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EAN : 9782246570011
362 pages
Grasset (06/03/2000)
3.79/5   28 notes
Résumé :
Par une nuit de Noël, en 1855, un nouveau-né est abandonné dans une corbeille à la porte de La Cigale d'Or, la fameuse maison close de la rue Brantôme. Il sera découvert par les pensionnaires de l'établissement qui, lasses d'attendre des clients retenus ce soir-là en famille, ont décidé de fermer boutique... N'écoutant que leur bon cœur, elles recueillent le bébé, elles le réchauffent, elles le soignent. Il est beau, il semble envoyé du ciel. Devant ce miracle, elle... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Le soir de Noël 1895, un nouveau né est déposé à la porte d'une maison close. L'enfant est adopté, d'abord baptisé Jésus, puis Noël le garçon grandit et devient un souteneur...

Je me suis souvent et longtemps régalé à la lecture des romans d'Alphonse Boudard, lecture qui m'a d'ailleurs amené à découvrir L.F.Céline.

Mais ce dernier roman, paru de façon posthume m'a un peu déçu...

Le thème des maisons closes et de leurs pensionnaires revient souvent chez Boudard qui leur a même consacré plusieurs ouvrages, mais là, c'est un peu l'overdose !

Si vous ne connaissez pas l'oeuvre d'Alphonse, je vous encourage à la découvrir, mais plutôt avec ces titres :
Pour la franche rigolade : "Cinoche"
Pour la verve : "Les combattants du petit bonheur"
Pour l'émotion : "Mourir d'enfance"
Mais ces trois mamans, mieux vaut les oublier !

C'est vraiment dommage que Boudard finisse sa vie et sa carrière sur ce roman ; il avait sûrement encore beaucoup de souvenirs à ranconter avec sa plume "audiardesque"..!
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Les trois mamans du petit Jésus
Alphonse Boudard (1925-2000)
Alors que cette nuit de Noël de l'an 1895 annonce des festivités culinaires au claque de la Cigale d'or (ou Grand 18), au 18 de la rue Brantôme dans le IVe arrondissement d'une capitale qui à cette époque respire le crottin, un nouveau-né est abandonné dans une corbeille juste devant la porte de la maison close, un temple d'Eros plutôt discret.
Les pensionnaires du bobinard qui pour un soir ont délaissé les douceurs luxurieuses dispensés aux michetons, découvrent le lardon et n'écoutant que leur bon coeur, prennent soin de lui. Elles persuadent Madame Louisa la taulière à l'instinct de louve de l'adopter.
Mais règne dans cet univers des maisons de tolérance une dictature absolue des tauliers, en l'occurrence Monsieur Arthur, le seigneur et maître de Madame Louisa. Mais surprise : M. Arthur qui a de bonnes relations avec les argousins, se découvrant soudainement à la cinquantaine une vocation paternelle, souhaite adopter en bonne et due forme le bébé de Noël et décide de le prénommer Noël et non pas Jésus comme l'avaient suggéré les trois filles, car cela pourrait indisposer le bon Dieu de voir un Jésus installé dans un monastère de la lubricité. Les écrémeuses, Rachel, Lucie et Marthe néanmoins l'appelleront toujours Jésus, ainsi que la vieille Ursule qui le biberonne entre deux repas à préparer.
Plus tard, ne pouvant laisser grandir Noël en ces lieux de luxure, Madame Louisa, en bordelière scrupuleuse, le confie à une nourrice à quelques lieues du Grand 18, puis au collège catholique pour passer son certificat d'études primaires.
Pourquoi ne pas en faire un curé ? Les tapineuses à tour de rôle lui rendent visite comme le feraient des mamans. Et Noël va grandir et aller de découvertes en découvertes, bien initié par la pulpeuse et mamelue Marthe après avoir joué avec la petite Rosalie qui se disputait avec Ursule pour lui combler ses moindres désirs. Et Noël restant sur son quant-à-soi prend déjà conscience d'instinct de son pouvoir phallocratique qui va lui ouvrir des perspectives alléchantes.
Un récit savoureux et épique mené tambour battant et fourmillant d'aphorismes bistrotiers et d'anecdotes des plus sérieuses, historiques par exemple, aux plus croustillantes, dans une langue riche de verdeur au vocabulaire fleuri et aux expressions choisies, pour évoquer le Milieu et ses caïds et surtout les hétaïres du sérail. Alphonse Boudard est alors un artiste pour évoquer les jalminceries des trois filles pour se faire aimer à tout prix du petit Jésus.
Toute la vie de Nono est ainsi passée au peigne fin, Boudard courant à la recherche des sources qui au fil du temps se sont raréfiées. Paris, puis l'Argentine où il affure dans le turf et d'où il approvisionne largement en talbins ses comptes secrets en Suisse, puis le retour, la gloire jusqu'à ce jour du 13 avril 1946 où celle qu'on appelait la Jeanne d'Arc anti-maisons closes, la veuve qui clôt (Antoine Blondin !), Marthe Richard conseillère municipale de Paris, impose la fermeture des maisons de tolérance. C'est la fin du régime de la prostitution réglementée qui était en vigueur depuis 1804.
Un ouvrage passionnant publié en 2000, le dernier d'Alphonse Boudard mort peu après.
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Pof! le dernier Boudard s'écrit à la sueur dernière de son existence. Dès qu'on ouvre le livre, on ne peut qu'être triste en découvrant la note de l'éditeur. 5 jours avant sa mort, Boudard écrit "cette fois c'est le palpitant qui me trahit" et plus loin "j'ai un roman assez guilleret qui va orner les vitrines des librairies au mois d'avril. Qu'il soit pas posthume, c'est tout le mal que je me souhaite". Il le sera.

