Charlotte, Emily, Anne...
2 ans d'écart entre elles, et une bibliographie qui se démarque dans une société littéraire anglaise où les femmes tiennent alors peu de place.
Elles sont longtemps restées, dans la connaissance commune des soeurs Brontë, l'image d'austères parangons de vertu, filles de pasteur froid et rigoriste, petites souris grises et industrieuses dans un presbytère glacial du Yorkshire.
Laura El Makki nous fait découvrir d'autres femmes, toute une tribu élargie aux parents, aînées, frère, dans un combat déterminé pour la vie. Une famille aimante, des parents attentifs, un cercle domestique portant haut les valeurs d'amour et d'éducation.
On les découvre joyeuses, aimant la vie au grand air, curieuses de tout, avides de s'instruire, constituant en vase clos une pépinière d'idées et de créativité.
Pourtant tant d'épreuves, tant de pertes, tant de combats personnels pour exister, jusqu'à l'ultime défaite devant la maladie, bien trop précoce.
Au-delà de l'émergence de leur talent littéraire, c'est une reconstitution argumentée de la situation économique et sanitaire de l'Angleterre du 19e, l'immersion dans le quotidien d'une classe sociale confrontée à l'insoluble, quand il faut associer manque de finances et éducation des filles.
Ce conteste éclaire ainsi les oeuvres littéraires, nourries de l'expérience et des drames vécus. le plus touchante est sans doute de découvrir une famille soudée, attentive à l'autre dans le cercle intime, participant à l'émulation créative pour en faire immerger le meilleur.
Plus insolite de découvrir la vie dissolue d'un frère sans envergure, au tempérament faible. Et surprenant aussi d'apprendre que Charlotte, seule survivante de la fratrie, a pu être le conservateur sélectif de l'oeuvre de ses deux soeurs.
S'appuyant sur une solide documentation,
Laura El Makki sait rendre vivante et fort attachante cette triple biographie, qui se lit comme un roman.