des crans d'arrêt.
Des histoires qui font mal. Cruelles et violentes à l'image de ce quartier de cette époque. Des bouts de territoires qu'il faut préserver, de l'honneur à sauvegarder, des filles à impressionner. Une bonne dose de sauvagerie et d'insouciance pour survivre dans ces bas-fonds.
Mais l'adolescence a toujours une fin. Et les bandes se déliteront petit à petit. Un engagement à l'armée, un job, une fille en cloque. Au bout d'un temps, soit tu te casses, soit tu meurs. La vie est courte dans ce quartier, dans ces bandes.
Mais au-delà de ce déchainement de violence, de ce racisme ambiant, et de cette envie de sexe omniprésent, le roman rend aussi hommage à l'amitié. Parce qu'il s'agit aussi de reconnaître ses amis et de se serrer les coudes pour survivre dans ce milieu hostile qu'est la rue. La solidarité et l'amitié, deux états de fait indispensables pour persister dans ce monde, celui du Bronx des années soixante.
Mais même si tu as un blouson noir, des cheveux gominés, un cran d'arrêt dans la poche arrière de ton jean, tu n'en oublies pas pour autant la poésie de la vie, la beauté des filles. Tu te sens poète et tu oses griffonner sur un bout de papier ces quelques vers que t'espères inoubliables pour la fille qui les lira…
Tes seins sont des collines dorées de margarine,
Tes tétons sont comme des cerises.
Si la bombe A nous tombait dessus par surprise,
C'est là que j'enfouirai ma trombine.
Buddy relut son poème en plissant le front, remplaça « tétons » par « mamelons », « collines » par « monts ». Raya « bombe A » et écrivit « bombe H ».
«
Les Seigneurs », la guerre du Bronx.
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