Ce roman c'est Les trois mamans du petit Jésus, où un 25 décembre 1895 le futur grand proxénète du XXe siècle est déposé devant... Une maison de plaisir(s). Jésus-Noël-Nono est d'emblée un étalon, quasi déterminé à reproduire le schéma de la maison close.
Après bien des escapades gustatives et enfantines, il part en Argentine faire de la "traite de blanches" et c'est sans doute là que débute vraiment le second souffle du roman.
On sort de la biographie pour s'atteler au roman d'espionnage entre ces "gauchos", Allemands et la mystérieuse Concepcion, belle comme un ange et femme fatale. Nono explose, crève l'écran pour ne plus jamais le quitter jusqu'à l'après 1945 grâce au Cythéria, lupanar antique distingué qu'il dirige d'une main de maître adepte du baisemain.

Boudard enquête auprès du principal intéressé, toujours vivant, qui est un personnage de roman à l'air libre. Il apparaît puis se dérobe, appelle pour mieux disparaître ensuite, toujours dans un clair-obscur digne d'un Al Capone qu'il a sans doute connu.
Après une ultime dérobade, Nono passe en sous-marin. Que faire? L'auteur retrouve une première puis une seconde (ancienne) prostituée, attachante Maryvonne habituée de Brassens pour continuer le cours du roman. Dans un dernier sursaut Boudard retrouve le docteur qui connaît aussi bien le mont de Vénus que les dernières métamorphoses de notre Noël national.

Cette dernière vie retrouvée par l'auteur est précieuse. Dans ce tango avec la mort, on ne sait plus à la fin si c'est Jésus qui parle de Boudard ou Boudard de Jésus, façon paso doble.
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Un roman, un bout d'histoire, un parcours de vies entre la fin du XiXe siècle et les années 40, tout est réuni pour comprendre la réalité du monde des putes et des proxénètes de ces années-là.

Je venais de lire le livre très complet du même auteur, Aphonse Boudard avec "la fermeture", sur la véritable histoire et les mille anecdotes des dames du trottoir et des bordels. Alors ici je retrouve le parcours d'un bébé déposé devant un bordel, adopté par la patronne, le patron et 3 putes locales. Tous les détails sont romancés mais sont extraits de la véritable Histoire, le bébé devient enfant au début du XXe siècle, grandit encore devenant adolescent, dépucelé par un des ses "mamans", gourmand et gourmet, il devient par évidence proxo en France mais avec son éthique et ses magouilles. Puis il refait du commerce de pain de fesses en Argentine, revient en France. L'enquête sur son parcours nous permet de croiser ses mamans, ses amies, ses bandits copains ou ennemis, ses rencontres, ses espoirs, ses faiblesses, tout cela avec des récits divers, pour pousser la focale avec un angle de vues ou un autre. Bref, un régal d'argot, un roman complet, un livre plus que divertissant.
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C'est le dernier bouquin d'Alphonse . Quand on voit la liste de tout ce que cet ancien mauvais garçon a écrit , on peut estimer que le bougre a bien travaillé du stylo et du cerveau !
Jésus , Noêl , Nono pour les intimes a été découvert devant la porte d'un bordel au début du siècle par trois "gagneuses" qui vont l'adopter et faire son éducation dans tous les sens du terme puisqu'il couchera avec les trois . Vers 20 ans et jusqu'au début de la guerre de 14 , il travaile en Amérique du Sud où il a installé deux bordels . Il revient plein aux as après la guerre et monte un bordel de luxe dans le Marais . Il prospère jusqu'à la guerre de 40 pendant laquelle il continue de faire son beurrre avec tous les participants possibles , allemands , collabos , résistants etc... Juste avant la fermeture , il vend son extravagant établissement et se retire sur la Côte d'Azur.
Le destin ni héroïque ni enthousiasmant d'un môme trouvé dans la rue et nourri toute sa vie de "pain de fesses". Bien sûr la morale n'y trouve pas son compte et la fermeture des maisons closes n'a pas éradiqué ,loin s'en faut , la prostitution et le proxénétisme .
Un bouquin à lire surtout pour la langue fleurie de Boudard dont le style se situe à mi-chemin entre Frédéric Dard et Louis Ferdinand Céline . Au détour des pages , on découvre la philosophie désabusée d'un homme qui en a vu de belles mais qui a l'élégance de tout présenter avec détachement , humour et légèreté .
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Coralie regrettait de ne pas avoir été de la fête le jour de l'inauguration l'année précédente. Tout le beau monde était convié... des Rolls, des Bugatti, des coupés sport dans tout le quartier! Un plateau d'artistes exceptionnel... Touchagues, Van Dongen qui avaient participé à la décoration, Jean Cocteau, Georgius, Tristan Bernard avec sa belle barbe, Georges Carpentier, le prince Youssoupov dont on disait qu'il était l'assassin de Raspoutine... Ils venaient tous en visiteurs... futurs clients ou non. L'originalité du Cythéria, c'était le restaurant. Noël avait conçu un complexe, comme on dit à présent. On y servait de la bectance de premier choix, le chef avait fait ses preuves dans de grands restaurants. On avait mis le prix pour le débaucher. Un spécialiste rôtisseur... Pour le picton, même topo... un sommelier de réputation... et une cave qui allait s'enrichir au fil des années. Tout ce dispositif permettait de classer le Cythéria hors du circuit habituel des maisons dites de société. Ça avait provoqué un drôle de schproum dans l'état major bordelier. Ça bousculait tout le système. Leur syndicat, je vous ai dit... l'Amicale des maitres d’hôtel de France et des colonies avait une existence légale depuis le début du siècle. Des habitudes, des règles bien établies. Il leur a fallu convenir à tous ces tenanciers que Nono n'avait pas contrevenu aux bons usages de la profession. Qu'il adjoigne un restaurant à son claque, rien à redire, sinon que c'était une bonne initiative et qu'ils auraient du y penser depuis longtemps.
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Restait Marthe, elle , elle sentait les années graisseuses lui envelopper la carcasse. Ça faisait le bonheur furtif d'une certaine clientèle. On dit que les hommes aiment sortir, se pavaner avec les minces, les mannequins et puis rentrer avec les gravosses pour s'esjouir la virilité. Sans doute y a-t-il du vrai dans ce ragot des villes. Difficile d'apporter une preuve... ça serait encore des statistiques à la mords moi... des prétextes pour que les psys nous bavent encore une étude de plus, aussi utile que la recherche du sexe des anges.
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Videos de Alphonse Boudard (16) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alphonse Boudard
21 novembre 2009 :
Mot de l'éditeur :
« Je regrette de ne pas lavoir butée pendant quil en était encore temps. Nul besoin de réfléchir ni délaborer le crime parfait. Plus cest gros mieux ça passe.

Elle faisait le ménage monsieur le commissaire. Elle a dû glisser sur le carrelage quelle venait dastiquer. On pouvait lui reprocher bien des choses, mais une vraie petite fée du logis, une maîtresse-femme. Quest-ce qui sest passé? on ne le saura jamais. Mauvais contrôle du pied dappui, fort justement monsieur le commissaire, le coup du lapin. La faute à pas de chance, encore une fois.

Jaurai dû lui mettre un grand coup derrière sa gueule alors que tout le monde ignorait encore notre différent. Les Boulard ? Un exemple pour tous les couples modernes. Jamais un mot plus haut que lautre, aimables avec les voisins, bonjour et bonsoir. Jaurai utilisé le cendrier en granit de Bénodet. Jaurai pris mon élan, de toutes mes forces et de toute ma rage, pour la frapper à larrière de son crâne vide. Plus tard, bien plus tard, jaurai appelé le SAMU. Oui, ça a dû se passer il ny a pas bien longtemps docteur. Mais jétais en train de bricoler dans le garage, je nai rien entendu parce je perçais des trous dans de la tôle. Cest que je construis un cabanon pour abriter les outils de jardin. Ce nest pas que jai beaucoup de terrain, mais ça me détend de pratiquer lart potager. Et puis, cest pas les légumes quon trouve dans le commerce. Des saveurs et des parfums incomparables. Ah oui, ma femme. Quand jai constaté, il devait déjà être trop tard. Enfin, je ne suis pas médecin. Je ne peux pas juger, mais elle était très pâle. Quest-ce que vous en pensez docteur?

Lélectrocution à la machine à laver, cest pas mal non plus. Combien de femmes disparaissent chaque année alors quelles accomplissaient leurs tâches domestiques? Elle avait grand soif, mais elle avait la manie de stocker les produits pour déboucher les cabinets dans des bouteilles deau minérale. Elle faisait les vitres au troisième étage un jour de grand vent. Elle préférait le bain à la douche, pourtant elle sétait toujours refusée à apprendre à nager. Elle avait la manie de garder près delle une bougie pour la sieste.

Ca fait trois lignes, dans les journaux, à la page des faits divers. Personne ne sen émeut. Sinon les proches, évidemment, car le plus dur cest toujours pour ceux qui restent.
elle est tombée à la renverse, sa tête a porté contre le rond des chiottes. Une belle mort, elle ne sest pas vue partir. Exactement, comme vous dites »

Lorsquil écrit, lorsquil se laisse porter par le jaillissement des mots, Serge le Vaillant ne manque pas de soumettre ses textes à lépreuve du « gueuloir » de Flaubert, de les lire à haute voix pour mieux les fignoler. Ancien capitaine au long cours, grand homme de radio, grand chef dorchestre des nuits de France Inter, cet orpailleur de la langue française, quelle soit verte ou noire, est un magicien. Il na pas seulement le talent de conteur dun Gérard Sire ou dun Jean-Pierre Chabrol. le culte des mots ciselés, des mots torchés, la faconde dune prose féconde, le sens de lorgie verbale.
Ses textes ont le verbe acide et tendre, le verbe au goût de pomme dApi, celui qui baptise et qui tue, qui bénit et qui excommunie, qui conjure et qui absout, qui enfante et qui explose, qui hurle et qui chuchote, qui pleure et qui pavoise. Serge Levaillant appartient à la lignée des Rabelais, des Villon, des Rostand, et plus près de nous des Céline, Léon Bloy, Auguste le Breton , Albert Simonin, Francis Blanche, Alphonse Boudard, Michel Audiard, et autres Frédéric Dard. Il est un magicien, un orpailleur de la langue, quelle soit verte ou noire, ciselée ou torchée : avec lui les mots croustillent. Ils mordent, ils aboient, ils cajolent. Ils sont tour à tour tendres et cruels, nourris de vinaigre et de miel, de gifles et de caresses. Ils décapent. Ils émeuvent. Ils déchaînent des crises de rires et de jubilation. Ils touchent à la fois nos coeurs et nos zygomatiques.
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